LA GRANDE REVOLTE DES CORSES
CONTRE GENES 1729-1769
CHRONOLOGIE RECUEILLIE PAR :
ANTOINE DOMINIQUE MONTI
ADECEC. 1979
Lorsque, en 1077, le pape Grégoire VII inféoda
la Corse à la République de Pise, les Génois en
conçurent du dépit. C'est que la prospère cité
ligurienne avait besoin, au même titre que la cité toscane,
de contrôler les îles de la Tyrrhénienne pour protéger
ses navires, étendre son commerce et se procurer les céréales
qu'elle ne produisait pas. Depuis, elle mit tout en uvre auprès
des papes, des cours étrangères, des seigneurs et communautés
corses, pour se créer des droits sur l'île. Son action
fut progressive, tenace. Elle s'assura la possession de l'île
par des siècles de volonté :
· En 1133, Innocent II élève l'évêque
de Gènes à la dignité archiépiscopale et
lui donne comme suffragants les évêques de Mariana, Nebbiu
et Accia.
· En 1195, les Génois s'installent définitivement
à Bonifaziu.
· En 1278, Calvi se confédère avec Gênes.
Sa fidélité sera constante.
· En 1284, par une victoire navale devant l'île de la Meloria,
les Génois mettent fin au rôle maritime et politique des
Pisans. Les uns après les autres, les seigneurs corses rendent
foi et hommage à la République de Gênes mais, en
1297, Boniface VIII met un terme à cet assujettissement en accordant
l'investiture de l'île au roi d'Aragon.
· En 1347, ayant obtenu le consentement des seigneurs et des
populations, les Génois décident l'occupation entière
de l'île. De fait, sinon de droit, la Corse est désormais
génoise.
· En 1359, le territoire compris entre Brandu et Aleria, Corti
et la mer, qui s'est libéré du joug féodal, s'allie
à la commune de Gênes.
· En 1453, les Corses, à la quasi unanimité, demandent
au gouvernement génois que l'île soit gérée
par l'Office de Saint Georges, institution financière privée
autorisée à encaisser le revenu public de la République
moyennant une redevance. Pour la première fois l'administration
de l'île est codifiée. L'Office ayant obtenu l'assentiment
du pape, la domination génoise se présente dès
lors comme fondée en droit.
· En 1460, devant la Cortès catalane, Jean d'Aragon jure
l'union perpétuelle de la Sicile et de la Sardaigne à
la couronne. Il n'est plus question de la Corse. C'est la reconnaissance
tacite de la souveraineté génoise, et la promesse, en
1461 et 1463, d'aider Giocante da Leca, en révolte contre Gênes,
sera la dernière manifestation des droits que l'Aragon pouvait
prétendre sur la Corse.
Après quatre siècles d'une gestion généralement
mauvaise ; Gênes perdit la Corse. Les Corses mirent autant d'obstination
à se défaire de la domination génoise que les Génois
en avaient mis à acquérir l'île.
A la base de la révolte, il y a une incompatibilité d'humeur
: un peuple continental de marchands avait asservi une nation insulaire
de pasteurs à l'humeur belliqueuse et n'avait rien tenté
pour adoucir les murs. Gênes, que les hommes n'intéressaient
pas, maintint les insulaires dans une condition subalterne, leur refusant
les charges et les honneurs publics. Quelques rares individus qui avaient
accédé à la culture grâce à l'Eglise
et aux universités de Toscane et de Rome comprirent que la République
n'était pas capable de mission civilisatrice et se firent les
porte-drapeau de la révolution.
Au cours du XVIIe siècle, les Corses n'avaient pas causé de grands soucis à leurs maîtres. L'agriculture ayant été développée, la protection contre les incursions barbaresques plus ou moins assurée, la paix avait régné dans l'île. A la fin du siècle et au début du XVIIIe la situation se détériora. Gênes aurait pu s'en inquiéter, d'autant plus que le bassin méditerranéen était un des points chauds de la politique internationale ; mais, ayant traversé sans dommages la guerre de la Succession d'Espagne pendant laquelle les Baléares, la Sicile et la Sardaigne avaient vu leur destin se modifier, la République continua à croire en sa bonne fortune, ou, peut-être, plus simplement, en sa fortune.
C'est surtout dans le domaine de la fiscalité et dans l'application de la justice que l'administration génoise s'était dégradée. Le droit de vendetta se substituant au droit légal, on enregistra chaque année des centaines d'homicides. Les fonctionnaires génois, instruits dans la vénalité, n'avaient aucun intérêt à remédier à cet état de choses : le fruit de la chicane et la vente des patentes de port d'armes remplissaient les caisses de l'Etat et leur escarcelle.
Après bien des démarches, les Corses obtinrent, en 1715, l'interdiction des armes. Celles-ci furent déposées. Elles devaient être remboursées à leur juste valeur. Le sénat de Gênes accepta de prendre cette mesure moyennant une imposition supplémentaire de deux seini (13 sous, 4 deniers) par feu, ce qui correspondait à une patente de port d'armes. L'immoralité d'un tel échange acheva - s'il en était besoin - de discréditer les Génois.
D'ailleurs rien ne changea. Par faveur, ou au prix fort, certaines personnes obtinrent l'autorisation de s'armer ; les autres se procurèrent des armes clandestinement, un trafic, provenant généralement de Gênes, s'étant établi dans les ports du Capicorsu.
Dès 1725, l'année de la naissance de Pasquale Paoli, on constatait une psychose de révolte dans quelques pieve de l'En-Deçà des monts. Le gouverneur élu en 1726, Alessandro Saluzzo, sut calmer les esprits. Son successeur, Felice Pinelli (élu le 1er avril 1728, débarqué à Bastia le 27 mai), les surexcitât par sa maladresse et sa rigueur.
Cette année-là, la récolte des céréales fut presque nulle (dans la plaine orientale on ne retira que le quart de la semence) ; celle de 1729 fut également déficitaire. La faim est une mauvaise conseillère mais une révolte armée ne peut s'organiser en période de disette ; aussi, lorsque en automne les Corses bénéficièrent d'une récolte de châtaignes exceptionnelle, la révolte éclata. Elle durera quarante ans.
29 AVR. Sur la demande du noble Luigi Giafferi de Talasani,
le Magistrato chargé des affaires de Corse auprès du Sénat
de Gênes ordonne au gouverneur Felice Pinelli de convoquer les
Nobles-Douze (conseil de 18 membres, 12, de l'En-deçà-des-Monts,
6 de l'Au-delà, élus par les délégués
des pieve pour assister le gouverneur : un de ses membres, appelé
oratore, résidait à Gênes : il présentait
au Sénat les vux de ses compatriotes).
20 MAI. Le Magistratu informe le gouverneur des doléances des
pieve de Venacu, Boziu, (Sermanu), etc
contre les habitants
de Nuceta, véritables bandits qui vivent de rapines. Il lui
demande d'agir en conséquence.
20 MAI. Des hommes armés attaquent la tour de Mortella ( golfe
de San Fiurenzu) et s'emparent de 8 fusils, de poudre et de balles.
30 MAI. Lettre de Pinelli au Magistrato : ne disposant pas de forces
suffisantes pour soumettre la communauté de Nuceta, il conseille
d'armer les protestataires pour qu'ils se fassent justice eux-mêmes.
( ? ) Mgr Camillo de'Mari, évêque d'Aleria, offre sa
médiation aux habitants de Nuceta. Moyennant le départ
des bannis et la remise des armes, il pense pouvoir obtenir l'absolution
pour les autres habitants. Aucune suite ne sera donnée à
cette proposition.
10 JUIN. Réunion des Nobles-Douze. Une requête en douze
points est adressée au Magistrato. En plus des vux habituels,
le Conseil demande un plus grand ravitaillement en céréales
et, surtout, l'abolition de la loi interdisant les armes à
feu : les individus et les communautés avaient besoin de ces
armes pour assurer leur sécurité mais c'était
aussi une façon détournée de demander l'abolition
de la taxe des deux seini.
13 AOUT. La récolte des céréales ayant été
mauvaise, le Magistrato demande au gouverneur d'importer du blé
de consommation courante et de semence.
19 AOUT. Pinelli demande à être dispensé de l'achat
du blé, cela étant du ressort de l'Ufficio d'Abbondanza.
27 SEPT. Pinelli informe le Magistrato qu'il a distribué des
armes aux partisans de Ghjuvanni Gavini de Loretu di Casinca à
l'occasion du retour clandestin de Fabiu Vinciguerra, leur ennemi,
banni à perpétuité.
30 SEPT. 150 soldats supplémentaires sont promis au gouverneur
pour mettre fin à la guerre que se font, depuis deux ans, les
communautés de Merusaglia et Castineta au sujet de pacages.
Le Magistrato demande à Pinelli de se rendre personnellement
dans le Rustinu (Merusaglia).
19 OCT. Pinelli informe le Magistrato qu'il n'est pas d'usage que
le gouverneur se déplace pour de tels objets. D'ailleurs, les
délégués des pieve convoqués à
Bastia, ont promis de rétablir la paix.
9 et 11 NOV. Pinelli accuse réception de 912 mine de blé
envoyé par le Magistrato : ce blé, de mauvaise qualité,
ne peut être vendu 32 sous le bacinu, celui de qualité
supérieure coûtant 26 sous, 8 deniers.
7 DEC. Le Magistrato écrit à Pinelli d'utiliser le blé
pour l'armée (qui en consommait 150 mine par an).
27 DEC. Le lieutenant (représentant du pouvoir exécutif
à la tête d'une province) de Corti se transporte dans
le Boziu dont les habitants refusent de payer la taxe des deux seini,
arguant que le contrat passé entre le Sénat de Gênes
et les Corses avait été établi pour dix ans et
n'avait pas été renouvelé (le Boziu agissait
en accord avec le Rustinu qui avait désarmé les sbires
venus pour imposer le versement de la taxe. Des troubles étaient
également signalé dans le Niolu (Calacuccia) qui s'était
opposé à la publication de décisions de justice).
28 D EC. Le lieutenant fait publier l'ordre d'avoir à acquitter
les impôts le lendemain, dans leur totalité.
29 DEC. Les habitants de la pieve de Boziu refusent de donner les
deux seini. Ils veulent bien régler les autres impôts
mais le lieutenant ne les accepte pas car la République exige
un seul versement.
( ? ). Un opuscule, attribué à Felice Pinelli, avec
pour titre : Ragguagli dei tumulti succeduti in Corsica, est édité
à Gênes.
( ? ). Le gouverneur envoie des soldats, sous les ordres
du capitaine Bartolomeo Pensa, dans les pieve en rébellion. Le
Boziu et le Rustinu refusent de revenir sur leur décision.
8 JANV. Le lieutenant d'Aleria informe le gouverneur que les pieve
de sa juridiction refusent le paiement des deux seini.
( ? ). Pinelli demande à Mgr de'Mari d'user de son influence
pour apaiser les troubles naissants.
24 JANV. Le noble Dumenicu Carbuccia, collecteur des tailles, demande
le bras de justice pour obtenir le paiement des impôts dans
les pieve de Tavagna (Peru Casevechje) et Moriani (Santu Niculaiu).
25 JANV. Francesco Maria Balbi, doge de Gênes en remplacement
de Luca Grimaldi.
27 JANV. Les soldats envoyés par le gouverneur arrivent à
Poghju di Tavagna. Ils sont répartis chez l'habitant pour y
passer la nuit. Pendant leur sommeil, ils sont désarmés
et chassés.
1er FEVR. Réunion des Nobles-Douze. Le gouverneur leur demande
de calmer les esprits et de faire confiance au Magistrato di Corsica
pour régler au mieux la question de la taxe sur les armes.
Les Nobles-Douze font remarquer que le Magistrato n'a pas encore donné
de réponse à leur requête du 10 juin et qu'ainsi
leur crédit auprès des populations se trouve diminué.
Pendant la réunion, Pinelli est informé des événements
de Tavagna. Il demande à Luigi Giafferi, de Tavagna, Gaffori,
de Corti, Petru Pizzini, de Balagna, Francescu Maria Morati et au
piuvanu Carlu Luigi Donati de se rendre sur place. De son côté,
Mgr de'Mari envoie le chanoine Erasimu Orticoni, de Santa Riparata
di Balagna, inciter les habitants à l'obéissance.
( ? ). Des habitants de Tavagna, et quelques autres, avec à
leur tête Anghjulu Maria Orecchione, originaire de Vallecalle,
parcourent les pieve du Capicorsu afin de s'emparer des dépôts
d'armes établis pour la défense contre les Turcs. Le
gouverneur fait regrouper ces armes dans la tour de Ruglianu.
4 FEVR. Pinelli envoie un express au lieutenant de Ruglianu pour le
mettre en garde.
7 FEVR. Le lieutenant de Ruglianu informe le gouverneur que la tour
est bien gardée, nuit et jour, par lui-même et douze
hommes. Le même jour la tour est prise par les Corses qui s'emparent
de 175 fusils et 72 livres de poudre.
11 et 16 FEVR. Echange de lettres entre Giafferi et Pinelli. Celui-ci
ne prend aucun engagement. Il se borne à conseiller aux populations
de présenter leurs réclamations aux assemblées
génoises (Sénat et Collège des Procurateurs,
chargés du pouvoir législatif).
12 FEVR. Pinelli demande au commissaire de Bonifaziu de lui envoyer
40 soldats en renfort.
16 FEVR. Pinelli écrit à Giafferi pour lui conseiller
d'inciter les populations à présenter leurs demandes
par écrit. Il donne le même conseil à Morati (qui
a davantage sa confiance).
17 FEVR. Morati communique à Pinelli les demandes des pieve.
Elles portent toujours sur les armes et la taxe des deux seini.
18 FEVR. Le gouverneur accuse réception des " prétentions
" des Corses : les délégués des communautés
devraient se présenter à lui pour en débattre
et assurer le Prince de leur fidélité.
18 FEVR. Faisant droit à une demande du gouverneur, les assemblées
génoises suspendent la perception des tailles jusqu'en juillet.
18 FEVR. Les Corse en armes s'avancent jusqu'au Rivincu décidés
à investir Bastia. Les nobles Morati, Giafferi, Dr Vittini,
Ghjiseppu Antone Casalta en informent le gouverneur. A la demande
de Pinelli, Mgr Agostino Saluzzo, évêque de Mariana,
accompagné du piuvanu Casalta et du capitaine Santo Fedeli,
se porte à leurs devants. Le prélat revient avec une
députation chargée d'exprimer, à nouveau, au
gouverneur, des demandes qui se font péremptoires. Les Corse
exigent la restitution de 10 à 12 000 armes confisquées,
la réduction de la taille à 24 sous, suivant l'ancien
usage, et la réduction du prix du sel à 8 sous le bacinu.
Si leurs demandes ne sont pas satisfaites, ils sont décidés
à assaillir Bastia. Pinelli fait valoir qu'il n'est pas en
son pouvoir de modifier le montant des impositions et le prix du sel.
Quant aux armes, elles ont été envoyées à
Gênes, mais il accepterait de céder 300 fusils. Il demande
aux populations de surseoir à toute action jusqu'au lendemain
et profite de ce répit pour vérifier la défense
de la citadelle et faire embarquer sa femme, sa fille, et les femmes
des officiers.
19 FEVR. Mgr Saluzzo s'embarque pour Gênes afin d'exposer au
Sénat les revendications des insulaires.
19 FEVR. Une délégation conduite par Giafferi, Morati
et Vittini vient prendre la réponse du gouverneur. Pinelli
confirme qu'il veut bien céder 300 fusils si les responsables
lui garantissent la tranquillité du pays. Après avoir
consigné Giafferi, Morati et Vittini dans la maison des Nobles-Douze,
il envoie le piuvanu Casalta et les autres députés communiquer
sa décision aux insurgés. - 4000 patriotes, dont un
tiers armés de fusils, font mouvement vers la ville. Descendant
des hauteurs de Monserratu et du couvent des Capucins, ils pénètrent
dans Terravechja puis s'emparent du fortin de la citadelle et font
le siège de Terranova. A midi, des fenêtres des maisons
qui entourent la citadelle ils ouvrent le feu pendant que Pinelli
fait donner du canon. - Dans la soirée, Mgr de'Mari, accouru
de Cervioni, arrive à Bastia, s'installe au couvent Sant'Angulu
et, avec le P. Isaià Grimaldi de Campulori, tente de persuader
les Corses d'arrêter le combat.
20 FEVR. Mgr de'Mari pénètre dans le palais des gouverneurs
et demande à Pinelli de consentir à un armistice. La
citadelle commençant à faiblir et à manquer de
poudre, Pinelli accepte facilement et promet même quelques armes
aux insurgés. Au milieu du jour les Corses lèvent le
siège.
21 FEVR. Pinelli apprend que Feringule, Patrimoniu, San Fiurenziu
et Algaiola sont assiégés et que Corti et Ruglianu sont
tombés aux mains des Corses. Il écrit à Mgr Gaetano
Aprosio, évêque du Nebbiu, pour lui demander d'intervenir
auprès des assiégeants de San Fiurenzu auxquels il adresse
également le P. Orsu Paulu Casabianca. En même temps
il envoie en Balagna Petru Pizzini, un des Nobles-Douze, et le lieutenant
Domenico Maria Mariani. Les députés obtiennent des Corses
l'acceptation de l'armistice.
22 au 26 FEVR. Le gouverneur demande au Rd Casabianca, au Dr Li mperani,
d'Orezza, au noble Ghjacintu Paoli, de Rustinu, à Ghjuvan Felice
de Ficaghja, de ramener à la paix les pieve d'Orezza (Pedicroce),
Ampugnani (A Porta), Casacconi (Campile) et Rustinu.
26 FEVR. Pinelli est informé, par une lettre du 20, que les
assemblées de Gênes ont décidé de lui envoyer
200 soldats et autorisé le commissaire de Bonifaziu à
lui donner 40 hommes. (La garnison de Bastia ne compte que 237 hommes
en armes). Sur les demandes réitérées du gouverneur,
les assemblées génoises ont donc décidé
de faire un effort de guerre. Pour faire face aux dépenses
nouvelles, la République établit de nouveaux impôts
dans ses états du continent ce qui provoquera des troubles
à Finale, San Remo et Pieve.
26 et 27 FEVR. Quelques barques avec des troupes quittent Gênes
pour la Corse.
28 FEVR. Les assemblées génoises nomment Girolamo Veneroso
commissario generale e sopraintendente sopra tutto il Regno di Corsica.
28 FEVR. Campredon, ministre de France à Gênes, informe
M. de Maurepas sur les troubles de Corse et sur la position inconfortable
de la République à cause de la faiblesse de son gouvernement.
29 FEVR. Les assemblées autorisent le gouverneur à offrir
le pardon aux pieve qui acceptent de se soumettre.
1er MARS. 40 Allemands, envoyés de Bonifaziu, arrivent à
Bastia.
3 MARS. Pinelli demande 500 hommes à la République et
non 200 comme prévu.
4 MARS. Pinelli apprend que les gens du Niolu ont occupé Vicu
et se sont emparés de 200 fusils dans la maison du lieutenant.
8 MARS. 198 soldats et officiers, envoyé de Gênes, ainsi
que des munitions, arrivent à Bastia. Une dépêche
informe Pinelli que la République envoie en Corse un Commissaire
extraordinaire.
( ? ). Les populations de la Cinarca (Sari d'Orcinu) encerclent Aiacciu
mais se retirent rapidement. (Toute l'année des actions militaires
sans coordination sont entreprises par les Corses : Algaiola est assiégée
pendant quelques jours ; les populations d'Auddè et Zirubia
cherchent querelle à Bonifaziu ; celles de Vicu dévastent
les terres des Grecs de Paomia ; Aiacciu est harcelé par les
habitants de l'Ornanu, (Santa Maria Sichè), du Tavalu (Zicavu),
de la Rocca (Sartinesu), d'Istria (Ulmetu), du Celavu (Bucugnanu)
et de la Cinarca. Les Génois ne peuvent se permettre la riposte
par les armes, si ce n'est de brèves actions comme celles qui
aboutissent aux incendies de Vicu et de Furiani.
( ? ). Pinelli notifie aux pieve qu'elles doivent faire leur soumission
avant le 25 mars.
( ? ). Le gouverneur concède 100 fusils aux gens de Lota qui
ont pris parti pour la République. Il arme de la même
façon le Nebbiu, principalement Feringule et Patrimoniu sous
la garantie des nobles Stefanini et Calvelli, puis Barbaghju, Santu
Petru, Vallecalle et Nonza.
21 MARS. Les habitants de Petracurbara et Cagnanu attaquent les Corses
de l'intérieur qui parcourent la région et font 27 tués.
( ? ). Orezza, la Balagne, le Nebbiu, le Capicorsu, Corti, Venacu,
le Campulori (Cervioni), Verde, l'Alisgiani et une partie du Moriani
font successivement leur soumission.
31 MARS. Lettre de Pinelli au gouvernement génois : seule la
force pourra rétablir l'autorité de la République.
8 AVR. 200 soldats débarquent à Bastia.
9 AVR. Pâques.
10 AVR. Girolamo Veneroso, commissaire extraordinaire, quitte Gênes
avec trois galères, 300 soldats et 20 000 lire destinées
à suborner quelques chefs de la révolte. (Veneroso avait
été gouverneur de la Corse et, dit-on, s'était
fait aimer des populations).
12 AVR. Veneroso arrive dans le golfe de San Fiurenzu puis se rend
par mer à Bastia où il publie aussitôt une amnistie
générale. Il demande aux communautés de déléguer
des procureurs pour présenter leurs revendications.
18 AVR. au 22 MAI. Pinelli visite Porti Vechju, Bonifaziu, Aiacciu,
Calvi et San Fiurenzu. (Le gouverneur était tenu, la première
année de son mandat, de faire la visite des provinces proches
de Bastia et, la deuxième année, la visite des autres
provinces. Les 15 mars et 24 avril 1729, Pinelli avait demandé
à son gouvernement de mettre une galère à sa
disposition pour faire le tour de l'île ; il lui fut répondu
de différer cette tournée générale, les
galères étant occupées à la course contre
les Barbaresques).
30 AVR. Rapport de Veneroso aux assemblées génoises.
Le commissaire expose loyalement les causes de la révolte :
augmentation constante des impositions au gré des officiers
et fonctionnaires génois successifs : confiscation des armes
que l'on mettait aussitôt en circulation moyennant rétribution.
8 MAI. Le gouvernement de Gênes interdit au commissaire de traiter
directement avec les rebelles : les Nobles-Douze sont seuls habilités
à présenter les doléances des populations.
MAI. Beaucoup de communautés ont exposé leurs griefs
et rédigé leurs revendications. Veneroso réunit
les Nobles-Douze à Bastia. Après avoir assuré
la République de la fidélité de leurs compatriotes,
les Douze remettent au commissaire un mémoire détaillé
de leurs revendications.
MAI. Les assemblées génoises autorisent Veneroso à
donner satisfaction aux Corses sur certaines de leurs demandes, mais,
au bas de chaque décret, doit figurer une mention qui autorise
le commissaire à le modifier.
27 MAI. Décret de Veneroso convoquant les Nobles-Douze pour
élire l'Orateur.
29 MAI. La femme de Pinelli (qui était revenue en Corse ?)
rentre à Gênes.
31 MAI. Les sbires chargés de publier les décrets dans
la pieve de Rogna (Pedicorti, Nuceta, Vivaviu) sont insultés.
5 JUIN. Décret de Veneroso sur le recouvrement des tailles.
Faculté est donnée aux paroisses et pieve d'élire,
en juillet, un percepteur chargé de ce recouvrement. Les tailles
non payées seront exigées en décembre par un
commissaire. Il sera accompagné d'un secrétaire et,
au plus, de quatre sbires.
5 JUIN. Décret de Veneroso pour l'élection du Podestat
chargé des jugements inférieurs à 12 lire.
11 JUIN. Pinelli, qui a terminé les deux années de son
gouvernement, quitte Bastia pour Gênes avec l'assentiment du
Sindacato (magistrature temporaire, composée de Génois
et de Corses, chargée de juger l'administration des fonctionnaires,
y compris le gouverneur), du Commissaire et du nouveau gouverneur
Giovanni Francesco Gropallo arrivé quelques jours avant. En
même temps que Gropallo est arrivé Camillo Doria en qualité
de commissaire auquel la République a donné les pleins
pouvoirs militaires. Le marquis Doria était jusqu'alors ministre
de la République à Vienne où il avait entamé
des pourparlers afin d'obtenir l'appui de Charles VI, empereur d'Allemagne,
dans la guerre de Corse.
12 JUIN. Le Sénat de Gênes délibère au
sujet d'un manifeste dont le titre est : Raggioni che vengono allegate
da'popoli di Corsica per la loro sollevazione. Ce manifeste avait
été publié par les Corses pour faire connaître
aux cours européennes les raisons de leur soulèvement,
après que Gênes eût demandé à ces
mêmes cours de ne pas aider les rebelles.
12 JUILL. Clément XII pape (consacré le 16).
Nuit du 28 au 29 JUILL. Le président de la municipalité
de Bastia avait promis à Pompiliani, de Poghju di Tavagna,
un des principaux chefs militaires corses, de lui livrer la ville
où il pourrait s'introduire avec 400 hommes. Pompiliani étant
indisponible, son lieutenant Fabiu Filinghieri le remplace, tombe
dans un piège et meurt supplicié.
Nuit du 30 JUILL. En représailles, Pompiliani fait escalader
les murs de Bastia par 50 Corses qui mettent le feu à la maison
du président et à quelques autres endroits.
1er AOÛT. Les gens de Vicu assiègent Paomia et sont repoussés.
(En 1676, sept cents Maïnotes fuyant la domination turque avaient
obtenu de la République de Gênes de s'établir
à Paomia. Ils demeureront fidèles à leurs bienfaiteurs).
10 AOÛT. Veneroso prend 41 mesures importantes tendant à
supprimer les excès qui s'étaient ajoutés aux
règlements et statuts.
15 AOÛT. Nouveaux incidents entre ceux de Vicu et les Grecs.
AOÛT. Gênes s'affaire à recruter des soldats pour
la Corse.
11 SEPT. Une proclamation datée de Monte d'Olmu et signée
: I capi della Nazione Corsa, appelle les insulaires à la révolte,
exprime le désir du gouvernement de la Corse par les Corses
et annonce une prochaine consulte à San Pancraziu di Biguglia.
28 SEPT. Campredon reçoit des ordres de M. de Chauvelin de
prévenir, si possible, que la Corse ne tombe dans les mains
d'une grande puissance (Espagne, Angleterre).
6 OCT. Nouvelle proclamation des chefs corses ayant pour but de stimuler
le patriotisme de leurs compatriotes engagés dans la révolte
et de freiner la trahison. Des menaces sont proférées
à l'encontre de ceux qui feraient confiance aux Génois.
( ? ). Réunion dite : delle 10 pievi, à San Pancraziu.
Le gouverneur est informé que les Corses désirent rester
fidèles à la République et se déclarent
satisfaits des concessions de Veneroso mais en attendent d'autres,
en particulier : la libération des prisonniers, la distribution
du sel à l'ancien prix, la liberté de circulation et
de commerce entre Bastia et la province, une justice honnête
et la liberté du port d'armes.
OCT. La République demande à Veneroso de revenir.
NOV. Les assemblées génoises décident d'envoyer
de nouvelles troupes en Corse et de ne délivrer le sel que
par petites quantités : 5 livres par famille, soit un peu plus
de 1620g.
28 NOV. Veneroso est de retour à Gênes. Mécontent
de n'avoir pu agir à sa guise dans la mission qu'on lui a confiée,
il se retirera sur une de ses terres, refusant, sous prétexte
de ses infirmités, d'assister aux Conseils.
( ? ). Gropallo et Doria (qui a installé son Q.G. à
Aiacciu) annoncent que la distribution normale de sel ne se fera qui
si les Corses déposent les armes, rejoignent leurs maisons,
se soumettent aux ordres qui leur seront donnés par l'intermédiaire
des Nobles-Douze et dénoncent les chefs de la révolte.
DEC. Gropallo et Doria décident de renforcer la défense
de Corti. Un détachement de 150 hommes, partis d'Aiacciu, est
intercepté par les populations de Venacu, Rogna et Talcini
(Corti, Omessa) ; les soldats sont désarmés et renvoyés
à leur point de départ. Un petit détachement
parti de Bastia réussit à s'introduire dans la citadelle
qui sera assiégée par les habitants du Boziu, de Ghjuvellina
(partie de l'ancien canton d'Omessa à gauche du Golu), du Talcini
et de Venacu.
11 DEC. Le Sénat de Gênes étudie les moyens propres
à soumettre les Corses.
16 DEC. Ultimatum à Domenico Doria, lieutenant de Corti.
17 DEC. D. Doria se rend et remet les armes aux Corses qui l'accompagnent
jusqu'à Bastia.
( ? ). La révolte est générale. Des milliers
de Corses en armes convergent vers San Pancraziu di Biguglia où
une consulte a été convoquée.
22 DEC. Consulte sous la présidence du Rd Carlu Francescu Raffalli,
d'Orezza. Luigi Giafferi, de Talasani, et Andria Ceccaldi, du Viscuvatu,
sont élus généraux de la Nation. L'assemblée
procède à l'organisation militaire du pays et décide
de marcher sur Bastia pour demander au gouverneur, les armes à
la main, l'acceptation de ses justes revendications.
23 DEC. Les Corses se dirigent vers Bastia en deux colonnes, l'une
sur les hauteurs, l'autre dans la plaine. Camillo Doria rentre précipitamment
à Bastia (par mer jusqu'à San Fiurenziu). Dans l'après-midi,
après quatre heures de combat, la compagnie du capitaine Anghjulu
Francescu Taddei (tué pendant l'engagement), de Tavagna, enlève
le fort de Monserratu. La colonne inférieure investit Terravechja.
24 DEC. Gropallo et Doria demandent à Mgr de'Mari et au P.
Isaià, puis aux deux Nobles-Douze de service auprès
du gouverneur, à Ghjacintu Paoli et enfin à Mgr Saluzzo
d'ouvrir des négociations avec les assiégeants.
25 DEC. Conclusion d'une trêve de 4 mois avec les conditions
suivantes : libre circulation des Corses armés, excepté
dans la Bastia ; distribution de sel ; libre accès des ports
de l'île aux bateaux des Nationaux ou commerçant pour
leur compte ; interdiction à la République d'accroître
ses fortifications ; libération des prisonniers.
JANV. Le Sénat de Gênes étudie divers
projets pour un nouveau gouvernement de l'île de Corse. Ces projets
sont généralement sans pitié pour les insulaires.
Certains envisagent la dévastation des cultures et la destruction
totale de certaines communautés (Nuceta, Ruspigliani). Cependant,
aucune décision n'est prise sinon celle de charger une junte
de 9 membres des affaires de Corse et d'envoyer deux commissaires pour
juger la situation sur place. - Le marquis Gian Luca Pallavicini, ministre
de Gênes à la cour impériale, poursuit des pourparlers
pour obtenir des secours. - Les généraux de la Nation
travaillent à l'unification du mouvement insurrectionnel. - Les
Corses de l'extérieur applaudissent à la révolte.
23 JANV. C. Doria informe les Collèges que prêtres et
moines prêchent la rébellion.
25 JANV. Giafferi et Ceccaldi ordonnent à la Balagna de s'unir
au mouvement général et de participer à la prochaine
consulte. Cette province acceptera la discipline nationale, à
l'exception de la pieve d'Olmia (Calinzana) demeurée fidèle
aux Génois.
31 JANV. Circulaire d'Andria Ceccaldi au clergé séculier
et régulier pour demander que des offices soient célébrés
pour le bonheur de la patrie.
1er FEVR. Même injonction à la pieve de Vicu qu'à
la Balagna. Le 19, les habitants informent les Généraux
qu'après la première révolte ils avaient accepté
les propositions du commissaire Veneroso et en attendaient l'exécution.
4 FEVR. Ouverture de la consulte générale à Corti
: gouvernement sous la direction des chefs militaires ; organisation
définitive de l'armée de libération ; code de
lois civiles et criminelles ; impôt de guerre de 20 sous par
famille.
FEVR (avant le 13). Giambattista Grimaldi et Carlo Fornari sont nommés
commissaires chargés de terminer la guerre de Corse dans les
meilleures conditions possibles.
FEVR. Le gouverneur charge Mgr Saluzzo et Francescu Maria Gentile
(des seigneurs de Brandu, Siscu et Petracurbara), major de la place
de Bastia, d'entrer en pourparler avec les Corses. Les Généraux
ont une entrevue, à San Pelegrinu, avec le premier (18 FEVR.),
et une, au Campulori, avec le second. Ces consultations n'auront aucun
résultat car les commissaires, conformément aux instructions
reçues, acceptent d'ouvrir une conférence avec les représentants
civils de la population (podestà et padri di u cumunu) mais
refusent tout contact avec les chefs militaires. Un mémoire
sur les causes de la révolte et un projet de gouvernement en
29 points seront néanmoins transmis aux commissaires.
Vers le 22 FEVR. Mgr Saluzzo arrive à Gênes.
28 FEVR. Les Généraux intiment au Capicorsu d'adhérer
à la révolte. Les Capicursini s'inclinent et leurs bateaux
rendront d'immenses services à la Nation.
Début MARS. Pier'Simone Ginestra, d'Oletta, chancelier de l'évêque
de Sagone, est à Rome où il essaie de faire imprimer
une relation des événements qui, depuis 1715, ont conduit
à la révolte contre Gênes.Les agents de la République
lui font refuser l'autorisation.
4 MARS et jours suivants. A l'instigation du chanoine Erasimu Orticoni
et à la demande des Généraux, 20 des meilleurs
théologiens de l'île se réunissent au couvent
d'Orezza pour se prononcer sur la légitimité de la guerre
contre Gênes. Ils concluent que tout doit être mis en
uvre pour aboutir à un règlement pacifique mais
que les peuples ont le droit de résister à l'oppression
les armes à la main.
12 MARS. Ghjanfrancescu Lusinchi, général pour le Delà-des-Monts,
agissant en accord avec Giafferi et Ceccaldi, assiège Sartè
avec 2000 hommes du Talavu.
13 MARS. Lusinchi demande à la municipalité de venir
à composition. (La ville de Sartè, sous la responsabilité
du lieutenant génois Giuseppe Maria Centurione, était
resté fidèle à la République comme Bastia,
Aiacciu, Bonifaziu, Calvi, Algaiola et San Fiurenzu).
15 MARS. Ultimatum à la ville de Sartè d'avoir à
rendre les armes avant la tombée du jour.
18 MARS. Les secours qu'elle espérait d'Aiacciu et Bonifaziu
n'étant pas arrivés, Sartè capitule.
19 MARS. Carlo Fornari et Gianbattista Grimaldi quittent Gênes
pour la Corse. Ils sont chargés de chercher un accommodement
avec les Corses mais il leur est défendu de recevoir des demandes
de gens en armes et, encore moins, des Généraux, sauf
s'ils se livrent à la république et implorent son pardon.
( ? ). Gênes demande de nouveau aux puissances maritimes d'interdire
tout commerce avec les rebelles et informe la Cour de Rome de la participation
du clergé corse à la révolte.
29 MARS. Les habitants du Nebbiu, sous les ordres de Poletti, d'Olmeta,
mettent le siège devant San Fiurenzu. (Les Génois s'étant
plaints de la violation de l'armistice, les Généraux
enverront Antone Buttafoco, Marcu Taddei, Pichjolu, de Ficaghja, et
Ghjuvan Vitu Battaglini, de Velone di Tavagna, prier les agresseurs
de ne pas inquiéter la forteresse. Ceux-ci répondront
qu'ils ne sont pas liés par la convention d'armistice, n'ayant
pas pris part au premier soulèvement.
5 AVR. Les gens de la Balagne, mécontents des tentatives de
corruption du lieutenant d'Algaiola, font le siège de la place.
Les habitants se réfugient à Calvi et à Gênes
sans attendre l'assaut. - La tour de l'Isula Rossa est prise par les
Corses.
8 AVR. Une consulte au Viscuvatu confirme le projet de gouvernement
en 29 points.
9 AVR. Lusinchi, de retour de Deçà-des-Monts où
il a eu une conférence avec Giafferi et Ceccaldi, est à
Zicavu. Il prend le titre de commissaire pour le Delà et convoque
une consulte pour le 15 avril.
12 AVR. Giafferi et Ceccaldi envoient une ambassade à Paomia
pour demander aux Grecs de se déclarer contre Gênes,
de payer l'impôt de 20 sous, de former un régiment sous
les ordres des Généraux et de faire un don de cent fusils.
L'ambassade est composée de seize officiers du Niolu. Les Grecs
se réunissent dans la maison du " regente " génois
Giacomo Centurione en présence du P. T-.M- Giustiniani, prêtre
des latins de Paomia. Le lendemain la réponse est négative.
Le P. Giustiniani est envoyé à Bastia demander une protection
et des navires pour évacuer femmes et enfants.
15 AVR. Consulte, à Zigliara, des pieve du Delà. On
y procède à l'organisation du territoire. Fabianu Paganelli,
piuvanu d'Apietu, prend la responsabilité de la Cinarca, du
Celavu et du Cavru (Bastelica). La province de Vicu assiste à
la consulte et se donne pour chef le chanoine Ilario (dit chanoine
Guagnu) du chapitre de Vicu. Les seigneurs de la Rocca sont absents.
17 AVR. Poletti accorde une suspension d'armes de 8 jours au commandant
de San Fiurenzu. Si aucun secours ne lui est parvenu d'ici là,
il devra remettre le fort et la ville aux Nationaux et les assiégés
pourront se retirer avec les honneurs de la guerre.
22 AVR. Grimaldi et Fornari informent les Collèges qu'ils ont
engagé des pourparlers pour gagner du temps, conformément
aux instructions reçues.
20 AVR. Le Petit Conseil décide de demander, à l'Empereur,
l'aide d'un corps de troupes auxiliaires.
24 AVR. Lusinchi ordonne aux seigneurs de la Rocca, suspectés
d'être de connivence avec les commissaires d'Aiacciu et Bonifaziu,
de comparaître devant lui. Ils obéiront par crainte de
représailles.
25 AVR. La République demande à Ghjambattista Sorba
(d'Aiacciu), son ministre auprès de la Cour de France, d'informer
le gouvernement français que les navires doivent aborder aux
seuls ports de Bastia, Calvi, Bonifaziu et San Fiurenzu. Elle prie
le roi de France d'interdire à ses sujets de porter des armes
et des munitions de guerre aux rebelles. Elle active l'armement en
course pour croiser le long des côtes de Corse.
25 AVR. M. de Campredon (ministre de France à Gênes depuis
le 27 juillet 1727) informe M. de Maurepas qu'il a eu connaissance
de tractations avec l'empereur d'Allemagne. Maurepas fera comprendre
à Sorba qu'il est au courant.
25 AVR. Fornari et Grimaldi ayant demandé une révision
du projet de convention pour un meilleur gouvernement de l'île
proposé par les insurgés, Giafferi et Ceccaldi font
savoir à Mgr Saluzzo et à Gentile qu'il ne leur est
pas possible d'accepter une telle révision qui ne peut être
décidée qu'en assemblée générale.
Afin de convoquer une consulte à ce sujet, il conviendrait
de prolonger l'armistice jusqu'à la fin juin.
27 AVR. Reddition de San Fiurenzu. Les Corses récupèrent
8 pièces de canon. (La tour de Mortella, avec 4 canons, avait
été prise par Angulu Matteu Stefanini)
27 AVR. 2500 Corses sous les ordres de Francescu Battini, d'Evisa,
attaquent la tour où se sont fortifié 127 Grecs de Paomia
après avoir envoyé leurs familles à Aiacciu.
Au bout d'une résistance de 3 jours, les Grecs se dégagent
et rejoignent leurs familles. Dès leur arrivée, ils
organisent trois compagnies au service de la République.
Début MAI. P.S. Ginestra est de retour en Corse. Il a réussi
à faire imprimer son manuscrit à Livourne sous le pseudonyme
d'Orazio Buttafoco. Son ouvrage : Ragguagli degli ultimi tumulti seguiti
in Corsica, fait pendant aux Ragguagli de Pinelli publiés fin
1729.
8 MAI. Maurepas écrit à Campredon de manifester son
mécontentement sur la préférence donnée
à l'Empereur.
10 MAI. A Vienne, l'ambassadeur de Gênes est reçu par
l'Empereur. Il lui présente une demande de secours.
10 MAI. Edit du comte Giuseppe Bartolomeo Richelmi, commandant le
comté de Nice et la principauté d'Oneglia pour le compte
de Charles-Emmanuel III, duc de Savoie, roi de Sardaigne, interdisant
de vendre aux Corses ou d'introduire dans l'île des armes, munitions
ou provisions de guerre.
12 au 15 MAI. Consulte au couvent du Boziu. Y participent les délégués
des pieve et les notables, souvent accompagnés de leurs clients
: en tout 4000 personnes. L'assemblée est déçue
de ne pas avoir reçu de réponse au projet de gouvernement
communiqué aux commissaires par l'intermédiaire de Mgr
Saluzzo. Elle décide néanmoins d'utiliser les voies
pacifiques pour arriver à une conciliation et, surtout, de
demander la médiation du pape.
16 MAI. Lettre des Généraux à Gentile et à
Mgr Saluzzo : ils se plaignent des manigances des commissaires pour
semer la discorde entre les patriotes ; la consulte a confirmé
la suspension des hostilités jusqu'à fin mai ; ils souhaitent
la prolonger jusqu'à fin août et proposent d'envoyer
deux députés à Bastia. (Le piuvanu Aitelli, de
Rustinu, et le chanoine Ilario seront reçus par les commissaires.
Aucune promesse ne leur sera faite quant aux demandes des Corses,
les commissaires exigeant la soumission sans conditions des Généraux,
et la prolongation de l'armistice sera refusée).
MAI. Luigi Giafferi fait un rapide voyage à Livourne et se
procure de l'artillerie pour la défense de San Fiurenzu. Le
blocus de Bastia est confié à P.S. Ginestra qui sera
remplacé peu après par G. Paoli.
18 MAI. Erasimu Orticoni s'embarque à San Fiurenzu chargé
par les Généraux de mission auprès de Clément
XII.
18 MAI. Le Conseil des Procurateurs de Gênes examine les demandes
des Corses et les jugent impertinentes.
20 MAI. Les Corses demandent à Mgr. Giustiniani, évêque
de Sagone réfugié à Calvi, de revenir dans son
diocèse. (La même demande a certainement été
faite à Mgr de'Mari, évêque d'Aleria réfugié
à Bastia).
28 MAI. Décret du gouvernement de Gênes interdisant aux
navires, quelle que soit leur nationalité, de toucher les côtes
de Corse en dehors des ports de Bastia, Aiacciu, Calvi et Bonifaziu.
28 MAI. Edit du marquis de Cortanze, vice-roi de Sardaigne, interdisant
la vente des armes aux Corses et leur introduction dans l'île.
30 MAI. Ceccaldi informe le major Gentile que les Corses dénoncent
la trêve puisque les conversations sont rompues.
Début JUIN. Après l'échec de la mission d'Aitelli
et Ilario, les Généraux commandent la guerre totale
contre les présides. La Rocca, le Talavu, Istria et l'Ornanu,
sous les ordres de Lusinchi, marchent contre Bonifaziu ; le Cavru,
le Celavu, la Cinarca et Vicu, conduits par le piuvanu Paganelli,
encerclent Aiacciu ; la Balagne assiège Calvi ; le 3 juin,
Giafferi et Ceccaldi, avec les habitants de la Terra di u Cumunu,
bloquent Bastia et occupent les couvents San Francescu, Sant'Anghjulu
et San Ghjiseppu.
JUIN. Erasimu Orticoni, chanoine pénitencier d'Aleria, délégué
par la consulte du Boziu auprès de Clément XII, obtient
le Bref : caritate tenemur
par lequel le pape implore la clémence
de la République envers les Corses et propose sa médiation.
A la cour de Rome s'agitent Giuseppe Spinola et Barnarbò, délégué
de la République, ainsi que les cardinaux génois Imperiale
et Spinola.
Fin JUIN ou début JUILL. Ippolito de'Mari, ambassadeur extraordinaire
de la République, est à Milan auprès de l'Empereur
qui a accepté d'accorder des secours. Il obtient que le colonel
Vela, Génois au service de l'Empereur, soit détaché
pour commander les troupes génoises.
4 JUILL. Edit de Georges II, roi d'Angleterre, interdisant à
ses sujets d'aider les insurgés corses (cet édit est
obtenu par le diplomate génois Giambattista Gastaldi après
qu'un navire anglais ait débarqué dans l'île 54
quintaux de poudre).
6 JUILL. Giafferi, venu à Livourne, tente de passer des armes
en Corse sur un bateau français. Il en résultera un
incident diplomatique.
11 JUILL. Le Doge de Gênes répond au Bref du pape : que
les Corses fassent d'abord leur soumission et il leur sera accordé
quelques satisfactions. La réponse est transmise par le P.
Gritta, jésuite, que la République avait chargé
d'espionner Orticoni et de le discréditer auprès de
la Cour de Rome et des ambassadeurs des grandes puissances (Orticoni
était reçu avec intérêt par les ministres
de France et d'Espagne).
15 JUILL. Consulte d'Ornanu : l'abbé Balisoni, d'Olmetu, curé
de Canale, prêche la guerre sainte.
21 JUILL. Le cardinal Banchieri, secrétaire d'Etat à
Rome, informe les Généraux que la République
de Gênes accepte la médiation du pape et que le souverain
pontife veut bien s'entremettre pour rétablir la paix aux conditions
suivantes : - les Corses doivent lever le siège devant les
présides et dissoudre leur armée ; - ils doivent cesser
les manquements au respect dû à l'Eglise.
24 JUILL. Dans une lettre à la Sacrée Congrégation,
Mgr Giustiniani accuse les Corses, et en particulier le clergé
(le chanoine Guagnu est nommément désigné), de
violer les immunités ecclésiastiques.
19 JUILL. Convention, signée à Milan, entre
le comte Daun, pour Charles VI, empereur d'Allemagne, et Ippolito de'Mari,
pour la République : l'Empereur fournit à la République
un corps de 3600 hommes (pouvant être doublé en cas de
besoin) pour la somme de 26 401 florins par mois, plus cent écus
par homme disparu, tué ou déserteur.
JUILL. Une galère française, la " Sainte-Marthe
" quitte Livourne pour la Corse avec le consentement du consul
de France. Elle conduit 70 Corses, des armes et des munitions pour
le service de la Nation. Arraisonnée par les galères
génoises, elle est conduite à La Spezia.
26 JUILL. Après d'énergiques protestations du ministre
de France, le Sénat décide de mettre à la disposition
du roi la " Sainte-Marthe " et tout son contenu.
Début AOUT. Ghjuvan Lucca Poggi, du Moriani, remplace Ghjacintu
Paoli à la tête des troupes qui bloquent Bastia. Celles-ci
sont réduites à 300 hommes.
6 AOUT. Les troupes allemandes commandées par le baron de Wachtendonck
s'embarquent à Gênes pour la Corse.
9 AOUT au soir. Les bateaux transportant les troupes allemandes paraissent
devant Bastia. Wachtendonck débarque aussitôt et, avec
lui, Camille Doria, nouveau commissaire général. Ils
tiennent conférence avec le commissaire Grimaldi.
10 AOUT. Débarquement des troupes. Doria publie un édit
du doge et des assemblées, daté du 4 AOUT, qui accorde
le pardon général ( ! ) aux Corses à condition
qu'ils rejoignent leurs foyers, qu'ils remettent les armes avant 15
jours et qu'ils restituent le fort de San Fiurenzu et la tour de Mortella.
Sont exclus du pardon : 1. Andria Ceccaldi, Luigi Giafferi, Ghjanfrancescu
Lusinchi, Carlu Francescu Alessandrini, de Canari, Pier'Simone Ginestra,
Ghjuvan Tumasgiu Giuliani, de Muru, et Simone Fabiani, de Santa Riparata
di Balagna ; il est offert une prime de 2000 écus d'argent
pour le meurtre de l'un d'eux, ou 2500 pour sa capture. 2. Les communautés
suivantes : Olmeta di Tuda et Oletta, Loretu et U Viscuvatu, Talasani,
A Porta et Ficaghja, Carchetu et Pedicroce, Castinetu et Merusaglia,
Nuceta, Ruspigliani et I Gatti di Vivariu, Bustanicu, Corscia et Calacuccia,
Palasca et Spiluncatu, Muru, Santa Riparata di Balagna, Zicavu, Bastelica,
Centuri et Mursiglia.
12 AOÛT. Le colonel Vela, à la tête de 800 hommes
(Génois et habitants de Bastia et Lota), soutenu par les troupes
allemandes, attaque le Q.G. des patriotes, à Cardu, et le fort
de Recipellu. Les Corses décrochent rapidement ; il ont quelques
tués et blessés ; parmi les prisonniers : le P. Bernardinu,
de Casaconi, un des théologiens de la conférence d'Orezza.
13 AOÛT. A l'appel des Généraux, les Corses s'assemblent
à San Pancraziu di Furiani.
14 AOÛT. Les troupes allemandes sortent de Bastia. Les Corses
les attaquent imprudemment et sont dispersés. Furiani est incendié.
18 AOÛT. Louis XV interdit aux bateaux battant pavillon français
de transporter des armes vers la Corse et de toucher les ports tenus
par les Nationaux ; ces bateaux peuvent faire escale dans les ports
tenus par la République mais le Roi défend aux Génois
de les visiter (cette ordonnance fait suite à l'arraisonnement
de la " Saint-Marthe " et à plusieurs outrages subis
par le pavillon français).
22 AOÛT. Ghjannatale Natali, d'Olmeta, qui commandait San Fiurenziu,
remet le fort aux troupes allemandes.
( ? ). Les Corses bloquent Aiacciu pendant onze jours.
( ? ). Soumission du Nebbiu et des Costere. Doria parcourt le Capicorsu
et y sème la terreur.
2 SEPT. Consulte des chefs militaires du Delà, au couvent de
Mezana, convoquée par F. Paganelli et P.S. Ginestra, envoyé
de Giafferi et Ceccaldi.
6 SEPT. Un détachement de gens de Bastia et Lota au service
de Gênes, commandé par les Morati, se fortifie au Borgu
di Marana.
8 SEPT. Les troupes installées au Borgu sont délogées
12 SEPT. Francescu Maria Zicavo, sergent-major des troupes allemandes,
prend contact, au Viscuvatu, avec Giafferi et Ceccaldi qui lui remettent
une lettre pour Wachtendonck.
23 SEPT. Après 2 mois passés dans les prisons génoises,
les Corses de la " Sainte-Marthe " sont de retour à
Livourne. Ils écrivent au cardinal de Polignac pour remercier
le gouvernement français et lui demander d'obliger la République
à les dédommager.
24 SEPT. De nouvelles troupes allemandes commandées par le
colonel de Vins, arrivent en Corse.
28 SEPT. En réponse à la lettre du 12, Wachtendonck fait
savoir aux Généraux, par le major Zicavo, que les Corses
doivent déposer les armes et se soumettre à la République;
son rôle est de réduire les rebelles. Les Généraux
écrivent de nouveau à Wachtendonck : les Corses sont désireux
de respecter la bannière impériale, mais ils voudraient
qu'on prenne en considération leurs justes revendications ; ils
espèrent la médiation de l'Empereur. Ils écrivent
dans ce sens une lettre pour Charles VI.
4 OCT. Giafferi arrive à Livourne. Il en repart le 8 après
avoir pris contact avec le consul de France.
16 OCT. Wachtendonck demande aux Corses de faire leur soumission,
de remettre les armes, de donner des otages et de se retirer dans
leurs foyers. Ces conditions étant remplies, il assure, avec
l'accord de la République, le pardon général,
un bon gouvernement et l'oubli du passé. Dans le cas contraire,
les Corses subiront toute la rigueur de S.M. Impériale.
18 OCT. Après en avoir avisé les Généraux,
Wachtendonck sort de Bastia avec 4000 hommes et s'avance jusqu'au
Rivincu.
18 OCT. Du Viscuvatu, les Généraux informent Wachtendonck
qu'ils sont près à se soumettre à la république
et qu'ils ont envoyé des députés auprès
des communautés pour les persuader d'accepter la soumission.
Ils demandent l'arrêt des opérations militaires pour
que l'unanimité puisse se faire au sein des populations.
19 OCT. Les Allemands s'avancent jusqu'au Golu.
( ? ). F.M. Zivaco, auquel on a associé le sergent-major Imbert,
continue à servir d'intermédiaire entre les Allemands
et les Corses. Wachtendonck qui juge insuffisantes les forces mises
à sa disposition - il aurait voulu 12 000 hommes. - tente d'obtenir
la soumission des Corses par des voies pacifiques.
21 OCT. Camillo Doria et le marquis Francesco de'Mari se rendent aux
raisons de Wachtendonck qui désire obtenir la soumission conformément
à la lettre de 16 octobre, et donnent leurs signatures. Le
lendemain, Doria en informe les assemblées génoises.
22 OCT. Mémoire de Giafferi, Raffaelli et Luigi Ciavaldini
à Wachtendonck : les Corses sont prêts à déposer
les armes si la République veut accepter des conventions nouvelles
pour le gouvernement de la Corse, établies grâce à
la médiation de l'Empereur et garanties par lui.
24 OCT. Les Allemands passent le Golu et s'avancent jusqu'à
San Pelegrinu, harcelés par les Corses. Ils s'emparent de la
tour sans coup férir.
25 OCT. Les Corses, en nombre, prennent position sur les hauteurs
et menacent San Pelegrinu. Coupé de ses arrières, ne
pouvant espérer un approvisionnement par mer à cause
de la tempête, Wachtendonck envoie Ghjuvanni Straforelli, vicaire
de Peru, proposer une entrevue aux Généraux.
26 OCT. Ghj. Paoli et Giafferi concluent l'accord suivant avec Wachtendonck
: -a) les Corses abandonnent leurs positions le long du chemin qui
va de San Pelegrinu à Bastia ; -b) les Allemands rentrent à
Bastia en respectant les personnes et les propriétés
; ils conservent la tour de San Pelegrinu en vertu du droit de conquête
; -c) une trêve est établie entre les deux parties en
attendant l'avis de l'Empereur à qui les Corses enverront deux
députés.
28 OCT. Les Allemands prennent le chemin de Bastia.
28 OCT. Retour, de Vienne, d'un officier que Wachtendonck avait envoyé
pour faire part des conférences qu'il avait avec les Corses
: l'empereur offre à ces derniers de terminer, par sa médiation,
leurs différents avec les Génois, à condition
que les chefs et leurs familles quittent l'île sans espoir de
retour. La réponse est contraire aux espérances des
Corses.
30 OCT. Les assemblées génoises désapprouvent
C. Doria. Elles estiment que le fait de signer un accord avec les
Corses justifie leur rébellion ; seul un pardon peut être
accordé par un gouvernement à des sujets en révolte.
Elles conseillent à Doria de ne donner aucune publicité
au contrat signé par lui.
NOV. Les pieve du Delà acceptent la trêve de San Pelegrinu.
2 DEC. Proclamation de Carlo Grillo Cattaneo, nouveau commissaire
d'Aiacciu, qui vient de recevoir des instructions de Gênes :
la Sérénissime République n'a jamais eu l'intention
d'adhérer à la trêve ; elle entend poursuivre
les hostilités contre les rebelles.
21 DEC. Wachtendonck sort de Bastia avec 2000 hommes pour se rendre
en Balagna.
JANV. Le colonel de Vins, avec 600 soldats d'élite,
débarque à Calvi venant de Bastia.
6 au 8 JANV. Consulte à Caccia : on décide de chercher
un arrangement avec la République, sous la garantie de l'Empereur.
Une supplique, datée du 8, est adressée à ce
dernier.
9 JANV. Ceccaldi communique à Gentile les décisions
de la consulte et propose d'envoyer des députés à
Bastia.
9 JANV. Ceccaldi et Giafferi adressent une nouvelle supplique à
l'Empereur par l'intermédiaire du prince Eugène de Savoie,
conseiller de Charles VI, désireux que la République
applique, à l'égard de la Corse, une politique de douceur,
comme il l'avait suggéré à Daun, gouverneur de
Milan, l'année précédente.
14 JANV. De Vins tente d'occuper Calinzana et subit une lourde défaite.
17 JANV. Gentile informe Ceccaldi que sa proposition d'envoyer des
députés est agréée. Il conseille aux Corses
d'accepter le pardon qui leur est offert ;
29 JANV. Domenico Maria Spinola, doge de Gênes
1er FEVR. Du Viscuvatu, émouvant appel des Corses de Corse
aux Corses de l'extérieur.
10 FEVR. Ceccaldi à Gentile : les Corses veulent un traité
garanti par l'Empereur et non un simple pardon.
Mi-FEVR. A l'appel de Lusinchi et Lucca Ornano, Giafferi passe dans
le Delà-des-Monts pour soumettre les communautés qui
avaient pris parti pour la République, en particulier Olmetu
et Sartè.
18 FEVR. Du couvent de l'Ornanu, Giafferi intime aux communautés
d'Olmetu et de la Rocca de rejoindre la cause de la patrie avant le
dimanche 24. Olmetu sera réduit par la force.
MARS. Accord entre Vienne et Gênes pour l'envoi de nouvelles
troupes en Corse. Les forces allemandes dans l'île, en tout
11 000 hommes, seront placées sous le commandement du prince
de Wurtemberg, assisté du prince de Kulmbach, général
de bataille, et du comte de Schmettau, général d'artillerie.
2 MARS. Giafferi demande à la municipalité de Sartè
de se rallier à la cause de la Nation. Refus
7 MARS. Gênes offre un pardon général et promet,
pour l'avenir, de réprimer les abus. Le pardon doit être
demandé avant un mois par les municipalités, faute de
quoi les Corses sont menacés d'une " extermination totale
".
9 MARS. Blocus de Sartè.
12 MARS. Les Nationaux attaquent Sartè. Ils sont repoussés
avec pertes.
22 MARS. La Cour de Vienne fait savoir à la République
qu'il conviendrait d'écouter avec bienveillance les doléances
des Corses et d'accorder la garantie de l'Empereur aux concessions
qui leur seraient faites.
26 MARS. Le gouverneur de Milan insiste à son tour auprès
de Gênes pour qu'il soit conclu un accord avec les Corses sous
la garantie de l'Empereur.
26 MARS. Paolo Battista Rivarola est nommé commissaire général.
4 AVR. Début d'embarquement des nouvelles troupes allemandes.
7 AVR. Le prince de Wurtemberg arrive à Calvi.
13 AVR. Pâques.
15 AVR. Rédaction d'une Lettera di un Corso a un amico nazionale
abitante in terra ferma. Cette lettre, attribuée au chanoine
Ghjuliu Matteu Natali, d'Oletta, imprimée et distribuée
sur le continent italien, est destinée à réfuter
les contrevérités publiées par les Génois.
La guerre de plume est engagée. Il lui sera répondu
la même année par une Lettera attribuée à
l'évêque de Sagone.
16 AVR. Edit du prince de Wurtemberg accordant cinq jours aux Corses
pour rentrer dans l'obéissance de la République : "
S.M. nous a ordonné de déclarer formellement qu'elle veut
garantir aux populations du Royaume de Corse, non seulem+ent le pardon
général que leur accorde la Sérénissime
République, mais encore toutes les mesures de justice et d'équité
- Sa Majesté le promet - que la République prendra pour
l'avantage et le soulagement du Royaume et des populations de la Corse
". Cet édit est publié le 17 avril à Calvi,
le 19 à San Fiurenzu, puis dans les pieve de l'intérieur,
au fur et à mesure de l'avance des troupes allemandes, jusqu'au
1er mai. La seconde rédaction ne comporte plus la limite de temps.
23 AVR. N'ayant pas de réponse à l'édit du 16
avril, Wurtemberg ordonne la marche en avant des troupes de Calvi.
Kulmbach occupe la Balagna où se trouvait Ceccaldi. Successivement,
les troupes cantonnées dans les places maritimes s'avanceront
vers l'intérieur. Schmettau quitte San Fiurenzu ; il occupe
le Nebbiu où était Giafferi, puis les Costere jusqu'à
Tenda, et Lentu. Le lieutenant-général Waldstein marche
sur le Viscuvatu. Les troupes de la République partent de Bastia
sur des embarcations et tentent, sans succès, un débarquement
à la Padulella. L'occupation du territoire par les Impériaux
se fait généralement sans résistance ; d'ailleurs,
au moindre obstacle les maisons sont brûlées, les habitants
massacrés, les cultures détruites. Toutes les communautés,
les habitants doivent donner des otages.
1er MAI. Une délégation, envoyée par Giafferi
et porteuse d'un mémoire, arrive auprès du prince de
Wurtemberg.
2 MAI. Le colonel Vela, à la tête de troupes génoises,
de hussards, de Grecs et d'Ajacciens, en tout mille hommes, occupe
Apietu et incendie Calcatoghju. Les Corses accourent et l'obligent
à se replier sur Campu di Loru.
2 MAI. Les généraux corses envoient des députés
au général Schmettau, à Rustinu, pour demander
une suspension d'armes et la liberté de venir traiter eux-mêmes
sur parole du général. Ghjacintu Paoli, le piuvanu Aitelli,
le P. Carlu Francescu Raffalli se présentent devant Schmettau
qui les prie de ne plus s'éloigner.
3 MAI. Nouvel édit de Wurtemberg, daté de Caccia. Les
communautés devront présenter leurs députés
au fur et à mesure de l'avance des armées de l'Empereur.
Les armes et des otages devront être remis au préalable.
5 MAI. L'édit de Wurtemberg est remis aux Généraux.
6 MAI. Le prince de Wurtemberg arrive à Corti.
6 MAI. Giafferi, Ceccaldi et d'autres chefs se présentent,
sous escorte, au général Schemttau, lequel les envoie
à Corti où se trouve Wurtemberg.
8 MAI. La République fait imprimer un manifeste destiné
aux Corses du continent italien (en réponse à l'appel
du 1er février) pour leur demander de ne pas participer à
la rébellion.
9 MAI. Giafferi, Ceccaldi, Aitelli et Carlu Francescu Raffalli sont
présentés à Wurtemberg. Consignés dans
la maison municipale de Corti et placés sous bonne garde, ils
sont désormais les prisonniers du prince.
10 MAI. Tous les responsables allemands et génois sont à
Corti. Le prince de Wurtemberg ouvre une conférence qui dure
jusqu'à 4h. du matin, et à laquelle assiste Mgr de'Mari,
évêque d'Aleria. Il y est établi que les Corses
doivent déposer les armes, se soumettre à la République
et donner des otages qui seront retenus dans les présides.
La République offre l'amnistie générale et promet
un règlement faisant droit aux revendications des Corses. L'Empereur
accorde sa garantie.
( ? ). Wurtemberg livre Giafferi, Ceccaldi, Aitelli, et Raffalli au
commissaire Rivarola qui les envoie à Bastia ou ils sont jetés
en prison.
( ? ). Marcu Auleriu Raffaelli, de la Penta di Casinca, grand-chancelier
du gouvernement corse, et le P. Poletti, servite, qui avaient refusé
de se soumettre et pris le maquis, s'embarquent à la plage
de Verde pour Livourne. Les Génois se montrent fâchés
de ce départ car, disent-ils, ils perdent ainsi la preuve des
intrigues de la Cour d'Espagne au sujet des affaires de Corse. Ils
justifieront par cette fuite l'arrestation des quatre chefs.
14 JUIN. Les quatre chefs sont embarqués pour Gênes.
18 JUIN ( ? ) Les deux Collèges sérénissimes
et le Petit Conseil envisagent des mesures tendant à vider
la Corse de sa population : coupe des châtaigniers des 8 pieve
de la Castagniccia et des oliviers de la Balagna, interdiction de
l'état ecclésiastique aux insulaires, massacre des notables,
division du Royaume en 8 marquisats, confiés à des Génois
chargés d'en renouveler la population. Ces mesures ne seront
pas entérinées par le Sénat.
24 JUIN. Des troupes allemandes commencent à quitter l'île.
15 JUILL. Six des otages, en résidence surveillée à
Bastia, parmi lesquels G. Paoli et S. Fabiani, conseillés par
Ghjanferrandu Consalvi (celui-ci avait été piuvanu de
Tavagna en récompense de sa désertion à la cause
nationale après avoir participé aux premiers mouvements
de révolte), Wachtendonck et le colonel comte Colmenero, tous
dévoués à Gênes, rédigent un mémoire
destiné aux assemblées génoises, ou, après
avoir remercié la République pour le pardon accordé,
ils exposent certaines demandes au nom de la Nation. Ils sont désavoués
par les autres otages qui leur refusent le droit de parler au nom
de la Nation, celle-ci devant s'exprimer par la voix des municipalités
élues. Les six se rétractent. Un deuxième mémoire
est rédigé et envoyé, cette fois, à Wurtemberg
pour le faire parvenir à la Cour de Vienne. Ce second mémoire
demande que soient publiées, par l'Empereur, les concessions
accordées aux Corses.
16 JUILL. Wurtemberg part pour Gênes. Il sera reçu triomphalement.
Wachtendonck reste à la tête des troupes allemandes.
16 JUILL. Les otages sont jetés en prison. Avec eux, Antone
Marengo, de Bastia, consul du grand-duc de Toscane, accusé
d'avoir rédigé le second mémoire.
22 JUILL. Emeute populaire à Aiacciu. Wachtendonck, qui dirigeait
les travaux de fortification à Corti, se dirige immédiatement
vers cette ville.
26 JUILL. Wachtendonck reçoit une lettre par laquelle on l'informe
que si, dans un mois, les 4 chefs ne sont pas libérés,
les Corses sauront venger leur patrie de la non-observance, par Gênes,
de la parole donnée.
31 JUILL. Par l'intermédiaire de Daun, l'Empereur fait savoir
à la République que les Corses doivent être interrogés
sur leurs aspirations, qu'elle doit essayer de satisfaire ces aspirations
et communiquer sa décision à S.M.I. avant de la rendre
publique. L'Empereur demande la preuve de la culpabilité des
quatre chefs et proteste contre le traitement infligé aux otages.
AOUT. Francescu Maria Gentile, devenu suspect, est rappelé
à Gênes.
31 AOUT. Arrivée à Gênes d'un courrier envoyé
par Gian Luca Pallavicini pour annoncer que l'Empereur exige l'élargissement
des prisonniers avant tout arrangement avec les Corses.
23 SEPT. Le Doge et les assemblées génoises invitent
les populations de Bastia, Capicorsu, Aleria et Corti à leur
adresser des doléances. Au reçu de celles-ci la même
demande sera faite aux autres provinces.
29 SEPT. Bastianu Costa, avocat à Gênes, quitte la ville
définitivement. Sous prétexte de conduire un de ses
fils à Rome, où il est étudiant, il veut s'arrêter
à Livourne et à Florence pour y rencontrer le chanoine
Orticoni et le ministre plénipotentiaire d'Espagne. Les Gentile
résidant à Gênes, menacés d'arrestation,
l'ont chargé de préparer leur fuite. Trois d'entre eux
seront en effet arrêtés, dont Francescu Maria.
4 OCT. Rivarola publie l'édit du 23 sept. Les doléances
doivent être rédigées et lui parvenir avant 10
jours (cinq pieve seulement répondront à cette invitation
: Moriani, Tavagna Ampugnani, Talcini et Orezza).
7 OCT. Antone Marengo et les otages retenus à Bastia sont libérés.
Nuit du 10 au 11 OCT. Les quatre chefs corses sont transférés
de la tour de Gênes à la forteresse de Savona. Ce transfert
est un adoucissement de leur sort. (Cette mesure de clémence,
et leur libération après une année de détention,
seront attribuées à l'intervention d'Orticoni : - de
la Cour de Vienne, évidemment, et surtout du prince Eugène
et de François de Lorraine, futur gendre de l'Empereur ; -
du Grand-Duc de Toscane et de l'archevêque de Florence, toujours
grâce aux missions d'Orticoni ; - de la Cour de France ; - d'un
personnage mystérieux, alors agent secret à Gênes
d'une Cour étrangère (Vienne ? Paris ?), le baron Théodore
de Neuhoff, futur roi de Corse.
31 OCT. Note de Charles VI à Gian Luca Pallavicini, envoyé
extraordinaire de la République à Vienne : l'Empereur
y exprime sa volonté de voir délivrer les chefs corses
et promulguer une nouvelle constitution sous sa garantie.
10 NOV. Mémoire de la République, destiné à
l'Empereur. Il traite : - de l'édit pour consulter les Corses
; - des otages ; - des quatre chefs emprisonnés ; - de la communication
à S.M. des concessions que la République veut faire
aux Corses. Ce mémoire insiste surtout sur le 3ème point
: le transfert des prisonniers à Savona est présenté
comme une grande faveur.
3 DEC. Francescu Maria Gentile, accusé de félonie, est
transféré dans la tour de Gênes avec 4 autres
officiers corses. Il sera libéré en 1739.
8 DEC. Mémoire en 18 points des Corses à Rivarola.
Vers NOËL. Orticoni est à Milan pour obtenir l'intervention
du gouvernement autrichien pour l'élargissement des quatre
chefs.
31 DEC. L'Empereur demande à nouveau l'élargissement
des quatre chefs.
JANV. Pour avoir bien servi les Génois, Consalvi,
piuvanu de Tavagna, est nommé chapelain du gouvernement et Cacchione,
piuvanu de Sartè, est nommé théologue du commissaire
d'Aiacciu.
23 JANV. Gênes imprime les " concessions gracieuses "
accordées à ses sujets de l'île de Corse. Elles
comportent, entre autres articles, un pardon général,
l'engagement de ne pas faire supporter aux Corses les dépenses
de la dernière guerre, une remise d'impôts jusqu'à
la fin de 1732. Pour mériter le pardon, les Corses devront
se montrer " obéissants et fidèles ". Il ne
reste plus qu'à attendre l'accord de l'Empereur.
28 JANV. Nouveaux arrêts et décrets de la Sér.
Rép. de Gênes qui seront observés dans le royaume
de Corse pour le maintien du bon ordre. Le principal mérite
de ce règlement est de limiter, dans certains cas, la trop
grande autorité qu'avaient, auparavant, le gouverneur et les
fonctionnaires génois.
5 MARS. Giambattista Curli, de Savona, est nommé évêque
du Nebbiu en remplacement de Mgr. Aprosio, décédé.
Il prendra possession de son poste en avril. (Les " concessions
gracieuses " stipulaient que dorénavant les évêques
pouvaient être de nationalité corse).
15 MARS. Election des Nobles-Douze.
16 MARS. Décret de Charles VI qui confirme l'amnistie accordée
par la République.
24 MARS. Orticoni est reçu à la Cour de Vienne.
4 AVR. Pâques.
8 AVR. Arrivée à Gênes d'un courrier de Vienne
porteur des décisions de l'Empereur au sujet du règlement
et des prisonniers.
22 AVR. On annonce aux quatre prisonniers qu'ils sont libres. Aitelli
se rend à Gênes. Giafferi accepte le grade de capitaine-commandant
à Savona, avec 1200 livres d'appointements, à condition
qu'il ne retournera pas en Corse. Les deux autres restent provisoirement
à Savona.
8 MAI. ( ? ) Les quatre chefs quittent le territoire de la République.
Raffalli se rend à Rome où le pape le nomme auditeur
au tribunal de Monte Citorio; Giafferi se réfugie à
Venise chez son frère, lieutenant-colonel, avant de se rendre
à Livourne ; Ceccaldi se fixe à Pise; Aitelli se retire
à Livourne.
MAI. Le Dr Francescu Rivarola (physicien, fils de Dumenicu) et le
capitaine Luigi Ciavaldini arrivent en Espagne demander des secours
pour le compte des Nationaux.
30 MAI. Les navires qui doivent évacuer les Allemands quittent
Gênes pour la Corse emportant des troupes de la République
pour assurer la relève.
1er JUIN. En présence des Nobles-Douze et de la population
bastiaise, Rivarola et Wachtendonck rendent publics les Concessions
et le Règlement.
6 JUIN. Wachtendonck et les dernières troupes allemandes arrivent
à Gênes.
JUILL. Les assemblées génoises nomment
Paolo Geronimo Pallavicini commissaire général en remplacement
de Rivarola. Pallavicini, réputé homme cruel, est choisi
pour mener une politique sévère. Il reste connu pour avoir
conçu le dessein de vider la Corse de ses habitants et de les
remplacer par des sujets plus dociles.
( ? ). Gnaziu Arrighi, de Corti, qui avait servi le roi de Sardaigne
et la République de Venise, débarque en Corse. Il est
jeté en prison.
13 AOUT. Décret des commissaires Pallavicini et Cattaneo contre
ceux qui quittent la Corse sans autorisation. Les barques et autres
navires devront se regrouper dans les ports de Bastia, Calvi, Aiacciu,
et Bonifaziu.
AOUT. Pallavicini convoque individuellement les notables des pieve
pour leur donner des instructions au sujet du ramassage des armes,
de la levée des impôts et de l'extinction des inimitiés.
Certains, flairant un piège, se dérobent, en particulier
ceux du Rustinu : Ghjacintu Paoli, Ghjuvan Ghjacumu Ambrosi, de Castineta,
et Paulu Francescu Giovannoni, du Salgetu, dit Salicetu. (Simon Ghjuvanni,
du Campulori, qui avait répondu à la convocation, avait
été pendu malgré la parole donnée du lieutenant
d'Aleria).
AOUT. Gênes se plaint, auprès des souverains d'Allemagne,
de France, d'Espagne, d'Angleterre et de Savoie, de la bienveillance
avec laquelle les réfugiés corses sont reçus
en Toscane.
27 AOUT. Giafferi fait un rapide voyage en Corse et apporte des armes.
SEPT. Avant l'heure, Pallavicini exige le paiement des tailles ordinaires.
Le Rustinu refuse.
15 NOV. Pippo, capitaine à Corti, quitte son cantonnement pour
le Rustinu avec 50 soldats. De même, le cap. Gio : Maorizio
Gagliardi quitte Bastia. Ils ont ordre de combiner leurs mouvements.
Gagliardi s'arrête à la Venzulasca pour y passer la nuit.
16 NOV. Gagliardi va au couvent de la Casabianca. Pippo pénètre
dans le Rustinu. Au Salgetu, il est désarmé.
17 NOV. Au soir. Gagliardi, qui s'est attardé à la Casabianca,
apprend que Pippo a été désarmé. Peu après,
Ghjacintu Paoli assiège le couvent.
18 NOV. Les Corses envahissent le couvent. Gagliardi se rend.
( ? ). Pallavicini ordonne aux troupes génoises stationnées
à la Venzulasca et au Viscuvatu de se retirer à la tour
de San Pelegrinu.
( ? ). Petru Casale, du Nebbiu, récemment inscrit sur le livre
de la noblesse génoise, parent de P.F. Giovannoni, est député
dans le Rustinu par le commissaire général pour parlementer
avec les notables du lieu ; ceux-ci se montrent intraitables.
( ? ). Pallavicini propose aux pieve de Casinca, Tavagna, et Moriani
de les armer contre les insurgés. Refus.
( ? ). Gnaziu Arrighi, qui vient de sortir de prison, et G.G. Ambrosi
bloquent la citadelle de Corti pendant quelques jours.
( ? ). Les assemblées génoises, informées des
troubles du Rustinu, publient un édit qui demande aux habitants
de remettre les armes avant 15 jours et promet des sauf-conduits aux
procureurs des communautés ou aux individus qui voudront exposer
leurs doléances aux autorités.
( ? ). Battaglini et quelques autres arrivent en Corse avec des armes
et des munitions. (Les Corses installés en Toscane, protégés
par le grand-duc Giovan Gastone de'Medici, sont stimulés par
l'engagement de la France et de l'Espagne dans la guerre de la Succession
de Pologne. Les succès du maréchal de Berwick, sur le
Rhin, et du maréchal de Villars, en Lombardie, sur les troupes
de Charles VI, les rendent plus hardis).
22 DEC. Une grida des populations du Rustinu remet en vigueur les
anciens Règlements de la Nation concernant l'union sacrée
et la tranquillité publique.
24 DEC. Nouvelle grida interdisant tout commerce avec les pieve de
l'intérieur et les présides.
26 DEC. Le Rustinu interdit aux habitants de Tavagna, qui, gagnés
à la nouvelle révolte, pouvaient se livrer à
des excès, de s'approprier les biens du Rd Consalvi.
1er JANV. Le Rustinu convoque les élus des communautés
et les notables à une consulte.
Début JANV. Des armes et des munitions, en grande quantité,
sont débarquées entre la Padulella et San Pelegrinu.
Elles sont distribuées aux pieve de Rustinu, Orezza, et Tavagna,
les plus engagées dans la nouvelle révolte.
JANV. Le gouverneur d'Aiacciu fait assassiner Ghjanfrancescu Lusinchi.
11 et 12 JANV. Consulte au couvent d'Orezza. On décide de poursuivre
la lutte contre Gênes. Ghjacintu Paoli, assisté d'Ambrosi
et Giovannoni, est placé à la tête de la nation.
Paoli est chargé de s'emparer de Corti ; Ambrosi doit soulever
le Capicorsu ; Giovannoni doit occuper la rive droite du Golu afin
d'interdire aux troupes génoises l'accès aux pieve en
révolte.
31 JANV. Grida de Pallavicini menaçant de représailles
quiconque n'aura pas déposé les armes dans les 24 heures.
3 FEVR. Stefano Durazzo, doge de Gênes.
12 FEVR. Le commissaire écrit aux assemblées son impuissance
à rétablir la paix et demande à être relevé
de ses fonctions.
13 MARS. Rapport de Mgr Saluzzo au pape sur l'état du diocèse
de Mariana. Il dénonce un relâchement de discipline parmi
le clergé et une régression de la piété
populaire depuis la révolte de 1729.
MARS. Pourparlers de paix entre Ghj. Paoli et Pallavicini par l'intermédiaire
du Rd Carlu Luigi Donati. Ils sont interrompus par la marche en avant
des troupes génoises.
MARS. Mouvements concertés des troupes génoises pour
débloquer Corti : - le major Marchelli est chargé de
passer de San Pelegrinu en Casinca pour faire diversion ; Paoli l'attaque
à la Venzulasca et l'oblige à se replier ; - une petite
troupe chargée de rejoindre Corti, en passant par Aleria, est
contrainte de se réfugier à San Pellegrinu ; - d'Aiacciu,
Cattaneo envoie 200 hommes par Bucugnanu et Vivariu ; attaqués,
ils font demi-tour par Bastelica ; - Ghjacumu Santu Petriconi, à
la tête de 300 hommes (des Grecs pour la plupart), s'embarque
à Aiacciu pour Sagone ; il doit se rendre à Corti par
le Niolu ; dans la nuit du 29 au 30 mars, Castineta l'attaque à
Camputile (Niolu) et l'oblige à se replier sur Vicu.
5 AVR. Le capitaine Cleter, commandant la citadelle de Corti, demande
à capituler avec les honneurs de la guerre. Castineta lui accorde
8 jours.
12 AVR. Reddition de Corti.
22 ARV. Ghj. Paoli convoque une consulte à Sant'Antone di a
Casabianca.
25 AVR. Pâques.
26 et 27 AVR. Consulte. Organisation civile et militaire de la Nation.
Création d'un Magistrato Supremo del Regno qui contrôlera
tous les pouvoirs. Ghj. Paoli reste général. Teseu Brocca
est nommé chancelier.
AVR. Giafferi, Aitelli et Anghjulu Santu Contri, de Poghju di Moriani,
débarquent au Campulori avec des armes et un ouvrier sachant
travailler les canons des fusils.
( ? ). La Balagna divisée, les uns tenant pour la révolte,
les autres pour les Génois, décide de s'ériger
en province confédérée à la République.
12 MAI. Consulte à Corti. L. Giafferi est associé à
Ghj. Paoli à la tête de la Nation. On décide d'offrir
la Corse à Philippe V, roi d'Espagne (Orticoni est envoyé
à Madrid à cet effet, mais le roi, qui prépare
la conquête du royaume de Naples, refuse d'entamer des négociations
à ce sujet). Bartulumeu Seta, dit Bartolò, de Bastelica,
est autorisé à lever un régiment corse pour le
compte du roi d'Espagne.
( ? ). Paoli, Castineta, Felice Cervoni, de Suveria, et son fils Ghjuvan
Battista, dit Schizzettu, organisent une expédition en Balagna.
Une partie de la province accepte de faire la guerre aux Génois.
( ? ). Arrighi pénètre dans la Campulori pour s'emparer
de Mgr de'Mari qui, avec la complicité des Cottoni et de Don
Filippu Grimaldi, de Poghju di Moriani, voulait conserver la pieve
à la dévotion de la République. L'évêque
réussit à s'enfuir vers Bonifaziu où il s'embarque
pour Gênes.
20 JUILL. Avertissement, signé Paoli, Giafferi, Antone Vittini,
Arrighi, Anghjulu Paulu Ottaviani et Anghjulu Luigi Luccioni d'Orezza,
adressé aux religieux pour les mettre en garde contre l'intrusion
du commissaire de la République dans les élections internes
de l'Ordre.
Début SEPT. Ugo Fieschi et Pier Maria Giustiniani, sénateurs,
nommés commissaires généraux, viennent en Corse
remplacer Pallavicini. Ils s'annoncent comme messagers de paix.
6 SEPT. Convocation d'une consulte à Corti.
8 SEPT. Proclamation des commissaires invitant les élus des
communautés, et tout individu, à se présenter
à eux avant 20 jours, la liberté de retour leur étant
assurée.
( ? ). Les généraux de la Nation interdisent, sous peine
de mort, de se présenter devant les commissaires.
10 SEPT. Lucca Ornano, responsable du Delà-des-Monts après
l'assassinat de Lusinchi, convoque une consulte au couvent d'Ornanu
pour préparer l'assemblée de Corti.
13 et 14 SEPT. Consulte au couvent d'Ornanu. Le Delà adhère
à la révolte.
19 au 21 SEPT. Consulte générale à Corti. On
décide que l'on cherchera à connaître les intentions
de la République. Aitelli est nommé auditeur général.
10 OCT. Nouvelle circulaire signée Paoli, Giafferi, Vittini
et Carlu Felice Giuseppi concernant les libres élections à
l'intérieur des ordres religieux.
( ? ). Mgr. Saluzzo s'entremet pour trouver un arrangement entre les
commissaires génois et les généraux corses.
19 OCT. Les généraux Paoli et Giafferi donnent mandat
au Dr Ghjuvan Petru Gaffori, de Corti, pour contacter les commissaires.
Avant tout arrangement ils doivent exiger la liberté pour les
Corses d'avoir un fusil par famille, la libération des prisonniers
politiques et l'assurance de l'observation des traités. Sa
mission est limitée au 23 oct. Les commissaires n'acceptent
pas les préliminaires.
( ? ). Proclamation des commissaires à la suite de l'échec
de la mission Gaffori ; - ils acceptent d'armer les fidèles
sujets de la République qui veulent combattre les rebelles
; - le montant des impôts n'excèdera pas les dépenses
faites en Corse par la République ; - il sera accordé
un pardon général.
( ? ). La République informe Vienne, Turin, Londres et Paris
que les Corses rebelles trouvent assistance en Toscane, ainsi qu'auprès
des consuls et officiers de la Cour d'Espagne. (Ceccaldi est passé
au service de l'Espagne avec le grade de colonel ; il a une correspondance
suivie avec les insurgés). Elle demande à la France
d'intervenir auprès de S.M. espagnole.
28 NOV. Edit des commissaires adressé aux populations pour
les mettre en garde contre les illusions entretenues par leurs chefs
au sujet de l'appui des Cours étrangères.
( ? ). Les commissaires offrent des patentes d'officier aux notables
qui acceptent de rallier le camp de la République. Ils entretiennent
des sicaires chargés d'assassiner les généraux
corses.
DEC. Les généraux envoient 500 hommes dévaster
les propriétés de Petru Casale qui s'active en faveur
des Génois.
22 DEC. L'avocat Costa et Don Antone Giabiconi, capitaine au service
de l'Espagne, quittent Livourne avec des armes.
30 DEC. Costa et Giabiconi, que la tempête a obligés
à passer plusieurs jours à l'île d'Elbe, débarquent
au Campulori. Costa prendra désormais une part prépondérante
dans la révolte, mais ses actions, quoique empreintes d'un
grand patriotisme, ne seront pas toujours approuvées. Dès
le début de l'année la zizanie s'introduit entre les
chefs de la Nation.
31 DEC. Costa rencontre Giafferi en Tavagna.
1er JANV. Paoli rejoint Giafferi et Costa et passe 3
jours avec eux.
6 au 8 jANV. Consulte générale à Orezza. Proclamation
d'indépendance. Costa rédige des statuts acceptés
par l'assemblée : - Giafferi, Paoli et Ceccaldi primats du
royaume ; - junte de 12 personnes qui aura l'autorité suprême
en toutes matières et spécialement en matière
politique ; etc
JANV. Nouvelle expédition contre la Balagna qui n'a pas envoyé
de députés à la consulte. Castineta, aidé
par Simone Fabiani, Paulu Maria Paoli et Francescu Maria Vescovali,
désarme la pieve d'Aregnu qui avait reçu 800 fusils
du commissaire de Calvi.
JANV. Giafferi, Costa et Giabiconi ordonnent une marche à travers
les pieve de Campulori, Moriani et Tavagna où on redoute des
défections.
JANV. Petru Ortali, de l'Ornetu di Tavagna, est chargé de la
défense du littoral et, surtout, de s'opposer aux sorties des
Génois campés à San Pelegrinu.
JANV. Entrevue entre l'avocat Costa et Saveriu Matra dans la maison
des Cottoni de Campulori. Matra se laisse convaincre de la nécessité
de continuer la guerre.
JANV. La Cour de France est persuadée que l'Espagne a des visées
sur la Corse mais ne suspecte pas Livourne et Naples d'intelligence
avec les Corses. Elle fait une offre de troupes à la République
de Gênes.
( ? ). Divergences de vues entre Paoli et Giafferi, Paoli et Costa,
Costa et Aitelli. De nombreux Corses se laissent corrompre.
10 FEVR. Lettre de Campredon : " Les affaires de Corse sont à
présent dans une grande crise
il semble que ce serait
le temps d'en profiter ; si la chose convenait au service du Roi ".
8 MARS. Rapport de Campredon sur la Corse. Il insiste sur les intrigues
espagnoles. " Il faudrait proposer à Gênes de céder
la Corse à la France ".
28 MARS. Consulte générale au Viscuvatu. La journées
se termine pas la détermination de poursuivre la guerre et
la décision d'une réunion des principaux chefs au couvent
de Sant'Antone di a Casabianca.
30 MARS. Consulte restreinte à la Casabianca. Les généraux
Paoli et Giafferi sont confirmés dans leurs fonctions. Election
d'un nouvel office da la guerre de 6 membres : Ghjuvan Ghjacumu Castineta,
Gnaziu Arrighi, Simone Fabiani, Antone Buttafoco, Anghjulu Luigi Luccioni,
Tumasgiu Santucci. Aitelli est confirmé dans ses fonctions
d'Auditeur général. Costa est élu Conseiller
d'Etat.
2 AVR. Le noble Petru Paulu Morati, du Borgu di Marana, qui vient
de faire assassiner Orsuvechju, frère du P. Poletti, un des
chefs de guerre de la Nation, se rend à Gênes. Il obtiendra,
avec le grade de major, l'autorisation d'organiser 5 compagnies destinées
à combattre les rebelles.
3 AVR. L'Office de la Guerre se réunit au couvent du Boziu.
Ses membres prêtent serment sur le crucifix.
10 AVR. Pâques.
( ? ). Les Génois barrent la route aux Nationaux qui veulent
investir le Capicorsu. Ils occupent Olmeta, Barbaghju, Ortale, et
Lucciana, mais subissent une lourde défaite à Furiani.
( ? ). Création d'une junte de guerre. Les membres se partagent
la surveillance des pieve : Castineta et Arrighi, le Moriani et le
Campulori ; Fabiani et Tumasgiu Santucci (d'Alisgiani), la Tavagna
; Buttafoco, la Casinca ; Anghjulu Luccioni est chargé du littoral.
26 AVR. Dépêche de Germain-Louis de Chauvelin, secrétaire
d'Etat aux Affaires étrangères de France, à Campredon
: il faut amener les Corses à se mettre sous la protection
de la France et convaincre la République de nous vendre ses
droits sur l'île.
Fin AVR, début MAI. Conférence des chefs corses au couvent
du Viscuvatu. Sont présents : Paoli, Giafferi, Costa, Castineta,
Ghjuvan Pasquinu Seravalle (du Petricaghju d'Alisgiani), le cap. Lisandru
Vinciguerra (de Loretu di Casinca), Quilicu Casabianca (de la Casabianca),
A.S.Contri et Ghj.P. Gaffori. Elles se poursuivra au couvent de Tavagna
après que des assaillants aient été repoussés
jusqu'à San Pelegrinu.
2 MAI. Gênes envoie de nouvelles troupes et un commissaire général
pour le Delà-des-Monts. : Ottavio Grimaldi.
5 MAI. A Gênes, le fils de Campredon a une entrevue avec une
dame qui s'engage à favoriser le développement d'un
parti français dans l'île. S'agit-il de Bianca Colonna
da Bozi, sur d'Antone Francescu, épouse du cap. Francescu
Saveriu Rossi, laquelle va bientôt paraître - et pour
longtemps - sur la scène politique corse.
( ? ). Dérobade de Luccioni. A Verde, Campulori, Moriani et
Tavagna, des notables font leur soumission à Gênes.
Vers le 24 MAI. La dame qui, le 5 mai, avait rencontré le fils
de Campredon, quitte Gênes pour la Corse.
( ? ). Felice Pinelli revient en Corse comme commissaire général
du Deçà. Avec lui Mgr de'Mari, l'évêque
d'Aleria. L'abbé français Michel Robert, de la Rochelle,
précepteur des enfants de Pinelli, correspondra régulièrement
avec Campredon pour l'informer des affaires de Corse.
10 JUIN. Costa et Giabiconi passent dans le Delà gagné
à la République par l'intelligente politique du commissaire
Grimaldi.
MI-JUIN. Consulte dans la pieve d'Ampugnani. Les Nationaux envoient
deux députés auprès du nouveau commissaire :
Viterbi, curé de Silvarecciu, et Ghjuvan Felice de Ficaghja,
pour tenter de reprendre les négociations commencées
avec les sénateurs, puis interrompues. Pinelli rejette leurs
avances et donne 8 jours aux Corses pour se reconnaître "
sujets naturels " de la République.
Vers le 20 JUIN. Francescu Rivarola, lieutenant-colonel du régiment
corse au service de l'Espagne et fils de Dumenicu, consul d'Espagne
à Bastia, débarque à la plaine de Verde avec
des fusils et des munitions de guerre.
Fin JUIN. Pinelli active les préparatifs de guerre. Des troupes
réglées sont envoyées en Balagna et dans le Nebbiu.
Des Corses se voient confier la formation de compagnies au service
de la République : 4 en Balagna et 3 dans le Nebbiu. L'organisation
de ces dernières est confiée à Ghjuvan Lorenzu
Petriconi, Anghjulu Matteu Farinole et Ghjiseppu Maria Limarola.
3 JUILL. Malgré l'intervention de Rivarola, qui fait valoir
la protection du roi d'Espagne, plusieurs pieve décident de
se soumettre si l'on accorde une amnistie générale.
Les procureurs du Viscuvatu, premiers arrivés à Bastia,
sont mal reçus par le nouveau commissaire qui juge leurs prétentions
trop grandes.
7 JUILL. Les procureurs du Casacconi sont reçus par Pinelli
qui demande la modification de leurs procurations.
9 JUILL. 600 soldats commandés par le major Morati et le cap.
Pierre Cleter quittent Bastia pour la Casinca. 200 hommes de San Pelegrinu
doivent se joindre à eux et, de concert, mettre le feu aux
céréales.
10 JUILL. La Casinca envoie des procureurs à Bastia. Leur mémoire,
qui reprend les éternelles revendications des Corses, est jugé
impertinent.
JUILL. Costa poursuit sa tournée de propagande. Arrivée
de l'ingénieur militaire Dufour dont Costa s'assure les services.
19 JUILL. Poussé par Mgr de'Mari, qui désire rentrer
dans son diocèse et faire de Cervioni un préside génois,
Pinelli envoie un corps de mille hommes dans le Campulori. Le commandement
est confié au colonel Varenne assisté de Costantino
Pinelli, fils du commissaire, comme ispettor di battaglia.
21 JUILL. Paoli et Giafferi ayant rassemblé des troupes pour
investir le Campulori, Varenne ordonne la retraite. Mgr de'Mari évêque
d'Aleria quitte à nouveau Cervioni et s'embarque à San
Pelegrinu pour Bastia.
26 JUILL. Les nationaux pénètrent dans le Campulori
sans être inquiétés, puis vont à Moriani
et Tavagna punir ceux qui avaient fait leur soumission.
( ? ). Le commissaire d'Aiacciu convoque le Rd Dr. Michelanghjulu
Lusinchi, di Zicavu, recteur du séminaire, et Bianca Colonna,
de Zigliara, nièce de Bastianu Costa, pour leur demander de
trouver le moyen d'éloigner l'avocat Costa.
10 AOUT. Costa réunit une consulte à Zicavu. Lucca Ornano,
quoique absent, est élu général. Pendant que
se tient la consulte, une vingtaine de notables, L. Ornano en premier,
adressent une supplique au roi de France pour qu'il conserve, au besoin
par les armes, la Corse à la Rép. de Gênes. Il
semble bien que la dame qui s'était engagée auprès
de Campredon tienne ses promesses.
15 AOUT. Pinelli fait emprisonner de nombreux Corses de Bastia suspectés
d'informer les insurgés.
Vers le 20 AOUT. Consulte au couvent d'Ornanu. Lucca est confirmé
dans ses fonctions de général. Peu enthousiaste, il
fera différer toutes les actions guerrières décidées
par Costa.
21 AOUT. Mille soldats génois débarquent au Campulori.
Apprenant que les Nationaux sont en embuscade, ils rembarquent sans
livrer le combat.
28 AOUT. Consulte des populations de la Rocca au couvent de Tallà.
Elles jurent fidélités à la République
et demandent des armes au commissaire Grimaldi. Les chefs de la province
sont : Michele Durazzo, de Fozà, dit Michele Fozzano, Ghjacumantone
Susini et Vincente Susini.
Début SEPT. Toujours poussé par Mgr. de'Mari, Pinelli
envoie son fils occuper le Campulori et s'y fortifier. Les Généraux
accourent et bloquent les troupes génoises.
7 SEPT. La république met à prix la tête de l'avocat
Costa.
18 SEPT. A la demande de C. Pinelli, un armistice est conclu au Campulori.
Une suspension d'armes est décidée jusqu'au 11 NOV.
; pendant ce temps les Nationaux enverront des députés
à Bastia pour négocier une paix durable.
28 SEPT. Paoli et Giafferi convoquent une consulte au couvent d'Alisgiani
pour étudier l'établissement d'une paix définitive.
17 et 18 OCT. Consulte : rédaction de propositions de paix
; élection de procureurs chargés de se rendre à
Bastia. On apprendra bientôt que Pinelli est désavoué
par Gênes et aucune suite ne sera donnée aux décisions
de cette assemblée.
28 OCT. Le Sénat de Gênes se réunit pour juger
le gouvernement de F. Pinelli. Il décide de rappeler son commissaire
et de le remplacer par Lorenzo Imperiali et Paoli Battista Rivarola.
30 OCT. Nouvelle consulte des populations de la Rocca : mêmes
décisions qu'à la précédente.
17 NOV. Lettre de Campredon à Maurepas : " Les conditions
auxquelles les Corses offrent de s'accommoder sont assez équivalentes
à la formation d'un gouvernement indépendant ".
NOV. Costa, en désaccord avec Lucca Ornano, revient dans le
Deçà.
26 DEC. Aiacciu jure fidélité à la République.
Fin JANV. Arrivée du commissaire général
Rivarola (Imperiali n'avait pas accepté pour raisons de santé).
7 FEVR. Nicolò Cattaneo, doge de Gênes.
FEVR. Les patriotes s'emparent de la tour de la Padulella.
17 FEVR. Plus de 4000 Nationaux attaquent Poghju di Moriani. Don Filippu
Grimaldi capitule.
18 et 19 FEVR. Le Campulori, qui était de nouveau rallié
à la République, est désarmé.
4 MARS. Deux bateaux accostent à l'Isula Rossa et débarquent
des munitions de bouche et de guerre. Ils repartent sans rien demander
et sans qu'on sache d'où ils venaient.
16 ou 17 MARS. Quoique bien préparée, une attaque de
la tour de San Pelegrinu tourne court.
20 MARS. Un bateau jette l'ancre devant Aleria. A son
bord se trouve Théodore, baron de Neuhoff.
21 MARS. Les chefs du Rustinu décident une consulte au couvent
de la Casabianca pour les 9, 10 et 11 avril. Il s'agit d'élire
3 députés chargés de prendre contact avec le
commissaire génois. Sans attendre les conclusions de la consulte,
les Généraux envoient Ghjacumu Francescu Pietri, de
Tagliu, auprès de Rivarola.
( ? ). Le bruit se répand de l'arrivée d'un personnage
important.
22 MARS. Ghjacintu Paoli et Ghjacumu Castineta rejoignent Giafferi,
Costa et Giabiconi à Pedipartinu d'Orezza. Paoli montre une
lettre qu'il vient de recevoir du baron. Théodore informe les
chefs insulaires de son arrivée. Il s'engage, comme il l'a
déjà fait auprès des Corses de Livourne, à
libérer la Corse de l'esclavage génois. Il demande qu'on
le choisisse pour roi et qu'on accorde la liberté de conscience
à tous ceux qui voudront habiter la Corse. Dans la nuit -scortati
dallo splendor della luna ce pareva facesse invidia al giorno, dit
Costa (la pleine lune sera le 27) - les 5 hommes se mettent en route
pour Aleria.
23 MARS. Les 5 chefs, qui ont passé la nuit à Matra,
descendent à Aleria. Saveriu Matra est déjà là
ainsi que Luccioni. D'autres chefs se rallieront sans hésitation.
Théodore venait de recréer l'unité nationale
gravement menacée.
28 MARS. Théodore quitte Aleria pour le Campulori.
29 MARS, midi. Théodore fait son entrée à Cervioni.
Il s'installe au palais épiscopal laissé vacant par
la fuite de Mgr de'Mari.
1er AVR. Pâques.
2 AVR. Théodore, accompagné de Gaffori et Giabiconi,
se rend à Matra, laissant aux généraux le soin
d'organiser l'armée.
7 AVR. De Matra, convocation d'une consulte au couvent d'Alisgiani.
8 AVR. Théodore revient à Cervioni.
10 AVR. Théodore et les Généraux se rendent à
Alisgiani.
12 AVR. La municipalité de Sartè demande des renforts
au commissaire d'Aiacciu.
13 AVR. Consulte. Théodore est accepté comme roi. On
rédige le contrat qui doit lier les Corses et le monarque,
les lois et conventions qui régiront le royaume. La "
constitution " - qui sera datée du 15, jour du sacre -
prévoit une monarchie héréditaire ; elle impose
au roi la religion catholique et la résidence dans l'île
; les pouvoirs du roi sont limités par la création d'une
Diète de 24 membres sans l'accord de laquelle il ne peut rien
décider en matière de paix et de guerre et de création
d'impôts nouveaux ; l'impôt ne peut excéder 3 livres
par feu ; les charges et dignités seront attribuées
aux seuls Corses ; il sera crée une Université qui jouira
des mêmes privilèges que les autres Universités
européennes.
13 AVR. La population de Sartè, assemblée en l'église
Ste Anne, prend position pour Théodore. Michele Fozzano est
élu général ; il prend les pouvoirs normalement
dévolus à G.M. Centurione (lieutenant de la province
depuis 6 ans) qui se réfugie à Campumoru.
14 AVR. M. Fozzano donne l'ordre à la province de la Rocca
de se rallier à la Nation (Carbini et Scopamena sont réticentes).
15 AVR. 25 000 ( ? ) personnes sont assemblées au couvent d'Alisgiani.
Théodore est proclamé roi à l'unanimité.
Le roi et son peuple prêtent serment d'observer la nouvelle
" constitution ".
16 AVR. Théodore forme son gouvernement : Ghj. Paoli, général,
premier ministre et grand-trésorier ; L. Giafferi, général
et premier ministre ; Costa grand-chancelier, secrétaire d'Etat
et garde des Sceaux ; S. Matra , grand-maréchal de Cour ; Ghj.P.
Gaffori, secrétaire d'Etat à la guerre et au cabinet
; A. Giabiconi, capitaine de la garde royale ; Fabiani, Castineta,
Luccioni, colonels gouverneurs des provinces.
18 AVR. Lucca Ornano arrive à Alisgiani. Il est confirmé
lieutenant-général commandant le Delà.
18 AVR. Théodore revient à Cervioni.
19 AVR. Proclamation de Théodore accordant une amnistie générale.
Les Corses au service de la République ont 6 jours pour faire
leur soumission.
20 et 21 AVR. Edits concernant l'administration de la justice. Ces
édits sont publiés les mêmes jours par M. Fozzano
et L. Ornano pour être appliqués dans le Delà.
23 AVR. Antone Colonna, de Zigliara, assisté du cap. Ghjuvan
Tumasgiu Franzini, occupe Porti Vechju au nom de la Nation.
( ? ). Luccioni est envoyé se concerter avec Colonna pour étudier
l'attaque de Bonifaziu (à son retour à l'Ornetu di Tavagna,
il sera accusé d'avoir voulu livrer Porti Vechju aux Génois
et fusillé par ordre du roi.
27 AVR. Le roi quitte Cervioni pour la Venzulasca où il arrive
le 29. Il se met à la tête de l'armée.
1er MAI. Le roi décide les sièges de Bastia et San Pelegrinu.
Ghj. Paoli est chargé du premier, Antone Buttafoco du second.
En même temps il donne l'ordre à Lucca Ornano d'organiser
celui d'Aiacciu.
3 MAI. Paoli, qui attaque Bastia depuis deux jours, donne jusqu'au
14 mai à Rivarola pour évacuer la place. Les Corses
manquant d'artillerie, Bastia restera aux Génois. - A. Buttafoco
attaque San Pelegrinu. Ayant échoué, il sera remplacé
par Petru Ortali.
( ? ). Ghjuvan Petru Gaffori est nommé président de
l'Hôtel des Monnaies établi à l'Ornetu di Tavagna
dans la maison Borghetti. Les premières pièces émises
par la Zecca seront des monnaies de cuivre de 5 sous, et 2 sous et
demi.
9 MAI. Un édit du Sénat de Gênes déclare
que le baron de Neuhoff et ses adhérents sont perturbateurs
du repos public, coupables de haute trahison et de lèse-majesté
au premier chef et, comme tels, dignes de toutes les punitions prescrites
par la loi.
14 MAI. Edit de Rivarola pour être publié à Bastia,
San Fiurenzu, San Pelegrinu, Algaiola et Calvi : le commissaire commande
aux pieve restées fidèles à la République
de donner avant 6 jours un inventaire des forces armées dont
elles disposent ; il leur promet le secours des troupes génoises
à condition de donner des otages ; il menace les pieve rebelles
de tous les châtiments.
( ? ). Poggi de'Citerini, du Talavu, abandonne le service du royaume
de Naples pour se mettre aux côtés de Théodore.
De même, Anton Nobile Battisti, beau-frère de Giabiconi,
quitte le service de Venise. L'abbé Don Gregoriu Salvini, de
Nesce, débarque en Corse avec des armes et se met au service
de la Nation.
( ? ). Théodore confisque les biens des rebelles à la
patrie au profit du Trésor Royal et interdit le détournement
des dîmes.
19 MAI. Gênes demande aux Cours étrangères de
priver la Corse de tout commerce.
MAI. Apparition en Toscane d'un personnage louche : le comte Humbert
de Beaujeu de la Salle. Beaujeu avait servi, en qualité d'officier,
dans les troupes que l'empereur avait envoyées en Corse. Très
au courant des affaires de l'île, il était utilisé
par le comte de Zizendorf qui venait de succéder au prince
Eugène comme conseiller de Charles VI. Est-ce lui l'ingénieur
français qui débarque à la Padulella dans la
2ème quinzaine d'août et que Théodore nomme colonel
d'artillerie ?
MAI. Théodore occupe le Nebbiu.
MAI. Francesco Brignole est envoyé à Londres pour protester
contre l'arrivée de Théodore sur un bateau anglais.
30 MAI. Attaques simultanées de Bastia et San Fiurenzu.
1er JUIN. Manifeste de Théodore en réponse au factum
de la République. Les génois sont déclarés
bannis à tout jamais de la Corse. Un second manifeste est daté
de Patrimoniu le 2 JUIN.
6 JUIN. Théodore passe en Balagna accompagné par Paoli
et Giafferi. Le camp de Bastia est confié à Castineta
et Arrighi ; celui de San Fiurenzu à Natali et Cervoni. Le
roi fera attaquer, sans grand succès, Calinzana et Algaiola.
15 JUIN. Costa, que Théodore avait laissé à l'Ornetu
di Tavagna avec la charge de vice-roi, informe son maître que
la situation se détériore et lui demande de revenir.
27 JUIN. Paoli, chargé de lever de nouvelles recrues, informe
le roi des difficultés rencontrées en période
des moissons.
30 JUIN. Le gouvernement et la zecca sont transférés
au couvent de Tavagna.
Fin JUIN. Théodore se rend à Corti où il est
reçu par Gaffori. Gnaziu Arrighi, soupçonné par
Costa d'intelligence avec l'ennemi pour avoir quitté le camp
devant Bastia, veut s'opposer à son entrée dans la ville.
Sa maison et celles de ses clients sont incendiées et lui-même
doit se réfugier à Vicu et Rennu.
1er JUILL. L'abbé Salvini, de retour de Livourne, apporte des
armes et des munitions à Théodore qui continue, sans
succès, d'assiéger Calinzana.
2 JUILL. Frappe des premières monnaies d'argent.
5 JUILL 15 SEPT ET 22 OCT. Les Etats Généraux de Hollande
interdisent d'assister les Corses mécontents.
9 JUILL. Le major Marchelli s'empare de Furiani qui sera rasé,
églises comprises, quelque temps après.
13 JUILL. Sur les instances de Gênes, Dumenicu Rivarola, d'Oletta,
consul d'Espagne à Bastia (en exil à Livourne), est
démis de ses fonctions.
JUILL. Les commissaires génois font assassiner Antone Morazzani,
du Talavu, et Simone Fabiani (le 15, à Orezza). Attentat manqué
contre Saveriu Matra.
28 JUILL. La reine régente de Grande-Bretagne défend
à ses sujets de fournir provisions et assistance aux mécontents
de Corse.
( ? ). Le roi revient en Tavagna.
Début AOUT. Sévère défaite de Marchelli
à l'Isula Rossa.
6 AOUT. Giafferi, Ghj.Ghj. Ambrosi, P.M. Paoli et Ghjuvan Tumasgiu
Giuliani donnent pouvoir à Don G. Salvini, qui retourne à
Livourne, pour une mission restée secrète.
( ? ). Théodore consulte Paoli et Giafferi sur la désignation
des membres de la Diète générale prévue
dans la " constitution ".
MI-AOUT. Théodore quitte la Tavagna pour le couvent de Verde
où il s'installe pour plusieurs jours.
( ? ). Théodore quitte Verde pour Matra où il reçoit
une lettre signée de quelques chefs de la révolte, dont
Ghj. Paoli, qui avaient réuni une consulte au couvent de la
Casabianca. Inquiets du sort d'un roi itinérant, ils lui demandent
de fixer sa résidence dans une pieve de son choix, laissant
aux généraux le soin des opérations militaires.
21 AOUT. A la suite de la requête génoise du 19 mai,
Charles-Emmanuel III charge le marquis Rivarola, vice-roi de Sardaigne,
de renouveler l'édit de son prédécesseur (28
mai 1731) et d'y ajouter l'interdiction de fréter les navires
battant pavillon sarde pour le service des rebelles corses.
28 AOUT. Théodore, décidé à passer dans
le Delà, se dirige vers le Fiumorbu.
1er SEPT. Théodore arrive à Porti Vechju. Il y passe
3 jours.
8 SEPT. Théodore fait son entrée à Sartè.
16 SEPT. Edit de Théodore 1er portant création d'un
ordre de noblesse et de chevalerie dit " de la Délivrance
".
28 OCT. Sur proposition de M. Durazzo, et pour mettre un terme à
certaines menées, la population de Sartè est réunie
dans l'église pour y prêter serment de fidélité
à Théodore.
29 OCT. M. Durazzo organise une consulte au couvent de Tallà
afin d'amener les populations de la province à payer la taxe
de 3 livres et la dîme (depuis son arrivée à Sartè,
Théodore est totalement désargenté).
3 NOV. Théodore quitte Sartè sous prétexte qu'il
est appelé dans le Deçà. En réalité,
sur les conseils de Costa, il a décidé de quitter la
Corse pour se procurer des secours. Un manifeste et des diplômes
pour ceux qui doivent assumer la charge de gouverner la Nation pendant
l'absence du roi sont déjà prêts. Ils seront remis
au moment de l'embarquement. Les plus importants parmi les chefs de
la Nation : Paoli, Giafferi, et Ornano, constitueront le Conseil de
Régence.
10 NOV. Théodore s'embarque à Sulinzara sur une tartane
française avec l'avocat Costa, Ghjiseppinu et Ghjuvan Paulu,
fils et neveu de l'avocat, M. Fozzano, Simone Poggi, et d'autres.
14 NOV. Théodore est à Livourne. De là il passera
à Florence, Rome, Naples et, enfin, Amsterdam.
21 NOV. Sartorio, secrétaire d'Etat de la République,
demande à Campredon la punition du patron français qui
a transporté Théodore à Livourne. Il sera satisfait
à sa demande.
1er DEC. Dans une lettre circulaire, les Génois annoncent le
départ de Théodore qu'ils attribuent à la défiance
des Corses.
4 DEC. Après avoir rencontré Théodore, le chanoine
Orticoni s'embarque à Livourne pour la Corse. Orticoni s'était
rendu à Madrid à deux reprises, avait fait un séjour
à la Cour du roi des Deux-Siciles et, à Livourne, avait
eu des contacts suivis avec le P. Ascanio, ministre d'Espagne.
10 DEC. En réponse à la circulaire génoise, les
trois Régents signent un manifeste par lequel ils proclament
leur attachement à Théodore.
DEC. Castineta organise une expédition punitive contre ceux
qui recherchent la protection génoise. Il se rend au Borgu,
passe dans la banlieue de Bastia et, de là, revient à
Aleria pour saccager et brûler les propriétés
des Panzani.
22 DEC. La République met à prix la tête de Théodore
(de même que celles des Costa, père et fils, et de M.
Fozzano) pour 2000 écus d'argent. L'annonce en sera faite publiquement
à Gênes le 5 JANV.
23 DEC. François de Lorraine, qui vient d'épouser Marie-Thérèse
d'Autriche et d'avoir la promesse, d'héritage du grand-duché
de Toscane, convoque l'aventurier Humbert de Beaujeu. Il lui demande
d'aller en Corse pour lui obtenir la couronne royale ; en revanche
il le ferait vice-roi. Beaujeu refuse pour ne pas trahir, dit-il,
l'Empereur. Le gendre de Charles VI le fera jeter en prison, à
Vienne, où il restera au secret pendant quatre ans.
1736. Première édition du célèbre Disinganno
intorno alla guerra di Corsica, scoperto da Curzio Tulliano. Cet ouvrage,
attribué au chanoine Ghjuliu Natali, est un féroce réquisitoire
contre le gouvernement génois dans l'île.
2 JANV. Théodore est à Turin.
JANV. Un bruit court les ambassades : Gênes songerait à
se défaire de la Corse. La Cour de Versailles s'en inquiète.
Le cardinal de Fleury et Amelot, ministre des Affaires étrangères,
font savoir, à plusieurs reprises, à Sorba, que la France
est prête à fournir des troupes à la République
pour lui conserver la Corse et, qu'en aucun cas, elle n'accepterait
que l'île soit livrée à une autre puissance.
JANV. Conjuration contre la Nation ; Vincente Vincenti de Santa Lucia
di Talcini, les Panzani, Petru Simone Pietri, de Carpinetu, Francescu
Maria Moracchini, de Vallerustie, Gnaziu Capone, de Merusaglia, et Prufiziu
Grazietti, di Vezzani, se réunissent dans la maison de Vincenti
pour étudier les moyens propres à soumettre la Corse à
la République. Attaqués par Ghj. B. Cervoni et Ghj. Natale
Natali, ils prennent la fuite.
21 JANV. Consulte à Corti. Les Corses jurent fidélité
à Théodore et prennent des mesures pour continuer la lutte.
JANV. Un navire, battant pavillon hollandais, apporte une lettre dans
laquelle Théodore rappelle sa promesse de libérer la Corse
du joug génois. Les Régents la font publier.
JANV. Andria Ceccaldi, venant d'Espagne, arrive en Corse.
Fin JANV. Théodore passe deux jours à Paris. Les Génois
reprocheront à la Cour de France de n'avoir rien fait pour l'arrêter
où tout au moins connaître le but de son voyage.
FEVR. Paoli et Castineta parcourent le Deçà pour châtier
les traîtres à la Nation. Carlu Filippu Panzani, chef de
la conjuration du Talcini, est promené à travers les pieve
comme roi de Carnaval, puis emprisonné à Corti avec d'autres.
5 FEVR. Ghjambattista Sinibaldi débarque avec des munitions.
FEVR. Consulte à Santa Maria d'Ornanu : création d'équipes
volantes pour harceler les troupes génoises.
FEVR. Le cardinal de Fleury fait savoir à Sorba le mécontentement
de la Cour de France devant l'incapacité de la République
de réduire les rebelles. Il propose un contrat d'assistance sans
donner de précisions.
5 MARS. Alarmé par l'aide que les Cours de Madrid et de Naples
semblent apporter aux révoltés corses et par les prétentions
du duc de Lorraine, Amelot écrit à Campredon que, dans
le cas où la République serait décidée à
vendre la Corse, " il ne conviendrait pas aux intérêts
de la France qu'aucune puissance en fit l'acquisition ". Il lui
conseille de le faire sentir aux diplomates étrangers.
( ? ). Rivarola fait fortifier la tour de Sulinzara.
Début MARS. Théodore est à Amsterdam.
MARS. Fleury réitère à Sorba ses inquiétudes
sur le sort de la Corse et précise ses idées sur un contrat
d'assistance : l'Empereur n'ayant pas de troupes suffisantes en Italie
à cause des préparatifs de guerre contre la Turquie, seule
la France peut apporter assistance à la République si
celle-ci est décidée à en faire les frais. Ces
propositions, dit le cardinal, sont faites dans le seul but d'aider
la République car la France peut, par ses propres moyens, empêcher
que l'île ne passe sous une autre domination.
MARS. Buttafoco harcèle Bastia. Ghj.N. Natali attaque le Nebbiu,
dévoué à P. Casale et à Gênes, et
y trouve la mort.
8 AVR. Nicolò Frediani débarque avec des munitions.
14 AVR. L'abbé Carlu Rostini arrive en Corse, venant de Livourne
; il apporte un exemplaire du Disinganno et des documents chiffrés
que lui a remis Don Gr. Salvini.
AVR. Conférence secrète des chefs de la Nation, à
Caccia, pour étudier les documents apportés par Rostini.
Ces documents portent sur l'action du roi de Naples auprès du
roi de France pour une intervention en Corse. S.M.T. C. aurait promis
d'envoyer dans l'île le maréchal de Noailles.
17 AVR. Théodore est arrêté à Amsterdam pour
dettes.
19 AVR. Théodore écrit au marquis de Saint-Gill, ambassadeur
d'Espagne à La Haye, pour lui demander de le cautionner. Il offre
de céder ses droits sur la Corse au roi des Deux-Siciles.
21 AVR. Pâques.
AVR. Apprenant l'arrestation de Théodore, Rivarola fait lire,
du haut des remparts, une proclamation promettant le pardon général
; les Corse qui assiègent Bastia répondent par "
vive Théodore " et une fusillade nourrie qui dure 3 heures.
30 AVR. Rome: tentative d'assassinat sur Ghj.M. Natali.
7 MAI. Théodore, commandité par des marchands hollandais,
sort de prison.
MAI. Don Filippu Grimaldi, qui a organisé une compagnie de Corses
au service de Gênes, patrouille journellement entre San Pelegrinu
et la Padulella.
18 MAI. Le commissaire d'Aiacciu met à prix la tête de
Lucca Ornano et de ses compagnons.
22 MAI. La garnison de Calvi fait une sortie victorieuse et capture
250 têtes de bétail.
MAI. Cinq femmes et deux enfants du Campulori, qui prenaient de l'eau
de mer pour faire du sel, sont sauvagement assassinés par un
détachement génois (la nouvelle est donnée le 24
par l'informateur de Campredon).
8 JUIN. Corti : Le Conseil de Régence évoque le massacre
du Campulori et décide de rendre il pour il, dent
pour dent.
Vers le 12 JUIN. La proposition française d'envoyer des troupes
en Corse est discutée au petit Collège de Gênes
et provoque une vive altercation.
14 JUIN. La Cour de Turin demande au chevalier Ossorio, son représentant
à Londres, d'alerter la Cour d'Angleterre au sujet de l'intention
de la France d'intervenir en Corse et des conséquences qui découleraient
de cette intervention pour les voisins de la République et les
nations qui commercent en Méditerranée.
15 JUIN. Charles-Emmanuel III fait faire des représentations
à la Cour de France. Plus encore que l'occupation de la Corse,
la Cour de Turin, qui a des contestations territoriales avec Gênes,
craint l'aide que la France peut apporter à la République
sur le continent.
30 JUIN. Théodore quitte la Hollande sur un petit bâtiment
chargé d'armes et de munitions.
Début JUILL. Plus de mille Génois sortent d'Aiacciu pour
attaquer les Corses qui font la moisson à Campu di Loru et incendier
les blés dont la récolte est particulièrement abondante.
Lucca Ornano les met en fuite. La révolte est générale
dans le Delà.
9 JUILL. Mort de Giovan Gaston, grand-duc de Toscane. François
de Lorraine succède au dernier des Médicis.
Vers le 10 JUILL. Le comte Guicciardy, ministre de Vienne à Gênes,
fait savoir à Campredon que l'Empereur a donné son accord
au roi de France pour l'envoi de troupes en Corse.
10 JUILL. La République donne pouvoir à Ghjambattista
Sorba pour traiter avec le représentant du roi de France et avec
Schmerling, plénipotentiaire de l'Empereur à Paris, pour
l'envoi de troupes en Corse.
12 JUILL. A Versailles, Schmerling, pour l'Empereur, et Amelot, pour
le roi de France, signent une convention par laquelle leurs Majestés
s'engagent à ne pas souffrir que la Corse sorte de la domination
génoise sous quelque prétexte que ce soit.
13 JUILL. Théodore est devant Lisbonne. Il repart le 27.
JUILL. Corti : assassinat de Ghj.B. Cervoni. V. Vincenti, accusé
d'être l'instigateur du meurtre, est passé par les armes.
Vers le 17 JUILL. Guicciardy donne connaissance à Campredon de
l'accord établi entre l'Empereur et le roi de France pour la
conservation de la Corse à la République de Gênes.
21 JUILL. Michele Durazzo est à Naples. Il obtient une patente
de lieutenant au Royal Italien.
26 JUILL. Durazzo obtient un passeport du roi de Naples. Il s'est engagé
à lever un régiment en Corse.
2 AOUT. Nouvelle note de la Cour de Turin à Ossorio : faire réfléchir
l'Angleterre sur les propos de Fleury qui a dit que lorsque la France
" n'aurait pu parvenir à réduire les Corses sous
l'obéissance des Génois, elle en aurait fait son profit
elle-même ".
5 AOUT. La France propose à Gênes d'envoyer 3000 hommes
pour ramener les Corses à l'obéissance pendant l'hiver.
En cas d'insuccès, le corps expéditionnaire serait complété
jusqu'à 10 000 hommes au printemps. Les frais que la République
devra supporter sont évalués forfaitairement à
2 millions de livres, dont 700 000 pour les premiers secours. Le Roi
exige que la Rép. s'en rapporte à la justice de S.M. et
de l'Empereur pour fixer les conditions dont on conviendra avec les
Corses.
6 AOUT. Le bateau de Théodore est arraisonné par les Espagnols
et conduit à Oran.
( ? ). La République, effrayée par les frais et les conséquences
politiques d'une intervention française, ne pouvant espérer
les troupes de l'Empereur occupées à combattre les Turcs
en Hongrie, envisage un arrangement avec les Corses. Des conversations
entre Canevaro, inquisiteur d'Etat, et le P. Antone Viale, observantin
de Bastia qui se trouve à Gênes, n'aboutissent à
rien.
19 AOUT. Théodore quitte Oran. Le gouvernement espagnol avait
donné ordre de le mettre en liberté, de lui rendre son
bâtiment et de lui rembourser les dépenses occasionnées
par son arrestation.
27 AOUT. La République, qui n'approuve pas totalement le projet
du 5 août négocié par Sorba, décide d'envoyer
Francesco Brignole à Paris en mission extraordinaire.
2 SEPT. Arrivé en vue des côtes de Sardaigne, Théodore
quitte son bâtiment et monte sur un navire suédois qui
le ramène en Hollande.
9 SEPT. Orezza : à l'intention du roi de Naples, Ghjacintu Paoli
décerne à Michele Durazzo un brevet de vaillance et de
patriotisme . A son arrivée en Corse, Durazzo avait envisagé
d'attaquer Bonifaziu et Porti Vechju mais n'avait pu mettre son projet
à exécution.
13 SEPT. Le bateau frété par Théodore en Hollande
arrive à Livourne. Les armes n'ont pas été débarquées
en Corse.
15 SEPT. Versailles : mise au point du traité d'intervention
française. Par un article séparé et secret, le
Roi s'engage à faire renter la Corse sous la domination de la
République " d'une façon stable et permanente ".
M. Peloux, commissaire ordonnateur des guerres, est chargé de
se rendre en Corse pour y préparer la venue des troupes.
27 SEPT. Peloux arrive à Gênes (Campredon décide
l'abbé Michel Robert à l'accompagner en Corse).
28 SEPT. Le Sénat désigne Giovan Battista Mari, parlant
français, pour collaborer avec Peloux.
28 SEPT. Les Corses demandent au roi de France l'autorisation de lui
envoyer deux députés et lui adressent un mémoire
justificatif de la guerre qu'ils font à la République.
Ces documents seront transmis le 9 novembre à la Cour de France
par Ghjuvantumasgiu Boerio, agent des Corse à Venise.
29 SEPT. Mari, Peloux et Campredon règlent le logement et la
subsistance des troupes.
30 SEPT. La Junte de Corse étudie les décisions prises
la veille. Le lendemain elle fait son rapport au Sénat.
OCT. Situation militaire en Balagna : Calvi, Lumiu, Calinzana et Algaiola
sont aux mains des Génois ; les Nationaux sont à Montemagiore,
Lunghignani, Cassanu, Ziglia, Curbara, Munticellu, Santa Riparata.
9 OCT. Peloux part pour la Corse. La galère génoise qui
le conduit est obligée de se réfugier à la Spezia.
12 OCT. Mort, à Livourne, de Bastianu Costa.
17 OCT. Consulte à Alisgiani. On décide d'un accommodement
avec la République aux conditions suivantes : application du
règlement garanti par l'Empereur ; autorisation du port d'armes
; liberté du commerce ; retour au premier système d'impôts
; nouveau règlement pour l'administration de la justice ; établissement
d'un ordre de noblesse ; création d'une Université. Stefani,
piuvanu de Verde, Ottavi, piuvanu de Castellu (Ghisoni, Vezzani), le
Dr Mariani, de Corti, chargés de présenter ces propositions,
ne seront pas reçus par Rivarola.
21 OCT. Ayant appris que le roi de France aurait accepté d'intervenir
en Corse, Théodore écrit à ses ministres et à
ses sujets pour les assurer qu'il est toujours prêt à défendre
leur indépendance ; il leur promet des forces suffisante pour
s'opposer à qui que ce soit.
21 OCT. Peloux quitte la Spezia pour Bastia.
22 OCT. Le marquis Joseph Jaochim de Monte Allegro, sous-secrétaire
d'Etat de Naples, envoie une patente en blanc pour la levée d'un
régiment au marquis de Silva, à Livourne, pour la donner
au chanoine Orticoni qui la transmettra à Paoli et Giafferi.
Ceux-ci auront le choix du colonel. Naples penche pour Durazzo. Orticoni
voudrait quelqu'un de la Balagna.
26 OCT. Brignole quitte Gênes pour Marseille. Par la suite du
mauvais temps, la galère qui le conduit est obligée de
se réfugier à Savone.
8 NOV. Peloux revient à Gênes et repart aussitôt
pour Antibes.
10 NOV. Fontainebleau : signature d'une convention entre la France et
Gênes pour l'envoi de troupes en Corse, conformément aux
propositions françaises du 5 AOUT.
13 NOV. Amelot charge Pignon, de Fréjus, consul de France à
Tunis, de contacter l'abbé Salvini, représentant des Corses
à Livourne. (A la suite d'une lettre de Salvini à Fleury,
le gouvernement a estimé devoir rechercher les " voies de
conciliation " qu'elle préfère aux " voies de
rigueur " ; Pignon est chargé de cette mission que les Génois
doivent ignorer).
NOV. Théodore est à Dresde.
NOV. Michele Durazzo et son frère Ghjampaulu décident
la Rocca Suttana et une partie de la Suprana à rejoindre le camp
des patriotes. Carbini et Scopamena restent fidèles à
Gênes.
DEC. Le marquis Giovan Battista de'Mari, chargé d'affaires à
Turin, nommé commissaire général en remplacement
de Rivarola, se rend à Livourne pour y rencontrer le baron de
Wachtendonck et Pignon (celui-ci avait été rattaché
officiellement au département de la Marine ce qui le rendait
indépendant de M. d'Angervilliers, ministre de la guerre responsable
de l'expédition). Ces conférences se déroulent
parallèlement aux entretiens Pignon-Salvini. Le plénipotentiaire
corse, tout à fait d'accord pour un arrangement à l'amiable,
reste en relation suivies avec Orticoni pour l'informer des intentions
du roi de France.
26 et 17 DEC. Corti : consulte présidée par les 3 Régents.
L'assemblée confirme la royauté de Théodore et
jure de ne jamais reconnaître d'autre souverain.
Fin DEC. 5 bataillons d'infanterie, en tout 3000 hommes, et la flotte
chargée de les transporter en Corse sont rassemblés à
Antibes.
1737. En réponse au Disinganno, Gênes fait imprimer L'Anticurzio,
uvre anonyme attribuée à Mgr. Giustiniani, évêque
de Sagone.
2 JANV. Louis de Frétat, comte de Boissieux, maréchal
de camp, chef du corps expéditionnaire français, arrive
à Antibes.
6 JANV. Corti : une lettre-circulaire, destinée à une
large diffusion, énumère les bienfaits de Théodore
et vante la sagesse de son gouvernement.
12 ( ? ) JANV. Le commissaire Mari arrive à Bastia.
25 JANV. En représailles, 40 Génois sont pendus devant
Bastia : le capitaine d'une felouque, capturée le 10 JANV.,
venait d'être pendu à la vue des troupes corses qui assiégeaient
la ville, après le refus du nouveau gouverneur de l'échanger
contre des prisonniers génois.
1er FEVR. Les troupes françaises quittent Golfe-Juan pour la
Corse.
4 FEVR. Après 3 jours de calme, la flotte française
arrive en vue de San Fiurenzu. On pense la voir rentrer dans le golfe
avant la fin du jour mais une tempête subite disperse les navires.
6 FEVR. Les bateaux français arrivent en Corse ; ils accostent
à San Fiurenzu, Bastia, Canari et ailleurs. Certains, avariés,
se sont réfugiés dans les ports toscans. Le gros des
troupes, avec M. de Boissieux, est débarqué à
San Fiurenzu. A Bastia, arrive Louis-Armand Jaussin, apothicaire-major,
à qui nous devons des mémoires publiés en 1748
8 FEVR. De Livourne, Salvini écrit à Orticoni d'exhorter
les Corses à se soumettre à la France. Ce n'est pas
la première fois qu'il écrit dans ce sens.
9 FEVR. Boissieux se rend de San Fiurenzu à Bastia par voie
de terre.
11 FEVR. Conférence Boissieux-Mari sur la meilleure façon
de réduire les Corses à l'obéissance : le Français,
suivant les ordres reçus, est pour la négociation ;
le Génois le presse d'ouvrir les hostilités, d'inspirer
la terreur et de publier ensuite un édit accordant la clémence
du Roi et de la République à ceux qui livreraient leurs
armes et leurs chefs. Refus de Boissieux.
11 FEVR. Costantino Baldi, doge de Gênes.
11 FEVR. Amelot donne ordre à Pignon de se rendre en Corse.
Après le succès de sa mission à Livourne, il
pense que les négociations se poursuivront avec plus de facilité
à Bastia.
12 FEVR. Au cours d'un conseil de notables, tenu à Sant'Antone
di a Casabianca, Paoli et Giafferi écrivent à Anton
Francescu d'Angelo, vice-consul de France à Bastia, pour le
prier de transmettre les compliments de la Nation au commandant des
troupes françaises dont ils ne connaissent ni le nom, ni le
grade. Rappelant les sentiments de sympathie que les Corses ont toujours
eu pour la France, ils supplient le commandant de s'abstenir de tout
acte d'hostilité et de leur communiquer les intentions de S.M.
(Interceptée par les Génois, cette lettre ne parviendra
pas à destination).
12 FEVR. Antone Colonna, accompagné par 14 officiers allemands,
débarque dans le golfe du Valincu. De là il passe à
Corti où il se met à la tête de 800 Nationaux
pour faire la guerre aux Génois suivant les ordres de Théodore.
16 FEVR. Boissieux écrit à Pignon d'informer Salvini
qu'il recevrait volontiers une députation représentative
de toute la Nation corse.
17 FEVR. Boissieux demande à M. d'Angervilliers de faire croiser
la frégate La Flore et une barque armée autour de l'île
pour empêcher l'arrivée de secours aux mécontents.
18 FEVR. Le colonel A. Colonna, assisté par le lieutenant-colonel
Drevitz, attaque l'Isula Rossa récemment occupée par
les Génois. La garnison se rend après 9 heures de combat.
19 FEVR., à Eybach. Théodore annonce l'arrivée
de Nicolò Frediani avec ses instructions. Dumenicu Rivarola
est chargé de faire passer de l'artillerie dans l'île.
19 FEVR. Lettre d'Orticoni à Salvini (en réponse à
la lettre du 8, reçue le 14 et communiquée à
Giafferi, Paoli et Castineta). Orticoni y exprime sa consternation
d'apprendre que les troupes françaises ont pour mission de
remettre la Corse entre les mains des Génois, alors que les
Corses espéraient que la France les aurait pris sous sa domination.
Néanmoins, désespérant de Théodore, persuadé
de l'indifférence de l'Espagne et de la puissance des armes
françaises, il exhortera l'assemblée qui doit se tenir
prochainement en Casinca à faire confiance au roi de France
Il est désormais inutile que Paulu Tomasini fasse parvenir
en Corse le bâtiment qui devait emmener les députés
de la Nation à la Cour de France.
24 FEVR. Le Rd P. Singlande, franciscain, aumônier des troupes
françaises, débarque à Calvi. Il faisait partie
du convoi du 1er FEVR., mais son navire s'était échoué
en Toscane. Le P. Singlande est l'auteur de Mémoires publiés
en 1765.
24 FEVR. De Boissieux est nommé lieutenant-général.
25 FEVR. Et jours suivants. Consulte au couvent de Casinca. Les délibérations
sont gênées par l'absence de délégués
retardés par d'abondantes chutes de neige.
26 FEVR. Paoli et Giafferi écrivent à M. de Boissieux
le plaisir qu'auraient les Corse à devenir sujets du roi de
France et leur volonté de se soustraire à la domination
génoise.
28 FEVR. Réponse de Boissieux : les armes françaises
ont pour mission de donner la paix aux Corses, mais, avant toute chose,
ceux-ci doivent se soumettre à leur légitime souverain
et abandonner leur sort entre les mains du roi de France. Il demande
qu'une députation, régulièrement mandatée
par les communauté, lui soit adressée.
3 MARS. Les Généraux informent Boissieux que le Deçà-des-Monts
a choisi, comme députés, le chanoine Orticoni et le
Dr Ghjuvan Petru Gaffori. Des gens d'autorité sont chargés
de parcourir les paroisses pour leur obtenir des procurations en bonne
et due forme.
4 MARS. Les Français envoient un détachement à
Biguglia pour assurer la libre circulation du tambour-major du régiment
d'Auvergne qui fait la navette entre les Généraux et
M. de Boissieux.
6 MARS. Boissieux délivre un laisser-passer en blanc destiné
aux députés.
7 MARS. Circulaire de Paoli et Giafferi pour informer les populations
du choix des députés et demander leurs lettres de créance.
Francescu Natali est chargé de parcourir les pieve pour informer,
recueillir les procurations et percevoir un impôt pour l'entretien
des députés.
7 MARS. Le Delà désigne son député : Filippu
Maria Cuttoli, du Celavu, curé d'Ocana.
8 MARS. Pignon débarque à Bastia. Créature du
card. De Fleury, il est également chargé de rendre compte
des moindres faits et gestes de M. de Boissieux. Cet espionnage déplaît
au commandant français qui l'accusera d'être trop lié
avec les Génois.
( ? ). Au grand plaisir des Génois, Gnaziu Arrighi manuvre
pour que les procurations ne soient pas exécutées ou
ne le soient pas dans la forme prescrite.
( ? ). Un détachement génois enlève des bestiaux
et des enfants dans la plaine de Biguglia. Le 11 MARS les Généraux
s'en plaignent à d'Angelo, de même qu'ils protestent
contre l'interdiction du confessionnal et de la chaire que l'archevêque
de Gênes s'est permis de proférer à l'encontre
de prêtres corses.
15 MARS. Les Généraux écrivent à Boissieux
que les procurations sont retardées uniquement par le mauvais
temps : les Corses ont confié leur destin au roi de France,
ils s'inclineront devant son choix, même s'il faut retourner
sous la domination génoise, quitte à suivre l'exemple
des habitants de Sagonte.
19 MARS. Paoli et Giafferi complimente Boissieux pour sa promotion.
29 MARS. Orticoni et Gaffori se rendent à Bastia ; Boissieux
envoie un détachement de 100 grenadiers pour les escorter jusqu'au
couvent de la Mission où leurs logements ont été
préparés.
29 MARS. Projet de décret de Charles VI garantissant à
la République ses possessions de Corse et du continent, à
condition que la France prenne le même engagement. Celle-ci
refusera.
29 MARS. Salvini essaye une fois encore de persuader Boissieux de
l'intérêt qu'aurait la France à s'approprier la
souveraineté de la Corse, où tout au moins à
en disposer en faveur du Saint-Siège par un échange
avec Avignon, ou encore à faire passer le Royaume entre les
mains d'un prince dépendant de la France.
30 MARS. Première entrevue des députés avec M.
de Boissieux.
4 AVR. Fin de non-recevoir de Boissieux aux propositions contenues
dans la lettre de Salvini du 29.
6 AVR. Pâques.
7 AVR. Les procurations tardant à arriver, Boissieux s'impatiente.
Il demande aux Généraux la liste des pieve récalcitrantes.
8 AVR. Arrivée de N. Frediani avec des munitions et une lettre
de Théodore.
9 AVR. Dix pieve ont donné leurs procurations. Les Généraux
demandent à Boissieux de les dispenser d'envoyer la liste des
pieve qui ne se sont pas encore exécutées : celles-ci
sauront vaincre la répugnance qu'elles ont à envisager
une soumission à Gênes.
( ? ). Manuvres du Commissaire pour obtenir des procurations
en faveur des Génois.
18 AVR. Les députés quittent Bastia pour aller convaincre
les communautés qui ne leur ont pas encore délégué
leurs pouvoirs.
23 AVR. Orticoni et Gaffori dénoncent les intrigues génoises
pour engager les populations à se ranger directement de leur
côté.
25 AVR. Lucca Ornano aux Généraux : les hostilités
entreprises par le général Soprani, commandant à
Aiacciu pour les Génois, obligent les Corses à défendre
leurs biens particuliers, délaissant les affaires publiques
; ils n'ont pas assisté à une assemblée que j'avais
convoquée, ce qui retarde l'envoi des procurations et du député.
Fin AVR. Des Corses, assemblés à Sant'Antone di a Casabianca,
dressent une liste de leurs griefs contre les Génois et rédigent
une proposition de règlement entre Gênes et la Corse.
30 AVR. Mathieu Drost, qui se dit baron et cousin de Théodore,
débarque à Aleria. De là il se rend en Casinca
porter des lettres aux chefs Corses qui lui conseillent de retourner
sur le continent.
1er MAI. M. de Boissieux expédie à la Cour de France
le mémoire et les demandes rédigées à
Sant'Antone.
7 MAI. Orticoni et Gaffori sont de retour à Bastia.
8 MAI. Boissieux envoie à Fleury une lettre des députés
corses en demandant qu'on prenne en considération leur désir
de faire de la Corse une province française. De toute façon
, dit-il l'île échappera aux Génois et se donnera
à la première puissance qui voudra la recevoir.
10 MAI. Les députés écrivent à Fleury
pour lui faire part des insuffisances du mémoire du 1er mai.
13 MAI. Amelot rappelle Pignon dont les désaccords avec Boissieux
allaient s'accentuant.
18 MAI. Nouveau mémoire des Corses à Louis XV pour compléter
le précédent, hâtivement rédigé.
2ème quinzaine de MAI. Trois bateaux : l'Agathe (16 canons),
le Jacob et Christine (12 canons) et L'Africain (40 canons) sont chargés
à Amsterdam d'un armement considérable et de marchandises
que les commanditaires de Théodore pensent pouvoir échanger
en Corse. Ils se rassemblent à l'île de Texel où
les rejoint le Preterod (60 canons) ; bâtiment de la marine
hollandaise chargé de les convoyer.
Fin MAI. Pignon quitte la Corse.
1er JUIN. La flottille de Théodore quitte le Texel pour la
Corse, via Malaga, Alicante et Alger.
1er JUIN. Quatre galères françaises arrivent à
Bastia. Elles sont destinées à patrouiller autour des
côtes de l'île.
( ? ). Les gens de Vallerustie (San Lurenzu) s'emparent de bétail
en représailles à l'enlèvement du leur par les
Génois. La majeure partie de ce bétail appartenait au
consul de France. Orticoni se rend auprès des Généraux
pour demander le châtiment des ravisseurs.
6 JUIN. Lettre de Fleury aux députés : le Roi est décidé
à remettre les Corses dans l'obéissance à leur
légitime souverain, mais S.M. n'hésite pas à
leur assurer que la République est prête à leur
rendre justice sur les réclamations fondées qu'ils lui
présenteront.
10 JUIN. Michele Durazzo envoie les procurations de la Rocca.
18 JUIN. Paoli n'ayant pu rassembler suffisamment de monde pour une
marche punitive contre Vallerustie, Gaffori l'informe que M. de Boissieux
a décidé d'y envoyer ses troupes et de se mettre lui-même
à leur tête.
18 JUIN. Orticoni persuade les gens de Vallerustie de remettre le
bétail volé. Le lendemain ils reviennent en partie sur
leur décision et n'acceptent de remettre que celui appartenant
à M. d'Angelo.
JUIN. Instructions du card. De Fleury et de M. d'Angervilliers à
de Boissieux : annoncer que la République va donner l'ordre
à ses troupes de cesser le feu ; demander des otages. Assurance
est donnée aux Corses qu'aucun de ces otages ne sera remis
aux Génois ; ils seront envoyés à Toulon, bien
traités et libres de circuler en ville.
24 JUIN. Boissieux donne 12 jours pour fournir les otages.
24 JUIN. Filippu Maria Cuttoli, député du Delà,
arrive à Biguglia porteur des procurations. Il sollicite un
sauf-conduit pour entrer en ville.
28 JUIN, à Gênes. Proclamation de la République
pour faire cesser tout acte d'hostilité en Corse.
30 JUIN. Réponses, réflexions et objections des Corses
au sujet des instructions françaises. Ils réclament
: l'occupation, par les Français, d'une des trois forteresses
: Aiacciu, Calvi ou Bonifaziu, tant qu'il y a lieu de suspecter la
bonne foi des Génois ; un commissaire français en Corse
; un agent de la Nation corse auprès de la Cour de France ;
l'envoi de deux députés à la Cour, à portée
de répondre de vive voix aux objections que pourraient faire
les Génois ; etc.
4 JUILL. Assemblée des populations de Balagna qui acceptent
de donner des otages.
6,7 et 8 JUILL. Consulte à Corti. Gaffori y assiste et persuade
les Corses de donner des otages. Sont désignés : Antone
Buttafoco, Aleriu Francescu Matra, Filippu Maria Costa, du Moriani,
pour la Terre du Commun ; Ghjuvan Tumasgiu Giuliani pour la Balagna.
14 JUILL. Antone Buttafoco se rend à Bastia. Il rencontre chez
Boissieux les députés Orticni et Cuttoli (Ghjuvan Petru
Gaffori arrivera quelques jours après). Dans les 10 jours arrivent
les autres otages du Deçà. Ceux du Delà arrivent
plus tard.
27 JUILL. Lettre de Vialis, commandant des ingénieurs français
à Fleury. L'ingénieur envoie le plan de Bastia levé
sans l'autorisation de Mari. Les 4 otages de Deçà sont
arrivés. On attend ceux du Delà pour les conduire tous
à Toulon.
3 AOUT. Les otages du Deçà sont embarqués. Ils
arrivent le 9 à Toulon.
10 AOUT. Orticoni et Gaffori répondent à la lettre de
Fleury du 6 juin. Les Corses acceptent de se soumettre à la
volonté du Roi mais demandent à être entendus.
10 AOUT. La flottille de Théodore arrive à Cagliari.
20 AOUT. Elle appareille pour la Corse. Le vice-roi de Sardaigne,
les consuls de Gênes et de France à Cagliari (Giov, Girolamo
Mongiardino et Paget) s'empressent d'alerter Boissieux.
20 AOUT. Anton Francescu Colonna et Antone Galloni, d'Olmetu, otages
du Delà, arrivent à Toulon.
14 SEPT. Les trois vaisseaux de Théodore jettent l'ancre devant
Suraccu, près de Porti Vechju (le navire d'accompagnement était
reparti vers Port-Mahon). Sans mettre pied à terre, le Roi
envoie des lettres aux chefs insulaire et, en premier, à Saveriu
Matra ; il demande à Napulione Balese, curé de Porti
Vechju, d'être mis en possession du port pour débarquer
le matériel dont il donne une liste complète (ces deux
derniers documents sont interceptés et transmis au commissaire
de Bonifaziu qui les adresse immédiatement à de'Mari).
15 SEPT. Les responsables de la Rocca rendent visite à Théodore.
16 SEPT. Ceux du Talavu arrivent à leur tour.
18 SEPT. Théodore passe l'après-midi à terre
au milieu d'un grand nombre de ses fidèles venus lui rendre
hommage.
19 SEPT. Arrivée, auprès de Théodore, de Lucca
Ornano.
( ? ). Paoli et Castineta se rendent à Corti, y convoquent
une petite assemblée et tentent de s'opposer à un soulèvement
en faveur de Théodore. Les populations refusent leurs arguments.
22 SEPT. Proclamation de Boissieux menaçant de l'indignation
du roi de France les Corses qui se rangeraient derrière Théodore.
Les municipalités doivent prendre position et l'en informer.
23 SEPT. Les navires de Théodore mettent à la voile
pour se rendre à Porti Vechju. L'arrivée des galères
génoises et les vents contraires les obligent à poursuivre
en direction de Bonifaziu , Aiacciu et Naples.
24 SEPT. Frédéric de Neuhoff, neveu du Roi, sur une
pinque, avec 4 barques siciliennes, se dirige vers Aiacciu et Sagone
pour tenter de soulever la Corse occidentale.
1er OCT. Théodore touche Porto Longone avant de poursuivre
sa route.
10 OCT. Les embarcations de Frédéric sont arraisonnées
dans le golfe de Sagone et conduites à Calvi et Bastia. Leurs
occupants avaient débarqué ; ils étaient à
Vicu et Guagnu où ils avaient reçu le meilleur accueil.
18 OCT. Ratification, à Fontainebleau, d'un Règlement
de gouvernement de la Corse. Ce règlement est en progrès
sur celui du 28 JANV. 1733, mais l'ambiguïté et l'imprécision
de certains termes sont dangereuses s'il n'est pas appliqué
avec bienveillance. Signent : Amelot, pour la France, et Francesco
Brignole Sale, pour Gênes ; l'Empereur apporte sa garantie par
l'intermédiaire du prince de Liechtenstein.
21 OCT. Théodore débarque à Naples après
avoir reçu la visite d'agents corses. Il se place sous la protection
de Joseph Valembergh, consul de Hollande, et du marquis de Montallegro,
ministre du roi des Deux-Siciles. Les interventions de Louis-Philoxène
Brulart, marquis de Puysieulx, ambassadeur de France, pour faire saisir
la cargaison n'ont aucun succès.
29 OCT. M. de Boissieux reçoit le Règlement de Fontainebleau
que lui a adressé, le 20, M. d'Angervilliers, avec ses instructions.
Le ministre insiste particulièrement sur l'article XII qui
prévoit la remises des armes.
31 OCT. Proclamation de Boissieux : il commande, aux Corses, de lui
livrer Théodore avant 8 jours, s'il débarque à
nouveau dans l'île ; passé ce délai, il sera délié
de la promesse de suspension des hostilités, le Règlement
sera aboli et le Roi usera de moyens militaires pour faire subir aux
Corses les conditions qu'il jugera à propos de leur imposer.
16 et 23 NOV. Circulaires de L. Ornano pour demander aux populations
du Delà de se tenir prêtes à une marche dans la
partie orientale.
18 NOV. Boissieux donne copie du Règlement pour être
communiqué à la Nation. Celle-ci doit donner son acception
avant 15 jours à partir du 20 NOV. Passé ce délai,
son silence sera considéré comme un refus de s'y soumettre.
19 NOV. Lecture publique et solennelle du Règlement, place
St Nicolas, en présence du général français,
du commissaire génois et d'Orticoni. Gaffori et Cuttoli refusent
d'y assister. (L'art. 1er prévoyait un pardon général
des faits antérieurs au 30 OCT. Et les populations n'en prenaient
connaissance que le 19 NOV.).
27 NOV. Campredon recommande, à M. de Maurepas, Giorgiu d'Angelo,
pour succéder à son père qui vient de mourir.
Les Génois préféreraient la nomination de Felice
Cardi qui leur est dévoué.
30 NOV. Acceptation du Règlement en Balagna.
2 DEC. La Balagna demande à Mari de conserver ses armes pour
se défendre contre les gens de la montagne. Le commissaire,
ayant connaissance de rapport entre la Balagna et les chefs Corses,
comprend qu'il s'agit d'une manuvre. (Le Nebbiu fera la même
demande).
2 DEC. Amelot demande à Puysieulx de faire des représentation
à Montallegro ; lui-même se propose d'exiger, de l'ambassadeur
de Hollande à Paris, des explications sur le comportement de
Valembergh.
Nuit du 2 au 3 DEC. Théodore est arrêté, conduit
à Chiaino, puis à Gaeta.
Début DEC. U Borgu et Lucciana, A Vulpaiola et Lentu font leur
soumission. Les autres pieve de l'intérieur et celles du Delà,
sont décidées à ne pas accepter le Règlement,
e perisca il mondo !
5 DEC. Le terme pour l'acceptation du Règlement étant
échu, le commissaire Mari donne 15 jours au Deçà
et 3 semaines au Delà pour déposer les armes. Celles-ci
devront être apportées à Bastia, Calvi, Aiacciu
ou Bonifaziu.
7 DEC. Amelot prescrit à Fénelon, ambassadeur à
La Haye, de faire les plus vives remontrances aux Etats Généraux
au sujet de l'aide apportée à Théodore. (Il obtiendra
la révocation de leur consul à Naples).
7 DEC. En contradiction avec l'édit du commissaire génois,
Boissieux choisit U Borgu pour recevoir les armes. Dès la pointe
du jour il se dirige vers le village à la tête des grenadiers
de l'armée, y installe un détachement de 400 hommes
et revient avec le reste des troupes à Bastia.
( ? ). Consulte au couvent d'Orezza pour étudier la situation
nouvelle créée par la publication du Règlement.
Pendant les délibérations, l'assemblée a connaissance
de l'occupation du Borgu : elle décide d'attaquer.
12 DEC. Une heure avant la tombée de la nuit, les Français
du Borgu aperçoivent des feux sur la montagne et entendent
l'appel des conques marines : les Corses, en nombre, se rassemblent
sur les hauteurs. Le chef du détachement envoie, à Boissieux,
un messager qui s'égare et n'arrive à Bastia que le
lendemain à midi.
13 DEC. A 13 h. Boissieux quitte Bastia avec 2000 hommes et de l'artillerie.
Le soir il campe dans la plaine du Borgu.
14 DEC. A la pointe du jour les Français se dirigent vers le
Borgu. Ils sont violemment attaqués. Le détachement
installé dans le village réussit à se dégager.
La retraite commence. A 11 h du soir les Français pénètrent
dans Bastia après avoir été constamment harcelés
et subi des pertes.
Nuit du 16 au 17 DEC. Théodore est extrait du château
de Gaeta et conduit à la frontière de l'Etat ecclésiastique.
17 DEC. Edit de Paoli et Giafferi aux gens de Lucciana accusés
d'avoir déposé les armes et fait appel aux Français
: il leur interdit de communiquer avec les présides ; avant
15 jours chaque habitant devra avoir acheté son fusil.
( ? ). Création d'une commission chargée de parcourir
les pieve pour sévir contre les traîtres à la
Nation. En font partie : F. Cervoni, Ghj. Ghj. Castineta, Cosimu Bernardi,
du Casacconi, Carlinu Ciavaldini, d'Orezza, Sampieru Ristori, des
Piazzole, Tiborziu Vinciguerra, de Loretu, Tumasgiu Santucci, d'Alisgiani,
et Guerinu Blasi de Tavagna.
( ? ). Boissieux envoie le colonel marquis de Contades à la
Cour de France pour l'informer de la situation.
25 DEC. L. Ornano envoie un avertissement aux gens de Vicu et Cinarca
qui veulent rendre les armes.
29 DEC. Le curé de Guagnu ordonne aux populations de la province
de Vicu de se rendre, en armes au couvent de Mezana (Sarrula Carcupinu).
Les absents seront déclarés rebelles à la Nation
et au Roi (Théodore).
( ? ). Boissieux est informé que le gouvernement français
envoie des renforts. Le marquis de Villemur se rend à Calvi
pour préparer le campement.
( ? ). Orticoni, Gaffori et Cuttoli sont mis aux arrêts dans
leur chambre, une sentinelle devant la porte.
31 DEC. Boissieux est à l'agonie.
31 DEC. Lettre de Fleury à Boissieux : l'honneur veut que l'action
des Corses au Borgu ne reste pas impunie.
1er JANV. Lettre de Campredon à Maurepas : il
conseille de se rendre maître de la Corse par les moyens qui seront
utilisés par Choiseul en 1768.
1er JANV. Conclusions de la consulte de la Mezana, présidée
par L. Ornano : interdiction de déposer les armes et d'avoir
des rapports avec les présides ; Théodore est toujours
reconnu roi de Corse ; peines sévères contre les traîtres
; mesures draconiennes pour empêcher les homicides.
1er JANV. Un long manifeste, signé Paoli et Giafferi, fait
l'historique des événements depuis l'arrivée
des Français, justifiant le comportement des Corses face aux
armes d'une nation qu'ils croyaient amie ; il analyse le règlement
du 18 OCT. et ne dénonce la spéciosité. Ce document
est destiné à émouvoir les Cours européennes
et en particulier celle de France. C'est aussi une mise en garde contre
les réactions d'un peuple réduit au désespoir.
Les Généraux concluent comme les Maccabées :
melius est mori in bello quam videre maia gentis nostrae.
6 JANV. 23 bâtiments, escortés par une frégate,
chargé de 4 bataillons, quittent Golfe-Juan pour la Corse.
Le lendemain le convoi est dispersé par la tempête.
8 ( ?) JANV. Consulte à Santa Maria d'Ornanu. Les populations
de la Rocca, du Talavu, Istria, Ornanu, Cavru, Celavu, Vicu et Cinarca,
jurent fidélité à Théodore et déclarent
avoir été trompées par les Français qui
veulent remettre sous la tyrannie génoise une nation qui préfère
se donner aux Turcs.
8 JANV. Prises à nouveau dans la tempête, les 6 compagnies
du régiment de Cambraisis font naufrage à Punta di a
Civula, à 11 h. du soir. Les occupants de deux tartanes sont
faits prisonniers à l'embouchure de l'Ostriconi. Le colonel
de Villemur, commandant pour la Balagna, obtiendra leur libération.
Les rescapés de 4 bâtiments débarqueront à
San Fiurenzu.
10 JANV. Toulon : arrestation des otages. Le lendemain ils sont envoyés
à Marseille où ils arrivent le 12 au fort St Nicolas.
13 JANV. Suivant les ordres qu'il vient de recevoir de la Cour de
France, Boissieux donne 24 heures aux députés pour quitter
la Corse. Le général français, gravement malade,
a dû les convoquer dans sa chambre. (Conduits au port, les députés
s'embarquent pour Livourne ; Cuttoli reste dans cette ville ; Gaffori
passe à Paris puis à Florence et à Rome ; Orticoni
se rend à Naples).
13 JANV. Le lieutenant-général Jean-Baptiste-François
des Marets, marquis de Maillebois, se rend à la Cour où
on lui donne les instructions nécessaires pour aller commander
l'armée du Roi en Corse. (Boissieux avait demandé son
remplacement).
16 JANV. A Tavagna : manifeste signé Paoli et Giafferi affirmant
la fidélité de la nation corse à Théodore.
( ? ). Mémoire de la République de Gênes en réponse
à celui du 1er JANV.
JANV. Giorgiu d'Angelo succède à son père ;
28 JANV. Arthur Villettes, ministre du roi d'Angleterre auprès
de la Cour de Turin, informe le duc de Newcastle, secrétaire
d'Etat, de la situation en Corse et la présente comme peu favorable
aux Français. Il prédit des revers pour les troupes
de M. de Maillebois.
30 JANV. M. d'Angervilliers annonce à Campredon un nouvel envoi
de troupes au mois d'avril et déclare qu'il n'est point question,
pour la France, de s'approprier la Corse.
Nuit du 1er au 2 FEVR. Mort du comte de Boissieux. En l'absence de
M. de Contades, le commandement passe au lieutenant-colonel de Sasselange,
le plus ancien officier.
7 FEVR. Un rapport de Villettes fait état de désaccords,
surgis à Versailles, sur l'expédition de Corse.
FEVR. Un mémoire du card. de Fleury, remis à l'envoyé
extraordinaire de la République, fait peser la menace du retrait
des troupes françaises si la République ne cède
à la France Calvi et Aiacciu avec quelques forts contigus pour
y mettre 6 bataillons.
( ? ). Pignon informe le commissaire génois que M. de Maillebois
partira pour Bastia dans la 2ème quinzaine de Carême,
qu'un premier renfort de six bataillons sera envoyé vers le
15 ou le 20 avril, et qu'un deuxième suivra.
12 MARS. Villettes à Newcastle : désaccord entre le
gouverneur Mari et le commandant français ; des felouques napolitaines
ravitaillent les Corses en denrées et en munitions.
21 MARS. M. de Maillebois débarque à Calvi.
22 MARS. Assemblée des notables de Balagna, sous la présidence
de Paoli et Castineta, pour étudier la situation résultant
de l'arrivée du nouveau commandant français.
29 MARS. Pâques.
Fin MARS. Maillebois se porte à Calinzana, lieu ami, et ordonne
de couper les oliviers des rebelles afin de forcer ceux-ci à
venir combattre à découvert. Les Corses mettent les
Français en fuite et brûlent les maisons que les Calinzaninchi
possèdent à Montemagiore.
AVR. Maillebois organise, en Balagna, des compagnies de volontaires
corses au service de la France. Ces compagnies, constituent les premiers
noyaux d'un régiment qui sera créé bientôt
: le Royal-Corse.
7 AVR. La Cour de France donne congé à M. de Campredon.
Sa désapprobation de la politique génoise et la sympathie
qu'il a manifesté pour les Corses en sont peut-être les
causes. La France reste provisoirement représentée à
Gênes par son consul : M. Coutlet. Celui-ci approuve le rêve
génois qui est de vider la Corse de ses habitants et de les
remplacer par des sujets fidèles.
11 AVR. Edit de Paoli et Giafferi contre les traîtres à
la Nation.
13 AVR. Maillebois se rend, par mer, de Calvi à San Fiurenzu.
15 AVR. Maillebois passe à Bastia.
19 AVR. Frédéric de Neuhoff, chargé de préparer
le retour de son oncle, débarque à Alistru. Des lettres
de Théodore contiennent des instructions pour Francescu Zanobi,
de Zicavu, Paulu Francescu, d'Ornanu, et le prêtre Ghjuvan Maria
Balisone (le Roi n'a plus confiance en Ghj. Paoli) : avant tout il
faut occuper Porti Vechju et Campumoru dans le golfe du Valincu.
19 AVR. Horace Mann, ministre du roi d'Angleterre à Florence,
informe le duc de Newcastle que le Grand-Duc de Toscane à l'intention
d'acquérir la Corse pour empêcher les Espagnols de s'y
installer ; les Génois paraissent consentir à ce marché.
(Depuis la mi-FEVR, un bruit courait les ambassades : Philippe V d'Espagne
aurait voulu la Corse pour son fils puîné Don Philippe.
20 AVR. Rapport aux assemblées européennes : il ressort
que l'Angleterre est la plus intéressée à ce
que Gênes conserve la Corse.
21 AVR. Lord Waldegrave, ambassadeur d'Angleterre à Paris,
au duc de Newcastle : le cardinal de Fleury pourrait bien conseiller
aux Génois d'accepter les propositions espagnoles mais n'agira
certainement pas d'autorité. (Le prochain mariage de l'infant
Don Philippe avec la fille de Louis XV expliquerait les conseils du
cardinal).
25 AVR. Giuliani, Buttafoco, Costa et Matra, otages détenus
dans la citadelle de Marseille, adressent une lettre aux chefs et
aux populations corses pour leur demander de se soumettre sans réserve
aux volontés du roi de France. (Cette lettre fut inspirée
par le marquis de Contades qui, devant revenir en Corse avec des troupes,
leur rendit visite).
MAI. Les pieve de Casinca, Ampugnani, et Capulori, ainsi que Corti
et le Nebbiu, fournissent, à Maillebois, des compagnies de
volontaires corses.
3 MAI. Six bataillons d'infanterie, des hussards et de l'artillerie
débarquent à Bastia. Il y a alors, en Corse, 16 bataillons
à 510 hommes chacun, deux escadrons de hussards à 100
hommes et 60 miquelets ; avec les troupes génoises, les effectifs
s'élèvent à dix ou onze mille soldats.
5 MAI. Edit du commissaire génois : les habitants de Bastia
devront remettre toutes les armes qui sont en leur possession : le
couvre-feu est décrété à partir de la
3ème heure de la nuit.
6 MAI. La Cour de France nomme François Chaillon de Jonville
pour succéder à Campredon.
6 et 7 MAI. A la Venzulasca, assemblée des responsables de
la révolution : les chefs sont très divisés :
Frédéric assiste à la réunion et réussit
à imposer son point de vue : résistance aux troupes
franco-ligures et fidélité à Théodore.
8 MAI. Perquisitions, à Bastia, pour retrouver les armes cachées.
12 MAI. A Marseille, les otages obtiennent la liberté de circuler
à l'intérieur de la citadelle.
16 MAI. Corti : une consulte générale décide
la poursuite de la guerre.
17 MAI. Maillebois fait relever les troupes de San Pelegrinu et, en
même temps, dévaster les champs de céréales
de la Casinca.
18 MAI. Les Corses attaquent, sans succès, A Pieve et Algaiola.
18 MAI. Proclamation de Maillebois accordant 15 jours aux communautés
pour se soumettre " à l'équité et à
la clémence de S.M. " et menaçant de toutes les
rigueurs de la guerre ceux qui, passé ce temps, persisteront
dans la révolte.
22 MAI. Réponse de Paoli et Giafferi à la lettre des
otages : ils justifient la défense désespérée
des insulaires par l'attitude des Génois et se déclarent
prêts à s'humilier devant l'étendard du roi de
France si S.M. veut bien prêter une oreille attentive aux doléances
des Corses. Ils conseillent de communiquer cette lettre à la
Cour de France.
31 MAI 1739 au 16 AVR. 1741. Séjour en Corse de M. Goury de
Champ-grand, commissaire des guerres, à qui on attribue une
Histoire de la Corse publiée à Nancy en 1749.
2 JUIN. Marche en avant des troupes françaises : - le maréchal
de camp Du Rousset de Girenton, sorti de Bastia dans la nuit, fait
attaquer la Bocca San Ghjacumu et les hauteurs de Tenda et Lentu ;
- M. du Châtel, maréchal de camp, progresse en Balagna
où Paulu Maria Paoli fait sa soumission ; le 5 il est à
Belgudè ; - M. de Larnage, colonel, sort de San Pelegrinu et
parcourt les pieve de Casinca, Tavagna, Moriani, et Campulori ; -
à midi, Maillebois sort de Bastia et va s'installer dans les
Costere (Campitellu) où, après Tenda et Bigornu, Lentu,
tenu par Ghj. Paoli, capitule (3 JUIN). Paoli déclare accepter
la protection du Roi mais refuse de se rendre auprès de Maillebois.
3 JUIN. Maillebois fait arranger les chemins pour communiquer avec
la Balagna entièrement soumise.
4 JUIN. Maillebois fait fortifier un camp à Santu Niculaiu
et installe son Q.G. à Petralba.
6 JUIN. Maillebois expédie un courrier à Paris pour
annoncer le succès de ses troupes et solliciter le maréchalat.
11 JUIN. Les troupes françaises de Balagna font leur jonction
avec celles du Nebbiu et des Costere.
13 JUIN. Maillebois publie un dernier avertissement aux rebelles.
(Dans le Deçà, 4 pieve seulement n'ont pas encore fait
leur soumission)
16 JUIN. Le commandant français installe son Q.G. à
Pastureccia. M. du Rousset, après avoir désarmé
le Rustinu, va prendre garnison à la Venzulasca.
20 JUIN. Maillebois détache M. du Châtel pour occuper
Omessa et soutenir le colonel de Lussan qu'il fait avancer vers Corti.
21 JUIN. Le première colonne française pénètre
dans Corti qui capitule. Maillebois transporte son camp à Merusaglia
; il a une entrevue avec Ghj. Paoli qui lui renouvelle sa soumission
et arrange avec lui l'embarquement des principaux chefs du Deçà
qui acceptent de s'exiler.
22 JUIN. Maillebois va camper à Omessa. Le lendemain il écrit
au baron de Murat de Saurin, à Aiacciu, de conseiller à
L. Ornano et aux autres chefs de venir le trouver à Corti avant
qu'il n'en reparte, ou alors ils n'auraient plus de pardon à
espérer.
24 JUIN. Maillebois pénètre dans Corti. Venacu, Nuceta
et le Niolu, viennent assurer le général de leur obéissance.
24 JUIN. Des instructions sont données à Jonville (qui
n'arrivera pourtant à Gênes qu'en janvier 1740).
26 JUIN. Edit de Maillebois pour demander, une dernière fois,
la soumission des communautés : l'intervention du roi de France
a pour unique objet la tranquillité et le bonheur des Corses
auxquels il affirme apporter sa garantie.
27 JUIN. Saurin communique la lettre de Mallebois à L. Ornano
et aux autres chefs du Delà.
( ? ). Maillebois fait passer, par mer, à Aiacciu, M. de Comeiras,
major du régiment de Bassigny, pour y publier l'avertissement
du Roi et demander des otages à toutes les pieve.
JUILL. Tractations entre la France et Gênes pour un règlement
définitif des affaires de Corse.
10 JUILL. Ghjacintu Paoli et son fils Pasquale, âgé de
14 ans, Ghjuvan Ghjacumu Ambrosi, Luigi Giafferi, Don Antone Giabiconi,
Francescu Maria Natali, etc
, en tout 29 personnes, prennent
la route de l'exil. Un bateau français les transporte de la
Padulella à Porto Longone. La plupart se rendront à
Naples où ils seront employés dans l'armée de
S.M. sicilienne. Maillebois n'avertit Mari de ce départ qu'après
que les chefs soient arrivés à Porto Longone.
( ? ). Alors que M. de Comeiras avait obtenu la soumission de la plus
grande partie du Delà, des hommes du Talavu, Ornanu et Istria
se réunissent à Bastelica et refusent de se rendre à
Corti. Pendant la réunion se répand la nouvelle de se
rendre à Corti. Pendant la réunion se répand
la nouvelle de la mort misérable de Bastianu Costa à
Livourne - empoisonné, disait-on, ce qui les fortifie dans
leur résolution.
18 JUILL. Les gens du Talavu se réunissent à Zicavu,
choisissent comme chef, avec le titre de général, Francescu
Zanobi, interdisent à qui que ce soit de se séparer
de ses armes et d'avoir des rapports avec les présides et votent
un règlement contre les homicides.
19 JUILL. Lucca Ornano vient à Corti assurer Maillebois de
son obéissance ; il apporte des armes restituées dans
les pieve d'Ornanu, Cavru, Cinarca, Mezana et Istria.
22 JUILL. Maillebois envoie le curé de Lentu au curé
de Zicavu, grand partisan de Théodore, qui résiste encore.
23 JUILL. Rapport de Maillebois à Fleury : quelques pieve du
Delà résistent encore.
26 JUILL. Maillebois laisse Corti sous le commandement de Contades
pour aller pacifier le Delà en compagnie de L. Ornano. Le jour
même il est à Vivariu où il établit un
poste.
27 JUILL. Maillebois arrive à Bucugnanu déjà
désarmé depuis le 21.
28 JUILL. Avant de se diriger vers Aiacciu, le commandant français
envoie M. d'Ossonville occuper Bastelica afin de contenir la pieve
du Talavu où le curé de Zicavu a fait jurer aux habitants,
devant le Saint-Sacrement, de se défendre jusqu'au dernier
soupir.
29 JUILL. Maillebois entre à Aiacciu. Il va loger chez Bianca
Colonna Rossi.
1er AOUT. Villettes informe le duc de Newcastle des succès
de Maillebois et, à son tour, dénonce les Français
de vouloir donner la Corse à Don Philippe.
2 AOUT. Lussan occupe le couvent de Sta Maria d'Ornanu.
4 AOUT. M. de Vaux, capitaine du régiment d'Auvergne, occupe
Ghisoni.
6 AOUT. Antone Buttafoco et Anton Francescu Colonna acceptent la proposition
de M. de Contades de former chacun une compagnie de Royal-Corse.
10 AOUT. Ordonnance de Louis XV prescrivant la création du
Royal-Corse.
11 AOUT. Les Corses attaquent Ghisoni ; M. de Vaux, qui a été
blessé, réussit à tenir jusqu'au lendemain dans
le couvent où il s'est retranché ; il est dégagé
par des renforts venus de Bastelica.
15 AOUT. Du Châtel se rend en Ornanu avec une brigade.
15 AOUT. Commission de colonel du Royal-Corse à Claude-Alexandre
de Villeneuve, comte de Vence, et de lieutenant-colonel à Delpuech
de Comeiras.
20 AOUT. Maillebois envoie le colonel d'Avarry, avec un bataillon,
débarquer dans la pieve d'Istria. Le lendemain les Français
entrent à Olmetu et s'y maintiennent malgré une attaque
des Talavesi. Ainsi se trouve complété le dispositif,
prévu par Maillebois, pour attaquer le Talavu, Scopamena et
Carbini où se trouvent les derniers résistants sous
les ordres du curé de Zicavu et de Frédéric de
Neuhoff.
21 AOUT. Mémoire de Maillebois à la Cour sur la situation
en Corse.
26 AOUT. Maillebois se rend à Sta Maria d'Ornanu avec le gros
des troupes.
31 AOUT. Instructions de Louis XV à Maillebois pour mettre
sur pied le Royal-Corse.
AOUT, SEPT. La presse anglaise se fait l'écho de rumeurs selon
lesquelles Maillebois aurait notifié aux Génois de quitter
la Corse.
2 SEPT. Du Châtel occupe Sartè.
3 SEPT. De Corti, Contades informe Buttafoco et Colonna de leur nomination
à une compagnie du Royal-Corse.
5 SEPT. 1400 Corses assiègent Sartè ; après 4
jours ils doivent se retirer.
14 SEPT. Amelot signale à Jonville que les Génois trahissent
la cause nationale en complotant avec les Anglais.
16 SEPT. Maillebois sort de Santa Maria, occupe les hauteurs de Frassetu
et fait fusion avec M. de Larnage, parti de Bastelica. Ils établissent
leur camp au-dessous de Guitera, face à Zicavu, pour attendre
le comte de Valence qui, sorti de Ghisoni, doit passer le col de Verde
et occuper Costa.
18 SEPT. Traité de Belgrade entre la Russie, l'Autriche et
la Turquie. Charles VI, occupé à faire la guerre aux
Turcs, n'avait pu remplir les engagements pris le 12 JUILL. 1737 conjointement
avec le roi de France. La paix va lui permettre de s'occuper à
nouveau de la Corse.
19 SEPT. Les Français prennent le couvent de Tallà à
500 Corses qui s'y étaient réfugiés
20 SEPT. Les troupes françaises pénètrent dans
Zicavu vide de ses habitants qui s'étaient réfugiés
dans la montagne du Cuscione.
22 SEPT. Une partie des insurgés de Zicavu viennent faire leur
soumission.
25 SEPT. Maillebois quitte Zicavu pour Sta Maria laissant de Larnage
occuper le village.
28 SEPT. Mallebois est de retour à Aiacciu.
Début OCT. L'Alta Rocca (Scopamena et Carbini) fait sa soumission.
10 OCT. Les Français évacuent Zicavu où s'installeront
le neveu de Théodore et les derniers rebelles.
14 OCT. Des ordres parviennent à Marseille pour rendre leur
entière liberté aux otages. Ils sont datés du
21 SEPT.
18 OCT. Buttafoco, Costa et Matra embarquent à Marseille pour
la Corse.
21 OCT. Le curé de Zicavu fait sa soumission. Maillebois lui
accorde le pardon à condition qu'il quitte définitivement
la Corse.
26 OCT. Mann écrit à Newcastle que le ministre de France
lui a confessé être à l'origine, il y a deux ans
déjà, d'une proposition approuvée par Versailles
pour donner la Corse à Don Philippe, Gênes devant recevoir,
en échange, la Lunigiana.
( ? ). Maillebois rejoint Corti où il présente leur
lieutenant-colonel aux compagnies du Royal-Corse de Murati, Arrighi,
Tavera, Carbuccia, Orticoni, Grimaldi et Saliceti.
3 NOV. Maillebois est de retour à Bastia.
Début NOV. Les troupes françaises prennent leurs quartiers
d'hiver.
21 NOV. Lorenzi, ministre de France à Florence, signale à
Amelot les rapports fréquents entre les réfugiés
corses et le consul d'Angleterre.
Fin NOV. Tous les otages sont revenus en Corse.
2 DEC. Mémoire de la République au commissaire Mari
sur les moyens les plus efficaces pour conserver à la Corse
la tranquillité retrouvée.
DEC. Du Rousset et du Châtel quittent la Corse avec une partie
des troupes.
DEC. Ghjantumasgiu Boerio révèle au prince de Campo
Fiorido, ambassadeur d'Espagne à Venise, que Niel Brown, consul
d'Angleterre, lui avait demandé de participer à une
conspiration dans le but de donner la Corse à Théodore
et, par son intermédiaire, à Charles VI.
JANV. Commissions de maréchaux de camp à
MM. de Villemur et de Contades.
JANV. Théodore est à Venise. Il a reçu de l'argent
d'un banquier anglais et a des rapports avec Neil Brown (d'après
le comte de Froullay, ambassadeur de France).
( ? ). Plan du commissaire génois (sévèrement
critiqué par Maillebois) : récupération, au moins
en partie, des dépenses de guerre et des impôts non perçus
depuis 10 ans ; établissement d'un corps de troupes et de fonctionnaires
de justice aux frais des Corses ; indemnisation des Corses fidèles
à la République qui ont souffert de la guerre ; expulsion
des familles des responsables de la révolte et confiscation
de leurs biens ; expulsions de prêtres et de moines ; importation
de colonies étrangères ; destruction des villages de
Nuceta et Loretu, des châtaigniers de l'Alisgiani et de la plupart
des couvents.
12 JANV. Mémoire de la Cour de France sur la Corse adressé
à Jonville et destiné au Sénat de Gênes.
Posant comme principes l'aversion des Corses pour la domination de
la République et la détermination française de
ne pas laisser passer l'île en d'autres mains, on propose :
les Génois retirent leurs troupes ; les Français se
chargent de d'administration de la justice et de la perception des
impôts ; la France s'engage à restituer la Corse après
un certain nombre d'années ; l'Empereur, garant, conjointement
avec la France, du traité de 1737, sera informé. La
France ayant posé comme première condition que son mémoire
sera discuté avec un petit nombre de commissaire sachant garder
le secret, Giambattista Grimaldi et Carlo Emmanuele Durazzo sont nommé
à cet effet.
18 JANV. Gastaldi, chargé d'affaires de la République
à Londres, informe son gouvernement que les ministres anglais
s'inquiètent d'une prétendue cession de la Corse au
roi de Naples et lui ont manifesté leur mécontentement
de voir les soldats français rester dans l'île.
20 JANV. Mémoire de la Cour de France à la République
sur les moyens de conserver la soumission des Corses.
28 JANV. Mari dénonce, aux assemblées génoises,
l'attitude de la Cour de Rome au sujet des affaires de Corse : sans
compter que Rome est un refuge où les rebelles rencontrent
la plus grande bienveillance, le pape et ses parents pourraient profiter
de la moindre occasion pour faire valoir les prétendus droits
du Saint-Siège sur la Corse. Mari dénonce également
la responsabilité du clergé, trop nombreux, pendant
le soulèvement.
28 et 29 JANV. Jonville essaye en vain de rencontrer Grimaldi et Durazzo
pour discuter du mémoire du 12 janvier.
30 JANV. Jonville détaille le mémoire français
à Grimaldi et Durazzo.
2 FEVR. Voulant capturer Frédéric de Neuhoff et sa suite,
installés à Zicavu, M. de Larnage donne rendez-vous
pour ce jour-là, devant le village, à des troupes parties
d'Aiacciu, Sartè, Ghisoni et Fiumorbu ; une mauvaise coordination
des mouvements permet aux insurgés de gagner la montagne.
3 FEVR. Jonville obtient une nouvelle entrevue avec Grimaldi et Durazzo
qui ne prennent aucun engagement, les Collèges ne s'étant
pas prononcés. Il donne 8 jours pour avoir une réponse.
6 FEVR. Interrogatoire du baron de Drost, qui est en prison à
Aiacciu, par Goury de Champgrand.(Drost avait épousé
une fille de Salvadore Colonna, de l'Ornanu ; sur intervention de
Lucca Ornano, il sera libéré à condition de sortir
de l'île).
6 FEVR. Mort de Clément XII. Le pape étudiait l'envoi
en Corse d'un visiteur apostolique. Génois, Français
et Corses désiraient également le visiteur mais étaient
en désaccord sur son choix.
7 FEVR. Avant que les 8 jours ne soient écoulés, Jonville
rencontre Grimaldi et Durazzo. Inutilement.
11 FEVR. Grimaldi et Durazzo disent à Jonville que leur gouvernement
a besoin d'éclaircissements avant de présenter le projet
aux Collèges et qu'il envoyait un courrier au gouvernement
français.
FEVR. Théodore est à Cologne chez son cousin le baron
de Drost, seigneur de Morsbrock, grand-commandeur de l'Ordre Teutonique.
Il y reste trois semaines et repart le 29 pour Copenhague.
16 FEVR. Nicolò Spinola doge de Gênes.
18 FEVR. Agostino Lomellini, qui a remplacé Francesco Brignole
Sale auprès de la Cour de France, est reçu par Fleury.
Il expose que son gouvernement est dans l'impossibilité de
faire accepter par le Grand Conseil l'arrangement proposé.
Fleury dit que le Roi se refuse à changer de résolution.
Les négociations sur ce sujet sont suspendues.
MARS. Le duc de Newcastle dit à Gastaldi que l'Angleterre n'entend
pas que la Corse sorte de la domination génoise.
27 MARS. Dépêche d'André de Lezze, ambassadeur
vénitien en France : l'Angleterre aurait montré à
Charles VI le dommage qui résulterait, pour toutes les nations,
de l'établissement définitif des Français en
Corse.
14 AVR. Maillebois informe le marquis de Mirepoix qu'à Livourne
Wachtendonck a, depuis deux mois, des conférences nocturnes
et secrètes avec le consul d'Angleterre et les chefs corses
chassés de l'île.
( ? ). L'Empereur ayant proposé à la République
l'envoi de troupes en Corse, elle lui fait savoir qu'elle est dans
l'impossibilité de les entretenir.
17 AVR. Pâques.
23 AVR. Les assemblées génoises donnent mission à
Gastaldi d'entreprendre des démarches auprès de la Cour
de Londres pour qu'elle garantisse solennellement la souveraineté
de Gênes sur la Corse.
Début MAI. Arrivée en Corse du P. Laroche, visiteur
général des Capucins.
MAI. Gastaldi essaye, vainement, d'obtenir une audience du duc de
Newcastle qui se dit très occupé au moment où
son roi va partir pour Hanovre ; il parle alors de sa mission à
milord Islay et à Horace Walpole et reçoit la même
réponse : si Gênes n'obtient pas la garantie de l'Empereur,
celle de l'Angleterre serait sans effet.
MAI à AOUT. Devant les dangers d'une guerre entre l'Angleterre
et l'Espagne, qui se battaient déjà sur mer, Paris et
Vienne négocient l'occupation de la Corse par leurs troupes.
MAI. Wachthendonck, commandant des troupes de l'Empereur à
Livourne, et le gouverneur de Milan ont ordre de se tenir prêts
à envoyer des troupes en Corse.
Vers le 10 JUIN. Le marquis Domenico Maria Spinola, d'une famille
très connue en Europe, ancien Doge, est nommé commissaire
général en remplacement de Giovan Battista de'Mari.
21 JUIN. Amelot informe Jonville que l'Empereur va envoyer 4800 soldats
en Corse.
30 JUIN. Mort de Neil Brown. Froullay cherche à avoir quelques
uns de ses papiers sur la Corse.
1er JUILL. D.M. Spinola, surnommé Corsetto parce qu'il était
né en Corse où il avait beaucoup de biens, arrive à
Bastia. (Il sera accusé d'avoir promis l'extermination de la
noblesse insulaire).
11 JUILL. Gastaldi informe son gouvernement qu'il a enfin obtenu une
brève audience de Newcastle : Londres est bien disposée
en faveur de la République mais ne peut rien sans le concours
de l'Autriche.
JUILL. Sur ordre de M. de Breteuil (qui a succédé à
M. d'Angervilliers, décédé), Maillebois prépare
un mémoire sur l'emplacement à réserver aux troupes
de l'Empereur.
18 JUILL. Amelot confirme à Jonville que l'Empereur se dispose
à faire passer des troupes en Corse. Elles seront commandées
par un officier de même grade que Maillebois.
27 JUILL. Les assemblées génoises donnent mission à
Brignole, leur envoyé à Vienne, d'intervenir pour que
le ministère impérial ordonne au baron Wasner, ministre
à Londres, d'appuyer la requête génoise.
4 AOUT. De Hanovre, où il est avec le Roi, le ministre anglais
lord Harrington informe son envoyé à Vienne du refus
de S.M. de garantir la souveraineté de Gênes sur la Corse.
(En réalité, le roi d'Angleterre, qui était en
conflit armé avec l'Espagne, voulait ménager la France
et, peut-être aussi, ne désespérait-il pas de
conquérir la Corse).
10 AOUT. Un courrier de Paris apporte à Maillebois un plan
d'occupation de la Corse par les troupes autrichiennes et françaises
(Les premières devaient s'installer sur la côte orientale
et dans les pieve de Niolu, Ghjuvellina et Boziu, les secondes sur
la côte occidentale et à Corti. Maillebois fera venir
Villemur et Contades à Bastia pour étudier le projet
; ils donneront un avis défavorable que la Cour de France prendra
en considération).
13 AOUT. Le duc de Newcastle informe Gastaldi de la décision
du Roi.
17 AOUT. Benoît XIV pape (Consacré le 25).
19 AOUT. Spinola se plaint des abus de pouvoir de M.de Larnage, commandant
les troupes françaises à Aiacciu, stimulé par
Bianca Colonna.
24 AOUT. Le Sénat adresse à Lomellini, pour en informer
la Cour de France, les réclamations de Spinola contre M. de
Larnage et y ajoute des plaintes du même genre contre Maillebois,
les commandants de Corti et A Venzulasca et les officiers français
en général.
26 AOUT. Les assemblées génoises commandent à
Brignole de renouveler leur demande auprès de la Cour de Vienne.
29 AOUT. Lomellini aux assemblées génoises : Amelot
l'a convoqué pour lui dire qu'il considère que les négociations
génoises à Londres sont injurieuses pour le Roi.
Fin AOUT. Ghjuvan Petru Gaffori, venant de Rome, débarque à
Bastia.
SEPT. Une trentaine des fidèles de Frédéric de
Neuhoff (la moitié) se soumettent.
1er OCT. A Olmetu, F. de Neuhoff se soumet à son tour. (On
lui avait promis qu'il serait embarqué pour la terre ferme
avec tout son monde ; on lui accorde six fusils).
3 OCT. Gastaldi aux assemblées génoises : le roi d'Angleterre,
toujours à Hanovre, a été de nouveau consulté
; nouveau refus.
3 OCT. Frédéric et sa suite s'embarquent pour Livourne.
Sur le bateau, les Français mettent un sergent et quelque fusiliers
pour être assurés de leur débarquement. A son
arrivée à Livourne, Frédéric sera bien
accueilli par Wachtendonck.
20 OCT. Mort de Charles VI. Sa fille Marie-Thérèse lui
succède. (Cette succession donnera lieu à huit années
de guerre).
Vers le 20 OCT. Les armes récupérées par Maillebois,
et remises à Spinola, arrivent à Gênes sur deux
galères.
NOV. Danger croissant d'une guerre généralisée
en Méditerranée : Fleury promet à la République
de laisser six bataillons en Corse, à conditions qu'ils soient
installés dans une place sûre, Calvi ou Aiacciu par exemple.
24 NOV. Dépêche de Lomelloni au Sénat de Gênes
: il a fait part de l'intention génoise d'excepter de l'amnistie
les chefs corses sans pouvoir convaincre M. de Fleury ; " regagner
le cur de ce peuple, éloigner de soi tout esprit de vengeance,
rendre le joug léger telles sont les expressions toujours répétées
du cardinal et du ministère ".
( ? ). Marie-Thérèse donne la liberté à
H. de Beaujeu qui se mêlera encore des affaire de Corse.
23 DEC. Réponse du cardinal de Tencin à une lettre de
Maillebois qui lui demandait d'intervenir pour qu'un Corse succède
à l'évêque d'Aleria, moribond. Le cardinal est
de cet avis. Il en a parlé au pape (celui-ci avait décidé
de ne rien innover quant à la politique du Saint-Siège
relativement à la Corse).
4 JANV. Mort de Mgr de' Mari, évêque d'Aleria.
(Des difficultés surgissent au sein du chapitre pour désigner
le vicaire capitulaire ; après huit jours, les votes se partagent
encore par moitiés ; M. de Lacombe, lieutenant-colonel du régiment
de Nivernais en garnison à Cervioni, intervient pour annoncer
que, selon les canons de l'Eglise, la nomination appartient désormais
au Métropolitain ; l'archevêque de Pise choisira Ghjuvan
Paulu Gaffori qui affichait des sentiment pro-français).
5 JANV. Maillebois annonce la mort de Mgr de' Mari à Fleury,
l'informe de sa correspondance avec le cardinal de Tencin et insiste
pour que le successeur soit corse.
23 JANV. Dépêche de Lomellini au Sénat : il use
de toute sa diplomatie pour que la France n'enlève pas ses troupes
de Corse.
24 JANV. Fleury écrit au cardinal de Tencin pour la nomination
d'un évêque corse.
1er FEVR. Pasquale Paoli entre comme cadet au Royal-Corse de Naples.
5 FEVR. Don Luigi Giafferi (né à Talasani vers 1668),
son fils Autisnu et Ghjacintu Paoli s'engagent dans le régiment
corse de Naples.
7 FEVR. Mémoire de la Cour de France remis au marquis Lomellini
: le Roi consent à laisser six bataillons en Corse à condition
d'occuper Aiacciu, Calvi, les tours de Girolata, Sagone, Portu et le
village de Piana.
11 FEVR. Maillebois reçoit le bâton de maréchal.
11 FEVR. Dépêche de Lomellini au Sénat : Amelot
et Fleury lui ont confirmé que toutes les troupes françaises
de Corse seraient retirées si Gênes s'opposait aux conditions
exigées pour le maintien de six bataillons. - Malgré les
remarques de Lomellino, qui fait état d'un possible soulèvement
général après le départ des Français,
ou de bruits selon lesquels les Espagnols envisageraient de passer en
Corse, ou encore d'intentions attribuées à Walpole selon
lesquelles l'Angleterre pourrait se saisir de la Corse pour s'en servir
de monnaie d'échange, Gênes n'accepte pas de confier des
places fortes aux Français.
22 FEVR. Spinola dénonce aux assemblées génoises
la fraternisation des Français et des Corses.
2 AVR. Pâques.
17 FEVR. Mgr. P.M. Giustiniani, évêque de Sagone, grand
défenseur de la République, est transféré
à Ventimiglia.
8 MAI. Spinola rend visite à Maillebois. Celui-ci l'informe qu'il
a ordre de faire partir quatre bataillons, de préparer le départ
de quatre autres et que lui-même quittera l'île à
la fin du mois.
14 MAI. Bastia reçoit la nouvelle que Romualdu Massei, de Bastia,
est nommé à l'évêché du Nebbiu et
Paulu Maria Mariotti, de la Vulpaiola, à celui de Sagone. La
nomination d'évêques corses est un événement
sensationnel, inconnu depuis des siècles. A Bastia et autres
lieux les réjouissances durent trois jours et on crie : "
vive la France ".
24 MAI. Maillebois quitte la Corse avec quatre bataillons. Le commandement
passe à M. de Villemur.
29 MAI. Gian Girolamo Curli, Génois, est nommé à
l'évêché d'Aleria.
Vers le 20 JUIN. Les troupes génoises relèvent les Français
dans les postes de Casinca, Campulori et Rustinu. Trois nouveaux bataillons
quittent la Corse.
Fin JUIN. Lomellino a une entrevue avec Maillebois. Le maréchal
lui dit que les Corses attendent le départ du dernier Français
pour se soulever et que Gênes, par son intransigeance à
ne pas confier des places aux Français, est en train de perdre
la Corse et l'amitié de la France.
Fin JUIN. Publication du dénombrement de la population commandé
par Maillebois : la Corse compte 339 paroisses, 427 villages, 26 854
feux, 120 389 habitants.
( ? ). Venant de Rome, les deux évêques corses nommés
en Corse arrivent à Gênes. Il sont reçus par le
Doge et les Collèges.
3 JUIL. Villemur rentre à Bastia d'une tournée dans le
centre.
5 JUILL. Echange des ratifications d'un traité d'alliance défensive
(traité de Beslau du 5 JUIN) entre Louis XV et Frédéric
II, de Prusse qui veut arracher la Silésie à Marie-Thérèse
d'Autriche.
JUILL. Trois bataillons, les hussards et une partie des canonniers quittent
la Corse. Les troupes françaises sont réduites à
1400 hommes environ. Les Génois relèvent les Français
à Rustinu, Viscuvatu et Orezza.
12 JUILL. Les deux évêques corses quittent Gênes
pour Bastia sur une galère génoise.
23 JUILL. Spinola écrit aux assemblées que Villemur, après
Maillebois, lui a dit que la France était mécontente des
Génois.
31 JUILL. Le roi de France accorde son appui à Charles-Albert,
Electeur de Bavière, qui disputait à Marie-Thérèse
la succession de Charles VI. On se doute dès lors qu'il ne restera
pas de Français en Corse.
1er AOUT. Le Sénat de Gênes, qui n'a pas encore mis au
point un projet de gouvernement accepté par la France, propose
de larges concessions que les Corses rejetteront.
20 AOUT. La République propose le pardon à tous les condamnés
politiques et aux exilés. Les Corses font la sourde oreille.
22 AOUT. Le commissaire d'Aiacciu informe les Assemblées que
les Français cèdent, à bas prix, des armes aux
insulaires.
24 AOUT. Spinola aux Assemblées : le comportement de Villemur,
ses propos, ses relations, préparent un nouveau soulèvement.
( ? ). Apprenant le prochain départ des troupes françaises,
Lucca Ornano et les chefs du Delà, le chanoine Orto, Bianca Colonna,
le chanoine Zicavo, prennent des précautions pour ne pas risquer
une arrestation commandée par le commissaire d'Aiacciu.
( ? ). Dans le Deçà, le Dr. Rostini et le Dr Ghjuvan Petru
Gaffori sont suspectés de préparer la révolte.
AOUT-SEPT. Epidémie en Tavagna et Moriani.
Début SEPT. Mgr. Curli arrive à Gênes venant de
Rome.
6 SEPT. Les dernières troupes françaises quittent Calvi
pour Antibes.
( ? ). L'abbé Carlu Rostini quitte la Corse pour Livourne.
SEPT. Mgr. Mariotti commence la visite de son diocèse.
Les notables de la Balagna lui demandent de transmettre au commissaire
général une liste de leurs revendications.
SEPT. Intrigues pour assujettir la Corse aux Bourbons de Naples.
11 SEPT. Spinola publie un pardon général depuis 1733
jusqu'à la fin d'octobre. Deux mois supplémentaires
sont accordés aux Corses qui sont à l'extérieur.
SEPT. Le baron de Drost est de retour en Corse.
27 SEPT. M. Dupont, qui a remplacé Jonville, informe Amelot
que des exilés, profitant du pardon publié par la République,
rentrent journellement en Corse avec des armes. La guerre pourrait
recommencer après la bonne récolte du raisin, des châtaignes
et des olives. Soprani, commissaire d'Aiacciu, est remplacé.
27 SEPT. La République envoie ses sentiments de reconnaissance
au roi de France.
Fin SEPT ou début OCT. Mgr. Curli se rend en Corse.
2 OCT. Fleury informe Lomellini que l'évacuation de la Corse
par les troupes françaises est terminée.
Début OCT. L'abbé Carlu Rostini qui, parti de Calvi,
avait débarqué à Pozzuoli, se rend à Baia
et à Naples, rencontre Castineta, Paoli, Giafferi, Orticoni,
et Salvini qui le présente au premier ministre. (Les Corses
ayant décidé de reprendre la lutte au départ
des Français, (Les Corses ayant décidé de reprendre
la lutte au départ des Français, Ghjuvan Petru Gaffori
lui avait demandé de s'occuper des affaire communes).
OCT. Le roi de France accorde au chanoine Orto une pension de 800
livres sur l'abbaye de S. Martin de Pontoise.
23 OCT. Dépêche de Lomellini au Sénat : il a obtenu
une audience solennelle du Roi ; il a été également
reçu par les ministres français qui ont conseillé
une politique modérée et prudente en Corse, ont fait
valoir que la France n'avait jamais eu l'intention de se rendre maîtresse
de l'île, et ont insisté sur l'intérêt de
la République à ne pas laisser d'autres puissances étrangères
s'installer en Corse.
4 NOV. Bernadino Centurione, Génois né à Paomia,
est nommé évêque d'Aiacciu en remplacement de
Carlo Maria Lomellini transféré à Gérapolis.
6 NOV. Antonio Genovesi occupe la chaire de métaphysique et
d'éthique à l'Université de Naples. Pasquale
Paoli aurait été son élève.
19 NOV. Découverte d'un complot, au moment où il allait
être exécuté, pour investir la citadelle de Bastia
et s'emparer du gouverneur.
6 DEC. Stefano Veneroso, commissaire d'Aiacciu, arrive à Bastia
pour conférer avec Spinola ; il est porteur d'un projet de
Règlement.
10 DEC. Veneroso quitte Bastia pour Aiacciu.
( ? ). L. Ornano et Ghj.P. Gaffori sont convoqués à
Bastia par le commissaire général. Ils refusent de se
rendre à son invitation.
15 DEC. L'archiprêtre Orto reçoit, à Aiacciu,
avis de la pension qui lui a été accordée.
20 DEC. Spinola commande aux communautés d'élire les
procureurs qui devront procéder, le 1er FEVR., à l'élection
des Douze-Nobles qui n'avaient pas été renouvelés
depuis 1733.
30 DEC. De Rome, Rostini écrit au cardinal Fleury pour que
la France assure la paix en Corse.
Fin JANV. Mgr Mariotti rend visite au commissaire général,
à Bastia. Celui-ci lui demande d'user de son influence auprès
des notables de la Balagna pour les inciter à lui écrire
leur volonté d'obéissance, auprès des habitants
de la Terre du Commun pour qu'ils appliquent la circulaire du 20 DEC.,
auprès des Corses en général pour qu'ils remettent
les armes à feu.
10 FEVR. Mgr. Mariotti quitte Bastia pour une tournée à
travers les pieve. Il obtient des populations qu'elles donnent suite
aux demandes du gouverneur.
12 FEVR. A Francfort-sur-le-Main, Charles-Albert est couronné
empereur du Saint Empire romain germanique. Pendant les préliminaires
on aperçoit H. de beaujeu qui se dit plénipotentiaire
des Corses et essaie de s'informer sur les intentions des grandes
puissances au sujet de l'île. De là, il passe à
Hanovre où il étudie la façon de placer la Corse
dans l'orbite de l'Angleterre, et même de la donner au prince
de Cumberland. Dans ce but, il passe à Londres conférer
avec John Carteret et le ministre Walpole. La France apprend le fait
et fait savoir à l'Angleterre qu'elle s'y opposerait par les
armes.
20 FEVR. Domenico Maria Canevaro, doge de Gênes.
MARS. Election des Nobles-Douze (4 pour la région Aleria Corti,
4 pour la Balagna et le Nebbiu et 4 pour le terziero du centre). La
République peut enfin discuter d'un règlement de gouvernement
avec des représentants " qualifiés ".
25 MARS. Pâques.
15 AVR au 6 JUIN. L'évêque d'Aleria visite son diocèse
pacifié. Il refuse cependant de se rendre en Balagna pour ne
pas traverser Caccia où se trouvent 30 rebelles en armes. Au
cours de sa visite pastorale, le prélat distribue les imprimés
de la Confrérie de la Miséricorde qui organise la lutte
contre les corsaires barbaresques.
26 AVR. Lettre d'Ozero, consul de France à Calvi, aux échevins
de la Chambre de Commerce de Marseille : " Les affaires du Royaume
sont plus défavorables que jamais à la République
et l'on craint un soulèvement général ".
21 MAI. Les Douze sont de retour à Bastia après avoir
présenté le projet de Règlement à leurs
mandants. Ceux-ci ne l'ayant pas accepté dans son intégralité,
le commissaire ne consent à recevoir les députés
qu'après qu'ils aient apporté quelques changements aux
réponses des communautés. Ces changements mécontenteront
les Corses.
AOUT. Spinola reçoit un renfort de 600 hommes qu'il a demandé
pour faire face à une agitation naissante.
AOUT. Les notables de la Balagna s'assemblent à Marcassu, puis
à Aregnu. A la deuxième réunion assiste Mgr Mariotti
auquel on demande d'intervenir auprès du commissaire pour des
modifications au Règlement. Le bruit ayant couru que Spinola
allait envoyer des troupes dans la province, l'évêque
est chargé de le prier de n'en rien faire.
Fin SEPT. Malgré une promesse faite à Mgr Mariotti,
300 soldats arrivent à Calvi.
( ? ). Les gens de la Balagna se réunissent à Spiluncatu
et Tuani et décident de s'opposer à l'oppression. Nicolò
Poletti est chargé d'une tournée pour soulever les populations.
8 OCT. Proclamation du commissaire de Calvi : les troupes ne sont
pas destinées à des hostilités contre les populations
mais sont chargées de les protéger contre les voleurs
et les bandits ; elles ont aussi pour mission d'assurer le libre passage
entre les postes de Calvi, Algaiola et l'Isula Rossa et de surveiller
les côtes pour garantir la liberté du commerce.
10 OCT. La Balagna demande des secours au Niolu et envoie une circulaire
aux Corses de l'intérieur.
OCT. Machinations génoises, contre Mgr Mariotti, auprès
de la Cour de Rome, par l'intermédiaire de Mgr Saporiti, archevêque
de Gênes ; on prend comme prétexte l'habitude qu'a l'évêque
de porter en voyage deux pistolets d'arçon et un fusil de chasse.
28 OCT. Les populations d'Orezza, Ampugnani, Alisgiani, Tavagna et
Verde tiennent une consulte à Orezza pour examiner l'appel
de la Balagna. Elles décident d'adresser une protestation au
commissaire Spinola et affirment le droit à la riposte si les
troupes génoises ouvrent les hostilités.
4 NOV. Spinola publie enfin le nouveau Règlement octroyé
par la République. Ce Règlement, daté du 30 AOUT,
confirme celui de 1738, étend le pardon jusqu'au 20 AOUT 1741
et comporte une remise d'impôts jusqu'en DEC. de la même
année ; les impôts de 1742 seront perçus au mois
de DEC. de l'année suivant le système utilisé
en 1727 ; il promet des patentes de port d'armes avec abolition de
la taxe de deux seini lorsque les troubles seront apaisés.
NOV. Sans donner le temps aux podestà de percevoir l'impôt,
le commissaire envoie le major Franceschi et des soldats pour ramasser
l'argent. Des incidents ont lieu à Alisgiani et Orezza.
10 et 12 DEC. Le piuvanu Giocanti et les chanoines Sicurani et Ghjuvan
Marcellu Chiarelli, chargés de mission par les populations,
ont des entrevues avec Spinola pour le convaincre de la bonne volonté
des Corses à payer leurs contributions et lui présenter
quelques demandes concernant notamment les impôts et le port
d'armes.
24 DEC. Nouvelle consulte à Orezza. En plus des pieve qui assistaient
à la précédente, sont venues celles de Vallerustie,
Serra (Moita), Rogna, Boziu, Casacconi et Costere ; elles informent
le commissaire qu'elles acceptent volontiers de payer l'impôt
(comme les y exhorte l'évêque d'Aleria, présent),
mais seulement après avoir reçu satisfaction sur les
demandes présentées par les trois ecclésiastiques.
28 DEC. Réponse du commissaire qui se borne à critiquer
les mensonges et les dissimulations qui sont germes de guerre.
DEC. Carlo Goldoni, consul de Gênes à Venise, fait état
d'un bruit selon lequel Théodore est en ville, sans pouvoir
le certifier.
DEC. Un officier corse au service de Venise passe secrètement
dans l'île et obtient des lettres de créance au nom de
H. Beaujeu pour négocier l'appui de la Porte Ottomane.
Début JANV. Mgr Mariotti, non rebuté par
les échecs subis lors de sa première médiation,
prie le Dr Ghjuvantumasgiu Giuliani, de Muru, personnage influent dans
toute la Balagna, d'assurer la paix dans la province. Giuliani s'engage
à ne pas permettre de rassemblements armés et à
demander aux Corses de l'intérieur de différer toute intervention
; en contrepartie, il exige que le commissaire de Calvi retienne ses
troupes dans les présides.
7 JANV. Venant de Londres, via Lisbonne et Villefranche, Théodore
arrive à Livourne sur le Revenger, navire de S.M. britannique.
Il reçoit à bord le général Breitwitz,
commandant des troupes autrichiennes en Toscane, Richecourt, vice-président
du conseil de régence, et Goldworthy, consul d'Angleterre.
Un manifeste que le Roi doit lancer à son arrivée en
Corse, est préparé au cours de cette conférence.
16 JANV. Spinola dénonce aux assemblées génoises
les " présomptueuses ambitions " du Dr Giuliani et
les " erreurs " de Mgr Mariotti.
Nuit du 18 JANV. Le vaisseau anglais : le Vinces, part pour la Corse
avec Vinufs, secrétaire de Théodore, chargé de
préparer le retour du Roi.
19 JANV. au soir. Le Vinces arrive devant l'Isula Rossa.
20 JANV. Vinufs convoque les chefs de la Balagna à bord du
bateau.
JANV. Spinola utilise Brandimarte Mari et Ghjacumu Francescu Pietri,
tous deux de Tavagna, pour obtenir des pieve d'Ampugnani et Orezza
la promesse de ne pas participer à la rébellion qui
se précise depuis que les Corses ont appris le retour de Théodore.
Les deux pieve en profitent pour obtenir un pardon général,
des patentes de port d'armes, le dégrèvement de la taxe
de deux seini, etc
leurs demandes sont transmises au commissaire
par le Dr Limperani, podestà de Bastia, et le piuvanu Consalvi.
19 JANV. Mort du cardinal de Fleury. Louis XV décide de gouverner
par lui-même.
Nuit du 29 au 30 JANV. Le Revenger met à la voile, escorté
par une dizaine de bateaux de guerre anglais. Théodore revient
dans son royaume sous le couvert du pavillon britannique.
30 JANV 11 h du soir. Le Corse Gavi, consul de Gênes à
Livourne, envoie une felouque informer le Sénat du départ
de Théodore.
1er FEVR. La flotte portant Théodore paraît devant l'Isula
Rossa. Les chefs corses sont reçus à bord. Le Roi leur
communique l'édit (faussement daté du 30 JANV à
Sta Riparata di Balagna) rédigé à Livourne. Cet
édit comporte un pardon général ; sauf pour les
assassins de Simone Fabiani et les parjures : Ghj. Paoli, Orticoni
et Salvini ; il exige le retour des militaires corses qui sont au
service des princes étrangers, exceptés ceux qui sont
attachés au grand-duc de Toscane. - Dès le départ
des chefs corses, Théodore quitte le Revenger pour la Folkestone
et la flotte met à la voile ; le Roi veut faire le tour de
l'île pour s'assurer des dispositions de son peuple.
FEVR. Dans le golfe du Valincu, Théodore débarque le
curé de Zicavu et d'autres Corses qui s'en vont soulever leurs
villages respectifs ; ils sont généralement bien accueillis
mais Olmetu s'arme contre eux. Le Dr Balisone vient à bord
pour une entrevue avec le Roi.
FEVR. Théodore passe vers la côte orientale. A la hauteur
de Capraia, il met deux chaloupes à la mer pour demander aux
habitants de chasser les Génois mais n'obtient pas de réponse.
9 FEVR. Etonnantes instructions des assemblées génoises
à Curli, ambassadeur de la République à Turin
au sujet de la venue de Théodore dans les eaux corses : affirmer
que Londres n'est pour rien dans cette aventure.
10 FEVR. Le Folkestone est de retour devant l'Isula Rossa. Le reste
de la flotte, dont Théodore accusera les officiers, n'a pas
suivi.
13 FEVR. Lettre d'Horace Walpole à son ami Horace Mann, ministre
anglais à Florence qui lui avait envoyé un exemplaire
du manifeste de Théodore : " je lui souhaite succès
de tout mon cur ".
14 FEVR. Le Folkestone, qui, s'étant trouvé seul, avait
quitté les eaux corses, paraît devant Livourne.
FEVR. Théodore demande des secours à Breitwitz et revient
vers la Corse.
FEVR. Protestation officielle, du commissaire de Gênes auprès
du roi d'Angleterre.
22 FEVR. Mort, à Bastia, du commissaire Spinola. Gian Benedetto
Speroni prend la suppléance.
28 FEVR. Théodore est dans le golfe d'Aiacciu avec cinq navires
anglais. L'escadre attaque un navire espagnol placé sous la
protection des canons génois. Il s'agit du San Isidoro, superbe
bateau de 120 canons. Le gouverneur génois refuse l'asile à
ceux des matelots qui ont rejoint la terre à la nage.
1er MARS. Théodore donne rendez-vous à Lucca Ornano
à la marine de Frassu ; il l'informe qu'il compte s'emparer
d'Aiacciu et lui commande de rassembler le plus possible de gens en
armes pour bloquer la ville.
3 MARS. L. Ornano, qui est devant Aiacciu, convoque Ghjiseppu Maria
Peraldi et les capitaines Petru Cuneo et Nicolò Bacciocchi
lesquels prennent contact avec le commissaire génois. Celui-ci
les autorise à sortir de la ville. Partis à minuit,
ils reviennent trois heures plus tard informer le commissaire des
intentions de Théodore et des Anglais.
4 MARS. Le blocus d'Aiacciu se renforce. La population est autorisées
à quitter la ville.
5 MARS au soir. La flotte anglaise arrive dans le golfe d'Aiacciu
et en repart avec les navires d'accompagnement de Théodore.
6 MARS au matin. Le bateau de Théodore quitte le golfe à
son tour. Déconvenue de L. Ornano et des Corses qui bloquaient
Aiacciu.
MARS. Alors que Gênes demandait à ses diplomates d'affirmer
que l'Angleterre n'était pour rien dans l'expédition
de Théodore, Gastaldi (qui vient de recevoir de nouvelles lettres
de créance comme ministre de la République auprès
de la Cour de Londres) est chargé de faire des représentations
officielles. Il sera mal reçu.
Nuit du 16 au 17 MARS. Le Folkestone dépose Théodore
à l'embouchure de l'Arno où Richecourt vient conférer
avec lui. Le Roi a quitté la Corse pour toujours.
17 MARS. En réponse à la protestation de la République,
Newcastle informa Gastaldi que la flotte a agi contre les intentions
du Roi. Le ministre promet une enquête.
17 et 18 MARS. Consulte générale au Boziu. Après
le vote d'une législation criminelle, on édit un gouvernement,
dit de Régence, avec, à la tête, Ghj.T. Giuliani
et Brandone.
18 MARS. A Florence, Théodore a une entrevue avec Horace Mann.
(Mann dira ne pas avoir été mis au courant de l'aide
apportée par son pays au roi de Corse).
21 MARS. Francesco Maria Doria - qui a remplacé Lomellini comme
ministre de Gênes à Paris - envoie à son gouvernement
le résumé d'un soi-disant traité entre Théodore
et l'Angleterre.
22 MARS. Gastaldi informe son gouvernement que Carteret - qui a succédé
à Walpole - est bien l'instigateur des nouveaux désordres
de Corse.
14 AVR. Pâques.
18 AVR. Théodore quitte Florence. Il continuera à vivre
quelque années en Toscane, changeant de résidence pour
éviter les assassins que la République met à
ses trousses.
27 AVR. Les notables corses tiennent une réunion à Corti
dont ils viennent de s'emparer. Ils décident de rechercher
tous les moyens pour établir une paix qui satisfasse les deux
parties.
4 MAI. Les assemblées génoises donnent pouvoir au Doge
et au Sénat de disposer de la Corse comme ils l'estimeraient
convenable. (Les milieux diplomatiques, informés de la chose,
en déduiront que la République à l'intention
de vendre l'île à l'Espagne).
25 MAI. Une lettre d'un membre du gouvernement de Gênes, non
officielle mais écrite pour être divulguée, dément
les rumeurs selon lesquelles il y aurait un accord entre la République
et l'Espagne pour la cession de la Corse.
5 JUIN. A Constantinople, Beaujeu discute les articles d'un traité
d'alliance et d'amitié entre la Sublime-Porte et la Corse érigée
en République : les Turcs prendraient possession de Bonifaziu.
D'autres traités sont prévus entre les régences
d'Alger, Tunis et Tripoli.
12 JUIN. Le duc de Nexcastle convoque Gastaldi pour l'informer que
l'Angleterre ne permettra jamais à la République de
céder la Corse, surtout aux Bourbons. (Depuis quelque temps
les Génois tentaient d'obtenir la garantie anglaise pour la
Corse. Le duc en fait la promesse et Lord Bath fait espérer
des subsides pour les aider à mater la rébellion.
JUIN. Pier Maria Giustiniani (V. SEPT. 1734) arrive en Corse comme
commissaire général. Speroni remplace Veneroso à
Aiacciu mais reste subordonné au commissaire de Bastia.
24 JUIN. Limperani, député par les Corses, demande au
nouveau commissaire une réponse aux réclamations présentées
à son prédécesseur.
26 JUIN. La République adresse à son commissaire une
acceptation, en huit points, des revendications insulaires : amnistie,
patentes de port d'armes, abolition de la taxe de deux seini lorsque
sera payée la taille de 1742, engagement de ne pas augmenter
l'impôt sans l'accord des communautés
Début JUILL. Nouvelle mise en garde de Newcastle à Gastaldi
contre la cession de la Corse à l'Espagne.
12 JUILL. Giustiniani communique les huit articles aux Corses.
JUILL. Consulte à Ghjucatoghju pour étudier les propositions
génoises ; la plupart des mille personnes présentes
sont d'accord pour les accepter mais certaines font des objections.
Finalement, les Régents font valoir qu'on peut y ajouter des
précisions et que le commissaire est autorisé non seulement
à écouter les demandes mais à y apporter une
solution. On décide d'envoyer dix députés à
Bastia pour discuter les points litigieux.
20 JUILL. A Corti, les Régents et les notables, autorisés
par la consulte de Ghjucatoghju, rédigent une réponse
aux propositions génoises. Ils ne rejettent pas ces propositions
mais font valoir l'insuffisance des huit articles alors que les rapports
entre les Corses et la République doivent être prévus
dans les moindres détails (qu'ils énumèrent).
Il proposent une trêve d'un an pour mettre au point le nouveau
règlement. Alors la Nation tout entière, y compris les
Corses de l'extérieur, rassemblera ses députés
pour donner son acceptation. (Les demandes des Corses, ainsi qu'une
liste des abus à réprimer, sont transmis à Giustiniani.
Elles forment la matière d'un gros volume qui sera envoyé
à Gênes pour étude).
12 AOUT. F. Doria conseille au Sénat d'envoyer un ambassadeur
au camp anglais en Allemagne où se trouvent le roi et le gouvernement.
Des bruits font état d'un possible accord entre Turin et Vienne
ou Turin et Madrid, et, dans les deux cas, Gênes pourrait être
privée de la Corse et même d'une partie de son territoire
continental. Le salut ne peut venir que d'une garantie anglaise.
AOUT. Les assemblées génoises délibèrent
sur une cession possible de la Corse. Elles envisagent de la donner,
soit au roi de Sardaigne en échange du Monferrato, des Langhe
et des provinces de Tortona et Novara, soit à la reine de Hongrie
en échange d'une partie de la Toscane (dont le port de Livourne)
et un morceau du Milanais.
6 SEPT. Gian Francesco Pallavicini, envoyé par Gênes
auprès du camp anglais, arrive à Worms.
12 SEPT. Pallavicini obtient une audience de Carteret. Le ministre
anglais se montre violent. Il ne veut plus parler de la Corse qui
n'intéresse pas l'Angleterre et il est injurieux pour le gouvernement
britannique de supposer qu'il a partie liée avec Théodore.
Il refuse toute garantie et ne craint pas une cession de la Corse
car personne n'oserait l'acheter sachant que l'Angleterre s'y oppose.
13 SEPT. Traité de Worms entre l'Angleterre, la maison d'Autriche
et le royaume de Sardaigne. L'article dix est dirigé contre
Gênes puisque Marie-Thérèse cède à
Charles-Emmanuel les droits qu'elle peut avoir sur la marquisat de
Finale, possession de la République.
15 NOV. A Tunis, Beaujeu convient d'un traité entre la Régence
et la République de Corse.
8 DEC. Pasquale Paoli est promu sous-lieutenant.
27 JANV. Un moine bénédictin, envoyé
par Beaujeu auprès des chefs corses pour les mettre au courant
de ses négociations, se trouve à Cagliari. Au lieu de
passer en Corse, il se rendra à la Cour de Turin pour dévoiler
sa mission.
27 FEVR. Lorenzo Mari, Doge de Gênes.
7 MARS. Charles-Emmanuel III charge Ossorio d'obtenir l'assentiment
de l'Angleterre pour une levée de troupes en Corse. M. de Salis,
père du ministre d'Angleterre chez les Grisons, ami de Théodore,
a été chargé de présenter un plan de recrutement
en accord avec l'ancien roi de Corse.
Début AVR. Newcastle donne l'accord de l'Angleterre pour la
levée de troupes en Corse.
5 AVR. Pâques.
AVR. Théodore est dans les environs de Sienne, muni d'argent,
protégé par le Grand-Duc. Il est en relations avec la
Cour de Turin dont il sollicite l'appui pour son retour en Corse.
Il se flatte d'avoir 6 à 7000 hommes à sa disposition
et espère obtenir, pour les passer en Corse, les navires anglais
stationnés à Villefranche si le roi de Sardaigne veut
bien intervenir auprès de l'amiral Matthews, commandant des
forces britanniques en Méditerranée.
12 MAI, " a 2 ore di notte ". Le Père Léonard,
de Port-Maurice, des Mineurs réformés, arrive à
Bastia. Il débarque le lendemain et se rend au couvent Sant'Angelo
avant de rendre visite au gouverneur. Une nouvelle entrevue avec ce
dernier aura lieu le 19. La mission du P. Léonard n'est pas
seulement évangélisatrice mais, aussi, politique ; elle
a été obtenue par le gouvernement génois qui
compte sur le succès du célèbre prédicateur
pour ramener les Corses à l'obéissance.
21 MAI. La mission du Père Léonard débute au
couvent de Marana. Le 31 : Casinca. Le 14 JUIN : Casacconi. Le 29
: Orezza. Le 12 JUILL : Tavagna. Le 25 Rustinu. Le 8 AOUT Caccia.
Le 23 Niolu. Le 4 SEPT : Corti. Le 20 : Vezzani. Le 4 OCT : l'Isulacciu
di Fiumorbu. Le 8, à l'Isulacciu, il fait une chute qui interrompt
sa mission. Le 18 OCT : Cervioni. Le 20 : il s'embarque aux Prunete
di Campulori pour Bastia.
24 MAI. Croyant le moment venu de passer en Corse, Théodore
écrit directement au marquis d'Ormea, ministre de Charles-Emmanuel,
pour lui proposer un plan de débarquement. (Jusque là
il avait communiqué avec Turin par l'intermédiaire de
Mann et Villettes).
1er JUIN. Théodore demande à Ormea l'autorisation de
lui envoyer Marcantone Giabiconi, colonel au service de Venise. Il
sollicite pour celui-ci le grade de général-major à
le tête d'un régiment corse au service du roi de Sardaigne.
JUIN. Entrée en scène du comte Dumenicu Rivarola, l'ancien
consul d'Espagne à Bastia, qui jusque là habitait Livourne
où il recrutait des Corses pour l'armée espagnole. Recommandé
par le général Breitwizt et par Mann, il obtient l'appui
du marquis de Gorzegno, collaborateur d'Ormea, pour former un régiment
corse au service de Charles-Emmanuel. Il prend ainsi la place de Théodore
dans les vues de la Cours de Turin.
8 JUIN. Rivarola, accompagné de Carlu Ristori, quitte la Toscane
pour le Piémont.
24 JUIN. Consulte générale à Corti : les populations
réaffirment leur fidélité à Théodore.
11 JUILL. A Turin, signature d'un contrat entre Lorenzo Bogino, premier
secrétaire à la guerre du gouvernement de Turin, et
D. Rivarola pour la levée d'un régiment de trois bataillons
de 700 hommes.
1er AOUT. Charles-Emmanuel confère le grade de colonel avec
le traitement annuel de 3720 livres piémontaises, plus une
pension annuelle de 1280 livres à partir du jour de la formation
des deux premiers bataillons.
3 AOUT. Le Sénat de Gênes fait imprimer les Concessions
négociées par P.M. Giustiniani ; elles accordent les
plus larges satisfactions aux revendications insulaires, mais il est
trop tard : le sort de la Corse est lié à la politique
européenne.
3 AOUT. De Rustinu, le P. Léonard envoie un messager au gouverneur
pour l'informer de l'imminence de la révolte et lui dire qu'il
est urgent de faire connaître les Concessions. Le gouverneur
lui annonce la prochaine distribution des " Capitoli ".
16 AOUT. A Caccia, le P. Léonard reçoit le texte des
Concessions que lui adresse le gouverneur. Il le commente longuement
aux populations assemblées de Caccia et de Rustinu.
AOUT. Rivarola communique à Mann et à Villettes un projet
de convention pour une aide de l'Angleterre aux Corses en échange
d'un ou deux ports dans l'île (San Fiurenzu et Porti Vechju).
6 SEPT. A Corti, le P. Léonard commente les Concessions et
déclare en état de péché mortel ceux qui
le refuseraient. Il avait fait de même le 21 AOUT à Omessa.
SEPT. Beaujeu, venant de Tunis sur un vaisseau hollandais, arrive
à Livourne. Sur la demande de la Cour de Turin, il est mis
en prison où il restera jusqu'à sa mort en 1746.
18 NOV. Le P. Léonard quitte la Corse. Il avait provoqué
de grands mouvements de ferveur religieuse, atténué
les inimitiés et répandu les Concessions (dites "
de Giustiniani ") sans réussir à gagner le cur
des Corses à la République.
Fin NOV. Le P. Léonard fait connaître au Doge et au Sénat
génois les résultats de sa mission et leur expose les
besoins de l'île " di truppe e di giustizia ".
5 JANV. Michele Durazzo accepte du commissaire génois
une patente de colonel.
AVR. Incidents graves entre Grecs et Corses. Les pieve d'Ornanu, Talavu,
Cavru et Celavu interdisent la sortie d'Aiacciu aux 200 soldats grecs
au service de la République.
18 AVR. Pâques.
1er MAI. Au traité d'Aranjuez (dirigé contre l'Angleterre),
l'Espagne, la France et les Deux-Siciles garantissent l'intégrité
de son territoire à la République de Gênes qui
s'engage dans la guerre.
24 MAI. Mort du marquis d'Ormea. Le marquis Caretto di Gorzegno lui
succède aux affaires étrangères et continue ses
intrigues sur la Corse.
4 JUIN. Théodore met en garde la Cour de Turin contre le peu
de crédit que D. Rivarola a auprès des Corses auxquels
il a déjà promis l'aide de la France, de l'Espagne,
de Massa, de Modena, du feu prince Ottaviani de'Medici et même
de François Rakoczy, prince de Transylvanie. Il demande à
être investi de la confiance de S.M. et propose de se rendre
à Turin.
5 JUILL. Paulu Francescu Sari, de Bastia, capitaine au régiment
corse au service du Piémont, et le Dr Angelo de'Bonis, Livournais
originaire de Corse, viennent à Turin demander que Charles-Emmanuel
accorde officiellement sa protection à la Corse. Les ministres
leur conseillent de présenter un mémoire.
Nuit du 5 au 6 JUILL. Sari et Bonis sont reçus par Charles-Emmanuel.
Ils lui présentent un projet d'expédition en Corse apte
à soustraire l'île au joug génois et à
la placer sous la protection de S.M. Ils conseillent de confier l'expédition
à D. Rivarola et fournissent une liste des chefs les plus portés
envers S.M. parmi lesquels : Gaffori, Giuliani, les frères
Matra et Alessandrini. (le mémoire sera confié au comte
de Saint-Laurent pour étude).
11 JUILL. Sari et Bonis sont informés que le Roi a décidé
de prendre leur projet en considération et qu'il allait solliciter
l'accord de ses alliés. Ils sont priés de se porter
à Livourne pour prendre contact avec les chefs corses.
27 JUILL. D. Rivarola rédige un projet (peu différent
de celui de Sari et Bonis) pour mettre la Corse sous la domination
de Charles-Emmanuel.
27 JUILL. Mann met en garde Gorzegno contre les menées de Théodore
et recommande à nouveau le comte Rivarola.
Début AOUT. La vendetta ayant repris ses droits devant l'impuissance
de la justice génoise et l'absence d'un gouvernement corse,
des notables décident la formation d'une junte chargée
de rétablir la paix dans la Terre du Commun. Trois sujets sont
désignés pour diriger une association d'hommes de bonne
volonté, ou paceri : l'abbé Gnaziu Venturini, président,
Ghjuvan Petru Gaffori et Aleriu Francescu Matra, assesseurs, avec
le titre de Protecteurs de la Patrie.
8 AOUT. Le commissaire Giustiniani informe les assemblées génoises
de la naissance d'une nouvelle révolte sous couvert d'une organisation
de justice.
18 AOUT. Le mémoire de Rivarola est présenté
à Charles-Emmanuel (qui se trouve à Alexandrie de la
Paille à la tête d'un corps d'armée) par Lorenzo
Clerico, secrétaire aux affaires extérieures et grand
ami du comte. Le roi promet d'en référer au Cours de
Londres et de Vienne avant de donner son accord pour lequel il est
décidé.
20 AOUT. Les paceri, qui oeuvrent pour la paix en Casinca, convoquent
une consulte à Orezza pour y prendre toutes décisions
propres à éteindre les inimitiés. Les meurtres,
insultes, et autres délits commis avant la consulte seront
également punis avec la plus grande sévérité.
29 et 30 AOUT. Consulte au couvent d'Orezza, tenue malgré l'interdiction
du commissaire. Elle décide d'une tournée des paceri,
assistés d'hommes en armes, pour obtenir ou imposer l'extinction
des inimitiés. Cette tournée aura un plein succès.
5 SEPT. Les pieve d'Ampugnani et Casacconi, pourtant présentes
à l'assemblée d'Orezza, se désolidarisent des
autres pieve. Elles désignent leurs propres paceri et se déclarent
opposées à ceux qui voudraient susciter des troubles
contre la République.
SEPT. Gaffori, qui vient de terminer sa tournée, pénètre
dans Corti avec 400 hommes en armes avant leur dislocation. Ils sont
reçus à coups de fusil par le commandant de la citadelle
qui se croit attaqué. Avec l'intervention du podestà,
l'incident n'aura pas de suites.
20 SEPT. Une frégate anglaise quitte Livourne pour transporter
en Corse cinq officiers du régiment Rivarola chargés
de préparer les Corses à un débarquement.
21 SEPT. Conférence, à Turin, entre le comte Saint-Laurent,
pour Charles-Emmanuel, et M. de Villettes, pour Georges III, sur l'intérêt
d'une expédition en Corse. L'opération est jugée
aisée et utile mais ils rejettent l'idée d'une annexion
: il faut aider la Corse à recouvrer sa liberté, obtenir
pour les alliés des franchises dans les ports de l'île,
puis encourager les Corses à se soumettre de plein gré
au roi de Sardaigne. (Cette conférence a été
certainement suivie d'une réunion à trois avec le comte
de Richecourt, pour Marie-Thérèse).
26 et 27 SEPT. Une consulte au couvent de Caccia confirme la mission
des paceri et condamne les partisans de la République.
2 OCT. Proclamation de Charles-Emmanuel III promettant
aide et protection aux Corses, en son nom et au nom de la coalition
anglo-austro-sarde. C'est une déclaration de guerre à
la République de Gênes.
3 OCT. Commentaires diplomatiques de la Cour de Turin à ses
ambassadeurs à Londres, à Vienne et à la diète
de Francfort sur la proclamation de la veille ; le Roi n'a pas commis
" l'odiosité " d'exciter une révolte de sujets
contre leur souverain puisqu'ils étaient déjà
en rébellion ; il n'a pas promis absolument aux Corses de les
tirer de la domination génoise, mais il s'est engagé
à assurer leur tranquillité par un traité de
paix.
12 OCT. Le comte Rivarola quitte Livourne pour la Sardaigne avec les
Corses qui avaient accepté de le suivre.
15 OCT. Le vice-amiral G. Rowley, commandant des forces anglaises
en Méditerranée (et qui a reçu l'ordre de rentrer
en Angleterre ordonne au commodore Townshend de se mettre aux ordres
de Rivarola pour effectuer et soutenir un débarquement en Corse.
OCT. Les troupes françaises et espagnoles, renforcées
par des effectifs génois, progressent en Italie malgré
la forte opposition du roi de Sardaigne, à la tête de
25 000 hommes, et du comte de Schulenburg avec un nombre presque égal
d'Autrichiens. En même temps, le roi de France conquiert la
Flandre et le roi de Prusse remporte de nouveaux succès.
20 OCT. Par ordre du comte de Saint-Laurent il est payé à
Sari et à Bonis 400 sequins pour les rembourser des dépenses
du voyage et autres frais.
23 OCT. Rivarola débarque à Oristano. Suivi par ses
officiers, il se rend, par voie de terre, à Cagliari, pour
conférer avec le vice-roi de Sardaigne au sujet de l'expédition
de Corse.
25 OCT. Arrivée à Bastia de Stefano de'Mari, commissaire
général en remplacement de Giustiniani. Visconte de
negro remplace Seproni à Aiacciu.
26 OCT. L'amiral Rowley informe S.M. sarde que toutes dispositions
sont prises avec Rivarola pour que la flotte anglaise débarque
et assiste le comte.
30 OCT. La flotte anglaise quitte Cagliari pour la Corse avec Rivarola
et sa suite.
2 NOV. La flotte jette l'ancre devant les côtes de la Balagna.
Rivarola envoie des officiers à terre avec des lettres.
3 NOV. Rivarola débarque et convoque une consulte des habitants
de la Balagna.
9 NOV. Consulte à Spiluncatu. Les participants sont nombreux
mais peu enthousiastes.
15 NOV. Rivarola, qui a soulevé le Nebbiu et les Costere, établit
son camp à San Brancaziu.
16 NOV. La flotte anglaise, sous les ordres de Townshend, se présente
devant Bastia.
17 NOV. Au camp de San Brancaziu, les provinces du Nebbiu et de la
Balagna, les pieve de Talcini, Niolu, Ortu (Biguglia, Petrabugna)
et Costere, ainsi que quelques habitants de la Terre du Commun, élisent
général, avec les pouvoirs civils et militaires, le
comte Dumenicu Rivarola. Celui-ci commande alors la marche vers Bastia
pendant que Townshend exige, au nom de son roi, la reddition de la
ville. Dans la soirée, Mari ayant refusé de remettre
Bastia aux agresseurs, Townshend fait ouvrir le feu et bombarde la
ville pendant 17 heures.
18 NOV. Par suite du mauvais temps, la flotte se retire pour ne pas
être drossée à la côte. La municipalité
demande au commissaire génois de capituler pour éviter
la destruction totale de la ville. Mari refuse de le faire personnellement
mais lui remet la citadelle et quitte la ville.
NUIT du 18 au 19 NOV. Mari, ses officiers et la plus grande partie
de ses soldats, quittent Bastia par mer et se rendent à Aiacciu.
Dès son arrivée, le commissaire organise la résistance
à l'envahisseur. Il recrute dans les pieve (seule celle du
Talavu, commandée par Deziu, de Palleca, oppose un refus) 15
compagnies de 60 hommes dans lesquels L. Ornano et Petru Cuneo acceptent
le grade de lieutenant-colonel. Peu de temps après, M. Fozzano
accepte le même grade à la tête de la Rocca. Ils
seront congédiés après quelques mois.
21 NOV. Bastia accepte de capituler et se place sous la protection
de S.M. sarde et de ses alliés. Venturini, Gaffori et Matra,
à la tête de la Terre du Commun, se joignent à
Rivarola. (Les maladresses de ce dernier, qui veut l'exclusivité
dans le commandement, vont faire se dresser les Protecteurs contre
lui).
21 NOV. La flotte anglaise arrive à Livourne pour se ravitailler
et réparer les avaries causées par les canons de la
citadelle de Bastia.
22 NOV. Rivarola et ses troupes pénètrent dans Bastia.
23 NOV. De Casale, le maréchal de Maillebois signale au comte
d'Argenson, secrétaire d'Etat à la guerre, le danger
qu'il y aurait à laisser les Anglais s'installer à San
Fiurenzu.
24 NOV. Rivarola informe la Cour de Turin du succès de son
entreprise. Il demande une aide en argent et en munitions et l'assistance
de la flotte britannique pour faire la conquête d'Aiacciu, Bonifaziu
et Calvi.
25 NOV. La flotte anglaise est de retour à Bastia. Townshend
a une conférence avec les chefs corses (qu'il essaie de réconcilier)
et accepte de participer à la prise d'Aiacciu.
29 NOV. Une circulaire de Rivarola annonce la prise de Bastia, San
Pelegrinu et la Padulella aux habitants de la Balagna et leur commande
de faire le blocus de Calvi, Algaiola et l'Isula Rossa.
1er DEC. A Gênes, l'Eccellentissima deputazione di Corsica délibère
sur les moyens de conserver la Corse et propose aux assemblées,
qui acceptent, de pourvoir à la défense d'Aiacciu, Calvi
et Bonifaziu, et de mettre à prix la tête de Rivarola.
DEC. Lettre de Rivarola à L. Ornano pour l'informer de son
intention de s'emparer de Calvi et Aiacciu et lui demander de conserver
le Delà-des-Monts au service de la Patrie.
DEC. Les désaccords s'aggravent entre Rivarola et les autres
chefs. Rivarola quitte Bastia pour San Fiurenzu.
10 DEC. Mann écrit à Rivarola qu'il a ordonné
à l'amiral anglais de rester à son service.
12 DEC. Dans une lettre à Townshend, les Protecteurs accusent
Rivarola d'abuser d'un pouvoir usurpé, dénoncent son
tempérament agité et inquiet, etc. La veille, Rivarola,
Venturini, Gaffori et Matra avaient signé une circulaire pur
commander l'organisation militaire des pieve.
13 DEC. Lettre de Protecteurs à Gorzegno dans les mêmes
termes que la lettre à Townshend.
14 DEC. Rivarola demande à Gorzegno d'envoyer un sujet apte
à régler les différents qui l'opposent aux chefs
insulaires.
DEC. Townshend réunit les chefs Corses à San Fiurenzu
et obtient un accord provisoire ; Gaffori restera à Bastia
; Matra, à la tête de toutes les troupes corses, marchera
sur Aiacciu ; Rivarola, après la prise d'Aiacciu, attaquera
Calvi.
24 DEC. Lettre de Charles-Emmanuel à Rivarola : le Roi se réjouit
de la prise de Bastia ; il espère que l'entreprise donnera
une pleine liberté à la Corse, ce qui est l'unique objet
de sa protection, sans avoir jamais pensé à acquérir
un droit quelconque pour lui-même.
25 DEC. Attendant manqué contre le président Venturini.
30 DEC. L. Ornano attaque A.F. Matra qui était à Vivariu
avec 6000 hommes et l'oblige à se retirer.
Fin 1745. Sur le continent italien, Français et Espagnols sont
maîtres de tout le pays qui entoure la République de
Gênes.
Début 1746. Pierre-Paul de Guymont succède
à M. de Jonville comme envoyé français à
Gênes.
3 JANV. A Vienne, édit de Marie-Thérèse rédigé
dans le même sens que celui de Charles-Emmanuel.
JANV. Des navires anglais surveillant constamment le golfe d'Aiacciu.
6 JANV. Anton Dumenicu Guagno, au nom de Rivarola, ordonne à
la province de Vicu de s'armer pour aller attaquer Aiacciu.
8 JANV. Rivarola et Gaffori demandent à Deziu, de Palleca, de
rassembler le plus possible de combattants pour une prochaine attaque
d'Aiacciu.
9 JANV. Charles-Emmanuel concède à Townshend, sur sa demande,
un ordre de rappel de Rivarola. Cet ordre ne sera pas utilisé.
JANV. Matra passe le col de Verde avec 700 hommes et reçoit des
renforts d'Olmetu. Les Talavesi lui demandent de se retirer.
16 JANV. les Bastiais et les habitants de Ville, Lota et Cardu réclament
la destitution de Gaffori et son remplacement, à la tête
de la ville, par Bastianu Colonna Ceccaldi.
21 et 22 JANV. Rivarola, puis Gaffori, quittent Bastia.
( ? ). Les habitants de la Balagna, assemblés à Marcassu,
élisent leur propre général : Ghjuvan Tumasgiu
Giuliani.
Fin JANV. A Calvi, Mari fait arrêter Mgr. Mariotti, accusé
d'être en relations avec les chefs corses. L'évêque
est envoyé dans les prisons de Gênes.
Début FEVR. Les Bastiais refusent l'entrée de la ville
à Matra et Rivarola.
5 FEVR. Rivarola et une quarantaine de chefs corses demandent au roi
de Sardaigne un secours de 25 000 sequins. La lettre est interceptée
par les Génois.
15 FEVR. A Bastia, révolte populaire conduite par le patron de
barque Francescu Patrimonio. Le drapeau génois est hissé
sur la citadelle. 32 notables, accusés de connivence avec Rivarola,
sont arrêtés. Une délégation est envoyée
auprès du commissaire Mari, à Calvi, puis à Gênes.
FEVR. Matra, Ceccaldi et Rivarola font le siège de Bastia.
20 FEVR. Impression d'un tract par lequel les Génois se décident
enfin à répondre aux édits de Charles-Emmanuel
et de Marie-Thérèse et menacent de sévères
châtiments les Corses qui y prêteraient foi.
1er MARS. Mari leur ayant demandé de lui remettre les prisonniers,
les Bastiais écrivent aux assemblées génoises de
leur épargner ce déshonneur.
3 MARS. Gian Francesco Maria Brignole, Doge de Gênes.
9 MARS. F. Patrimonio, qui s'est rendu à Gênes à
la tête de la délégation bastiaise, fait savoir
que les secours en vivres et en munitions sont à Capraia prêts
à être envoyés à Bastia, mais que la République
réclame des otages et qu'il serait bon de lui remettre les prisonniers
pour en tenir lieu. Le gouvernement lui a assuré qu'aucune sanction
ne sera prise contre eux pour leur action passée.
Nuit du 13 au 14 MARS. Furieux assauts, en cinq points différents,
contre Bastia qui repousse toutes les attaques.
20 MARS. La population bastiaise, poussée par Matteu Mattei,
envoie 26 prisonniers à Gênes sans attendre la garantie
promise par Patrimonio.
29 MARS. Après avoir été retenus à Capraia
par la tempête, les 26 prisonniers sont débarqués
à Gênes.
Début AVR. Matra s'étant retiré, Rivarola maintient
difficilement le blocus de Bastia. A Calvi, le commissaire Mari fait
embarquer, pour Bastia, le marquis Giovan Angelo Spinola avec des troupes.
9 AVR. Le roi de France fait imprimer une " déclaration
en faveur des Corses fidèles à la République de
Gênes et contre ceux qui cherchent à se soustraire à
sa domination ".
10 AVR. Pâques.
10 AVR. Les Bastiais font une sortie en force ; Rivarola doit se retirer.
25 MAVR. De San Fiurenzu, Rivarola écrit aux ministres des puissances
protectrices pour les informer que l'ardeur des Corses tiédit
du fait qu'elles n'ont envoyé aucun secours important.
3 MAI. Un chebec anglais, venant de Livourne, apporte de nombreuses
copies imprimées de l'édit de Marie-Thérèse.
6 MAI. A Gênes, les prisonniers du 15 février passent en
jugement : le lendemain, 5 sont décapités et 5 sont pendus
; quelques uns sont morts, d'autres mourront en prison, huit seront
remis en liberté le 15 DEC.
6 MAI. Le duc de Newcastle écrit au vice-amiral Medley, commandant
la flotte en Méditerranée, que l'Amirauté anglaise
décide de retirer ses bateaux de l'entreprise de Corse ; jugeant
celle-ci peu profitable aux intérêts britanniques et dangereuse
pour l'escadre. (Cette décision a été prise après
un rapport de Medley qui s'était plaint des désaccords
entre les chefs corses et, spécialement, de Rivarola).
25 MAI. Dans une lettre à Medley, la Cour de Turin, sans contester
les raisons de l'Amirauté, se dit mortifiée de la décision
de retirer la flotte des eaux de Gênes. Elle estime que l'honneur
et la conscience exige d'en informer le peuple corse. En même
temps, Gorzegno demande à Mann d'informer les insurgés
et d'arranger, avec l'amiral Townshend, le transport des chefs qui voudraient
s'exiler.
JUIN. Théodore est à Livourne, bien reçu par Mann
et par le prince de Craon, président du conseil de régence
de Toscane. Il est toujours en faveur auprès de François
de Lorraine et même de la Cour de Vienne.
23 JUIN. Le commandant de la citadelle de Corti, assiégé
depuis longtemps par Gaffori, obtient 12 jours de trêve avant
capitulation. Les honneurs de la guerre lui seront accordés.
25 JUIN. Rivarola, Gaffori et Matra mettent les Bastiais au ban de la
Nation et commandent le renforcement du blocus.
7 JUILL. Gaffori prend possession de la citadelle de Corti.
9 JUILL. Mort de Philippe V. Dès lors, l'Angleterre songe à
négocier une paix séparée avec Madrid, et ses alliés
craignent qu'elle ne donne son accord pour une cession de la Corse à
l'infant Don Philippe.
JUILL. A Corti, consulte des responsables (Rivarola est absent). Ils
déclarent la Corse indépendante sous la direction d'un
gouvernement national : Venturini, président, Rivarola, Gaffori
et Matra, protecteurs, assistés d'un Conseil suprême de
12 membres.
JUILL. Mann informe Rivarola de la décision de l'Amirauté
anglaise et lui offre un bâtiment pour quitter la Corse. Rivarola
refuse et envoie, auprès des alliés, son neveu l'abbé
Luigi Zerbi, de Bastia, et le capitaine Luri.
19 JUILL. Les chefs corses renouvellent aux gens du Capicorsu l'interdiction
de commercer avec Bastia et demandent des otages.
JUILL. Zerbi et Luri passent à Florence. Mann tente de les dissuader
de poursuivre leur voyage mais leur accorde finalement un passeport.
24 JUILL. Zerbi et Luri, arrivés à Quartiziola, Q.G. sarde,
remettent un mémoire des chefs corses qui demandent : l'assistance
de la flotte britannique et des galères sardes ; le financement
d'un bataillon corse de 1500 hommes pour attaquer les places du côté
terre ; l'envoi d'un bataillon de troupes régulières pour
la garde des places conquises ; un sujet, agréé par les
alliés, pour administrer les dépenses de guerre ; du sel,
des munitions et de l'artillerie avec des servants.
25 JUILL. Gorzegno, Richecourt et Villettes examinent les demandes des
Corses et les rejettent. Les nécessités de la guerre maritime
et de la campagne de Lombardie motivent leur refus. Seule, la Cour de
Turin est disposée à protéger les Corses et Gorzegno
promet de donner des ordres pour que des provisions soient envoyées
de Sardaigne.
10 et 11 AOUT. Consulte à Sant'Antone di a Casabianca (encore
une fois Rivarola est resté à San Fiurenzu) : on y prend
des dispositions pour continuer la guerre.
AOUT. Défaites françaises et espagnoles en Italie. Autrichiens
et Piémontais se préparent à envahir la République
de Gênes que les escadres anglaises tiennent bloquée.
AOUT. Alors que les Bastiais avaient entamé des négociations
avec les assiégeants pour une reddition de la ville, Mari y débarque
à l'improviste et arrête les pourparlers.
24 AOUT. Marche générale sur Bastia.
2 SEPT. Après avoir dévasté les cultures et coupé
les arbres fruitiers, les Corses cessent les hostilités autour
de Bastia et rentrent chez eux.
( ? ). Nuceta, Ruspigliani, Antisanti, Vezzani, U Petrosu, Ghisoni,
Vivariu et le Fiurmorbu refusent de payer les tailles au gouvernement
national.
7 SEPT. Les Génois, vaincus, ouvrent leur ville aux troupes autrichiennes.
La capitulation a été signée la veille. La République,
taxée à 24 millions de livres, est complètement
ruinée. Les Autrichiens libèrent Antone et Nicolò
Rivarola, fils de Dumenicu, dans les prisons génoises depuis
plus d'un an. Antone, étudiant à Sienne, était
venu à Oletta pour y chercher son frère. Ils furent faits
prisonniers, sur un petit bateau toscan avec patente anglaise qui les
ramenait à Livourne.
12 SEPT. De retour à Calvi après avoir confié Bastia
à Giovan Angelo Spinola, Mari adresse un mémoire aux assemblées
génoises : il insiste sur l'impossibilité de gagner l'affection
des Corses et propose, une nouvelle fois, des méthodes sournoises
pour semer la division ; il demande d'avoir recours aux alliés
pour régler le problème corse.
17 SEPT. Supplique de Giovan Maria Lomellini, des comtes palatins de
Lomellina, aux alliés anglo-austro-sardes, pour obtenir la restitution
de ses fiefs de Balagna que la République lui a ravis.
10 OCT. Mann intervient auprès de Gorzegno pour que S.M. sarde
et le marquis de Botta reçoivent Théodore. Il obtient
satisfaction.
14 OCT. Arrivée d'un bateau, chargé de sel et de munitions,
envoyé par le vice-roi de Sardaigne (des secours arrivaient ainsi
de temps en temps).
13 et 14 NOV. Consulte à Orezza : des mesures sont prises pour
améliorer le gouvernement de l'île et châtier les
traîtres ; l'assemblées condamne la dispersion d'autorité
entre les chefs qui habitent en des endroits différents et, pour
y remédier, donnent la primauté au Conseil suprême.
17 NOV. Assisté par quatre vaisseaux anglais, Rivarola occupe
Terravechja di Bastia.
30 NOV. Gênes, qui a payé les deux tiers de sa contribution
de guerre et demandé grâce pour le tiers restant, s'entend
répliquer que non seulement il fallait payer les 8 millions de
livres mais aussi presque autant pour les troupes d'occupation.
5 DEC. Les Génois se révoltent. En quelques jours les
Autrichiens son chassés de la ville.
30 DEC. Gênes lance un appel aux Corses pour accroître ses
forces militaires. Elle concède le pardon pour délits
politiques ou autres à ceux qui s'engageront à la servir
pendant trois ans.
Fin 1746. Premières conférences de Breda : l'Angleterre
tente d'obtenir de l'Espagne une paix séparée : le représentant
de Georges II a pour mission d'offrir la Corse à Don Philippe.
Vers 1746. Au cours d'un voyage à Malte, Francescu Antone di
Natale, notable corse, et Fabrizio Grech, chargé des relations
extérieures de Malte, forment le projet d'assujettir la Corse
au Grand-Maître de l'Ordre. Francescu Antone entreprend plusieurs
voyages à Livourne, à Turin, en Sardaigne et en Corse
où il consulte les responsables insulaires. Il s'abouche, en
particulier avec Francescu Maria Colonna da Bozi, qu'il met dans la
confidence. La mort de Francescu Antone, à Livourne, met fin
aux tractations.
JANV. Théodore est à Florence, dans la
misère, oublié des Corses. Il espère encore en
la Cour de Vienne à laquelle il a exposé des plans.
JANV. Le marquis de Puysieulx est nommé ministre des affaires
étrangères de France.
8 FEVR. Consulte au couvent de Casinca. Les procureurs des pieve élisent
une commission chargée d'examiner l'administration des chefs,
composée de G. Aitelli, piuvanu du Borgu, de Ghjanfrancescu Bernardi,
d'Ortiporiu, de Lisandru Vinciguerra, de Loretu, et de Bartulumeu Zuccarelli,
de Corti.
3 MARS. Le Conseil suprême met en garde le Nebbiu et le Capicorsu
contre les agissements d'éléments pro-génois et
annonce l'envoi de troupes pour rétablir l'autorité du
gouvernement national.
MARS. Formation, Florence, du régiment de Marine (colonel le
grand-duc François) destiné à conquérir
la Corse pour le compte de Marie-Thérèse avec l'aide de
la flotte britannique et, peut-être, le concours de Théodore.
2 AVR. Pâques.
20 AVR. Consulte à Orezza. Les délégués
tentent de recréer l'union nationale en offrant le pardon au
Fiumorbu et à son chef Martinetti, en accédant à
la demande du Capicorsu de ne pas envoyer de troupes et en lançant
un appel au Delà-des-Monts. Rivarola et Giuliani sont chargés
de se rendre auprès des puissances protectrices.
30 AVR. Trompant la surveillance de la flotte anglaise, le duc de Boufflers
réussit à s'introduire dans Gênes où il se
met à la tête de 5000 Français et 3000 Génois.
3 MAI. De San Fiurenzu, lettre de Rivarola à la Cour de Turin
pour demander l'autorisation de venir personnellement sur place plaider
la cause corse. L'autorisation ne sera pas donnée.
10 MAI. Francescu Maria Colonna, envoyé par Rivarola et les autres
chefs, convoque une consulte des populations du Delà.
21 MAI. Consulte au couvent d'Ornanu. Les partisans de la République
n'y assistent pas. Les participants sont divisés, les uns tenant
pour la Nation, les autres pour la neutralité.
2 JUILL. Mort de Boufflers. - Les Autrichiens commencent à lever
le siège de Gênes.
7 JUILL. Rivarola attaque Bastia, occupe Terravechja, mais ne réussissent
pas à s'emparer de la citadelle.
9 JUILL. Rivarola informe la Cour de Turin de son entrée dans
Bastia et demande des secours.
20 JUILL. 800 hommes des troupes génoises de Corse arrivent à
Gênes.
31 JUILL. Domenico Maria Saporito, né à Monterosso (Gênes),
est nommé évêque de Mariana en remplacement d'A.
Saluzzo, décédé.
1er SEPT. Note de Charles-Emmanuel au chevalier Ossorio : agir auprès
de la Cour de Londres pour qu'elle accorde à Rivarola le concours
de la flotte, afin de l'aider à s'emparer de la citadelle de
Bastia. Le roi indique que les raisons qui avaient fait partir la flotte
anglaise : utilisation sur un autre théâtre d'opérations
et mésentente entre les chefs insulaires, n'existent plus. Il
fait ressortir la nécessité d'enlever cette escale aux
vaisseaux français et espagnols.
1er SEPT. Le marquis de Bisay, qui succède provisoirement à
Boufflers, envoie 500 soldats à Bastia (300 Génois, 100
Français, 100 Espagnols) sous les ordres du colonel Choiseul-Beaupré.
5 SEPT. Choiseul-Beaupré débarque à Bastia et attaque
Rivarola qui est obligé de se réfugier à San Fiurenzu.
Nuit du 8 au 9 SEPT. Rivarola est assiégé par 1500 hommes
sous les ordres du commissaire Mari, en personne.
12 SEPT. Mari donne l'assaut à San Fiurenzu et échoue.
Il fait lever le siège avant l'arrivée de Giuliani avec
des renforts.
SEPT. Théodore quitte la Toscane pour la Westphalie.
27 SEPT. Le lieutenant-général Louis-François-Armand
de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu, chargé du commandement
des troupes alliées à Gênes, rejoint son poste avec
de nouvelles troupes et de l'argent. La Cour de Madrid ayant aussi envoyé
3000 hommes, Gênes se trouve protégée de l'intérieur,
pendant qu'à l'extérieur le maréchal de Belle Isle,
par la prise du comté de Nice, tient en respect Autrichiens et
Piémontais.
8 OCT. Choiseul-Beaupré est de retour à Gênes.
( ? ). L'amiral Byngh fait partir de Livourne, pour San Fiurenzu, le
capitaine Stepney avec deux bateaux.
16 OCT. Les vaisseaux anglais arrivent à San Fiurenzu. Un conseil
des chefs de la Nation se réunit aussitôt pour étudier
une action combinée des insulaires et des nations protectrices.
Rivarola et Giuliani décident de partir pour la Cour de Sardaigne.
19 OCT. Rédaction d'un mémoire adressé au ministre
Gorzegno, signé par les cinq chefs corses qui demandent des troupes
régulières, de l'argent pour les troupes nationales, de
l'artillerie et l'assistance de la flotte anglaise.
20 OCT. Lettres de créance, signées Venturini, Gaffori
et Matra, accréditant Rivarola et Giuliani auprès des
Cours de Turin, Vienne et Londres.
22 OCT. Rivarola et Giuliani s'embarquent sur un bateau britannique.
Ils arrivent à Turin au début de novembre.
12 NOV. Mgr. Saporito prend possession de son poste.
18 et 19 NOV. Un mémoire contenant les dispositions de S.M. sarde
en faveur des Corses est adressé aux ministres de Londres et
de Vienne.
( ? ). Un rapport de Mann à son gouvernement est favorable aux
demandes corses.
( ? ). L'archiprêtre Orto débarque à Bastia, venant
de Gênes : le duc de Richelieu l'a chargé de prendre contact
avec les insurgés pour les inciter à préparer des
négociations avec la République sous peine d'éprouver
le dédain et les armes du roi de France. Mari, qui espérait
obtenir le même résultat sans l'intercession de la France,
mettra des entraves à la mission de l'archiprêtre.
4 DEC. Rapport de Villettes au duc de Newcastle sur la nécessité
d'occuper la Corse et Capraia au nom de Georges II, afin d'empêcher
Français et Espagnol d'envoyer des renforts à Gênes.
C'est aussi l'avis de l'amiral Byngh.
11 DEC. Ayant appris que des Corses, conseillés par Mari, avaient
convoqué une assemblée chargée de désigner
des députés pour négocier avec Gênes ; Gaffori
ordonne une marche sur Orezza où devait se tenir la consulte.
12 DEC. Consulte à Orezza. Les participants se dispersent sans
attendre l'arrivée des Nationaux.
28 DEC. Giuliani revient de Turin avec un fils du comte Rivarola. (Rivarola
s'est rendu à Vienne).
1er JANV. Le comte d'Argenson signale au duc de Richelieu
l'importance de la Corse, et de Calvi en particulier, pour la protection
des convois français. Il l'autorise à y envoyer des secours
en cas de besoin mais, auparavant, il convient d'engager la République
à envoyer des munitions de guerre et de bouche dans Calvi.
13 JANV. Instructions de Puysieulx à Richelieu pour la mise
en défense de Calvi.
JANV. Le roi de France accorde un subside supplémentaire de
1400 mille livres à la République dont 100 mille son
adressées au commissaire Mari par l'intermédiaire de
Bertellet, consul de France à Livourne.
29 JANV. Nouveau rapport de Villettes à Newcastle pour une
occupation de la Corse en accord avec Turin et Vienne et après
entente avec les insulaires.
5 au 7 FEVR. Consulte à Muratu. Discours d'ouverture de Giuliani
qui fait connaître l'accord de Charles-Emmanuel sur les demandes
des Corses et met en garde ses compatriotes, qui sont plus dangereux
que les ennemis. La consulte décide d'une taxe pour entretenir
un escadron volant, nomme un Magistratu de six membres chargés
des causes civiles, demande au pape d'intervenir pour la libération
de Mgr Mariotti, interdit le commerce avec Bastia et confisque des
biens ecclésiastiques et ceux des traîtres.
29 FEVR. A Turin, signature d'une convention par laquelle le roi de
Sardaigne et l'Impératrice - en son nom, le général
comte Brown, commandant suprême en Lombardie - s'engagent à
envoyer en Corse des troupes, de l'artillerie et de l'argent.
6 MARS. Cesare Cattaneo, Doge de Gênes.
11 MARS. Mémoire secret de Grech au bailli de Froullay, représentant,
à la Cour de Versailles, de Mancel Pinto de Fonseca, le grand-maître
de l'Ordre de Malte : le royaume de Corse devrait envoyer des députés
au congrès d'Aix la Chapelle et demander qu'on leur donnât
un prince neutre ; on en viendrait alors à penser tout naturellement
au Grand-Maître
qui aura, au Congrès, un ambassadeur
extraordinaire chargé de suivre le projet.
14 MARS. Nouvelles recommandations de Puysieulx à Richelieu
sur l'intérêt de conserver Calvi.
26 MARS. Richelieu tente une attaque sur Savona où se prépare
une expédition anglo-austro-sarde pour la Corse. Echec.
1er AVR. Richelieu fait partir M. de Fontète, capitaine au
régiment de Queroy, pour inspecter Calvi, Aiacciu, Bonifaziu
et Capraia, connaître leurs moyens de défense et leurs
besoins. (Il enverra également l'ingénieur Verrier pour
examiner l'état des fortifications).
6 AVR. Richelieu commence l'embarquement de 500 soldats destinés
aux garnisons de Capraia, Calvi et Aiacciu. Le commandement de Calvi
est confié, à M. de Varignon, lieutenant-colonel du
régiment de Provence, assisté de Fontère. (Ces
troupes n'arriveront en Corse qu'en MAI).
12 AVR. Décès, à Turin de Dumenicu Rivarola.
14 AVR. Pâques.
18 AVR. Edit du Conseil suprême pour l'administration de la
justice, le paiement de la taxe prévue à Muratu et contre
ceux qui distribueraient des tracts par lesquels la République
promet faveurs et titres aux Corses qui veulent entrer à son
service.
30 AVR. Signature, à Aix la Chapelle, des préliminaires
de paix entre la France, l'Espagne et la Hollande. Il y est stipulé
que la République de Gênes conservera ses possessions
de 1740. (Théodore aurait essayé d'y faire valoir ses
droits).
1er MAI. Trois bataillons savoyards et un bataillons allemand quittent
Savona pour la Corse sous la protection de la flotte anglaise. A leur
tête, le chevalier Giovanni Secondo Canale di Cumiana, brigadier
des armées du roi de Sardaigne, colonel du régiment
d'Asti.
3 MAI. Les Austro-Sardes débarquent à San Fiurenzu.
5 MAI. Ordonnance de Cumiana sur les rapports de ses troupes avec
la population, en ce qui concerne le ravitaillement.
7 MAI. Conseil de guerre, à San Fiurenzu, entre Cumiana et
les chefs corses. Ils décident d'attaquer Bastia.
MAI. Anton Francescu Colonna, poussé par sa sur Bianca
Rossi, soulève le Talavu.
16 MAI. Cumiana et les chefs corses font le siège de Bastia.
17 MAI. A.F. Colonna informe les populations du Delà qu'il
a été élu général par le Talavu
(Peretti conteste la validité de l'élection) et les
invite à le reconnaître comme tel. Il convoque une consulte
au couvent d'Istria.
MAI. Richelieu prépare hâtivement une expédition
en Corse et, en attendant l'embarquement des troupes, envoie M. de
Pédemont, lieutenant-colonel du régiment de Nivernais,
à Bastia avec 10 000 livres et un manifeste. Pédemont
se charge de ranimer l'ardeur chancelante des Bastiais, de consolider
les fortifications et de recruter une troupe de 300 hommes.
22 MAI. Le marquis de Cursay, colonel du régiment
de Tournaisis, s'embarque à Gênes pour introduire 400 soldats
dans Bastia. Claude-François de Chauvelin, envoyé extraordinaire
à Gênes lui a donné pour mission de conserver les
places maritimes, d'animer le parti fidèle et d'intimider les
rebelles au nom du roi de France, sans parler de les soumettre à
la République.
23 MAI. Cumiana fait suspendre le bombardement de Bastia et somme
la ville de se rendre. G.A. Spinola refuse.
26 MAI. Sortie désespérée des Bastiais. Cumiana
lève le siège.
27 MAI. A Muru, grida du Magistratu de la Balagna contre les manifestes
génois et les lettres qu'ils envoient à des particuliers
pour enrôler des Corses dans leur armée.
29 MAI. M. de Cursay et les Franco-Espagnols débarquent à
Bastia.
30 MAI. Gaffori et Matra donnent l'ordre - qui sera peu suivi - aux
communautés du Capicorsu d'envoyer un député
à San Fiurenzu.
2 JUIN. (?) Consulte à Istria. L. Ornano y assiste et porte
la contradiction à Colonna que l'assemblée refuse de
le reconnaître comme général.
( ? ). Gaffori se rend à Turin demander de nouveaux secours.
Les ministres sardes se refusent à tout engagement tant qu'il
ne sera pas mandaté régulièrement par les communautés.
6 JUIN. Matra et Giuliani renouvellent l'ordre donné la semaine
précédente au Capicorsu avec menace de sévir
contre ceux qui ne l'exécuteraient pas. Nouvel insuccès.
10 JUIN. Proclamation de Cursay : il n'est pas venu pour faire la
guerre aux Corses, mais en protecteur et en médiateur ; cependant
il marchera contre ceux qui ne respecteront pas la volonté
du roi de France.
16 JUIN. Les corporations bastiaises, craignant le retour des exilés
sous couvert d'un pardon offert par Cursay, demandent à la
République d'en proclamer l'interdiction.
17 JUIN. Le Magistratu de Bastia donne son avis favorable à
la requête des corporations et prie le commissaire-adjoint de
la transmettre aux assemblées génoises.
25 JUIN. Cursay fait attaquer la Padulella, vaillamment défendue
par Dumenicu Antone Battisti, et réussit à s'en emparer.
28 JUIN. Le marquis Doria, plénipotentiaire de la République,
signe les préliminaires de paix rédigés le 30
AVR. par les ministres de France, d'Espagne et des Etats généraux.
La Cour de Vienne les avait acceptés le 27 MAI et celle de
Turin le 31 MAI.
1er JUILL. Lettre au bailli de Froullay : malgré les décisions
prises à Aix-la-Chapelle, le Grand Maître pense que la
République pourrait entrer en pourparlers avec lui pour la
cession de la Corse, comme elle a tenté d'autres fois de le
faire.
4 JUILL. La municipalité de Bastia déclare déchus
du droit de citoyenneté les Bastiais qui ont participé
à la rébellion. A l'avenir, elle refusera ce droit aux
Corses de l'intérieur.
8 JUILL. Les Français tentent en vain de surprendre Barbaghju.
12 JUILL. Les français occupent Nonza et Olmeta di Capicorsu.
26 JUILL. Les Français sont chassés de Nonza.
( ? ). Les chefs corses s'emploient à obtenir des procurations
pour Gaffori.
28 JUILL. Mémoire de Gaffori au comte de Chavanne, plénipotentiaire
sarde à Aix-la-Chapelle, pour le prier de soustraire la Corse
à la domination génoise. Des mémoires semblables,
et aussi inutiles, sont envoyés à d'autres ambassadeurs.
AOUT. Théodore se rend de Hambourg à Amsterdam.
( ? ). Les Français relèvent les troupes génoises
à la Padulella et fraternisent avec les populations.
7 et 8 SEPT. Cumiana et M. de Saint-Aignan règlent les conditions
de la suspension d'armes prévue à Aix-la-Chapelle et
déjà appliquée sur le continent.
12 SEPT. A Patrimoniu, Cursay et Cumiana signent une convention d'armistice.
15 SEPT. Publication de la convention à Bastia et San Fiurenzu.
Venturini, Matra et Giuliani la font publier à l'intérieur.
18 OCT. Traité d'Aix-la-Chapelle : le sort de la Corse est
fixé par l'art.2 qui stipule un oubli général
pour tout ce qui a pu être commis pendant la guerre qui vient
de se terminer, et par l'art.14 qui remet la République de
Gênes en possession de tous ses Etats.
21 et 22 OCT. Une consulte tenue à la Venzulasca et à
laquelle participe Gaffori, revenu de Turin, renouvelle la déclaration
de guerre aux Génois.
13 NOV. Cumiana a convoqué Gaffori, Matra et Giuliani à
San Fiurenzu. Il leur demande de respecter l'armistice et de se dessaisir
de l'administration de la justice, puis qu'il annonce le prochain
départ des troupes austro-sardes et son intention de leur confier
le fort de San Fiurenzu. Il offre à Matra le grade de lieutenant-colonel
dans le régiment Rivarola qui va être réformé.
14 NOV. Après avoir rapidement consulté des responsables
du Nebbiu, de la Balagna et de l'intérieur, les trois chefs
acceptent les propositions de Cumiana, excepté pour l'administration
de la justice.
NOV. Dans une réunion à San Fiurenzu, de terribles accusations
sont portées contre Matra. Il est déchu de son titre
et déclaré traître à la patrie pour avoir
obtenu, des Génois, la remise d'une dette de 70 000 livres
qu'il avait contractée pour la location de terres, à
Aleria, et avoir comploté avec les mêmes Génois
pour leur livrer le fort de San Fiurenzu. Il lui est reproché
également d'avoir intrigué pour prendre la succession
de son beau-père Rivarola à la tête du régiment
corse au service de la Sardaigne. Il sera mis en jugement à
la prochaine consulte. Gaffori, beau-frère de Matra, est accusé
d'interventions à la Cour de Turin pour lui obtenir le grade
de colonel du régiment Rivarola.
NOV. Ayant appris les accusations portées contre les chefs
corses, Cursay demande à Cumiana qu'il lui remette en dépôt,
au nom de S.M. sarde, le fort de San Fiurenzu. Refus de Cumiana.
17 NOV. Cumiana quitte San Fiurenzu où il laisse seulement
cent Piémontais. Aleriu Francescu Matra s'embarque avec lui.
20 et 21 NOV. Consulte à Orezza présidée par
Giuliani. Les participants jurent devant le crucifix de ne pas se
soumettre à la République. Création d'un tribunal
suprême pour juger les traîtres. Matra est condamné
à 3000 livres d'amende pour désertion ; il devra rendre
compte de sa gestion des deniers publics.
2 et 3 DEC. A Biguglia, conférence entre Cursay et les Corses.
Gaffori , Giuliani et quinze autres chefs signent une déclaration
par laquelle ils se disent prêts à recevoir la loi que
le roi de France voudra leur imposer. Ils chargent Cursay de transmettre
une lettre et un mémoire au roi. Une assemblée générale
du Royaume, sous la présidence du commandant français,
est prévue pour le 14 JANV. à Corti.
6 DEC. Edit de Cursay contre les homicides. Les coupables ont quinze
jours pour quitter l'île.
7 DEC. Cursay envoie M. de Castro auprès de M. de Belle-Isle,
à Nice, et du comte d'Argenson, à Paris, pour les mettre
au courant de la réunion de Biguglia et porter la lettre des
Corses au Roi.
7 DEC. Dans une lettre destinée à être communiquée
aux assemblées génoises, le commissaire-adjoint Speroni
accuse M. de Cursay d'abus de pouvoir au détriment de la République.
10 DEC. Cursay demande au Delà-des-Monts d'élire ses
procureurs pour l'assemblée de Corti.
12 DEC. Gaffori commande aux podestà d'envoyer, le 22 DEC.,
à Sant'Antone di a Casabianca, le tiers des hommes mobilisables.
Ces troupes sont chargées de parcourir les pieve avec les soldats
français pour punir crimes et délits.
16 DEC. Convocation pour l'assemblée de Corti, signée
Venturini, Gaffori, et Giuliani.
20 DEC. Les Piémontais quittent San Fiurenzu.
23 DEC. San Fiurenzu est abandonné aux Français.
24 DEC. Réponse du comte d'Argenson à Cursay : satisfaction
du Roi.
1748-1749. Première édition des " Mémoires
historiques, militaires et politiques sur les principaux événements
dans l'Isle et Royaume de Corse, depuis le commencement de l'année
1738, jusqu'à la fin de l'année 1741
", de
Louis-Armand Jaussin.
2 JANV. Cursay visite le fort de San Fiurenzu.
8 JANV. Cursay quitte Bastia pour Corti.
10 JANV. Mémoire de M. Guisard, à la République
de Gênes, sur l'Etat de la Corse et les moyens de la pacifier.
Cet officier français, chargé de suivre les affaires de
Corse et d'assurer la liaison entre Chauvelin et Cursay, conclut à
l'impossibilité de soumettre les insulaires par la force.
14 et 15 JANV. Consulte générale à Corti sous la
présidence du marquis de Cursay assisté de Gaffori, Giuliani
et L. Ornano. Les Corses acceptent avec enthousiasme le bon vouloir
du roi de France et de son représentant dans l'île. De
son côté, celui-ci agit, commande et légifère
en plein accord avec les communautés et leurs représentants
qualifiés, comme si la Corse n'avait jamais appartenu à
la République, et cela au grand plaisir des Corses. Les populations
devront élire quinze députés qui serviront d'intermédiaire
entre elles et le roi de France, soit pour exprimer leurs désirs,
soit pour recevoir les ordres de S.M. La citadelle de Corti est confiée
aux Français. Des troupes françaises stationneront à
San Fiurenzu, Corti, Casinca et Campulori.
15 JANV. Juste avant la fin de la consulte, Cursay apprend sa nomination
au grade de brigadier général.
20 JANV. Cursay quitte Corti pour Aiacciu et une inspection du Delà.
23 JANV. Les troupes françaises s'accroissent de 1500 hommes.
( ? ). Théodore se rend à Londres.
15 et 16 FEVR. A Aiacciu, Cursay réunit les commissaires des
pieve du Delà pour décider de l'administration de la justice,
de la réparation des routes et de la perception de l'impôt.
Des troupes françaises seront installées à Sartè,
Istria, Ornanu, Bucugnanu et Vicu. Ces décisions sont prises
en ignorant totalement le commissaire génois.
3 MARS. Cursay est en Balagna.
10 MARS. Cursay réunit les procureurs de la Balagna au couvent
d'Aregnu. (Les députés de Calinzana, insinués par
le commissaire Mari qui réside toujours à Calvi, déclarent
ne pas adhérer aux décisions qui seront prises). Des postes
français seront établis à l'Isula Rossa, Sant Riparata
et Belgudè.
12 MARS. Cursay revient à Bastia.
28 MARS. Circulaire de M. de Pédemont, commandant les troupes
françaises à Calvi, pour l'exécution des décisions
prise le 10.
30 MARS. Lettre du Grand-Maître de l'Ordre de Malte
(à
F.M. Colonna ?). Le Grand-Maître déplore que le congrès
d'Aix-la Chapelle se soit séparé sans adopter pour la
Corse la solution qu'il avait souhaitée. Toutefois il recommande
de ne pas désespérer et souhaite qu'on trouve les moyens
de poursuivre cette correspondance.
6 AVR. Pâques.
6 AVR. La population de Calinzana réaffirme sa fidélité
à la République
19 AVR. A.F. Matra succède au chevalier Della Vella à
la tête du régiment Rivarola.
21 et 22 AVR. Cursay réunit les quinze députés
à San Fiurenzu pour leur dire que la volonté du Roi est
que la Corse revienne sous l'obéissance de la République.
Les députés sont atterrés et demandent à
consulter leurs mandants. (Gaffori et Giuliani étaient, paraît-il,
informés depuis longtemps par Cursay de cet aboutissement de
sa politique, conforme d'ailleurs au traité d'Aix-la-Chapelle).
6 MAI. A Oletta, Cursay réunit les quinze députés
et un procureur par pieve. Il réaffirme que la Corse doit se
soumettre à la république et promet un règlement
avantageux. Les Corses s'engagent à boire ce " calice amer
" par respect pour le roi de France. Le capitaine Antone Costa,
de Moriani, est désigné pour se rendre à la Cour
présenter les suppliques des Corses pour une administration efficace
et demander que les troupes françaises restent dans l'île
pendant dix ans pour garantir l'application du nouveau règlement.
13 MAI. Cursay visite encore le Balagna. Le 14 il revient à Bastia.
6 JUIN. Cursay quitte Bastia pour Porti Vechju, Bonifaziu et Aiacciu.
Il quitte Aiacciu le 21. Le 22 il est à Corti, le 28 à
Rustinu et le 29 à Bastia.
JUILL. Troubles sans conséquences dans le Nebbiu et en Balagna.
21 JUILL. Le Royal-Corse de Naples étant réformé,
Pasquale Paoli est affecté au Royal-Farnese.
3 AOUT. Antone Costa est de retour, porteur de gratifications et de
décorations pour les officiers français. Lui-même
a reçu une pension de 400 livres et la Croix de Saint-Louis.
10 AOUT. Remise des décorations. Banquet. Bal.
25 AOUT. La Saint Louis est grandement fêtée à Bastia.
9 SEPT. Cursay fête sa promotion au grade de maréchal de
camp.
SEPT. Sorba remet un mémoire au roi de France sur les moyens
proposés par la République pour pacifier la Corse.
21 SEPT. 26 OCT. et 2 NOV. M. Guisard, qui s'est rendu en Corse, communique
à M. de Chauvelin ses remarques sur les erreurs persistantes
de la République en matière de gouvernement de l'île.
14 OCT. Rappel de M. de Guymont. Chauvelin reste seul chargé
des relations avec Gênes.
20 OCT. et 2 NOV. Mémoires de Cursay à Chauvelin sur les
observations et contre-propositions des Génois aux demandes des
Corses que Paris avait transmises à la République.
1er NOV. M. de Cursay redonne vie à une société
littéraire bastiaise : l'Academia de'Vagabondi.
NOV. Mort de Mgr Curli, évêque d'Aleria.
1749. Théodore est jeté dans les prisons de Londres. Il
y restera jusqu'à sa mort.
1749. Pasquale Paoli est nommé primo alfiere du Royal-Farnese.
( ? ). L'année s'écoule en conversations
entre MM. De Chauvelin et Guisard, au nom de la France, et Carlo Domenico
Durazzo et Domenico Pallavicini, au nom du Sénat de Gênes,
pour l'établissement d'un règlement d'administration de
la Corse. A Paris, Sorba présente les observations et protestations
de la République à M. de Puysieulx et ne cesse de dénigrer
M. de Cursay et les autres officiers français.
29 MARS. Pâques.
10 MARS. Agostino Viale, Doge de Gênes.
7 JUILL. Séance de l'Academia de'Vagabondi. Cursay met au concours
les thèmes suivants : 1) des devoirs des sujets envers leurs
souverains : 2) de l'utilité des lois et de la nécessité
de les observer.
23 JUILL. Séance solennelle et publique de l'Academia avec distribution
des prix.
SEPT. 17 familles grecques (72 personnes) s'enfuient d'Aiacciu et se
rendent en Sardaigne pour échapper à l'arbitraire du commissaire
De Negro et de leur compatriote le colonel Michele Stefanopoli.
23 SEPT. Matteu de Angelis, Corse de Nonza, est nommé évêque
d'Aleria ; consacré à Rome le 27, il prend possession
de son poste par procuration, à Gênes, début OCT.
Le choix fut laborieux : dès le début de l'année,
Chauvelin avait insisté pour la nomination d'un Corse, mais la
République fit désigner l'abbé Ravenna, curé
de St Vincent de Gênes, qui refusa ; Gênes récusé
après intervention de Chauvelin. Mgr de Angelis sera tout autant
dévoué à la République.
30 SEPT. Mort du maréchal de Saxe qui, un instant, avait rêvé
de régner sur la Corse.
1750. Oudard-Feudrix de Bréquigny publie son " Histoire
des révolutions de Gênes depuis son établissement
jusqu'à la conclusion de la paix de 1748 ".
17 FEVR. L'évêque d'Aleria quitte Gênes
pour la Corse. Pour prendre possession de son diocèse, il attendra
que les troupes françaises évacuent le palais épiscopal
de Cervioni.
20 FEVR. Le bruit ayant couru que Cursay allait être rappelé,
les chefs corses écrivent à M. de Belle-Isle pour lui
faire part de leurs inquiétudes.
20 MARS. Mgr de Angelis s'installe à Cervioni.
21 MARS. De Versailles réponse de M. de Belle-Isle : l'absence
de Cursay ne sera pas définitive ; il doit se rendre, pendant
quelques semaines, auprès de Chauvelin pour arrêter définitivement
le règlement d'administration que la République va octroyer
à la Corse et que le roi de France entend garantir.
11 AVR. Pâques.
28 AVR. Cursay annonce son prochain départ pour Toulon dans un
édit sur l'administration de la justice en son absence.
29 AVR. Cursay commande l'élection des podestà et padri
del Comune avec possibilité de renouveler le mandat des municipalités
en place.
Début MAI. Au Campulori, Cursay préside une assemblée
chargée de choisir les députés de la Terre du Commun
qui doivent l'accompagner à Toulon. Sont élus : Gaffori
et Clemente Paoli. (La Balagna désignera Giudicelli, et le Delà
le Dr Filippu Cuttoli, curé d'Olmetu).
MAI. M. de Fontète reçoit l'ordre d'évacuer le
Delà-des-Monts et de rassembler les troupes françaises
dans le Nebbiu.
20 MAI. Lettre du curé d'Olmetu à Puysieulx pour protester
contre le départ des Français.
2ème quinzaine de MAI. Départ de Cursay et des députés
(Gaffori excepté).
MAI. Francescu Mari Ornano, fils de Lucca, et Antone Francescu Rossi,
officiers du Royal Corse, incitent les populations du Delà à
s'opposer au départ des troupes françaises. Dans une consulte
à Sta Maria, F.M. Ornano est élu général
en remplacement de son père qui s'était désolidarisé
des chefs du Deçà.
30 MAI. Gaffori et Giuliani demandent à la Cour de France de
suspendre le départ des troupes.
7 JUIN. Venturini, Gaffori, Giuliani et d'autres chefs, réunis
à Caccia, convoquent une consulte générale et menacent,
en attendant, de sévir avec la plus grande rigueur contre les
perturbateurs et les traîtres. Ils écrivent en France pour
protester à nouveau contre le départ des troupes.
17 JUIN. Consulte à Orezza (le Niolu refuse d'y participer).
On vote une constitution, pour un gouvernement indépendant de
Gênes, qui sera applicable dès le départ des Français.
27 JUIN. Les Corses demandent encore au gouvernement français
de surseoir à l'évacuation de l'île.
27 JUIN. Mgr Mariotti meurt dans les prisons de Gênes.
( ? ). Giovan Giacomo Grimaldi est nommé commissaire général
en remplacement de St. de'Mari.
10 JUILL. Chauvelin (et, sans doute, Cursay avec lui) arrive à
Bastia pour régler définitivement l'assujettissement de
la Corse à la République. Le même jour il convoque
les 15 députés et les procureurs des pieve qui, le 6 MAI
1749, à Oletta, s'étaient engagés à se plier
à la volonté du roi de France.
25 JUILL. Chauvelin et Cursay reçoivent les députés
à San Fiurenzu.
30 JUILL. Au 1er AOUT. A Oletta, Chauvelin préside une assemblée
des députés et procureurs des pieve. Dans son discours
d'ouverture, il menace de retirer les troupes françaises si les
Corses refusent le règlement que l'on est en train d'établir
à Gênes et que la générosité du roi
de France essaie de rendre favorable aux Corses. Les délégués
signent un acte de soumission à la République, leur souveraine,
qui sera présenté au commissaire Grimaldi, à Bastia,
par quatre députés : l'abbé d'Olmetu, Francescu
Graziani de Cassanu, Ghjuvan Teseu di a Brocca et Orsu Santu Casale
d'Olmeta.
6 AOUT. Les quatre députés, arrivés la veille à
Bastia avec Chauvelin, sont reçus par Grimaldi et lui présentent
l'hommage de la Nation. Le commissaire les remercie très aimablement
puis se propose comme médiateur direct entre les Corses et la
République.
13 AOUT. Sur ordre de Chauvelin, des troupes sont prêtes à
investir le Niolu qui demeurait réfractaire. Au dernier moment
ses habitants font leur soumission.
20 AOUT. Dans une lettre aux quinze députés, Chauvelin
annonce son départ, se réjouit de la pacification de l'île
et espère que les Corses continueront à mériter
les attentions du roi de France par une obéissance inaltérable
à leur légitime souverain et à son représentant
le commissaire Grimaldi, un des plus illustres sujets de Gênes.
9 SEPT. Chauvelin, revenu à Gênes et qui a déjà
eu deux conférences avec la commission du Sénat chargé
d'élaborer le Règlement, écrit à la Cour
de France pour l'informer de ses divergences avec la République
: les Génois sont toujours les mêmes, écrit le plénipotentiaire
français.
20 SEPT. Ghjiseppu Maria Massoni, de Calinzana, est nommé évêque
de Sagone. Il est sacré à Rome le 26.
Fin SEPT. F.M. Ornano, qui s'était engagé envers Chauvelin
à se démettre de ses fonctions de général
du Delà, reçoit l'ordre du comte d'Argenson de rejoindre
son régiment.
2 OCT. Projet de règlement établi par la République
après les dernières conférences avec Chauvelin.
NOV. Gênes continue à accuser Cursay d'irrégularités
et de despotisme et fait courir le bruit que le commandant français
travaille à obtenir, pour lui même, la souveraineté
de l'île.
NOV. Sur les ordres de Cursay, le chevalier de Viersay, commandant à
Sartè, se porte dans l'Alta Rocca avec mille hommes pour imposer
aux populations, trop soumises à la République, le respect
dû aux armes du Roi.
10 NOV. Viersay arrive à Quenza dont il a convoqué les
habitants. Ceux-ci, hivernant à Porti Vechju, ont cru ne pas
devoir répondre à la convocation. Des hommes de bonne
volonté s'entremettent pour que l'incendie du village soit différé.
Cursay arrive le lendemain, accepte la proposition et la garantie des
médiateurs et fait retirer les troupes.
10 et 11 NOV. Consulte au couvent d'Omessa : les Corses décident
de s'unir aux Français pour réprimer les homicides.
18 NOV. Mambilla, commissaire de Bonifaziu, conseille à Grimaldi
d'enjoindre aux populations de ne pas favoriser l'action irrégulière
des Français.
25 NOV. Mgr Massoni prend possession de son siège.
25 NOV. Le commissaire Grimaldi signe un édit qui interdit aux
Corses qui servent la République de répondre aux ordres
des officiers français.
27 NOV. Décret du Sénat concernant les différents
qui opposent Grimaldi et Cursay.
JANV. Le commissaire Grimaldi met tout en uvre
pour soustraire la Corse à l'autorité des troupes françaises
; il fait occuper Porti Vechju, Quenza et les tours du littoral.
22 FEVR. Dans le journal The world, Horace Walpole lance une souscription
publique en faveur de Théodore.
25 FEVR. Gaffori informe les seigneurs d'Ornano de l'excitation des
populations après l'occupation de Quenza par les Génois
en violation du statu quo. Il les convie à une consulte générale
à Orezza.
4 MARS. Graves incidents entre les troupes françaises et génoises
au sujet du contrôle d'un bateau français dans le port
de Bastia. Les Génois, qui prétendaient avoir l'exclusivité
de la surveillance, menacent de faire feu sur une compagnie de grenadiers
mise en place par Cursay.
MARS. Des milliers de Corses du Nebbiu, des Costere, du Rustinu et de
la Casinca, offrent leurs services à Cursay qui, sagement, les
refuse.
12 MARS. Protestation de Chauvelin au sujet des incidents de Bastia.
15 au 17 MARS. Consulte à Orezza. Les Corses décident
de marcher contre Quenza si les troupes génoises ne sont pas
retirées, mais, avant toute action, ils attendront la réponse
à une note qui est envoyée à la Cour de Versailles.
Le Delà, qui n'assiste pas à la consulte, est informé
de cette détermination. Deux députés sont envoyés
auprès de l'évêque d'Aleria pour lui enjoindre d'attribuer
les bénéfices vacants aux prêtres les plus méritants.
(Mgr de Angelis, dévoué au Prince, excluait les parents
des insurgés ; il ne tiendra aucun compte de la sommation).
MARS. Le Règlement, définitivement mis au point, est envoyé
au commissaire général mais n'est pas encore applicable,
Français et Génois étant en désaccord sur
les modalités de sa publication.
23 MARS. Cursay envoie à Grimaldi la lettre que les Corses lui
ont envoyée d'Orezza en même temps que la note destinée
à la Cour de France et lui fait entrevoir les funestes conséquences
qui pourraient résulter de leur mésentente.
27 MARS. Circulaire de Grimaldi aux populations du Talavu, Istria et
Ornanu pour justifier l'occupation de Quenza et les informer qu'il entend
la maintenir.
29 MARS. Stefano Lomellini, Doge de Gênes. Il abdique le 3 JUIN.
2 AVR. Pâques.
13 AVR. Le gouvernement français demande à Chauvelin d'exiger
de la République que le commissaire Grimaldi se rende au domicile
de M. de Cursay pour lui présenter des excuses au sujet des incidents
de Bastia et lui remette le capitaine qui avait mis en joue le lieutenant-colonel
et le major-général du régiment de Tournaisis.
(Huit jours seront donnés à Grimaldi qui s'exécutera).
26 AVR. Lettre des seigneurs d'Ornanu à Gaffori pour le dissuader
d'une action contre Quenza.
8 MAI. Grimaldi demande à Cursay de ne plus s'immiscer dans l'administration
de la justice. Refus du commandant français.
13 MAI. Circulaire des chefs corses aux commandants des pieve pour leur
expliquer que la marche contre Quenza est différée en
attendant la réponse de la Cour de France et leur dire qu'ils
viennent de se porter à San Fiurenzu pour exposer à nouveau
leurs préoccupations à Cursay. Ordre est donné
de rester en état d'alerte, d'empêcher les troubles et
les trahisons et de dresser une liste des Corses au service de Gênes.
5 JUIN. Grimaldi quitte Bastia avec deux galères pour une visite
de la côte orientale. Cursay n'est pas informé de ce départ.
6 JUIN. Grimaldi accoste au Campulori où les Cottoni viennent
lui rendre visite.
JUIN. Dans le Fiumorbu, Grimaldi est reçu par les Martinetti
mais les populations lui demandent de se retirer.
JUIN. Gaffori pénêtre dans le Campulori avec 200 hommes.
Il arrête les Cottoni et certains de leurs adhérents et
les envoie dans les prisons de Corti.
11 JUIN. Grimaldi est à Porti Vechju. Il envoie des émissaires
dans le Delà-des-Monts pour annoncer sa visite.
13 JUIN. Les chefs corses, qui s'étaient mis en marche pour interdire
toute collusion avec le commissaire génois, se réunissent
dans l'Alisgiani. Ils adressent des félicitations aux gens du
Fiumorbu et ordonnent aux commandants des pieve de surveiller les déplacements
de Grimaldi.
14 JUIN. Le traité d'Aranjuez, entre l'Autriche, l'Espagne et
la Sardaigne, stipule une alliance défensive et une garantie
réciproque des possessions en Europe, prévenant ainsi
une rupture d'équilibre en Italie.
15 JUIN. Grimaldi est à Quenza. Il rédige une proclamation
par laquelle il remercie les populations qui lui ont manifesté
leurs sentiments d'obéissance et les assure de sa protection.
JUIN. A Quenza, Grimaldi reçoit l'hommage de quelques notables
du Talavu (les Abbatucci), d'Istria et d'Ornanu. Lucca Ornano l'invite
à visiter sa pieve mais Grimaldi doit y renoncer car Ghjambattista
Ornano, di Bachjolu, neveu de Lucca, a pris les armes pour s'y opposer.
De Quenza, le commissaire passe à Livia chez Lillu Peretti, puis
à Fozà où il reçoit Ghjambattista et Anton
Marcu Pianelli, et Simone Galloni, tous d'Olmetu, etc. Pendant ce temps,
les détachements français de Sartè, Tallà,
Olmetu, etc
se tiennent prêts à répondre à
tout acte d'hostilité.
7 JUIN. Giambattista Grimaldi, Doge de Gênes.
17 JUIN. Des seigneurs de Sartè sont à Fozà pour
rendre hommage au commissaire. Recevant l'ordre de Viersay d'avoir à
se présenter à lui, ils s'apprêtent à partir
: Grimaldi les fait arrêter.
18 JUIN. Grimaldi s'embarque dans le golfe du Valincu et rejoint Aiacciu.
24 et 25 JUIN. Consulte à Peri, pieve de Celavu (Lucca et Paulu
Francescu Ornano avaient empêché qu'elle se tienne sur
leur territoire). Bachjolu Ornanu est élu général,
assisté de Simone Peretti, du Talavu, Austinu Ortoli, de la Rocca,
et Ghjacumu Filippu Calvese, d'Istria. L'assemblée interdit tout
accommodement avec la République sans l'accord des patriotes
de la Corse orientale et la garantie du roi de France.
28 JUIN. Edit de Grimaldi à la suite des menaces proférées
à Peri contre les Corses dévoués à Gênes
: ceux-ci doivent se défendre et se secourir les uns les autres
; la République leur accorde l'aide de ses troupes et l'asile
des places qu'elle occupe.
5 JUILL. Grimaldi fait arrêter, et envoyer à Gênes,
Ghjacumantone Forcioli, archidiacre de la cathédrale d'Aiacciu,
parent de la femme de Bachjolu.
26 JUILL. Bachjolu fait attaquer Alata, fort dévoué à
la République, mais l'arrivée de renforts oblige les assaillants
à se retirer.
9 AOUT. Avant d'hiverner à la plaine, les habitants de Quenza
obtiennent le pardon des Français par l'entremise d'A. Ortoli
et S. Peretti. Ils s'engagent à faire évacuer le village
par les troupes génoises, ce qui sera fait.
19 AOUT. Consulte général à Ghisoni. L'assemblée
fait savoir à Cursay et à Chauvelin que les Corses sont
décidés à ne pas souffrir les insultes des Génois,
lesquels trahissent la parole donnée au gouvernement français.
Signent Gaffori, Paoli, Ghjuvan Chirgu Casabianca, Santucci, Ciavaldini,
Ornano, Ortoni et Peretti.
6 SEPT. Convention entre la Cour de France et la République sur
la publication du Règlement. Celui-ci sera communiqué
aux procureurs des pieve par Cursay qui exigera un acte d'acceptation
; il n'aura de valeur d'application qu'à partir du jour où
il sera publié par le commissaire. Le Roi s'engage à retirer
ses troupes avant six mois et à donner, à la République,
un subside de 250 000 livres pour qu'elle assure la défense de
l'île.
2 OCT. La convention du 6 SEPT est signée à Gênes
par Chauvelin, pour la France, Francesco Maria Doria et Francesco Grimaldi,
pour la République.
7 et 17 OCT. A Bastia, assemblée des procureurs des pieve convoquée
par Cursay. Les Corses refusent le Règlement et envoient des
députés à Chauvelin pour demander sa modification.
29 et 30 OCT. Consulte à Vallerustie. Les procureurs rendent
compte de leur mandat. Election d'un gouvernement qui entrera en fonction
dès le départ des Français.
30 NOV. Le gouvernement français, instruit du refus des Corses,
informe la République qu'il exécutera les dispositions
de la convention du 6 SEPT, concernant le retrait des troupes et le
subside, mais il la libère de son engagement d'appliquer le Règlement
qu'il déclare nul. En même temps, il envoie M. de Puyol
en Corse avec l'ordre de faire arrêter Cursay et de remettre le
commandement des troupes au marquis de Courcy, colonel du régiment
de Tournaisis.
Début DEC. Grimaldi rejoint Bastia après s'être
longuement arrêté à Calvi.
9 DEC. Arrestation de Cursay. Il sera envoyé au Fort-Carré
d'Antibes, transféré à la citadelle de Montpellier
au bout d'un mois, et libéré six mois après pour
être relégué sur ses terres.
1752. Carlu Rostini commence la rédaction de ses mémoires.
Début JANV. Consulte à Orezza : Ghjuvan
Petru Gaffori est élu général.
12 JANV. Une commission, envoyée par le Conseil Supérieur,
tente de faire adhérer la Balagna aux vues politiques de Gaffori.
Le Conseil Provincial est renouvelé : Simon Ghjuvanni Giudicelli
est élu président. La commission crée un Conseil
d'inquisition où domine Ghjiseppu Maria Fabiani. Giuliani, qui
s'oppose à la politique du général et désirerait
ouvrir des négociations avec la République, est écarté
du pouvoir.
JANV. Le Conseil Supérieur désigne une commission itinérante
chargée de consolider l'union des Corses contre Gênes.
JANV. M. de Courcy reçoit l'ordre de préparer les troupes
françaises à l'embarquement. Dès que les Corses
apprennent la nouvelle, ils font savoir aux Français qu'ils s'opposeront
à leur départ s'ils ne restituent aux Nationaux les postes
qu'ils leur avaient confiés. Courcy délègue le
major-général de Castries auprès de Gaffori pour
le convaincre de lui permettre d'exécuter les ordres de son gouvernement.
Le général corse se laisse faire.
6 FEVR. Les Français évacuent Corti protégés
par un détachement corse sous les ordres d'Anton Francescu Gaffori,
frère du général. A son arrivée à
Bastia, Anton Francescu est invité à dîner par Grimaldi
et à un entretien avec lui, jugé des plus suspects par
les Nationaux.
FEVR. Les Français quittent la Corse.
16 FEVR. La commission itinérante est à Oletta. Elle ordonne
à Ghjiseppu Mari Pietrasanta, lieutenant de la République
à Ruglianu, d'évacuer le Capicorsu. Pietrasanta se retire
à Bastia.
21 et 22 FEVR. Les Pères du Communs du Celavu, da la Cinarca
et de Vicu, assemblés à Sari d'Orcinu, jurent fidélité
à la République ; ils déclarent que l'administration
de la justice, qui dépendait des Français depuis quatre
ans, sera placée sous l'autorité du commissaire d'Aiacciu
: Domenico Giustiniani, et du commissaire général ; une
commission de sept membres est chargée d'assurer la liaison entre
les populations et le commissaire.
24 FEVR. Le Cavru adhère aux décisions prises à
Sari.
25 FEVR. Consulte à Orezza et circulaire du Conseil Supérieur
pour l'administration de la justice : les podestats, pères du
Commun et procureurs des pieve doivent élire trois députés
par pieve chargés d'assister à des congrès mensuels
convoqués par le Conseil.
4 MARS. Gaffori écrit aux communautés qui ont participé
à l'assemblée de Sari : il condamne les décisions
prises sans consulter le Deçà et la Balagna et leur demande
de revenir à de meilleurs sentiments de patriotisme.
11 et 12 MARS. Consulte à Pitretu des populations du Talavu,
Istria et la Rocca (l'Ornanu invité n'y participe pas) : le commissaire
Grimaldi est prié de se rendre à Aiacciu pour y rencontrer
des députés des pieve et conclure un arrangement avec
eux.
MARS. Bastianu Poli, de Suarella, est envoyé auprès de
Gaffori pour lui annoncer que l'application des décisions prises
à Sari sera différée jusqu'à la réunion
d'une consulte générale.
( ? ). Giuliani se fait élire " président-général
" de la Balagna par les pieve de Pinu (Ziglia, Montemaiò)
et Olmia. Il envoie son fils à Corti en informer Gaffori : celui-ci
le fait arrêter.
16 AVR. Entrevue, à Corti, entre Gaffori et le Rd Gregoriu Salvini,
député par la Balagna occidentale. Salvini obtient la
promesse d'une consulte générale et la libération
du fils Giuliani.
AVR. Coups de feu échangés entre les partisans de Fabiani
et ceux de Giuliani.
22 AVR. Pâques.
26 AVR. Lettre de Grimaldi aux populations pour leur recommander l'union
sous l'autorité de la République.
10 MAI. Le roi d'Angleterre interdit à ses sujets d'aider les
insurgés corses.
MAI. Grimaldi fait publier une promesse d'amnistie générale
si les Corses veulent revenir à l'obéissance de la République.
23 MAI. Consulte des populations du Nebbiu qui interdisent toute intervention
des Corses de l'intérieur dans l'administration de la justice.
28 MAI. Une ordonnance de Louis XV interdit aux navires français
d'introduire des armes et des munitions dans l'île.
10 JUIN. Consulte générale à Alisgiani sous la
présidence de Gaffori. L'assemblée décide de chercher
un accommodement avec la République. Si le commissaire Grimaldi
donne son accord, le chanoine Anghjulu Ghjuvanni Suzzoni, de Cervioni,
le Dr Anghjulu Galeazzi, Don Gregoriu Salvini et le Dr Gnaziu Filippu
Cuttoli, curé d'Olmetu, lui seront députés pour
présenter les revendications des Corses. Le Conseil Supérieur
est renouvelé ; il s'installera à Corti et sera chargé
de suivre les pourparlers.
25 JUILL. Les populations de la Corse occidentale, réunies au
couvent d'Istria sur invitation de l'Ornanu, adhèrent aux décisions
de la consulte d'Alisgiani. Gaffori est ainsi reconnu par toute la Nation.
30 et 31 JUILL. Consulte à Tuani des populations de la Balagna.
Gaffori, qui promet de réconcilier les partisans de Fabiani et
ceux de Giuliani, obtient les pleins pouvoirs pour unir la province
à la Nation.
Début AOUT. De Belgudè, avant de quitter la Balagna, Gaffori
destitue Giuliani de sa charge de " président-général
" et place la province sous l'autorité de Fabiani.
10 AOUT. A Belgudè, le Conseil provincial de Balagna établi
par Gaffori, ordonne l'obéissance à ce dernier.
13 AOUT. De Malte, Grech adresse un mémoire au bailli de Froullay
en réponse à deux mémoires de celui-ci datés
des 24 et 31 MARS : les affaires de Corse s'embrouillent de plus en
plus au détriment des Génois, il conseille de profiter
de toutes les occasions pour négocier le rattachement de la Corse
à Malte. Le Grand-Maître pouvant, peut-être, avoir
lui-même l'accord des Génois moyennant le paiement d'une
somme d'argent.
MI-SEPT. Grimaldi reçoit les quatre députés désignés
à Alisgiani (auxquels on a ajouté Don Ignaziu Malgrani,
curé de Bucugnanu, et Francescu Graziani, de Cassanu) qui lui
remettent les demandes des Corses.
23 SEPT. Grimaldi envoie les demandes à Gênes. Ses commentaires
sont très sévères et concluent que leur acceptation
équivaudrait à l'abandon de l'île.
2 OCT. Au soir. A Corti, assassinat de Ghj.P. Gaffori par les membres
de la famille de Ghjuvan Battista Romei qui se réfugient à
Gênes. Anton Francescu, frère de Ghjuvan petru Gaffori,
accusé de complicité, est jeté en prison où
Faustina, l'épouse du Général, sur d'Aleriu
Francescu et Mariu Emmanellu Matra, le fera tuer avant jugement.
OCT. Les députés de la Nation quittent Bastia.
22 et 23 OCT. Consulte générale à Corti. Pour continuer
l'uvre de Gaffori, le Conseil suprême est chargé
d'administrer la Nation. Ses membres, à tour de rôle, exerceront
l'autorité suprême ; les premiers sont : Carlu Grimaldi,
Clemente Paoli, Santucci Tumasgiu et Simon Petru Frediani. Aucun arrangement
avec Gênes n'est désormais possible.
5 NOV. Grimaldi, qui a reçu de Gênes les réponses
aux revendications insulaires, demande aux députés de
revenir à Bastia.
19 NOV. En exécution des décisions de la consulte de Corti,
les pieve d'Istria, Ornanu et Talavu décident d'assurer la continuité
du gouvernement dans le Delà-des-Monts.
25 NOV. Consulte à Bastelica : le Celavu et Vicu se réunissent
aux pieve assemblées le 19.
8 DEC. Graziani et Salvini informent le commissaire Grimaldi qu'il ne
leur est pas possible de répondre à sa convocation, n'ayant
plus pouvoir pour poursuivre leur mission. (Les autres députés
ne donnent aucune réponse).
4 JANV. Le Conseil supérieur rassemble mille hommes,
à Caccia, destinés à se rendre en Balagna avec
la commission itinérante et mettre fin aux désordres causés
par les partis Fabiani et Giuliani.
12 JANV. Accord réalisé en Balagna.
27 et 28 JANV. Le Conseil supérieur rédige un manifeste
destiné aux puissances européennes. Alors que la plupart
d'entre elles semblent se désintéresser du sort de la
Nation corse, le Conseil veut attirer leur attention et les prévenir
de la détermination des insulaires à se libérer
de la domination génoise.
11 FEVR. Pacification du Nebbiu par les troupes venues de Balagna.
16 FEVR. La commission itinérante, qui avait décidé
une marche dans le Capicorsu pour chasser de Roglianu une garnison génoise
qui venait de s'y établir, accède au désir de cette
province en renonçant à aller au delà d'Oletta
mais émane une circulaire qui enjoint aux populations d'adopter
la même attitude vis à vis des Génois, et le même
type d'administration, que les autre provinces.
17 FEVR. Pasquale Paoli est confirmé dans le grade de sous-lieutenant.
Il est en garnison à Porto Longone (île d'Elbe) et peut
mieux ainsi suivre les affaires de Corse avec ses compatriotes installés
à Livourne.
FEVR. A Rome, le chanoine Ghj.M. Natali, auditeur du cardinal Ferroni,
et le marquis Bali Solari, ambassadeur de Malte auprès du Saint-Siège,
négocient la cession de l'île à l'Ordre des Chevaliers
de Saint Jean. Natali charge l'abbé Luigi Zerbi, installé
à Livourne, de prendre contact avec le Conseil supérieur.
5 MARS. Carlu Grimaldi, Marcu Maria Ambrosi, Ghj.Ch. Casabianca, Cl.
Paoli et Ghjambattista Buttafoco, président et consulteurs en
exercice du Conseil supérieur, donnent pleins pouvoir à
l'abbé Zerbi pour offrir le gouvernement perpétuel de
la Corse à Son Altesse de Malte.
7 MARS. Grimaldi fait réoccuper le Capicorsu.
8 AVR. Les troupes au service du Conseil supérieur pénètrent
de nouveau en Balagna où des troubles sont signalés.
13 AVR. Une circulaire de Grimaldi informe les Corses que, s'ils persistent
dans leur attitude, la République devra se départir de
la complaisance dont elle a usé à leur égard jusqu'à
ce jour.
14 AVR. Pâques.
14 AVR. Les villages de Balagna où des troubles avaient éclatés
sont désarmés et donnent des otages qui seront envoyé
à Corti. Parmi ceux-ci Ghjuvan Tumasgiu Giuliani.
7 au 16 MAI. Les soldats corses parcourent le Capicorsu pour chasser
les Génois et percevoir l'impôt.
14 MAI. Luigi Zerbi se rend à Rome où, pendant 20 jours,
il a des conférences avec Natali et Solari.
MAI. Le commissaire Grimaldi offre l'asile des présides aux Corses
partisans de la République. En réalité, ce sont
les justiciables du droit commun qui en bénéficieront.
16 MAI. Première d'une série de consultes, organisées
en Balagna par le chanoine Orticoni, revenu de Naples où il habitait
depuis que M. de Boissieux l'avait exilé en 1739. L'unanimité
se fait derrière Orticoni qui est élu Surintendant général
de la province, assisté de Don Carlu Mariani et Ghj. Fabiani.
JUIN. L'abbé Zerbi se rend à Malte traiter directement
avec le Grand-Maître et y passe 24 jours. (Sa visite sera suivie
de celle d'Antone Colonna da Bozzi qui a toute la confiance du gouvernement
maltais).
11 JUIN. Gian Giacomo Stefano Veneroso, Doge de Gênes.
JUILL (?)Le commissaire Grimaldi est remplacé par Giuseppe Maria
Doria qui reçoit des instructions modérées.
21 JUILL. Une lettre des capucins du Rustinu fait état d'un appel
lancé par leur Provincial, le P. Gaetano, à Pasquale Paoli
pour qu'il vienne en Corse soutenir la révolte.
6 AOUT. Le République ordonne au commissaire général
de perquisitionner chez le Provincial des Capucins.
Début SEPT. A Porto Ferrajo, Pasquale Paoli a une entrevue avec
Luigi Zerbi. Il tente, sans succès, de lui montrer que la cession
de la Corse à l'Ordre de Malte est une folie.
9 SEPT. De Versailles, Froullat informe le Grand-Maître que le
roi de France a fait allusion au projet d'union de la Corse à
Malte.
14 SEPT. Dans une lettre à Franceschi, Pasquale Paoli révèle
qu'il reçoit de partout des lettres individuelles ou collectives
qui le pressent de se rendre en Corse.
OCT. Antone Colonna, de retour de Malte, se rend à Rome pour
prendre contact avec Solari. Il obtient un secours de 30 000 piastres
qui aidera considérablement les Corses à poursuivre leur
révolte.
17 OCT. De Longone, P. Paoli écrit à son père qu'il
est décidé de passer en Corse pour se mettre au service
de la patrie. (Un tel projet n'enthousiasmait pas Ghjacintu).
21 OCT. Nouvelle lettre de P. Paoli à son père pour le
convaincre du bien-fondé de sa détermination.
12 NOV. Le Conseil supérieur commande une action dans le Niolu
contre les parents des Romei, accusés d'avoir participé
à l'assassinat de Gaffori.
17 NOV. Les troupes de la Nation attaquent Lozzi et font quatre tués
et cinq blessés.
5 JANV. Des chefs corses, réunis à Tavagna,
décident de surprendre Bastia pendant la nuit.
20 JANV. Mille hommes en armes se dirigent vers Bastia. Des désaccords
ayant surgi, ils se dispersent sans attaquer la ville.
17 MARS. Froullay écrit à Grech : " Les liaisons
qui subsistent depuis longtemps entre la France et Gênes, viennent
d'être resserrées. L'ambassadeur de Sardaigne à
Londres, le comte Giuseppe di Viry, s'attend à une nouvelle intervention
en Corse ". (Cette intervention n'est pourtant pas à envisager
pour le moment ; en effet, le roi est occupé à étouffer
les intrigues à l'intérieur de son Conseil et sa marine
n'a pas été renouvelée, tandis qu'à l'extérieur
subsiste, seule, l'alliance peu sûre avec le roi de Prusse. Cependant,
il est exact que la République reste dans la zone d'influence
de la France, grâce au comte de Neuilly qui est à Gênes
en mission spéciale).
30 MARS. Pâques.
21 et 22 AVR. Consulte générale au couvent de Caccia.
On décide d'une constitution qui pourrait être inspirée
par P. Paoli, mais l'assemblée est marquée par l'opposition
entre Mariu Emmanuellu Matra et le Rd Gnaziu Venturini.
29 AVR (?) Antone Filippu Pasquale Paoli débarque à l'embouchure
du Golu.
3 JUIN. Les vaisseaux français l'Alcide et Le Lys sont attaqués,
et enlevés, sur les Bancs de Terre-Neuve par l'amiral Boscawen.
C'est le prélude à une guerre entre la France et l'Angleterre
pendant laquelle les Français s'installeront à nouveau
en Corse.
24 JUIN. A Londres, Théodore signe une cédule par laquelle
il abandonne " ses Etats " à ses créanciers.
13 et 14 JUILL. Consulte à Sant'Antone di a Casabianca.
P. Paoli est élu général en chef de la révolte
avec pleins pouvoirs militaires, politiques et économiques, sauf
s'il s'agit des institutions de la Nation et des affaires étrangères.
M.E. Matra, qui était à la tête d'un parti important
dans les pieve de Fiumorbu, Castellu, Rogna, Alisgiani, Serra et Verde,
aspirait également au généralat ; il est écarté
par la consulte qui, sans mettre en doute son patriotisme, désapprouve
ses vues politiques qui ont pour base un arrangement avec la République.
15 JUILL. Un manifeste annonce aux populations l'élection de
Paoli.
Début AOUT. Matra envoie un émissaire à Petru Casale
pour l'informer de son intention de s'opposer à Paoli si le commissaire
général de la République lui accorde son soutien.
3 AOUT. Réunion à Corti. Conformément aux ordres
reçus pendant la dernière consulte, P. Paoli organise
la commission ambulante, composée de lui-même et de magistrats,
chargée d'une tournée pour rechercher les auteurs de crime
et assurer la pacification du pays avec la participation de troupes
de soutien.
4 AOUT. La commission ambulante quitte Corti pour le Rustinu, l'Ampugnani
et la Tavagna, après avoir publié un décret interdisant
la vendetta.
7 AOUT. La commission éteint les inimitiés dans le Campulori.
9 AOUT. La commission opère à Verde, mais avec moins de
succès.
10 AOUT. M.E. Matra se fait proclamer général à
Alisgiani, pays de Tumasgiu Santucci, son plus fidèle soutien.
Santucci a entraîné dans la rébellion les Cottoni
et les Paganelli du Campulori, en mettant en avant le refus de Paoli
de gracier Ferdinandu Agostini de San Ghjulianu leur parent commun.
11 AOUT. La commission ambulante, qui se rend de Verde à Orezza,
est attaquée par Matra à Corniale, près du hameau
du Prunellu, au-dessus de la route qui relie le Campulori à l'Alisgiani.
Il y a des morts, des blessés et des prisonniers de part et d'autre.
Paoli se réfugie au Campulori.
13 AOUT. Paoli arrive à Orezza. Sa suite est attaquée
et dispersée par Matra.
14 et 17 AOUT. Des combattants, accourus nombreux des pieve voisines
à l'appel de Paoli repoussent les hommes de Matra de pieve en
pieve.
Nuit du 17 au 18 AOUT. Matra se réfugie au fort d'Aleria d'où
il enverra sa famille à Bastia.
18 AOUT. Les troupes de Paoli occupent l'Alisgiani, le Campulori, Verde
et Serra. Les maisons de Santucci, Cottoni, Paganelli et Matra sont
incendiées.
24 AOUT. De nombreux prisonniers arrivent à Corti où a
été conduite également Faustina Gaffori.
26 AOUT. Pendant que Paoli licencie les hommes qui venaient de combattre
victorieusement et se rend dans le Rustinu, Matra regroupe ses adhérents
et se dirige vers Alisgiani et Orezza.
27 AOUT. Paoli rappelle ses troupes et se porte vers Orezza.
28 AOUT. Sur le point d'être encerclé, Matra bat en retraite
et se réfugie une seconde fois à Aleria.
Début SEPT (?) Giovan Giacomo Grimaldi est renvoyé en
Corse avec des troupes et prend pied à l'Isula Rossa. Après
deux mois de vains efforts pour s'installer sur la côte défendue
par les patriotes, il rejoindra Calvi par mer.
2 SEPT. Dans une lettre à Clemente Paoli, Matra annonce son intention
de se soumettre.
SEPT. Des hommes de bonne volonté s'entremettent pour réconcilier
Matra et Paoli. Pour consolider le rapprochement, on envisage de marier
Francescu Gaffori, dit Cecchinu, fils de Ghjuvan Petru, et neveu de
Matra, avec la fille unique de Clemente Paoli. En attendant, ils obtiennent
la suspension des hostilités pendant tout le mois de septembre.
13 SEPT. Dans une lettre à P. Casale, Matra se plaint de n'avoir
eu que des promesses verbales des Génois. Il se met à
la disposition de Doria et Grimaldi, mais il ne pourra reprendre la
lutte que s'il obtient des secours.
27 SEPT. Matra écrit à Ghjanfelice Valentini qu'il est
décidé à quitter la Corse mais que le départ
ne peut se faire avant quelques jours.
OCT. Matra quitte la Corse pour Livourne.
5 NOV. G.G. Grimaldi, qui vient de prendre le commandement de San Fiurenzu,
interdit l'accès de la ville aux habitants du Nebbiu, ainsi que
tout commerce entre le préside et la province.
8 NOV. Le gouvernement corse, ayant constaté la tiédeur
des populations du Nebbiu à combattre les Génois, commande
la mobilisation des gens en armes et les convoque pour le lendemain
au couvent de Muratu. Sont exclus de cet ordre les gens d'Oletta, Poghju
et Barbaghju qui résistent vaillamment au harcèlement
des troupes de Grimaldi.
16 au 18 NOV. Consulte générale à Corti. La Corse
se donne une constitution basée sur la souveraineté du
peuple et la séparation des pouvoirs. Le pouvoir législatif
reste confié aux consultes. L'exécutif est assuré
par un Conseil d'Etat présidé par le Général
et subdivisé en trois sections : politique, économique
et militaire. Le pouvoir judiciaire est donné, suivant l'importance
des délits, à des tribunaux situés au niveau de
la paroisse, de la pieve, de la province ou de la Nation (Rota civile
et Conseil d'Etat).
18 NOV. A San Fiurenzu, Grimaldi tente une sortie. Il est repoussé
pendant qu'un détachement envoyé de Bastia par Doria est
mis en pièces par les gens de Barbaghju.
26 NOV. Instructions destinées aux Inquisiteurs d'Etat chargés
de surveiller ceux qui ont des relations avec des agents de la République.
NOV. 300 vaisseaux et bâtiments de commerce français sont
enlevés par les Anglais. Nous sommes à la veille de la
guerre de Sept ans.
2 DEC. Paoli installe son Q.G. à Muratu et convoque une consulte
des populations du Nebbiu pour le surlendemain.
4 DEC. Réunion à Santu Petru pour organiser le blocus
de San Fiurenzu.
DEC. Les Corses attaquent la ceinture défensive de San Fiurenzu
et sont repoussés.
6 DEC. Rapport de Mgr de Angelis, évêque d'Aleria, au Sénat
de Gênes, sur les événements survenus dans son diocèse.
11 DEC. Paoli installe son Q.G. en Casinca.
17 DEC. Ghjuvan Chirgu Casabianca et Ghjuvanni Rocca s'embarquent à
Foce di Golu. Ils sont envoyés à Naples, par P. Paoli,
pour solliciter des secours.
19 DEC. Mise à prix de la tête de Grimaldi.
Nuit du 23 DEC. Grimaldi fait mettre le feu aux moulins d'Oletta. Les
patriotes arrivent trop tard pour empêcher l'incendie mais tuent
plusieurs soldats parmi lesquels le capitaine Baccicalupo, bras droit
de Grimaldi.
6 JANV. Les évêques d'Aleria, Mariana et
Nebbiu, qui résident à Bastia et s'obstinent à
ne pas vouloir réintégrer leurs diocèses, écrivent
au pape pour l'informer qu'une consulte des ecclésiastiques a
été convoquée par le gouvernement national et qu'eux-mêmes
ont été invités à y assister.
JANV.G.G. Grimaldi quitte la Corse.
16 au 17 JANV. Consulte des ecclésiastiques au couvent de Casinca.
On décide de lancer un dernier appel aux évêques
et aux provinciaux pour qu'ils reviennent au milieu de leurs fidèles
; en cas de refus, leurs revenus seront séquestrés et
le clergé n'obéira plus à leurs ordres. L'abbé
Gaffori, de Corti, et Anton Bastianu, de Loretu, sont désignés
pour se rendre à Rome intercéder auprès du pape
pour obtenir un visiteur apostolique. Le cardinal Ferroni, de Florence,
est choisi comme protecteur du Royaume.
22 JANV. Paoli transporte son Q.G. à Orezza.
23 JANV. Réponse de Benoît XIV aux évêques
: il condamne la convocation d'ecclésiastiques par des laïcs
et approuve l'action des trois prélats.
27 JANV. Ayant appris que Paoli allait visiter la Corse occidentale,
Gian Francesco Franzoni, commissaire de la République à
Aiacciu, avertit les communautés qu'elles seront considérées
comme rebelles, et traitées comme telles, si elles reçoivent
le Général.
4 FEVR. Lettre de Paoli à Antone Rivarola : " Les affaires
du Royaume vont bien. Les inimitiés sont éteintes, il
n'y a plus de meurtres et les villages se livrent aux coutumières
réjouissances du Carnaval, négligées depuis longtemps
".
Début MARS. Paolo passe dans le Delà-des-Monts. La plupart
des pieve - la Rocca et Istria exceptées - acceptent son autorité.
Santu Folacci, dit Santucciu, est désigné pour représenter
le gouvernement national.
22 MARS. Mémoire de la Cour de Versailles à M. de Pujol,
chargé de mission temporaire à Gênes, pour examiner
l'octroi de subsides réclamés par la République.
5 AVR. La France, qui désire conserver son influence en Méditerranée,
accorde un subside de 600 000 livres à la République.
18 AVR. Pâques.
18 AVR. L'escadre française, commandée par l'amiral de
la Galissonnière, accoste à Minorque. Les troupes, sous
les ordres du duc de Richelieu, font le siège de Port-Mahon.
1er MAI. Premier traité de Versailles entre la France et l'Autriche.
C'est l'aboutissement de la politique du renversement des alliances,
préparé depuis le 3 SEPT 1755 au cours d'une entrevue
secrète entre l'abbé de Bernis et le comte de Starhemberg
et motivé par le rapprochement de la Prusse et de l'Angleterre.
19 MAI. M. de la Galissonnière défait la flotte anglaise
venue au secours de Mahon. Le lendemain Port-Mahon capitule. Le mois
suivant, alors que les hostilités ont commencé depuis
longtemps tant au Canada que sur l'Atlantique et en Méditerranée,
Louis XV déclare la guerre à l'Angleterre.
22 JUIN. Giacomo Grimaldi, Doge de Gênes.
14 AOUT. Premier traité de Compiègne signé
par le cheva. Antoine-Louis Rouillé, ministre secrétaire
d'Etat aux affaires étrangères, et Guérin, secrétaire
des commandements et finances du roi, au nom de Louis XV, et Agostini
Paolo Domenico Sorba (fils de Ghjambattista), plénipotentiaire,
au nom de la République. La France accorde à la République
des subsides et sa protection ; elle reçoit en dépôt
San Fiurenzu, Calvi et Aiacciu, prévenant ainsi un débarquement
des Anglais.
27 SEPT. En réponse à une lettre de l'évêque
d'Aleria, Benoît XIV fait savoir qu'il n'a pas pris de mesures
contre les rebelles de Corse afin de ne pas accroître le mal et
qu'il souhaite que Gênes favorise le retour des évêques
dans leurs diocèses.
4 et 5 NOV. Consulte générale à Petralba. Les Corses
jurent de rester unis quelles que soient les circonstances et interdisent
le ravitaillement des présides. Ils condamnent le service auprès
des princes ennemis ou étrangers : c'est donc une position de
neutralité qu'adopte la Nation dans le conflit qui oppose les
puissances européennes.
NOV. Six bataillons français débarquent en Corse, commandés
par le marquis de Castries qui installe son Q.G. à Calvi.
23 NOV. De nombreux députés du Delà-des-Monts se
réunissent à Corti pour apporter la participation de leurs
provinces au gouvernement national : Bastianu Poli et Don Oraziu Ferri
entrent au conseil d'Etat ; une commission est chargée de réprimer
les meurtres et autres délits et de percevoir l'impôt :
les députés adhèrent aux décisions de la
consulte de Petralba.
24 NOV. Paoli écrit aux seigneurs d'Istria que leur devoir est
de coopérer avec les autres notables pour le bien de la Patrie.
11 DEC. Mort de Théodore de Neuhoff, sorti quelques jours avant
de prison. Ses obsèques seront célébrées
le 15 en l'église Ste Anne de Soho.
1756. Mort, à Bastia, de Ghjuvanni Aitelli, âgé
de 70 ans.
JANV. M.E. Matra réapparaît en Corse.
Fin JANV. Entrevue entre M. de Castries et Salvadore Ginestra, envoyé
de la Nation. Le commandant français assure les Corses de sa
neutralité dans le conflit qui les oppose aux Génois ;
les troupes françaises sont seulement destinées à
défendre la Corse contre les Anglais.
Mi-MARS. 250 hommes, envoyés par P. Paoli, s'installent dans
des maisons de campagne à proximité du fort d'Aleria.
Matra les déloge.
27 MARS. Dans le Boziu, Paoli, accompagné de peu de troupes,
est surpris par Matra. Il se réfugie dans le couvent.
28 MARS. Alors que les hommes de Matra forcent l'entrée du couvent,
Clemente arrive au secours de son frère et oblige les assaillants
à se retirer. Mariu Emanuellu est tué. Ses partisans se
retirent à la Padulella, à San Pelegrinu et Bastia, les
seules places aux mains des Génois.
10 AVR. Pâques.
18 AVR. Consulte à Orezza : mesure sévères contre
ceux qui ont refusé l'amnistie offerte par Paoli après
la mort de Mariu ; le fort Matra, les maisons d'Aleria, Casabianda et
Vadina seront détruites ; les propriétés de Petru
Casale seront louées au profit de la Nation ou dévastées
; les rapports avec les places génoises sont interdits mais le
commerce reste libre avec celles occupées par les Français.
20 AVR. A Rome, tentative d'assassinat sur la personne du chanoine Natali,
par des sicaires de la République.
22 AVR. Le commissaire Doria accorde l'impunité à ceux
qui tueront Salvadore Murati et Tagliarinu de Venacu qui viennent d'occuper
le Capicorsu. Il ordonne à Ghjanandria et à Lucca Ottavianu,
frères Alessandrini, de Canari, de se constituer prisonniers
avant trois jours.
1er MAI. Deuxième traité de Versailles entre la France
et l'Autriche.
( ? ). Antone Matra, di Antonucciu, cousin germain de Mariu, soulève
les pieve de Serra, Castellu, Rogna, Fiumorbu, et se dirige vers Corti.
Sa marche est stoppée à Pedicorti par la résistance
du capitaine Corazzini, ce qui permet l'arrivée des troupes du
Delà, conduites par Petru Maria d'Apietu, et du Deçà,
dirigées par P. Paoli. Antonucciu est obligé de battre
en retraite.
MAI. Mgr de Angelis ayant excommunié les insurgés, P.
Paoli fait arrêter son frère et son neveu et les taxe d'une
amende de 4000 livres.
5 JUIN. Doria se plaint, auprès des assemblées génoises,
de la présence, à Bastia, des partisans de Matra, désargentés
et désuvrés .
10 JUIN. Les assemblées génoises offrent le refuge sur
le territoire de la République, et la solde de simple soldat,
à Antonucciu, à Anghjulucciu (gendre de T. Santucci) et
à leurs compagnons.
21 JUIN. Consulte en Casinca pour faire le point de la situation.
JUILL. Le maréchal de camp Noël de Jourda, comte de Vaux,
remplace M. de Castries à la tête des troupes françaises.
19 JUILL. Paoli réunit une assemblée à Caccia.
On discute de la conduite à tenir en cas d'un débarquement
anglais suivi d'hostilités avec les Français. L'accord
se fait pour observer la plus stricte neutralité.
19 AOUT. Quelqu'un ayant insinué que les sympathies de Paoli
allaient à l'Angleterre, le comte de Vaux promulgue un édit
promettant châtiment aux Corses qui prendraient parti pour les
ennemis de la France.
20 AOUT. M. de Vaux envoie un de ses officiers à Marcassu auprès
du Conseil provincial pour lui annoncer en premier l'édit de
la veille.
24 AOUT. Paoli tente, en vain, de s'emparer de la tour de San Pelegrinu.
31 AOUT. Le Conseil de la province de Balagna assure M. de Vaux de l'amitié
des Corses pour les Français et réaffirme les conclusions
de la consulte du 19 JUILL.
SEPT. A l'instigation de sa sur Bianca, qui manuvrait d'autre
part en faveur des Français tandis que lui-même ne reniait
pas ses accords avec Malte, Antone Colonna convoque les pieve d'Istria,
Ornano, Talavu et la Rocca au couvent d'Olmetu et se fait élire
général. (Tout en reconnaissant le gouvernement de Paoli
pour le Deçà-des-Monts, le Delà recherche une autonomie
d'administration).
29 OCT. Consulte au couvent de la Mezana. A. Colonna élargit
le champ de son influence.
10 DEC. Paoli passe dans le Delà-des-Monts. Pendant 20 jours,
accompagné par S. Folacci et A. Colonna, il visite les pieve
(sauf la Rocca), tient des consultes, toujours accueilli chaleureusement
par les populations. Près d'Aiacciu, il a des contacts avec des
officiers français, au grand désespoir du commissaire
génois : Teramo Maggiolo.
11 DEC. M. de la Vallière avait été chargé
par M. de Castries de recruter un escadron de 160 cavaliers grecs et
corses. La levée de cette troupe, facilitée par Bianca
Rossi, se faisait normalement lorsque Sorba fit des remontrances au
gouvernement français : Louis XV fait savoir à la République
qu'il espère qu'elle ne s'opposera pas à la formation
d'un tel escadron.
19 DEC. Ghjuliu Matteu Natali est fait évêque d'Abdera,
in partibus infidelium.
JANV. Dès le retour du Delà-des-Monts,
Paoli s'emploie, avec la plus grande réussite, à compléter
les structures de la Nation.
15 JANV. Mgr de Angelis demande une nouvelle fois que les foudres du
Saint-Père s'abattent sur la Corse où, dit-il, "
il y a à peine l'ombre de la religion ". Il réclame
la suspension a divinis des prêtres qui prennent parti pour la
Nation.
20 MARS. Mort d'Antone Buttafoco.
26 MARS. Pâques.
AVR. Paoli est à Aregnu. Il prend la décision de fonder
le port de l'Isula Rossa pour battre en brèche le commerce de
Calvi.
12 AVR. Bianca Rossi fait une entrée remarquée à
Aiacciu sous la protection des troupes françaises.
13 AVR. Le commissaire d'Aiacciu adresse à Sorba un rapport sur
l'arrivée de Bianca et des hommes de sa suite qui se promènent
librement en ville, arborant la cocarde française. Ce rapport
sera transmis à M. de Bernis, secrétaire d'Etat aux affaires
étrangères de France depuis juin 1757.
13 AVR. Mgr de Angelis ayant mis au concours les cures vacantes de Casamacciuli
et Aregnu et convoqué les candidats à Bastia, Paoli interdit
au vicaire général d'Aleria d'afficher les convocations,
sauf si l'évêque accepte de faire subir les épreuves
à Cervioni, suivant l'usage, ou en tout autre lieu du diocèse
d'Aleria.
18 AVR. Mgr de Angelis demande l'autorisation de nommer les deux curés
sans concours préalable. Le pape accordera l'autorisation mais
les titulaires, rejetés par le gouvernement corse, ne prendront
possession de leurs paroisses que bien plus tard.
2 MAI. Consulte du parti pro-génois à Istria.
19 MAI. Une partie de la seigneurie d'Istria s'unit à la Rocca
pour jurer fidélité à la République.
Fin MAI. Nouvelle intervention de Sorba auprès du gouvernement
français pour condamner les agissements de M. de La Vallière,
au sujet de l'admission des Corses dans l'escadron qu'il est chargé
de constituer et des contacts de l'officier français avec P.
Paoli.
11 JUIN. Sorba demande officiellement le renvoi des Corses du régiment
La Vallière ; (la République avait autorisé le
recrutement des Grecs).
21 JUIN. M. de Belle-Isle rappelle au comte de Vaux que les troupes
françaises ne peuvent accorder leur protection à Bianca
Rossi, Lillu Peretti et tous ceux que la République considère
comme rebelles. Ces entorses au règlement sont jugées
désagréables (sans plus) par le nouveau ministre de la
guerre.
6 JUILL. Carlo Rezzonico, Vénitien, est élu pape en remplacement
de Benoît XIV décédé le 2 mai. Consacré
le 16, il prend le nom de Clément XIII. Le nouveau pape fait
siennes les préoccupations de son prédécesseur
au sujet des affaires religieuses de la Corse. Afin de les régler
au mieux des intérêts de l'Eglise, il nomme une commission
composée des cardinaux Spinelli, Ciavaldini, Galli, Rezzonico
et Torrigiani ; secrétaire : Mgr Antonelli.
26 JUILL. Les Génois ayant obtenu la nomination d'un Provincial
par bref pontifical, P. Paoli interdit aux religieux de lui prêter
obéissance.
( ? ). Francescu Maria Ornano, qui venait d'être fait chevalier
de St Louis et élevé au grade de colonel commandant du
Royal-Corse, réapparaît en Corse pendant quelque temps,
sans doute pour voir son vieux père Lucca, mais peut-être
aussi pour des raisons politiques car on note qu'il reçoit des
lettres du maréchal de Belle-Isle. Pendant le peu de temps qu'il
reste en Corse, il recommande l'union sous l'autorité de Paoli.
31 JUILL. La commission cardinalice arrête le principe d'un visiteur
apostolique pour la Corse.
3 AOUT. Clément XIII notifie à la République la
décision d'envoyer un visiteur.
22 AOUT. Matteo Franzoni, Doge de Gênes.
30 AOUT. Consulte à la Mezana. A. Colonna est élu commandant
du Delà, subordonné au gouvernement national. Il réussit
à rallier les dissidents de la pieve d'Istria.
5 SEPT. Edit de Paoli contre les habitants de San Fiurenzu qui uvre
en faveur de la République.
15 et 17 SEPT. Consulte générale à Santu Petru
(Nebbiu). Des mesures sont prises pour compléter ou améliorer
l'administration générale et la justice. On décide
le recrutement de six compagnies soldées.
1er OCT. A. Colonna, qui avait demandé à la municipalité
d'Aiacciu d'adhérer à la révolte et n'avait pas
reçu de réponse, condamne les Anciens à des peines
pécuniaires et met les habitants en demeure d'opter entre la
Corse et Gênes.
4 OCT. Réunion de la municipalité d'Aiacciu pour régir
contre les agissements de Colonna. Dès ce moment, l'influence
de ce dernier sera en baisse dans les pieve où les Anciens ont
des parents.
OCT. Une consulte tenue dans l'Ornanu, condamne la politique de Colonna
et désigne comme général Bachjolu Ornano.
30 OCT. Ordre de Paoli aux capitaines et aux habitants des pieve du
Capicorsu de s'opposer par les armes aux incursions génoises
faites à partir de Bastia ou de Roglianu.
4 NOV. Pietrasanta, toujours lieutenant à Roglianu, interdit
la publication des ordres de Paoli.
13 DEC. Disgrâce du cardinal de Bernis. Le duc de Choiseul qui
lui succède aux affaires étrangères sera l'artisan
du rattachement de la Corse à la France.
1758. Don Ghjiseppu Camellu Ottavi, d'Aiacciu, vicaire général
de Mgr de Angelis, est nommé vicaire apostolique d'Aleria, ce
qui lui permet d'administrer le diocèse sans dépendre
de l'évêque. Ce titre ayant été obtenu par
les Génois, en accord avec Mgr de Angelis, Ottavi croit bon de
ne pas demander l'autorisation du gouvernement national: Paoli lui refusera
l'exequatur.
1758. Première édition de la célèbre "
Giustificazione della Rivoluzione di Corsica
", parue sans
nom d'auteur mais rédigée par le chanoine Gregoriu Salvini,
de Nesce di Balagna.
JANV. Le commissaire général Doria est
remplacé par Gian Battista de Sopranis.
JANV. Les chanoines d'Aleria, à deux exceptions près,
décident l'élection d'un vicaire capitulaire. Ils demandent
l'autorisation au métropolitain de Pise qui en acceptera le principe.
3 FEVR. Avec l'accord du chapitre, le gouvernement national démet
le chanoine Ottavi de ses fonctions.
FEVR. Choiseul décide de rappeler les troupes de Corse et arrête
l'octroi de subsides à la République.
Début MARS. Le commissaire génois tente de s'emparer de
Furiani ; ses troupe sont repoussées.
MARS. En violation des dispositions du traité de Compiègne,
M. de Vaux s'installe au couvent d'Alzipratu et s'y fortifie. Le Conseil
provincial de Balagna charge le capitaine de Ziglia d'obtenir le départ
des Français à l'amiable ou de les déloger.
25 MARS. Mort de Mgr Centurione, évêque d'Aiacciu.
25 MARS. A Furiani, le chanoine Gnaziu Felce, d'Alisgiani, et le P.
Leonardu Grimadi, de Valle di Campulori, pendant deux heure, prêchent
devant les Corses chargés de la défense du village et
les incitent à poursuivre leur juste guerre contre la République.
26 MARS. Le capitaine de Ziglia chasse les Français du couvent
d'Alzipratu (Le comte de Vaux était rentré à Calvi.
Sans doute avait-il déjà reçu l'ordre d'évacuer
la Corse pour renforcer la défense de la Provence menacée
par les Anglais et qui avait été dégarnie pour
les besoins de la guerre d'Allemagne).
28 MARS. Doléances de Mgr Massoni au Saint-Siège contre
Paoli au sujet des revenus de l'évêché.
1er AVR. Giovan Giacomo Grimaldi est envoyé une nouvelle fois
en Corse. Il est chargé de se mettre à la tête des
troupes génoises pour rompre le blocus de Bastia.
AVR. Les Français quittent la Corse.
12 AVR ? Le chapitre d'Aleria désigne Don Gnaziu
Felce comme vicaire apostolique.
15 AVR. Pâques.
17 AVR. G.G. Grimaldi sort de Bastia avec un corps de 2000 hommes et
se fortifie à San Pancraziu et Poretta.
19 AVR. Le métropolitain de Pise confirme l'élection de
Felce.
25 AVR. Grimaldi occupe Paternu.
30 AVR. Mgr de Angelis demande aux assemblées génoises
d'intervenir à Rome pour que le pape annule l'élection
de Felce et celle du chancelier de l'évêché : Martinu
Astima. Il demande également que soient poursuivies les opérations
de guerre dont le but est la destruction de Furiani.
1er MAI. Grimaldi fait commencer un bombardement de 20 jours contre
Furiani.
12 MAI. Edit de Felce pour annoncer sa nomination et une prochaine visite
du diocèse.
16 MAI. Giuseppe Scipione Casali, agent de la République à
Rome, informe le Sénat qu'il ne perd pas de vue les allées
et venues de Mgr Cesare Crescenzio de Angelis, évêque de
Segni, qui s'était rendu auprès du Saint-Siège
et venait de retourner dans son diocèse. A cette date, le pape
avait déjà pris la décision d'envoyer un visiteur
apostolique en Corse et le card. Torrigiani, sécrétaire
d'Etat, avait convoqué secrètement l'évêque
de Segni qui avait accepté. Il faut croire que le secret avait
été bien peu préservé.
20 MAI. Les Génois attaquent Furiani de tous côtés.
Une sortie des Corses les met en fuite. (Après sa défaite,
G.G. Grimaldi quitte définitivement la Corse et, de Gênes
s'exile à Venise jusqu'à sa mort).
20 MAI. Un édit de l'évêque d'Aleria interdit aux
prêtre et aux fidèles d'obéir à Felce.
21 MAI. L'archevêque de Pise écrit à Paoli que le
St Siège n'a pas ratifié le choix de Felce au poste de
vicaire apostolique. Il lui demande de bien accueillir Ottavi.
26 MAI. La Congrégation générale des cardinaux
choisi Mgr de Angelis, évêque de Segni, pour une visite
apostolique en Corse.
29 MAI. Mgr de Angelis, évêque d'Aleria, qui a eu connaissance
de la décision du pape concernant Felce, renouvelle l'interdiction
d'obéissance et déclare le chanoine déchu de toutes
prérogatives et du droit de confession.
Mi-JUIN. Réunion, à Lucciana, des représentants
du clergé. Felce, représentant le diocèse d'Aleria,
et Orsattoni, au nom des diocèses de Mariana et Nebbiu, sont
chargés de mission auprès du pape et s'embarquent pour
Rome.
16 JUIN. Lettre de Paoli au cardinal Torrigiani pour recommander le
choix de Felce, désiré par tout le diocèse.
30 JUILL. La Congrégation du Saint-Office annule la nomination
du vicaire d'Aleria.
AOUT. Malgré l'opposition de la République, Mgr Crescenzio
de Angelis continue à préparer sa visite et choisi comme
" théologue " le P. Tommaso Struzzieri, religieux passioniste.
Le 7 AOUT, le supérieur des Passionistes donne son accord.
10 AOUT. Mémoire de l'évêque d'Aleria à la
congrégation du St-Office pour désapprouver l'envoi d'un
visiteur.
14 AOUT. L'archevêque de Pise informe le chanoine Ottavi, qui
s'est retiré à Aiacciu, qu'il a désigné
pour le suppléer Salvadore Ciceretti, doyen du chapitre d'Aleria.
19 et 20 AOUT. Consulte générale à Corti. Les représentants
du Delà-des-Monts réclament une visite du Général
pour l'établissement d'un gouvernement régulier, Paoli
ne pouvant se déplacer, par crainte des entreprises génoises
dans la région de Bastia, envoie trois sujets chargés
d'organiser quatre Conseils provinciaux et prévoit une consulte
qui se tiendra ultérieurement à Peri.
21 AOUT. Paoli annonce au Conseil de Balagna que Felce et Orsattoni
sont de retour et qu'ils ont obtenu l'envoi d'un Visiteur.
SEPT, OCT. Lettres de Paoli pour préparer le réception
du Visiteur.
18 SEPT. Clément XIII rend officielle la nomination du Visiteur
apostolique pour les diocèses d'Aleria, Mariana et Nebbiu.
18 SEPT. Paoli ordonne au Conseil de Balagna de faire arrêter
les ecclésiastiques qui prêteraient obéissance à
l'évêque d'Aleria déclaré ennemi de la patrie.
20 SEPT. Protestation de G. Casali auprès du card. Torrigiani
: l'envoi d'un Visiteur est inopportun, anormal, fâcheux et nuisible.
21 SEPT. Date prévue pour le départ de Mgr C. de Angelis.
Ce départ est retardé parce que la Cour de Rome a été
informée que des galères génoises sillonnent la
mer entre Pianosa et Bastia avec l'ordre d'arrêter le Visiteur.
18 OCT. La République interdit aux évêques d'Aiacciu,
Aleria et Sagone d'exécuter ou publier, sans son consentement
préalable les ordres de leur métropolitain. Même
interdiction pour les ordres du doyen Ciceretti.
24 OCT. Jugeant que la guerre de propagande est aussi importante que
la lutte armée, Paoli demande à Antone Rivarola, consul
Sarde à Livourne, et à l'abbé Zerbi, à Naples
qu'ils lui procurent une petite imprimerie.
OCT. Les Généraux des ordres religieux, qui avaient accordé
des commissaires pour remplacer à l'intérieur de l'île
les Provinciaux enfermés dans les présides, se rétractent
et conseillent aux prédicateurs d'inciter les populations à
obéir à Gênes.
11 NOV. Lettre de Ghjacintu Paoli à son fils Pasquale : l'envoi
du Visiteur est retardé mais non annulé.
22 et 25 DEC. Lettres du card. Torrigiani à Carros, commandant
les galères pontificales stationnées à Civitavecchia,
pour lui demander de préparer un plan afin de débarquer
le Visiteur en Corse.
24 DEC. En attendant de pouvoir établir un gouvernement stable
de la Rocca, Paoli nomme Anton Peretti, de Livia, son lieutenant dans
la province. (Santu Folacci représentait le gouvernement national
dans les pieve de Cavru et Celavu, Ghjan Dumenicu Peretti à Istria,
Ornanu et Talavu ; Antone Colonna à la Mezana).
28 DEC. Benedetto Andrea Doria est nommé évêque
d'Aiacciu ; il succède à son oncle.
JANV. A Naples, Luigi Zerbi embauche un typographe :
Domenico Ascione, et procure une imprimerie qui sera installée
au couvent de Campulori, sous la responsabilité du P. Leonardu
Grimaldi.
21 JANV. Paoli reproche au Dr Cuttoli, curé d'Olmetu, de s'engager
à la suite de son évêque dans une voie de conciliation
avec les Génois.
Fin JANV. Le blocus de Bastia est effectif mais les Génois travaillent
à chasser les Corses de Furiani et menacent la tour de Centuri
qui sera bientôt occupée.
10 au 14 FEVR. Attaque de San Fiurenzu : Clemente Paoli, côté
terre, Tiborziu Murati, côté mer, réussissent à
investir la ville mais doivent se retirer après l'arrivée
de renforts.
16 MARS. Paoli demande à Rivarola d'essayer d'obtenir de la Régence
le rappel d'Antone Matteu Arena, vice-consul de S.M. Impériale
à San Fiurenzu. Les Génois avaient envisagé de
le mettre à la tête d'un escadron volant et de le séparer
ainsi de ses frères qui avaient embrassé la cause nationale.
Nuit du 18 au 19 MARS. Deux grosses barques armées, parties quelque
jours avant de Gênes et chargées d'interdire l'accès
de la Corse au Visiteur, sont drossées à la côte,
au sud de Bastia, par un coup de vent.
18 au 24 MARS. 237 notables et ecclésiastiques de la Rocca signent
une proclamation en faveur de la République.
6 AVR. Pâques.
7 AVR. Mgr de Angelis et son théologue quittent Rome. Le soir
ils sont à Civitavecchia et s'embarquent aussitôt sur une
galère pontificale qui les mène à Talamone où
ils attendront de pouvoir déjouer la surveillance génoise
pour se rendre en Corse.
13 AVR. Le commissaire général De Sopranis annonce au
Sénat qu'il a été informé par le consul
de Gênes à Civitavecchia que le Visiteur avait quitté
cette ville. Le commissaire avait aussitôt envoyé deux
galères et une chaloupe armée, sous le commandement du
capitaine Cesare de Franchi, pour surveiller les côtes.
14 AVR. Un édit de la République commande de s'emparer
du Visiteur et de le conduire à Gênes. Une prime de 6000
écus romains est offerte à qui permettra son arrestation.
De toute façon, il est interdit de lui obéir.
16 AVR. Le Sénat renouvelle l'ordre donné à De
Sopranis d'interdire par tous les moyens le débarquement du Visiteur.
17 AVR. La galère pontificale quitte Talamone pour la Corse.
Les vents contrarient son voyage.
21 AVR. Le commissaire, jugeant insuffisants les moyens mis à
sa disposition, demande un autre bateau.
23 AVR. Malgré les efforts du capitaine de Franchi, contre lequel
le Sénat demandera l'ouverture d'un procès, le Visiteur
débarque A Prunete de Campulori. Il est reçu à
Cervioni par Ghjiseppu Sarbaggi au nom du gouvernement national.
23 AVR. Paoli annonce aux Conseils provinciaux l'arrivée du Visiteur
et convoque une consulte pour le 10 mai. Il commande des feux de joie,
des illuminations aux fenêtres, des salves de mousqueterie, pendant
trois soirs, et l'exposition du Saint-Sacrement pour remercier Dieu
et lui demander de protéger la Nation.
27 AVR. Mgr C. De Angelis inaugure la Visite par une messe solennel
dans la cathédrale de Cervioni. Brillant sermon du P. Tummaso.
7 MAI. En un consistoire secret, Clément XIII expose la situation
faite par Gênes au Visiteur; il demande aux cardinaux de lui communiquer,
par écrit, leur avis sur la conduite à tenir.
9 et 11 MAI. Congrégations générale pour étudier
les relations du Saint-Siège avec Gênes, au sujet du Visiteur.
10 et 12 MAI. Consulte générale à Corti. Dès
le premier jour, sur demande du P. Tommaso, l'assemblée décrète
supprimer l'ingérence du gouvernement dans l'administration des
revenus ecclésiastiques des diocèses soumis à l'autorité
du Visiteur apostolique; les revenus des autres diocèses seront
bloqués en attendant la décision du pape. Le lendemain,
un décret déclare l'édit génois du 14 AVR,
contraire à la religion, insultant pour le pape, dangereux pour
la sûreté et la tranquilité de la Nation, et ordonne
qu'il soit brûlé sur la place publique. L'assemblée
décide, en outre, d'adresser une lettre à Clément
XIII pour exprimer la gratitude de la Nation.
14 MAI. Lettre du pape pour protester contre l'édit du 14 AVR.
15 MAI. Un bref de Clément XIII déclare nul et non avenu
l'édit du 14 AVR.
15 MAI. Mémoire de la République destiné aux Cours
européennes pour leur demander de déclarer irrégulière
la conduite de la Cour de Rome.
19 et 20 MAI. Rencontre du Visiteur avec Pasquale Paoli.
20 et 22 MAI. Consulte à Corti. Le gouvernement national déclare
la guerre maritime à la République. Désormais,
des bateaux battant pavillon à tête de Maure et soumis
aux règlements internationaux seront arimés en course
contre les Génois. Un service de santé est institué;
son président est Ghjuvan Carlu Cottoni, du Campulori. Les affaires
diocésaines sont désormais du ressort du Visiteur.
23 MAI. Nouvel édit génois qui confirme celui du 14 AVR.
23 MAI. Convoqués par Tommaso Spinola, commissaire, 25 notables
de la Rocca se réunissent à Bonifaziu. Les partisans de
la République en cette province sont de moins en moins nombreux.
30 MAI. Le Visiteur nomme les collecteurs de dîmes: le chanoine
Ghjan Dumenicu Cottoni pour Aleria; Orsu Paulu Viterbi, piuvanu de la
Penta, pour Mariana; le Dr Filippu Renucci, curé de Rapale, pour
le Nebbiu.
21 JUIN. Dans une réponse à la lettre pontificale du 14
MAI, le Sénat de Gênes établit un distinguo entre
les droits de l'Eglise et ceux du Prince et signale que la présence
du Visiteur enhardit les rebelles.
26 JUIN. Par une lettre à Rivarola, Paoli offre aux Juifs de
s'établir en Corse où ils pourront conserver leurs lois
propres.
16 JUILL. Arrivée à Bastia de Domenico Ivrea, commissaire
général en remplacement de G.B. De Sopranis. Avec lui
débarque le régiment d'Albenga fort de 800 hommes.
JUILL. Par l'intermédiaire du ministre de France, la République
tente d'entamer des conversations avec la Cour de Rome pour le rappel
du Visiteur.
Fin JUILL. Ivrea prépare une attaque de Furiani qui n'a aucune
chance de réussite.
8 AOUT. Les Génois tentent, en vain, un débarquement à
la plage de Feringule.
13 AOUT. Par l'intermédiaire des vicaires forains, Paoli demande
une contribution volontaire au clergé. Il obtiendra largement
satisfaction.
23 AOUT. Les représentants de la totalité des communautés
de la Rocca, réunis au couvent du Campulori, déclarent
se soumettre au gouvernement national.
10 SEPT. Agostino Lomellini di Bartolomeo, Doge de Gênes.
SEPT. Paoli fait réparer la tour de Nonza et y installe des troupes.
20 SEPT. Lettre pastorale du Visiteur pour annoncer aux prêtres
et aux populations qu'il va entreprendre la visite des diocèses.
NOV. Les Corses s'emparent de la tour de Mortella qui commande l'entrée
du golfe de San Fiurenzu.
DEC. Date probable de la parution du premier numéro des Ragguagli
dell'Isola di Corsica, gazette officielle du gouvernement national.
7 DEC. Paoli fait occuper la tour de Centuri après avoir fait
prisonniers la garnison qui la commandait.
30 JANV. les Nationaux s'emparent des tours de Girolata
et de l'Imbutu.
12 FEVR. Paoli quitte le Campulori pour le Moriani, la Tavagna et la
Casinca afin d'organiser l'attaque de San Pelegrinu.
FEVR. Ayant appris que la République s'est décidée
à chercher un accommodement avec les Corses, Paoli réunit
les responsables de la révolte à Isulacciu di Tavagna.
A l'unanimité, ils s'engagent à refuser toute proposition
de paix.
18 FEVR. L'artillerie corse bombarde la tour de San Pelegrinu sans l'entamer.
Après cinq jours, le siège sera transformé en blocus.
28 FEVR. La garnison de San Pelegrinu tente une sortie et échoue.
22 MARS. Pâques.
9 MAI. La République offre la paix aux Corses en leur promettant
une amnistie générale et l'extension des " concessions
gracieuses " accordées au temps de Pier Maria Giustiniani.
Elle annonce l'envoi d'une députation munie de pleins pouvoirs
et demande aux insulaires de collaborer avec elle à l'établissement
d'une paix durable.
11 et 12 MAI. Consulte générale au couvent de Casinca.
12 MAI. La consulte est interrompue par l'annonce d'un débarquement
génois à la plage du Fiumorbu. Les congressistes prennent
les armes pour chasser l'ennemi. Ce débarquement s'était
fait à l'appel de Ghjacumu Martinetti par un détachement
parti de Bastia et commandé par Don Filippu Grimaldi, de Poghju
di Moriani, colonel au service de la République.
13 MAI. Le Saint-Siège adresse, à ses représentants
auprès des Cours européennes, un mémoire sur les
différents qui l'opposent à la République de Gênes.
Mi-MAI. Arrivée à Bastia de l'Eccellentissima Deputazione
composée des sénateurs Domenico Pallavicini, Marcellino
Durazzo, Giovan Bastiano Spinola (dit Zecchino), Checco Pallavicini
et Geronimo Curli. Elle est accompagnée par les colonels Ghjuvan
Lorenzu de'Petriconi, Vincenti et Antone Bastianu Caraffa, le lieutenant
colonel Mariu Emmanuellu Cottoni, de Sant'Andria di Campulori, les majors
Quenza et Guarini, les capitaines Ghjacumu Dante Grimaldi, de Caccia,
et Limperani, de Casinca, que la République destine à
convaincre les populations d'accepter la paix qui leur est offerte.
MAI. Les capitaines Grimaldi et Limperani tentent de se rendre dans
leurs villages ; ils sont arrêtés. Limperani est enfermé
dans la tour de Furiani ; Grimaldi est reconduit à Bastia sous
les huées des populations.
24 MAI. Manifeste de la Nation faisant connaître les conclusions
de la consulte commencée le 11 mai, interrompue puis reprise
:.. les Corses exigent, comme préliminaires à toute négociation,
la reconnaissance de leur indépendance et l'évacuation
totale du territoire ; ces conditions étant remplies, ils s'engagent
à préserver la dignité et les intérêts
de la République ;.. imposition exceptionnelle de un pour mille
sur les biens meubles et immeubles ;.. Corti devient le siège
du gouvernement ;.. frappe d'une monnaie ;.. établissement du
papier timbré ;.. D.F. Grimaldi sera pendu en effigie ;.. mesures
contre les agents de Gênes et les traîtres à la Nation.
2 JUIN. Sur demande de Sorba. Choiseul fait savoir aux officiers du
Royal-Corse qu'ils n'ont pas à prendre parti contre la République.
14 JUIN. Lettre du Visiteur : " Les Corses sont plus unis et plus
déterminés que jamais pour refuser toute sujétion
à la République ".
15 JUIN. Le Visiteur réunit un chapitre général
des frères mineurs réformés.
( ? ). Ghjiseppu Barbaggi épouse la fille de Clemente Paoli.
11 JUILL. A Livourne, Cialvaldini, Negretti et Rivarola sont chargés
de faire préparer les matrices monétaires, d'acheter du
cuivre et d'embaucher un spécialiste.
17 JUILL. Les Génois évacuent San pelegrinu où
ils ne laissent que des ruines.
19 JUILL. Tandis que Giovan Battista Sauli, nouveau commissaire général,
arrive à Bastia, les six sénateurs quittent la Corse.
Début AOUT. Paoli visite le Capicorsu et y séjourne pendant
près de deux mois pendant lesquels il organise le siège
de Macinaghju, le seul port resté aux mains des Génois.
18 SEPT. Réunion, à Tallà, des représentants
des huit communautés de la Rocca qui décident de se fédérer
entre elles et avec les pieve d'Istria, Ornanu et Talavu sous l'autorité
du gouvernement national.
SEPT. Réapparition d'Antonucciu Matra.
( ? ). Filippu Maria Costa, du Moriani, ancien officier du Royal-Corse,
complote en faveur de la France.
( ? ). Les pieve du Delà-des-Monts, à l'unanimité,
organisent une marche contre Antone Colonna, partisan du rattachement
de la Corse à Malta ou à la France. Colonna réussit
à s'enfuir et à vivre caché jusqu'à sa mort
qui survient très peu de temps après.
NOV. A. Matra s'empare du fort d'Aleria par surprise et y installe ses
adhérents.
8 DEC. Sur ordre du gouvernement national, Santu Folacci attaque Apiettu
et arrête Don Ottaviu Colonna d'Istria et Ghjambattista Pianelli
qui ont pris parti pour Matra.
4 JANV. L'Angleterre déclare la guerre à
l'Espagne. (La nouvelle, rapidement connue, fait espérer aux
Corses que les grandes puissances, occupées ailleurs, n'interviendront
plus dans le conflit qui les opposent aux Génois et que ceux-ci
seront jetés à la mer. Paoli manuvre pour que les
Anglais, à l'instar des Toscans et des Napolitains, viennent
commercer avec la Nation. De leur côtés, les Génois
feront courir le bruit d'un imminent débarquement de Français
ou d'Espagnols).
Début JANV. Manifeste de la Nation, destiné aux puissances
européennes, pour expliquer le refus de composer avec l'Eccellentissima
Deputazione.
JANV. Mort d'Elisabeth de Russie. Pierre III, qui lui succède,
fait la paix avec Frédéric II, ce qui laisse prévoir
la fin prochaine de la guerre de Sept ans.
MARS ( ? ) La zecca de Muratu, organisée par Ghjiseppu Barbaggi,
émet les premières monnaies. Le surintendant des Finances
est Francescu Saveriu Canelli. Il est assisté de Ghjambattista
Casabianca et de Ghjuvan Chirgu Buttafocu.
MARS. Les Corses apprennent qu'Aleriu Francescu Matra, qui se trouve
en Sardaigne au service de Charles-Emmanuel, envisage de revenir en
Corse pour combattre Paoli. La République lui a offert le grade
de Maréchal, une pension annuelle de 10 000 livres et l'entrée
dans la noblesse génoise.
MARS-AVR. Paoli fait construire la tour de Fornali afin de contrôler
la navigation dans le golfe de San Fiurenzu.
11 AVR. Pâques.
AVR. Les Génois fortifient San Pelegrinu, qu'ils ont de nouveau
occupé, résistent à Macinaghju et conservent l'Algaiola,
pendant que les partisans de Matra sont encore dans le fort d'Aleria.
AVR. Les prisonniers politiques détenus dans la citadelle de
Corti se révoltent, s'emparent des armes, et obtiennent le libre
passage pour renter chez eux.
AVR-MAI. A. Matra soulève la vallée du Tavignanu et s'installe
à Pedicorti d'où il prépare l'attaque de Corti.
Pendant ce temps, F.M. Costa recrute des volontaires dans l'Alisgiani
et à Orezza pour soutenir l'action de Matra.
9 MAI. Informé des succès des rebelles, Paoli quitte précipitamment
le Capicorsu où il faisait le blocus de Macinaghju et surveillait
la construction de navires.
12 MAI ( ? ) Paoli attaque Pedicorti. Après un furieux combat,
Matra se retire à Aleria.
23 au 25 MAI. Consulte générale à Corti ; .. création
d'une Junte de guerre chargée de châtier les ennemis de
la Patrie ; .. en prévision d'un prochain traité en Europe
établissant la paix, des pleins pouvoirs sont donnés à
Paoli pour régler toute affaire diplomatique qui n'envisagerait
pas le retour de la Corse sous la domination génoise ; exemption
de taxes pour les héritiers des morts pour la Patrie ; .. autorisation
aux patrons de barques bastiais de commercer dans les ports de la Nation.
6 JUIN. Le doge de Gênes accorde sa première audience à
M. Boyer de Fonscolombe, envoyé par Choiseul pour surveiller
la conduite des Génois dans la guerre anglo-espagnole et suivre
les affaires de Corse.
16 JUIN. Edit de la Junte portant confiscation des biens des corses
au service de Gênes.
Fin JUIN. Le commissaire Sauli envoie des renforts à San Fiurenzu.
2 JUILL. Venant de Cagliari, A.F. Matra, qui a accepté les propositions
génoises, fait escale à Aiacciu : il se rend à
Turin pour donner sa démission de lieutenant-colonel.
Nuit du 17 au 18 JUILL. 150 volontaires nationaux tentent de surprendre
l'Algaiola et échouent.
AOUT. A.F. Matra arrive à Bastia. Après avoir diffusé
un manifeste imprimé à Gênes pour appeler les Corses
à abandonner Paoli, il se met en campagne, débarque à
la Padulella, où il s'empare de la tour, et soulève la
Tavagna en sa faveur.
25 AOUT. Carlo Spinola commissaire d'Aiacciu, arrive en Corse pour succéder
à Francescu Maria Spinola dont le gouvernement avait été
un échec.
2 SEPT. Les patriotes occupent la Tavagna.
SEPT. Les partisans de Matra, chassés de Tavagna, débarquent
à Siscu ; chassés par les habitants de Nonza et du Nebbiu,
ils se réfugient à Bastia.
7 SEPT. Manifeste du Conseil d'Etat pour réfuter les arguments
de Matra.
13 SEPT. Mémoire politique de Boyer de Fonscolombe : il préconise
la cession de la Corse au roi de Sardaigne et des compensations territoriales
à la République.
27 SEPT. Des colonnes volantes de patriotes, commandées par Lucca
Ottavianu Alessandrini, Ghjanantone Arrighi, Ghjancarlu Saliceti et
Ghjacumu Filippu Gaffori, attaquent A.F. Matra à Antisanti et
l'obligent à se réfugier à Aleria. Le village est
incendié.
3 NOV. Préliminaires de paix à Fontainebleau.
24 au 26 NOV. Consulte générale à Corti : on décide
la levée de deux régiments de 300 hommes chacun (la nomination
des colonels est laissée au choix de Paoli qui désignera
Ghjambattista Buttafoco, di Tittu, du Viscuvatu, et Dumenicu Baldassari,
capitaine au Royal-Corse) ;.. la Junte est confirmée dans ses
fonctions pour un nouveau semestre ; - on crée un emploi de sous-intendant
des Finances par pieve ;.. le pouvoir des podestà, en matière
judiciaire, est étendu ;.. on exécutera la frappe de la
monnaie nationale et celle-ci sera seule acceptée pour le paiement
des taxes et impôts.
25 NOV. Rodolfo Emilio Brignole Sale, Doge de Gênes.
21 DEC. Le Royal-Corse est incorporé au Royal-Italien.
JANV. Le P. Girolamo Maria Vernizzi, Général
des Servites, envoie en Corse le P. Bonfigliu Guelfucci, de Belgudè,
pour visiter les couvents de son ordre. Le P. Guelfucci s'installe à
Corti et devient le conseiller de Paoli. Les Génois demandent
aussitôt son rappel. La Cour de Rome, le P. Vernizzi, le Visiteur,
interviendront pour que Guelfucci quitte la Corse, mais Paoli, inflexible,
refusera de donner satisfaction à la République. (Guelfucci
est l'auteur de Memorie per servire alla storia delle rivoluzioni di
Corsica, rédigées en 1783).
JANV. Moretti, imprimeur, succède à Domenico Ascione.
2 FEVR. Consulte générale à Corti à laquelle
assistent les représentants du clergé. On rédige
un mémoire à l'intention des Cours européennes
qui se préparent à la paix afin de les informer que les
Corses refusent à jamais de revenir sous la domination génoise.
Des mesures sont prises pour l'exploitation des mines de plomb et d'argent,
pour l'implantation d'une fonderie à Muratu, pour le moulin à
poudre et une fabrique d'armes à Cervioni.
10 FEVR. Traité de Paris qui termine la guerre entre la France
et l'Angleterre. La France cède le Canada, l'Hindoustan, le Sénégal
; Grenade et les Grenadines à l'Angleterre, la Louisiane à
l'Espagne ; dépossédée de son empire colonial lointain,
elle pourra, tout à loisir s'intéresser à la Corse.
15 FEVR. Paix de Hubertsbourg qui termine la guerre de Sept ans sur
le plan continental.
MARS. De nouvelles troupes génoises arrivent à Bastia
; elles sont envoyées à Aleria sous les ordres d'A.F.
Matra et du colonel Bustoro.
MARS. Sur demande des Turcs et des Grecs, des bâtiments battant
pavillon corse sont séquestrés dans le port de Livourne
alors que la République de Toscane (comme le royaume de Sardaigne)
avait reconnu ce pavillon. Par sa diplomatie, Paoli obtiendra peu après
la levée du séquestre.
20 MARS. Edit du gouvernement national interdisant les représailles
contre les navires toscans.
3 AVR. Pâques.
AVR. Matra s'introduit dans la pieve de Serra : il occupe Zalana, Ampriani,
Tallone et le couvent de Zuani. Aussitôt les Nationaux se mettent
en marche et encerclent les troupes de Matra.
21 AVR. La tour de Sagone, utilisée par les Génois pour
protéger le transport des bois d'Aitone, est attaquée
par les Corses. L'entreprise échoue mais sera entreprise avec
succès quelques jours après.
4 MAI. Délogé de Zalana, Matra se retire à Aleria
d'où il passera à Bastia avec ses troupes.
MAI. La garnison de la tour de Fornali arraisonne une pinque génoise
battant pavillon français. Le gouvernement national ayant alerté
le consul français à Livourne, deux chebecs armés
viendront, le 18 JUIN, récupérer le navire, emmenant deux
jeunes Corses rencontrés sur une barque dans le port de San Fiurenzu.
Paoli obtiendra le retour des jeunes gens mais la France exigera, en
contre partie, la libération de F.M. Costa, condamné à
mort et détenu dans la prison de Corti. Costa, envoyé
en résidence surveillée en Balagna, recommencera ses intrigues
et sera à nouveau emprisonné.
11 JUIN. Le Conseil suprême interdit toute relation avec les Sardes
qui introduisent dans l'île du bétail volé.
16 JUIN. Pendant qu'ils opèrent un mouvement de diversion contre
Olmeta di Capicorsu, les Génois se fortifient dans la plaine
de San Pancraziu ; leur artillerie commence le bombardement de Furiani
sans faire trop de dégâts parce que trop éloigné.
30 JUIN. Les Génois enlèvent un poste tenu par les Corses
au col de San Chirgu. Ils y installent leur artillerie qui fait beaucoup
de dégâts dans le village de Furiani.
18 JUILL. Les Génois montent à l'assaut de Furiani. Après
une heure de durs combats, ils doivent se retirer poursuivis par les
Corses.
20 JUILL. Les Génois rentrent à Bastia. Ils ont perdu
des centaines d'hommes.
7 AOUT. Paoli adresse à Rivarola des mémoires à
distribuer aux Cours européennes, plus un mémoire particulier
pour la Cour de France.
9 AOUT. Paoli entreprend une visite des ports.
22 AOUT. Lettre de Paoli à Rivarola : " Les Français
se saisiront du premier prétexte pour revenir en Corse
"
AOUT. Sebastiano Batini, stampatore camerale, remplace Moretti.
AOUT. Sorba fait admettre par le cabinet de Versailles le principe d'une
nouvelle expédition en Corse. En même temps, la République
essaie d'obtenir l'envoi de troupes espagnoles en Corse, négligeant,
à tort, le pacte de famille entre les Bourbons de France et ceux
d'Espagne.
16 SEPT. Le duc de Praslin, ministre des affaires étrangères,
communique à la République de Gênes un projet de
convention avec la France pour l'envoi de troupes en Corse et la remise
an vigueur des anciens traités des subsides. Le roi de France,
qui exige la cession définitive de places maritimes, s'opposera
à son application tant que la République n'aura pas donné
son accord formel. Les places demandées par les Français
sont : Aiacciu, Calvi et San Fiurenzu. Il semble que les vues françaises
du moment soient de laisser aux Corses la liberté de chasser
les Génois de Bastia et San Fiurenzu, rendant possible, par la
suite, un arrangement avec les seuls Nationaux.
19 SEPT. Mise en fonction de la Rota civile, cour de justice composée
de trois juges à vie et siégeant au criminel, assistés
d'un jury de six pères de famille.
21 SEPT. La République de Gênes, qui n'a pu obtenir le
retour du P. Guelfucci, expulse les Servites de son territoire.
22 SEPT. Paoli passe dans le Delà-des-Monts.
30 SEPT. Paoli est à Vicu où il passera quelques jours.
17 OCT. Tentative malheureuse des Nationaux pour s'emparer d'Aiacciu.
Pendant que Paoli bloque la ville, Ghjiseppu Maria Masseria, d'Aiacciu,
s'introduit dans la citadelle pour s'en emparer. Il échoue devant
la résistance inattendue de la garde génoise. Son fils
aîné est tué ; lui-même, grièvement
blessé, sera soumis à la torture et mourra le surlendemain.
NOV. Poursuivant sa visite des pieve du Delà, Paoli prend connaissance
d'un désaccord entre le Dr Ghjacumu Petru Abbatucci, de Zicavu,
lieutenant-général des pieve d'Ornanu, Istria et Talavu,
et Ghjambattista Ornano, conseiller d'Etat en exercice. Paoli les fait
conduire à Corti et emprisonner. Alors que Bachjolu sera relâché
peu de temps après, Ghjacumu Petru restera de longs mois en prison.
16 NOV. Paoli est à Fozà.
20 au 22 NOV. Consulte à Sartè en présence de Paoli
qui termine sa visite de la Corse occidentale : la province de la Rocca
est unanime à reconnaître le gouvernement national.
27 NOV. Aleriu Francescu Matra écrit au Sénat de Gênes
que la maladie sévit parmi les soldats et que leur mauvais équipement
et les soldes impayées ne permettent pas les succès militaires
; les Corses restés fidèles à la République
sont isolés, privés de leurs revenus et, comme les denrées
se font rares, donc chères, leur zèle tiédit.
NOV. Le chevalier de Valcroissant, officier français, débarque
à Ersa. Il se présente comme un simple voyageur ami des
Corses, alors qu'il est chargé de mission par le gouvernement
français, et se met immédiatement à la recherche
de Paoli. (Paoli arrive à Corti le 1er DEC).
9 DEC. Paoli et Valcroissant conviennent d'un traité d'amitié
entre la France et la Corse
applicable une fois les Génois
boutés hors de l'île.
26 au 29 DEC. Consulte générale à Corti. Les députés
confirment les décisions prises par Paoli et, en particulier,
l'institution de la Rota civile. Ils parachèvent l'organisation
de la Nation et décident la création d'une Université.
26 DEC. Décès à Naples de Ghjacintu Paoli âgé
de 86 ans.
2 JANV. Sur les instances du roi de Sardaigne, Paoli
renouvelle l'Edit du 11 JUIN 1763.
11 JANV. Paoli demande au Conseil provincial de la Rocca d'entreprendre
une action militaire du côté de Bonifaziu.
23 JANV. les patriotes s'emparent de la tour de Figari.
14 FEVR. Le P. Francescu Antone Mariani, de Curbara, des Mineurs de
l'Observance, se rendant à Pise, est poussé par les vents
aux Prunete di Campulori : il est requis pour rester dans l'île
et y préparer l'organisation d'une Université.
22 FEVR. Edit de Santu Folacci et du Conseil provincial du Celavu, Cinarca
et Cavru adressé à la municipalité d'Aiacciu pour
la mettre en demeure de refuser l'entrée de la ville aux traîtres
et aux meurtriers.
27 FEVR. A Versailles, Choiseul et Valcroissant rédigent une
réponse au projet de traité du 9 DEC. Valcroissant est
chargé de revenir en Corse poursuivre les tractations avec le
général Paoli et l'informer que la France a décidé
d'envoyer des troupes dans l'île, mais que celles-ci ne sont pas
destinées à faire la guerre aux insulaires.
2 MARS. Paoli écrit au cardinal Torrigiani de ne pas interpréter
son refus de laisser sortir le P. Guelfucci comme un manque de respect
envers le Saint-Siège. Parmi les raisons de ce refus, la principale
est qu'il ne veut pas que la République ait gain de cause.
2 MARS. Nouvel édit du Conseil provincial de Celavu, Cinarca
et Cavru, sous forme d'ultimatum. La municipalité a 24 heures
pour chasser les indésirables de la ville, sous peine d'endosser
la responsabilité de ces derniers. Elle s'exécutera.
( ? ). Des jeunes gens de Vicu s'emparent de la tour d'Omigna, la seule
restée aux mains des Génois entre Calvi et Aiacciu.
7 MARS. L'aventurier Joseph Gorani débarque à San Fiurenzu
en compagnie d'un moine corse : le P. Ghjacintu Caccialepri.
10 MARS. De Bastia, où il est arrivé l'avant veille, Gorani
se dirige vers Corti.
12 MARS. Gorani est à Corti.
22 MARS. Gorani est de retour à Bastia où il s'embarquera
pour Cagliari. Il a conçu l'utopique projet de dépopulariser
Paoli et de se faire élire roi de Corse, puis, après s'être
emparé de Gênes, de se faire céder la Sardaigne
et l'île d'Elbe, se constituant ainsi " une très jolie
monarchie ".
Fin MARS ou début AVR. Valcroissant arrive en Corse et rencontre
Paoli au Viscuvatu.
26 MARS. Edit fixant le cours des monnaies étrangères.
Cet édit a été rendu nécessaire par l'extension
du trafic maritime.
Début AVR. Les Génois abandonnent Aleria et la Padulella.
Ghj. Barbaggi fait occuper Erbalonga et Acchille Murati s'empare de
Brandu.
AVR. La Chartreuse de Pise, héritière des biens de la
Gorgone, convaincue que le général Paoli entrera bientôt
dans Bastia avec ses troupes, décide d'évacuer ses archives
qui sont dans cette ville. Le bateau est pris par les Turcs et envoyé
à Tunis. Les archives seront récupérées
au cours de l'été moyennant 20 sequins de Venise.
22 AVR. Pâques.
8 MAI. Instructions de la République à Sorba pour vaincre
la résistance des Français au sujet de l'envoi de troupes
en Corse. Les Génois, qui sentent qu'ils sont sur le point d'être
chassés de l'île voudraient le rapide secours des soldats
du roi de France et la garde, par ceux-ci, de Bastia et San Fiurenzu,
conjointement, et de préférence, aux autres places maritimes.
Sachant que le Roi n'accepte pas de faire la guerre aux insulaires,
ils sont prêts à envisager toutes les mesures qui conduiront
à une pacification immédiate, y compris l'octroi de l'autonomie
interne.
22 MAI. Ouverture d'une consulte générale à Corti
avec participation du clergé : les députés votent
36 propositions relatives à l'organisation civile, la justice,
l'économie, l'Université, etc.
Fin MAI. Don Ghjacumu Abbatucci, capitaine au service de Venise, arrive
à Corti et obtient la libération de son frère Ghjacumu
Petru contre l'engagement d'un exil volontaire de trois ans, l'embarquement
devant avoir lieu avant dix jours.
9 JUIN. De Gênes, le marquis de Chauvelin envoie à M. de
Praslin un rapport qui contient un bel éloge de Pasquale Paoli.
13 JUIN. Lettre de Paoli au card. Torrigiani pour faire l'éloge
du Visiteur, qui va partir le lendemain, et demander que la Visite ne
soit pas interrompue.
14 JUIN. Mgr C. de Angelis quitte la Corse. Le P. Tommaso reste dans
l'île avec le titre de vicaire général du Visiteur.
JUIN. Une junte de guerre reçoit l'ordre de faire exécuter
le décret portant exil du Dr Abbatucci qui refuse de quitter
la Corse.
JUIN. Paoli renforce le blocus de San Fiurenziu avec l'espoir d'obtenir
la capitulation de la ville avant une nouvelle intervention française.
JUIN. Mauvaise récolte de céréales.
20 JUILL. Manifeste du Dr Abbatucci pour proclamer son innocence et
demander le soutien des populations dans le cas où on viendrait
l'arrêter.
1er AOUT. Circulaire d'application de l'art.33 de la dernière
consulte concernant la confiscation des biens des Génois et des
rebelles à la Nation.
2 AOUT. Ghj.P. Abbatucci investit le couvent d'Istria et fait prisonnier
les membres de la junte qui délibéraient sur son arrestation.
Le même jour il convoque les populations de Delà à
assister à une consulte.
5 AOUT. 59 notables de la Rocca, Istria, Ornanu et Talavu, proclament
l'innocence d'Abbatucci et exigent de la junte la renonciation à
la mission qui leur a été confié.
6 AOUT. Deuxième traité de Compiègne
entre la France et la République de Gênes, signé
par Choiseul et Sorba. La France reçoit en dépôt
pour quatre ans : Bastia, Aiacciu, San Fiurenzu, Calvi et Algaiola.
9 AOUT. Le Général et le Conseil d'Etat commandent aux
Conseils provinciaux de s'opposer aux menées d'Abbatucci.
13 AOUT. Ratification du traité du 6 AOUT.
18 AOUT. Proclamation d'Abbatucci qui s'est fortifié à
Zicavu et dans tout le Talavu : il reste fidèle à la Nation
mais entend défendre sa sécurité.
AOUT. Des officiers français débarquent en Corse, proposent
leurs bons offices pour une pacification de l'île et écrivent
des lettres contre le gouvernement national. (L'un deux est-il le futur
général Dumouriez ?)
26 et 27 AOUT. Combat naval, dans le golfe de San Fiurenzu, entre deux
vaisseaux corses et une flottille génoise qui apporte des troupes
et du ravitaillement à la ville. Malgré les pertes, les
Génois réussissent à approvisionner San Fiurenzu.
31 AOUT. Matteu Buttafoco, capitaine aide-major au régiment Royal-Italien
stationné à Mézières, après avoir
lu dans le Contrat social les appréciations flatteuses de J.J.
Rousseau sur les Corses, demande à l'exilé de Môtiers-Travers
de rédiger une constitution pour la nation corse.
AOUT ou SEPT. Giovanni Donnini, imprimeur, adjoint à Batini.
Début SEPT. Ghjuvan Lorenzu Petriconi, Dante Grimaldi et Astolfi
de Cervioni, officiers au service de la République, obtiennent
leur licenciement et se retirent en Corse. Avec eux débarque
Cesaru Petriconi, fils de Ghjuvan Lorenzu, officier au service de la
France, chargé de mission auprès de Paoli. Le Général
reçoit froidement l'envoyé de Choiseul ; sans doute parce
que deux officiers français, débarqués incognito,
suscitent, dans le Delà-des-Monts, des mouvements contre le gouvernement
national et que le chevalier Filippu Maria Costa, venu, de France, se
livre aux mêmes manuvres dans le Deçà. (Paoli
fait arrêter ce dernier).
SEPT. M. de Valcroissant, nommé lieutenant-colonel et affecté
aux troupes destinées à la Corse, est chargé de
mission à Gênes par Choiseul. C'est sa dernière
ingérence dans les affaires de Corse car, au retour, il donne
sa démission.
14 SEPT. Le commissaire général Sauli quitte la Corse
en compagnie du maréchal Matra. Il est remplacé par Agostino
Speroni, vice gerente.
22 SEPT. Réponse de Rousseau à Buttafoco : ce n'est pas
un refus, mais il fait valoir tous les empêchements (âge,
santé, ignorance de la Corse) qui le font hésiter à
entreprendre un tel travail.
3 OCT. Buttafoco invite Rousseau à venir en Corse pour y travailler
aux institutions politiques du nouvel état.
12 OCT. Pour revaloriser les fonctions du vicaire général
du Visiteur, le pape nomme le P. Tommaso Struzzieri évêque
titulaire de Tiene.
15 OCT. Rousseau fait savoir à Buttafoco que son état
de santé l'empêche de venir en Corse pendant la mauvaise
saison. Il demande une documentation complète sur l'île
et promet un plan dans un an et demi et un travail définitif
après trois nouvelles années.
22 au 25 OCT. Consulte extraordinaire, à Corti, à l'occasion
de la venue imminente des Français. Les députés
décident de maintenir l'interdiction de commercer avec les présides
; les Français ne pourront pénétrer à l'intérieur
de l'île sauf autorisation spéciale du Général
de la Nation ; toute proposition de paix qui ne tiendra pas compte des
préliminaires de 1761 sera rejetée ; Paoli est chargé
d'adresser une protestation au roi de France et de demander la médiation
des Cours amies.
23 OCT. Choiseul écrit à Matteu Buttafoco de se rendre
à Paris pour le service du roi. Buttafoco, qui avait obtenu un
congé pour se rendre en Corse, recevra cette lettre à
Toulon. A son arrivée à Fontainebleau, le ministre lui
fait connaître que le Roi avait décidé le rétablissement
du Royal-Corse qui, à la paix, avait été incorporé
dans le Royal-Italien, et qu'il l'avait agréé comme colonel-commandant
de ce corps. En réalité, après la démission
de Valcroissant et l'échec de C. Petriconi, Choiseul est à
la recherche d'un intermédiaire entre le gouvernement français
et P. Paoli.
9 NOV. Circulaire de Paoli aux podestà et aux capitaines des
pieve pour leur commander de se trouver, le 11, à Fozà
accompagné du plus grand nombre possible de gens en armes. Lui-même
s'y trouvera à la tête des troupes régulières.
Une expédition sera organisée contre le couvent d'Istria
où se sont retranchés les partisans d'Abbatucci.
11 NOV. Choiseul demande à Buttafoco de passer en Corse pour
étudier les moyens de compléter le Royal-Corse en officiers
et soldats.
NOV. Edit de Louis XV bannissant de France la Congrégation de
Jésus.
25 NOV. Edit du Général et du Conseil d'Etat portant érection
d'une université à Corti. Les professeurs sont : le P.
Francescu Antone Mariani de Curbara (recteur) : droit civil, droit canon,
éthique ; le P. Bonfigliu Guelfucci de Belgudè : théologie
et histoire de l'Eglise ; le P. Anghjulu Stefani de Venacu : morale
; le P. Leonardu Grimaldi du Campulori : philosophie et mathématique
; le P. Ghjuvan Battista Ferdinandi de Brandu : rhétorique.
( ? ). Matteu Buttafoco arrive en Corse.
10 DEC. Les Français arrivent dans le golfe de San Fiurenzu.
Les jours suivants les troupes seront réparties dans les places
maritimes prévues par le traité de Compiègne. Elles
sont placées sous les ordres des maréchaux de camp : Louis-Charles
comte de Marbeuf, commandant en chef, et La Tour du Pin. Une lettre
de Marbeuf pour Paoli est remise à Ghj. Barbaggi et à
Petru Boccheciampe qui faisaient le blocus de San Fiurenzu.
12 DEC. Après accord entre les Cours de Rome et de Turin, le
P. Struzzieri se rend en Sardaigne pour être consacré évêque.
La possibilité d'une consécration par Mgr Massoni, seul
évêque demeurant en Corse, avait été écartée,
car le titulaire de l'évêché de Sagone était
malade
et favorable aux Génois.
23 DEC. Mgr struzzieri est consacré par l'archevêque de
Sassari dans sa chapelle privée, toutes portes fermées.
28 DEC. Marbeuf qui avait débarqué à Aiacciu, puis
s'était rendu à Calvi, s'embarque pour Bastia.
1er JANV. Embarqué la veille à Porto Torre,
Mgr Struzzieri est de retour en Corse.
3 JANV. Inauguration de l'Université de Corti.
5 JANV. Paoli adresse une protestation à la Cour de France contre
l'occupation des places maritimes, et San Fiurenzu en particulier. Il
est dans l'obligation d'en appeler aux souverains d'Europe.
9 JANV. Premiers cours à l'université.
12 JANV. Après avoir été déporté
jusqu'à Livourne par les vents contraires, Marbeuf arrive à
Bastia.
19 JANV. Proclamation de Marbeuf portant licenciement des militaires
corses au service de Gênes dans les présides. (L'installation
des Français dans les places maritimes comportait le départ
de toutes les troupes de la République).
21 JANV. Réunion, à Gênes, de la Giunta di Giurisdizione
pour étudier la situation résultant de la consécration
de Mgr Struzzieri. Après avoir discuté de l'opportunité
de remontrances diplomatiques auprès des Cours de Rome et de
Paris et d'une action contre le prélat, elle s'ajourne sans rien
décider.
22 JANV. Paoli, qui est au couvent d'Ornanu, conseille à la province
de la Rocca de faire une démonstration de force devant Zicavu.
Fin JANV. Les Nationaux renforcent la surveillance aux portes d'Aiacciu
pour interdire l'échange de denrées entre les habitants
de la campagne et ceux de la ville. La Tour du Pin, commandant à
Aiacciu, fait une sortie en compagnie de son commissaire à la
guerre et de C. Spinola et arrête une patrouille de quatre hommes.
19 JANV. Mario Gaetano Della Rovere, Doge de Gênes.
31 JANV. La Tour du Pin écrit au Conseil provincial de Cavru
qu'il considère comme un acte d'hostilité la confiscation
des denrées.
1er FEVR. Santu Folacci et Vincetellu Gentili adressent une proposition
au commandant français au sujet de l'arrestation de la patrouille.
Début FEVR. Le Tour du Pin opère de nouvelles sorties
et procède à des arrestations.
12 FEVR. Réponse de Choiseul à la protestation de Paoli.
Le ministre rappelle les tractations qui ont conduit à l'envoi
de troupes en Corse et renouvelle les sentiments pacifiques du Roi,
mais il entend que des bons rapports s'établissent entre les
soldats français et la Nation, faute de quoi la France saura
faire respecter ses armes.
FEVR. Les frères Abbatucci se réfugient à Aiacciu
sous la protection des Français.
12 MARS. Paoli rappelle à Choiseul les dispositions de la consulte
de 1761 et souhaite que le Roi oblige les Génois à les
accepter ou, tout au moins, retire ses troupes, laissant la Corse et
la République régler leurs différents par les armes.
A cette lettre sont joints un mémoire que Paoli compte adresser
aux Cours étrangères et un mémoire pour le Roi
de France. Le Général demande également que M.
Buttafoco soit nommé colonel propriétaire du Royal-Corse.
MARS. Sous prétexte de l'échange de prisonniers entre
Gênes et la Corse, Marbeuf obtient une entrevue de Paoli. En réalité
le commandant français désire s'entretenir de la liberté
de commerce entre les présides et l'intérieur. Il obtient
l'ouverture de marchés les mercredi et samedi : au dessous de
Furiani et près d'Erbalonga pour la garnison de Bastia, à
la tour de Fiuminale d'Oletta pour celle de San Fiurenzu, à la
tour de Caldanu pour celle de Calvi, et Algaiola, sous Alata pour celle
d'Aiacciu.
24 MARS. Rousseau renonce à s'occuper des institutions politiques
de la Corse, mais il accepterait que l'île lui offre un asile
pour y finir ses jours qu'il occuperait à écrire une histoire
de la Corse.
MARS. Ghj.P. Abbatucci quitte Aiacciu pour le continent italien. Il
se rend à Venise chez son oncle : le colonel Paganelli.
7 AVR. Pâques.
11 AVR. Au nom de Paoli, Buttafoco offre à Rousseau un asile
en Corse et la liberté d'y vivre à son gré.
MAI. La Tour du Pin est rappelé. Le commandement d'Aiacciu est
confié à son second : M. de Poulariès, lieutenant-colonel.
Pour couvrir sa disgrâce, on le charge de porter à Paris
un plan de paix entre la République et la Corse, établi
par Paoli à la demande de Choiseul. Ce plan prévoit que
la République abandonne définitivement la Corse qui restera
gouvernée en sa forme actuelle ; de plus, elle lui donne en fief
Bonifaziu et Capraia ; en contre-partie, la Corse s'engage à
lui payer un tribut de 40 000 livres, à lui fournir un corps
de troupes en cas de guerre et à désigner un port où
les Génois pourront commercer en franchise ; le roi de France
serait médiateur et garant.
13 MAI. Mgr Massoni meurt à Spiluncatu où il était
retenu en otage par les troupes paolistes. Il sera enseveli le 1er JUIN
à Calinzana.
20 au 26 MAI. Consulte générale à Corti. Paoli
expose les raisons de son attitude vis à vis des Français
: création de marchés ; passeports accordés aux
officiers. L'assemblée lui donne quitus et, passant à
l'ordre du jour, prend des mesures pour encourager l'agriculture, la
navigation, le commerce, etc. Le gouvernement, et particulièrement
le Général, est chargé de promouvoir une politique
des jeunes en leur confiant les charges correspondantes à leur
mérite.
21 MAI. Choiseul invite Paoli à envoyer un homme de confiance
à la Cour de France pour négocier la paix. Il l'informe
que M. de Buttafoco a été retenu comme colonel-commandant
du Royal-Corse ; il lui offre, pour lui ou pour son frère, la
place de colonel-propriétaire.
26 MAI. Rousseau écrit à Buttafoco qu'il renonce à
son projet de s'installer en Corse, le roi de Prusse lui ayant garanti,
sinon la tranquillité, du moins la sûreté à
Môtiers-Travers.
5 JUIN. Ghj.M. Natali est nommé évêque de Tivoli.
17 JUIN. Lettre de Paoli à Choiseul : le Général
se réjouit de l'acceptation par S. M. des préliminaires
de la consulte de 1761 comme base de discussion d'un traité de
paix et apporte des précisions au sujet de l'indemnisation des
Génois, et de Bonifaziu. Il refuse, pour lui et son frère,
de passer au service de la France.
23 JUILL. Par suite de la mauvaise récolte, le gouvernement national
interdit d'exporter des céréales.
10 SEPT. Mort, à Segni, de Mgr C.C. de Angelis.
14 SEPT. Le card. Torrigiani informe Mgr Struzzieri que le pape le charge
de continuer l'uvre du défunt Visiteur.
20 SEPT. Le pape nomme Mgr Struzzieri Visiteur apostolique.
OCT. Paoli se rend aux portes d'Aiacciu pour recevoir l'hommage de la
ville. Les habitants, et même les officiers français, accourent
aux Salines pour acclamer le Général. Paoli accorde des
faveurs aux Ajacciens, garantissant aux possédants les propriétés
qu'ils ont en dehors de la villes, aux autres la liberté de commercer,
aux patrons de barques la libre navigation. Cet événement
incitera les populations de Bastia et San Fiurenzu à se mettre
sous la protection du Général et des habitants de Bonifaziu
l'inviteront à occuper le seul préside resté aux
mains de Génois.
11 OCT. James Boswell, biographe écossais, s'embarque à
Livourne pour la Corse. Après un voyage de deux jours, il débarque
à Centuri puis se rend à Muratu chez Barbaggi qui informe
Paoli et en reçoit l'ordre de le faire conduire à Suddacarò.
Boswell passera six semaines en Corse, dont une en compagnie du Général.
L'idée de ce voyage lui était venue en DEC. 1764 alors
qu'il rendait visite à Jean-Jacques Rousseau.
22 OCT. Edit de Pasquale Paoli: étant données les preuves
de leur attachement à la cause commune, les Ajacciens sont autorisés
à se pourvoir devant les ports de la Nation ; leurs bateaux pourront
accoster dans les ports de l'île contrôlés par les
Nationaux.
( ? ). Carlo Spinola, commissaire d'Aiacciu, est remplacé par
Gian Battista Albora.
2 NOV. Edit de Paoli portant création d'une Giunta di esecuzione
composée des commissaires des pieve du Delà-des-Monts
et chargée de faire réparer les routes, d'arrêter
les bandits, les voleurs et les séditieux et de faire payer les
taxes en retard.
4 NOV. Paoli quitte Suddacarò pour Corti.
NOV. G.P. Abbatucci débarque à la Solenzara et se constitue
prisonnier, déclarant se repentir. (Il deviendra l'ami et le
conseiller de Paoli).
15 NOV. Ordonnance du roi de France rétablissant le Royal-Corse
en sa forme première ; Matteu Buttafoco en sera le colonel-commandant
et le marquis du Luc-Ventimille colonel-propriétaire.
9 DEC. Lettre de Sorba au comte de Marbeuf pour le louer de ses rapports
au ministre qui relatent la mauvaise foi de Paoli contrairement aux
assertions de Buttafoco qu'il souhaite voir revenir en France pour se
mettre à la tête de son régiment.
26 DEC. Paoli ayant accepté de laisser partir le P. Guelfucci
à condition qu'il soit son représentant à Rome,
Torrigiani s'empresse d'écrire à Mgr Struzzieri que Guelfucci
est attendu comme un religieux obéissant aux ordres du pape et
non comme un ambassadeur.
18 MARS. Choiseul demande, de nouveau, à Paoli,
des propositions de paix pour être transmises à la République.
30 MARS. Pâques.
16 AVR. Paoli promet à Choiseul un plan de paix établi
par les représentants du peuple corse.
18 MAI. Le Général, le Conseil d'Etat et les principaux
responsables insulaires, réunis à Corti, adressent au
roi de France un projet d'accommodement avec Gênes. Ce projet
est semblable à celui envoyé en mai 1765. Une lettre de
Paoli à Choiseul indique que, dans le cas où la République
croirait un tel accommodement contrainte à sa dignité,
on pourrait convenir d'une trêve de 10 ou 12 ans semblable à
celle conclue entre l'Espagne et les Pays-Bas : Gênes retirerait
de l'île ses troupes et ses représentants et la France,
qui garantirait la trêve, occuperait une place maritime. Paoli
précise, en outre, qu'il reste fidèle aux engagements
pris avec M. de Valcroissant.
20 MAI. La consulte délibère que, dans le cas d'un accord
avec la République, les habitants des présides et les
Corses de l'intérieur seront considérés comme les
fils d'une même patrie. L'assemblée apporte des modifications
à la représentation des pieve et à l'administration
de la justice.
JUIN. Succédant à Canelli, Marcu Maria Carli prend ses
fonctions de surintendant des Finances.
10 JUIN. Choiseul à Paoli : " J'ai reçu, Monsieur,
la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 13 du
mois dernier et le projet de la patrie de la Nation corse qui vous a
choisi pour son général ainsi que votre mémoire
concernant la pacification de l'île ". Le projet a été
communiqué au gouvernement de la République.
JUILL. Paoli confisque, au profit de la Nation, les propriétés
des Génois et de leurs partisans.
22 JUILL. Lettre de Paoli à l'inspecteur des hôpitaux militaires
français en Corse faisant état de la réussite de
la première vaccination antivariolique qui a eu lieu à
Sartè.
26 JUILL. Paoli ayant protesté contre les termes de la lettre
du 10 juin, Choiseul précise que le projet d'accommodement a
été présenté au ministre de Gênes
" comme un ouvrage concernant les sentiments unanimes de la Nation
corse ".
14 AOUT. A Boston, une association de patriotes américains, les
" Fils de la liberté ", portent un toast " au
succès du général Paoli et des Corses en lutte
".
8 SEPT. Les Nationaux entreprennent le blocus de Bonifaziu.
29 SEPT. Buttafoco, qui a rejoint son régiment, adresse deux
mémoires à Choiseul : le premier, qu'il a rédigé
le 6 SEPT., prévoit un traité de paix entre Gênes
et la Corse et réaffirme l'indépendance de l'île
; le second, rédigé le 8 SEPT., envisage l'impossibilité
d'un accord et propose que la France consente une aide à la Nation
pour l'aider à se soustraire au joug génois et à
rentrer dans l'alliance et sous la protection du Roi.
OCT. Entrevue Paoli-Marbeuf dans la plaine de la Mezana.
6 DEC. Dans une lettre au comte A. Rivarola, Paoli fait état
de rumeurs selon lesquelles la République aurait rejeté
le projet d'accommodement présenté par les Corses. Il
prévoit quelle en sera réduite à demander une prolongation
de l'occupation française et que le Roi ne sera pas fâché
que l'Europe s'accoutume à la présence française
dans l'île. Le Général en arrive à envisager
une alliance avec les Turcs d'Alger et de Tunis.
DEC. Paoli s'étant attaqué aux immunités ecclésiastiques
en matière de justice, ses relations avec le Visiteur se font
difficiles. Malgré les requêtes de Mgr Struzzieri au Général,
ses protestations auprès du Saint-Siège et l'intervention
de Clemente Paoli et du P. Mariani, Paoli restera inflexible.
JANV (?) Paulu Mattei, de Centuri, revenant de France
où ses affaires l'avaient appelé au mois de DEC., est
obligé, par le mauvais temps de faire escale à l'île
de Capraia. Il prend des renseignements sur la garnison génoise
et, à peine arrivé en Corse, soumet à Paoli un
plan de conquête qui est approuvé.
JANV. FEVR. Le conflit entre Paoli et Mgr Struzzieri devient plus aigu.
Le Général tente de discréditer le Visiteur auprès
du Saint-Siège, particulièrement par l'intermédiaire
de son agent : l'abbé Alessandrini. Dans un mémoire à
la Cour de Rome, il reconnaît la bonne foi du Visiteur mais l'accuse
d'inexpérience.
20 au 30 JANV. Consulte, à Corti, du gouvernement et des principaux
responsables de la politique corse. Des mesures sont prises pour suivre
la guerre lorsque les Français quitteront l'île et l'on
met au point, dans le plus grand secret, la conquête de Capraia.
Pendant le congrès, M. Buttafoco débarque à Aiacciu,
se rend à Corti et confirme le rejet, par la République
du plan d'accommodement.
27 JANV. Un manifeste du Général et du Conseil d'Etat
appelle les Corses à se préparer à reprendre la
lutte après les quatre années de présence française.
L'opportunité de ce combat sera le thème principal de
la consulte ordinaire du mois de mai.
31 JANV. Dans une lettre à Choiseul, Paoli reprend les propositions
du 18 MAI 1766. Buttafoco est chargé de porter la lettre au ministre
ainsi qu'un appel au roi de France et un mémoire destiné
aux princes européens pour les prier d'intercéder auprès
de S.M. pour quelle retire ses troupes de Corse.
3 FEVR. Marcello Durazzo, Doge de Gênes.
5 FEVR. Entrevue Paoli-Struzzieri. Le Visiteur supplie ou menace, le
Général reste inflexible.
6 FEVR. Informé que Ghjiseppu Barbaggi, Acchille Murati (commandant
d'Erbalonga) et Ghjambattista Ristori (commandant de Furiani) dirigent
des troupes vers Macinaghju, A. Speroni dépêche une felouque
au commissaire génois de Capraia pour l'informer d'un débarquement
possible et lui envoie de la farine et de l'argent.
16 FEVR. Dans la soirée, 200 hommes, sous le commandement de
Murati et Ristori, s'embarquent sur 14 gondoles et se dirigent vers
Capraia.
17 FEVR. Vers quatre heures du matin, la flottille débarque au
Ceppo. Les Corses sont reçus chaleureusement par les habitants
de Capraia.
19 FEVR. Capraia : la tour de Sinopito et celle du port capitulent.
Les Corses entreprennent le siège de la citadelle où la
garnison génoise s'est réfugiée.
Début MARS. Une escadre génoise commandée par le
sénateur Agostino Pinelli, paraît devant Capraia ; pendant
tout le mois elle tourne autour de l'île, tirant de rares coups
de canon contre les positions corses, mais n'opère aucune tentative
de débarquement.
2 MARS. Réunion du " Petit Conseil " de la République.
Un des membres envisage la cession de la Corse à la France.
16 MARS. Instructions des assemblées génoises à
Sorba : il est question de céder la Corse au roi de France.
23 MARS. Dure réponse de Choiseul à Paoli : le ministre
reconnaît le droit de souveraineté de Gênes sur la
Corse, lequel subsiste, dit-il même lorsque l'occupation cesse.
La Nation corse ne peut prétendre obtenir la cession de ce droit
sans offrir de compensations. En conséquence, le Roi propose
deux solutions, sa préférence allant à la première
: a) la Corse offre, en compensation de la perte du droit de souveraineté,
de laisser à Gênes le titre de roi de Corse, lui permet
de conserver quelques places et s'engage à lui rendre un hommage
annuel comme le roi de Naples le rend au pape : b) pendant une trêve
de 10 ou 15 années, les places maritimes sont partagés
entre Gênes et la Corse, la France en gardant une. - Choiseul
met en garde le Général contre le rejet de ces propositions.
2 AVR. Charles III d'Espagne fait arrêter les Jésuites
et les embarque pour Civitavecchia. (Le pape leur ayant refusé
l'entrée du port, ils erreront en Méditerranée
jusqu'à ce que la République de Gênes leur accorde
de s'installer en Corse, au grand déplaisir du roi de France.
2 AVR. L'escadre génoise se présente en ordre de bataille
devant Capraia, attaque deux postes tenus par les Corses et tente de
ravitailler la citadelle. Repoussés par le tir des positions
corses, les bâtiments se retirent à La Spezia.
16 AVR. Les bateaux génois paraissent encore devant Capraia ;
gênés par le vent, ils se retirent dans les ports de l'île
d'Elbe et de Toscane.
19 AVR. Pâques.
20 AVR. Ristori quitte Capraia.
3 MAI. L'escadre génoise, devant Capraia depuis deux jours, débarque
Antone Matra à la tête d'un détachement de 150 hommes.
Celui-ci doit se retirer laissant des morts et des prisonniers
10 MAI. Mgr Struzzieri au card. Torrigiani, au sujet de Paoli : "
Je crains fort que le succès de ses entreprises ne le rende davantage
inflexible ".
11 MAI. Nouvelles instructions à Sorba dans le sens de celles
du 16 mars.
18 MAI. La flotte génoise est de nouveau devant Capraia mais
se contente de rester en observation pendant quelques jours.
22 MAI. Un premier contingent de Jésuites arrive dans le port
de Bastia. Marbeuf s'oppose à leur débarquement. (Le Commandant
français recevra bientôt l'ordre de son gouvernement de
ne pas interdire l'installation des Jésuites en Corse si la République
le désire, mais les troupes du Roi devront immédiatement
évacuer les places maritimes qui accueilleront ces religieux.
26 MAI. Paoli, qui était dans le Capicorsu depuis mars, arrive
à Corti pour présider la consulte.
28 au 4 JUIN. Consulte générale. L'assemblée vote
une imposition extraordinaire de un pour mille des biens meubles et
immeubles.
29 MAI. Le fort de Capraia capitule. Le commissaire génois Bernardo
Ottone avait demandé, pour la garnison, l'autorisation de s'embarquer
avec armes et bagages. Murati accepte qu'elle quitte l'île mais
refuse toute autre concession.
3 JUIN. Dumenicu Arrighi, président de séance, annonce
à la consulte la capitulation de Capraia. Un courrier, arrivé
la veille de Macinaghju, avait apporté la nouvelle à Paoli.
3 JUIN. Après avoir délibéré sur les propositions
de Choiseul datées du 23 MARS, la consulte accepte que le Sénat
de Gênes conserve le titre de roi de Corse et qu'hommage soit
rendu à la République chaque fois qu'un nouveau général
sera élu à la tête de la nation, mais refuse que
les Génois conservent des places dans l'île. Toutefois,
si la République désire sauver la face, on peut admettre
le compromis suivant : dans le traité, la Corse laisse Bonifaziu
à la République, tandis que par un article séparé
et secret la République s'engage à céder la dite
place à la Corse ayant deux ou trois ans, la Nation acceptant
de lui payer, en compensation, un tribut annuel.
5 JUIN. Une circulaire du Général et du Conseil d'Etat
annonce la prise de Capraia, ancienne dépendance du Royaume,
et demande aux municipalités de réserver un jour pour
fêter l'évènement et aux prêtres de commander
des prières d'action de grâce.
JUIN. Barbaggi est envoyé à Capraia avec le titre d'intendant
général.
12 JUIN. Sorba rédige un projet d'accommodement qui est un compromis
entre les exigences des Corses et celles de la République.
22 JUIN. Sorba reçoit l'ordre, des assemblées génoises,
d'offrir la Corse au roi de France et de donner une prompte réponse.
JUIN. Les Génois introduisent 300 hommes, des vivres et des munitions
dans Bonifaziu toujours assiégé du côté terre.
4 JUILL. Au nom de la République, Sorba propose à la France
de lui abandonner la souveraineté de la Corse.
15 JUILL. Paoli accorde asile et protection aux Jésuites sur
le territoire contrôlé par l'armée nationale.
25 JUILL. Choiseul à Paoli : cédant aux désirs
réitérés de la Cour de Madrid, le Roi n'empêchera
pas l'installation des Jésuites à Calvi, Aiacciu et Algaiola,
mais retire ses troupes de ces places, " avec d'autant plus d'assurance
qu'il espère que, pour égard pour sa médiation,
vous attendiez l'expiration des quatre ans du dépôt convenu
pour faire aucune opération contre ces places ". (L'incident
des Jésuites a retardé l'envoi à Gênes du
mémoire du 3 juin ; Choiseul fait des réserves au sujet
de Bonifaziu et signale que ce mémoire ne parles pas de Capraia).
30 JUILL. Les Français ont évacué les trois places
maritimes. Paoli demande au Conseil provinciale de la Rocca d'interdire
les dévastations sur le territoire d'Aiacciu. Algaiola a été
occupé par les Corses. Calvi est bloqué.
5 AOUT. Paoli promet à Choiseul de ne pas occuper les présides
si les français doivent y retourner mais signale que la neutralité
n'est pas possible envers les Génois. Pour la question de Capraia
il s'en remet aux décisions de S.M.
9 AOUT. Dans le port d'Aiacciu les bateaux chargés des troupes
françaises sont à l'ancre et les navires espagnols ont
commencé à débarquer les Jésuites, lorsque
Francescu Gaffori à la tête de 10 000 Corses, s'introduit
dans la ville. Le commissaire Albora s'enferme dans la citadelle avec
150 hommes de troupes régulières et les Grecs et menace
de bombarder les maisons. M. de Poulariès intervient pour interdire
les hostilités et envoie une estafette à Marbeuf.
11 AOUT. M. Jadart, commissaire des guerres envoyé par Marbeuf,
arrive à Aiacciu. En traversant Corti, il avait eu une entrevue
avec Paoli. Jadart obtient de Gaffori et Albora que les hostilités
ne soient pas engagées. Le premier promet d'évacuer la
ville si la gestion est assurée par la municipalité ;
le commissaire génois dit ne pas être en droit de prendre
des engagements et en réfère à la République.
25 AOUT. Une felouque apporte l'accord du Sénat de Gênes
à la médiation de M. Jadart, mais la République
demande que les choses restent en l'état où elles étaient
lorsque les Français occupaient Aiacciu et que le commissaire
puisse rentrer en ville pour juger au civil et au criminel.
28 AOUT. Gaffori retire ses troupes de la ville.
31 AOUT. Paoli informe le Visiteur qu'il interdit aux Jésuites
de se déplacer en dehors des résidences qui leur sont
assignées.
12 SEPT. Choiseul remercie Paoli d'avoir accédé au désir
du Roi. Par le même courrier il demande à Marbeuf d'envoyer
deux compagnies à Calvi et deux à Aiacciu. La République
n'a pas encore donné de réponse au mémoire des
Corses et le ministre pense qu'elle négocie ailleurs qu'en France.
Enfin, il signale que pour la sûreté d'un arrangement qui
pourrait être fait il sera nécessaire que la France garde
deux places en propriété.
14 SEPT. Mémoire de la Nation au pape sur les différents
qui l'opposent au Visiteur.
OCT. Charles-Emmanuel III fait occuper les îles comprises entre
la Sardaigne et la Corse (Maddalena, Caprera, etc.) lesquelles, de temps
immémorial, appartenaient à la ville de Bonifaziu.
OCT. La zecca est transférée de Muratu à Corti.
20 OCT. Dans une lettre confidentielle à Paoli, Choiseul fait
remarquer qu'il n'est pas naturel que le Roi se mêle des affaires
de Corse sans en tirer un avantage et que cet avantage ne peut être
autre que celui d'y conserver des points utiles à la navigation
de ses sujets. Il demande que Buttafoco lui soit envoyé pour
exposer les intentions du Général ; lui-même lui
communiquera en entier son système sur la Corse.
Fin OCT. Consulte à Corti.
22 NOV. Paoli annonce à Choiseul que Buttafoco est chargé
de se rendre à la Cour de France pour discuter des moyens que
le Roi veut adopter pour assurer la liberté et l'indépendance
de la Nation tout en conciliant les intérêts de la France
avec ceux de la Corse. Ignorant où en sont les négociations
entre la France et la République, Paoli informe le ministre qu'il
n'est pas autorisé à aller au-delà des conclusions
du mémoire du 3 JUIN. (Choiseul possède-t-il déjà
un projet génois accordant l'autonomie interne à la Corse
mais se réservant Aiacciu, Calvi et Bonifaziu avec, tout autour,
de larges portions de territoire ? Quoiqu'il en soit, le ministre ne
le portera pas à la connaissance du Général).
2 et 4 JANV. Entrevues Choiseul-Buttafoco. Le ministre
fait connaître que la République a offert à la France
son droit de souveraineté sur la Corse et, en même temps,
négocié avec l'Espagne une relève des troupes françaises
à la fin des quatre années prévues. Le roi de France,
soucieux de la sécurité des Bourbons en Méditerranée,
est prêt à donner son accord pour une occupation espagnole
mais préfère s'entendre avec la Nation corse et, pour
cela, réclame Bastia, San Fiurenzu et le Capicorsu en toute propriété
contre sa garantie de l'indépendance nationale pour le reste
de l'île.
4 JANV. Buttafoco remet un mémoire à Choiseul : il demande
que la France obtienne de la République la cession de son droit
de souveraineté puis en fasse don aux Corses en prenant sous
sa protection et garantie la liberté et l'indépendance
de la Nation. En reconnaissance, la Corse donnerait à la France
la garde militaire (et non la propriété) de Bastia et
San Fiurenzu et adhèrerait, si S.M. le désire, au pacte
de Famille des Bourbons.
8 JANV. En réponse au mémoire de Buttafoco, Choiseul confirme,
par écrit, les présentations du Roi sur Bastia, San Fiurenzu
et le Capicorsu et les présente comme une condition sine qua
non à toute négociation avec les Corses.
9 JANV. Buttafoco communique à Paoli la lettre de Choiseul et
demande des instructions.
5 FEVR. Dans une lettre à Buttafoco, Paoli rejette les propositions
françaises faisant valoir les inconvénients d'un démembrement
de l'île et la jalousie des puissances européennes. Dans
cette lettre, le Général fait état d'une mission
du prêtre Gavi, envoyé de Gênes pour traiter directement
et secrètement avec les Corses.
13 FEVR. Paoli met fin au rôle de Buttafoco. Il lui demande, avant
de cesser sa mission, de faire savoir au Roi que le refus des Corses
n'est pas répugnance mais simple désir de préserver
l'avenir et de le prier de dissuader les Espagnols d'envoyer des troupes
en Corse et de faire remettre San Fiurenzu aux Nationaux avant le départ
des troupes françaises.
FEVR. Mgr Struzzieri porte à la connaissance des Conseils provinciaux
les ordres de la Cour de Rome qui interdisent, sous peine d'excommunication,
d'obéir à la circulaire de Paoli qui porte atteinte aux
immunités ecclésiastiques.
FEVR. M. de Boufflers est à Antibes d'où il veut s'embarquer
pour la Corse et rencontrer Paoli pour lequel il a de l'admiration.
Il en est empêché par ordre du ministère.
21 FEVR. Les assemblées génoises précisent les
conditions de la cession de la Corse à la France.
28 FEVR. Mémoire de Buttafoco à Choiseul, conformément
aux instructions antérieures au 12 FEVR.
1er MARS. Entrevue Choiseul-Buttafoco pour discuter du mémoire
de l'avant-veille.
3 MARS. Choiseul fait savoir à la République que le Roi
n'a pas cru bon d'accepter la cession, sans réserves, des droits
qu'elle avait sur la Corse, mais qu'il est prêt à prendre
l'île en dépôt
(suivent les conditions qui
seront stipulées dans le traité de Versailles du 15 mai).
12 MARS. Choiseul écrit à Buttafoco que les négociations
sont rompues : "
vous pouvez retourner en Corse quand bon
vous semblera
S.M. fera savoir ses intentions au général
Paoli lorsque les circonstances permettront que le Roi fasse savoir
ce qu'il pense sur la situation de l'île de Corse ".
MARS. Buttafoco quitte Versailles après avoir adressé
à Choiseul un mémoire conforme aux instructions du 13
FEVR. Avant de partir il a connaissance de rumeurs selon lesquelles
le Roi enverrait de nouvelles troupes en Corse. Ces rumeurs se confirment
à son arrivée en Provence. Il écrit d'Antibes pour
questionner Choiseul.
3 AVR. Pâques.
3 AVR. Choiseul à Buttafoco : Paoli ne doit pas s'inquiéter
de l'envoi de troupes ; il s'agit d'un simple changement de garnison.
En même temps, le ministre demande à Buttafoco de revenir
mais celui-ci ne recevra cette lettre qu'après son arrivée
en Corse.
8 AVR. Les assemblées génoises donnent pleins pouvoirs
à Sorba pour signer un traité avec la France.
Début MAI. Les troupes génoises reçoivent l'ordre
de se préparer à quitter la Corse.
10 MAI. Daniel-Marc-Antoine Chardon est nommé intendant des troupes
françaises en Corse.
13 MAI. Pleins pouvoirs du Roi à M. de Choiseul pour signer un
traité avec Gênes.
15 MAI. Traité de Versailles signé par
Choiseul et Sorba : la République cède provisoirement,
à la France, ses droits sur la Corse ; elle se réserve
d'en réclamer la restitution le jour où elle sera en état
de solder les dépenses occasionnées par l'expédition
française ; le Roi garantie les possessions continentales de
la République et s'engage à lui restituer Capraia ; en
un article séparé et secret, le Roi offre une somme de
200 000 livres pendant 10 ans.
18 MAI. Le marquis de Chauvelin reçoit le commandement des troupes
françaises.
10 MAI. Deux bataillons du régiment Bretagne débarquent
à Aiacciu.
22 MAI. Consulte générale à Corti. Paoli se rend
compte de ses négociations avec Choiseul et pose le problème
de l'arrivée de nouvelles troupes dont on ne connaît pas
la mission. Carlu Bonaparte lance un appel à la jeunesse pour
la défense de la liberté. L'assemblée décide
la guerre à outrance, ordonne la levée en masse, crée
une Giunta di osservazione chargée de réprimer la subversion
et vote un impôt extraordinaire de quatre pour mille des biens
productifs et de un pour dix des revenus ecclésiastiques.
28 MAI. Le Doge et les assemblées génoises ratifient le
traité.
29 MAI. Arrivée, à Aiacciu, de deux bataillons du régiment
d'Anhalt, et du comte Jean-François de Narbonne-Pelet, maréchal
de camp, qui a la responsabilité de la ville. Dans la nuit, Narbonne
envoie 300 soldats à Bonifaziu.
29 MAI. Choiseul écrit à Paoli que les troupes envoyées
en Corse ne doivent pas inquiéter la Nation et que M. de Chauvelin
est chargé de négocier avec lui un arrangement avec la
République. Cette lettre est adressée à Buttafoco
qui la reçoit alors qu'il est dans le Capicorsu prêt à
s'embarquer pour la France. Dans la lettre d'accompagnement, le ministre
dit de Paoli : "
le meilleur parti qu'il ait à prendre,
est de se tenir tranquille, et de ne suivre en tout et pour tout que
les impressions de la France ".
Fin MAI. Un bataillon du régiment Médoc débarque
à Calvi. Les Corses qui sont sous les armes prennent position
dans le Nebbiu, le Capicorsu et à Alata.
1er JUIN. La garnison génoise d'Aiacciu quitte la Corse. Les
Français prennent possession de la citadelle et y plantent la
bannière royale.
12 JUIN. Buttafoco, qui est à Mursiglia, reçoit la lettre
de Choiseul ; celle destinée à Paoli n'est pas jointe
: elle a dû être acheminée directement par Marbeuf.
Buttafoco conseille au Général de ne pas faire la guerre
aux Français.
15 JUIN. Le commandant français d'Aiacciu interdit aux commerçants
de vendre des munitions de guerre aux Nationaux.
16 JUIN. Deux bataillons français débarquent à
Bastia et s'ajoutent aux quatre qui y sont déjà.
19 JUIN. Au moment de partir pour Versailles, Buttafoco est informé
que Paoli a reçu de Choiseul une lettre dont les termes ne sont
pas alarmants. Buttafoco implore à nouveau le Général
de ne pas entreprendre une guerre commandée par le désespoir
et, ne pouvant avoir l'indépendance sous la protection de la
France, d'accepter sa domination.
21 JUIN. Le commissaire génois quitte Bastia.
22 JUIN. Quatre bataillons français arrivent à San Fiurenzu.
Le commandement de la ville est assumé par M. de Grandmaison,
maréchal de Camp.
23 et 24 JUIN. A Bastia, la France prend possession de sa souveraineté
par des cérémonies publiques auxquelles s'associent la
municipalité et la population.
JUIN. Ordonnance royale portant création du Conseil supérieur,
la plus élevée des juridictions de l'île.
4 JUILL. Un député du bey de Tunis débarque à
Porti Vechju apportant des cadeaux à Paoli pour le remercier
d'avoir donné la liberté à un bateau qui était
pourtant une prise légitime.
8 JUILL. L'intendant Chardon est nommé président du Conseil
supérieur.
29 JUILL. Marbeuf écrit à Paoli pour le sommer de retirer
ses soldats de Barbaghju et Patrimoniu, afin de laisser aux Français
la libre communication entre Bastia et San Fiurenzu, et de lui remettre
l'Isula Rossa, il se porte dans la nuit à Teghjime avec 2000
hommes et donne l'ordre à M. de Grandmaison de sortir de San
Fiurenzu.
1er AOUT. Après deux jours de durs combats et de lourdes pertes,
les Français s'emparent de Patrimoniu et Barbaghju.
5 AOUT. Un édit de Louis XV annonce que Gênes a volontairement
cédé à la France ses droits de souveraineté
sur la Corse. Le Roi promet à ses nouveaux sujets l'oubli des
troubles antérieurs à la cession et souhaite qu'ils ne
le mettent pas, par leur rébellion, dans l'obligation de détruire
un peuple adopté avec tant de complaisance.
5 AOUT. Grandmaison s'empare de Feringule et Marbeuf occupe Erbalonga.
6 AOUT. Une frégate, détachée de l'escadre anglaise,
accoste à Fornali. Deux officiers (des familles Stuart et Hamilton)
ont une conférence avec Paoli.
12 AOUT. De Compiègne, Choiseul écrit à Buttafoco,
qui est à Paris, que Paoli " a eu de l'audace " de
faire attaquer les troupes de S.M. " Cette hostilité a occasionné
une petite affaire qui servira de correction, à ce que j'espère,
à Paoli et à ceux qui lui obéissent, mais qui ne
permet d'entamer aucune négociation avec un homme qui a osé
manquer aussi essentiellement au Roi ". Choiseul demande à
Buttafoco de retourner en Corse, avec M. de Chauvelin, pour conseiller
le général Paoli.
15 AOUT. Comme il y a deux ans, les " Fils de la liberté
" de Boston portent un toast " au véritable héros
Pasquale Paoli, et à tous les vaillants Corses ".
16 AOUT. Les patriotes corses défont mille français et
Calvais venus pour s'établir au-dessus de Lumiu.
19 AOUT. Dans une lettre à Rivarola, Paoli se plaint de la passivité
des Anglais et de l'attitude hostile des gouvernement de Naples et de
Toscane.
20 AOUT. Marbeuf et Grandmaison, combinant les mouvements de leurs troupes,
progressent légèrement dans le Capicorsu.
20 AOUT. De Toulon, ordonnance de Chauvelin portant obligation aux navires
corses de remplacer le pavillon national par le pavillon du Roi. Une
deuxième ordonnance offre la protection royale aux villages qui
ouvriront leurs portes aux troupes françaises et toutes les rigueurs
de la guerre à ceux qui résisteront.
24 AOUT. Trois colonnes françaises se dirigent vers Nonza : celle
du comte de Marbeuf partie de Siscu, celle du comte de Coigny parti
d'Olmeta, celle du comte de Grandmaison par le bord de mer. Après
deux jours de siège et de bombardement continu par les bateaux
de guerre, les Corses, Ghj. Barbaggi à leur tête capitulent.
26 AOUT. Buttafoco débarque à Calvi. Suivant les directives
de Choiseul seul, il écrit à Paoli d'abandonner l'idée
d'indépendance et de se soumettre à la France.
26 AOUT. M de Chauvelin, lieutenant-général des troupes
de S.M. et gouverneur général du Royaume de Corse débarque
à San Fiurenzu. (Chauvelin enverra les PP. Morazzani et Guasco
à Paoli pour convenir d'un armistice de deux mois. Cette proposition
n'aura pas de suite car le Général ne l'accepte que si
les Français réintègrent les présides. Il
leur accorde tout au plus la libre communication entre Bastia et San
Fiurenzu).
27 AOUT. Chauvelin publie l'édit royal du 5 AOUT et ses ordonnances
datées de Toulon.
29 AOUT. Le gouvernement national convoque une consulte pour étudier
la situation résultant de l'inattendue et injuste attaque des
Français contre Barbaghju et Patrimoniu et de la publication
de l'édit du Roi faisant état d'un transfert de souveraineté.
29 AOUT. Chardon commande l'expulsion des Jésuites établis
à Bastia. (Huit jours plus tard ce sera le tour des Jésuites
d'Aiacciu).
30 AOUT. De Bastia, Buttafoco lance un dernier appel à Paoli
pour une soumission au roi de France. (Désormais, par ordre de
ses supérieurs, toute correspondance avec Paoli lui est interdite).
AOUT. Choiseul averti M. de Coincy, commandant de la place de Toulon,
que les Corses pris les armes à la main seront enfermés
dans la Grosse Tour.
AOUT. Par souscription nationale, Boswell collecte 7OO livres sterling
qu'il transforme en armes et munitions expédiées en Corse.
Nuit du 4 au 5 SEPT. Toutes les troupes françaises sortent de
Bastia pour une offensive générale. Les soldats sont répartis
en trois colonnes : celle de droite sous les ordres de Grandmaison ;
celle de gauche dirigée par Coigny ; celle du centre commandée
par Marbeuf. Lors de son déploiement, cette dernière se
subdivisera en deux unités : celle de gauche dirigée par
M. de d'Arcambal, celle de droite par le baron de Juigné.
5 SEPT. Les Français s'empare de Poghju d'Oletta et Biguglia.
Dans la soirée ils pénètrent dans Furiani après
que ses défenseur aient décroché. Les Corses se
retirent en Casinca.
8 SEPT. Arcambal investit la Casinca déjà gagnée
à la France par les partisans de Buttafoco. Les Français
occupent le Viscuvatu, la Venzulasca, Loretu et Penta.
Nuit du 9 au 10 SEPT. Contre-attaque corse en Casinca ; une partie du
Viscuvatu est déjà aux mains des Nationaux lorsque l'arrivée
de renforts les oblige à se retirer.
10 SEPT. 69 prisonniers corses arrivent à Toulon.
Nuit du 10 au 11 SEPT. Les Corses attaquent Penta : M. Bellot, capitaine
du Rouergue, est forcé de se rendre.
11 SEPT. Le commandant corse qui gardait Capraia livre l'île à
M. de Joannez, aide -major du Rgt Languedoc.
Nuit du 12 au 13 SEPT. Les Corses attaquent Loretu. Ils remontent à
l'attaque jusqu'à quinze fois, mais Juigné à la
tête du Rgt de Soissonnais résiste victorieusement.
13 SEPT. Un deuxième convoi de prisonniers corses (34 officiers,
102 soldats) arrive à Toulon. Parmi ces prisonniers Ghj. Barbaggi
et six Capitaines : Antone Gentili, né à San Fiurenzu,
aide de camp de Barbaggi, Ghjiseppu Franceschi, né à Brandu,
Anghjulu Luigi Petriconi, de Soriu, Francescu Sebastiani, du Capicorsu,
Ghjuvanni Antoni, de Patrimoniu, et Luigi Calvelli, du Capicorsu.
14 SEPT. Les Français, qui avaient conquis tout le Nebbiu, s'étaient
installés solidement à Santu Niculaiu. A 5 heures du matin,
4000 Corses attaquent le Camp. La bataille fait rage jusqu'à
3 heures de l'après midi. Pendant ce temps, les Nationaux s'emparent
de Muratu et menacent de couper les troupes françaises sur leurs
arrières. A 10 heures du soir, Grandmaison, qui a perdu beaucoup
de soldats et plusieurs officiers, lève le camp et se retire
sur Oletta, abandonnant une partie des équipages et l'hôpital
ambulant.
Nuit du 16 au 17 SEPT. Les Corses se portent au pont du Golu obligeant
les Français à évacuer la Casinca pour ne pas être
encerclés.
17 SEPT. Grandmaison opère une sortie victorieuse contre les
Corses qui harcelaient son Q.G. d'Oletta.
18 SEPT. Les Corses tiennent une consulte et décident de poursuivre
la guerre à outrance. Pendant ce temps, les Français évacuent
la Casinca et retirent leurs troupes sur Bastia ne conservant qu'un
poste avancé dans le village du Borgu sous les ordres du colonnel
Henri-François-Hyacinthe de Frolois de Ludre, neveu du duc de
Choiseul, avec 500 hommes et trois pièces de canon. Après
la consulte, les Corses occupent les maisons extérieures du Borgu
et y tiennent un conseil de guerre.
28 SEPT. Un conseil de guerre, assemblée par Chauvelin, opte
pour la défensive jusqu'à l'arrivée de dix bataillons
qu'on attend de France.
4 OCT. Paoli écrit à Ghj.B. Ristori, prisonnier sur parole
dans Bastia et qui s'était fait l'interprète des volontés
de M. de marbeuf, qu'il ne comprend pas que le Roi incite les Corses
à se soumettre en vertu d'un traité conclu avec la République
dont on refuse de révéler le contenu.
Nuit du 6 au 7 OCT. Les Corses s'introduisent dans les maisons du Borgu
qui font face à la mer. A la pointe du jour ils occupent une
maison, située à mi-côte, que défendait un
lieutenant et 20 hommes, isolant M. de Ludre, sans eau, dans le haut
du village où il s'était fortifié.
8 OCT. Chauvelin envoie d'Arcambal avec huit compagnies de grenadiers
pour dégager Borgu ; ils doivent rebrousser chemin.
9 OCT. Toutes les troupes françaises disponibles sortent de Bastia
pour aller au secours de la garnison du Borgu, pendant que Grandmaison
attaque à Olmeta pour faire diversion. La bataille se poursuit,
terrible, pendant toute la journée. A la nuit, Chauvelin ordonne
la retraite et M. de Ludre doit capituler. Les Français ont des
centaines de tués, dont deux colonels et de nombreux officiers,
et un grand nombre de blessés parmi lesquels M. de Marbeuf.
OCT. Tous les Buttafoco abandonnent Paoli.
OCT. Quatre nouveaux bataillons débarquent à San Fiurenzu
et quatre à Calvi.
NOV. Découverte d'un complot pour livrer Paoli aux Français,
Matteu Massessi, fils de Ghjiseppu Maria le grand-chancelier de la Nation,
s'était chargé de son exécution.
9 NOV. Les troupes françaises ont terminé leur installation
dans les quartiers d'hiver ; elles occupent le Capicorsu, Bastia, et
Biguglia, San Fiurenzu et Oletta, et communiquent entre elles par une
chaîne de redoutes. Les postes avancés des Corses sont
à Borgu, Lucciana, Muratu, Rapale, Vallecalle et Olmeta.
13 NOV. Au couvent des capucins de Sant Riparata, Paoli reçoit
de nouveau les PP. Morazzani et Guasco, envoyés par Chauvelin
pour négocier le terrain conquis.
14 NOV. Conspiration pour s'emparer de l'Isula Rossa. Elles est organisée
par l'officier d'état-major Charles-François Dumouriez
qui avait conservé des accointances depuis son passage dans la
province en 1764. (Le futur général avait été
rappelé d'Espagne pour faire la campagne de Corse où il
gagnera ses galons de colonel). Dumouriez arrive devant la place avec
le vaisseau de guerre Le Provence, appelé par l'abbé Ghjanandria
Fabiani qui pensait avoir gagné son parent commandant de l'Isula
Rossa. En réalité celui-ci leur avait tendu un piège
: lorsque le 17 ils tentent de débarquer, ils sont reçus
à coups de fusil.
15 NOV. Un manifeste rend publiques les propositions de Chauvelin et
la réponse de Paoli.
NOV. Le Royal-Corse est envoyé à Toulon pour être
embarqué. Les officiers corses refusent d'aller combattre leurs
compatriotes.
( ? ). Cesare Petriconi et le comte Perez, qui ont embrassé la
cause française, acceptent de former deux légions corses
pour combattre les Nationaux. Perez tente de soulever le Delà-des-Monts
mais la Giunta di Osservazione, par une répression immédiate,
empêche tout mouvement séditieux.
DEC. Afin de suppléer aux défections, Paoli écrit
des lettres aux Corses de l'extérieur capables d'assurer un commandement
dans l'armée nationale et leur demande de regagner la patrie.
24 DEC. Installation du Conseil supérieur.
28 DEC. Chauvelin, rappelé à la Cour, s'embarque à
San Fiurenzu.
Fin 1768. Un marchand et contrebandier de Boston, adversaire des Anglais,
donne le nom de Paoli à l'un de ses bateaux.
Nuit du 1er au 2 JANV. Paoli tente de surprendre San
Fiurenzu. L'alerte ayant été donnée, les Corses
renoncent à franchir le mur d'enceinte.
19 JANV. Choiseul s'entretient avec le comte de Vaux sur les affaires
de Corse.
22 JANV. Antonucciu Matra, venant de Gênes, arrive en Corse pour
une mission dont on ignore le motif.
2 FEVR. Mort de Clément XIII.
13 FEVR. L'abbé Francescu Antone Saliceti, ses parents et ses
amis quittent Oletta occupé par les soldats de M. d'Arcambal.
Ils avaient promis à Paoli de faciliter, de l'intérieur,
l'attaque du village, mais le Général venait de changer
d'objectif. Leur projet est aussitôt découvert et on procède
à des arrestations.
Nuit du 13 au 14 FEVR. Les Corses s'emparent de Barbaghju, où
ils ont été introduits par les habitants, et s'installent
à Teghjime.
15 FEVR. Marbeuf chasse les Nationaux de Teghjime et encercle Barbaghju.
16 FEVR. Les Français reprennent Barbaghju.
20 FEVR. De Vaux est nommé commandant en chef des troupes françaises
en Corse.
MARS. Charles-Emmanuel III informe Viry, son ministre à Londres,
que les Corses subissent des échecs et que les Français
vont recevoir de nouveaux renforts.
5 MARS. Marbeuf commet M. de Pujol pour instruire le procès des
habitants d'Oletta arrêtés pour crime de trahison.
11 MARS. De Vaux quitte Paris.
15 au 17 MARS. Paoli tient une consulte extraordinaire au couvent de
Casinca. L'assemblée décrète la mobilisation générale
de 16 à 60 ans. Les ecclésiastiques qui n'ont pas charge
d'âmes sont eux-mêmes requis pour la garde de postes à
l'arrière du front.
26 MARS. Pâques.
Premiers jours d'AVR. De nombreux bataillons d'infanterie et de cavalerie
s'embarquent à Toulon pour la Corse.
9 AVR. De Vaux débarque à San Fiurenzu.
10 AVR. A Philadelphie, les " Fils de la Liberté "
fêtent l'anniversaire de la naissance de Paoli. Des 45 toasts
portés, 7 le sont à Paoli et à la Corse.
Début AVR. Paoli a enfin connaissance du traité de Versailles
; il le fait imprimer et divulguer.
22 AVR. Ordonnance royal commettant Chardon pour instruire et juger
le procès de la " conspiration " d'Oletta.
26 AVR. En présence de Lord Pembroke, Paoli passe la revue de
ses troupes réunies en Casinca. (L'aide anglaise à la
nation corse est importante sans aucun engagement de la part du gouvernement
de Georges III).
28 au 30 AVR. Les troupes françaises sortent de Bastia pour une
attaque généralisée.
1er MAI. Les deux armées sont face à face. De Vaux a installé
le gros de ses troupes, soit 20 bataillons plus la cavalerie, dans la
plaine d'Oletta ; 90 " volontaires " conduits par le chevalier
de Viomesnil sont disposés en avant ; à gauche, Marbeuf
avec 3000 hommes et la cavalerie de la légion Soubise s'est porté
jusqu'au Bevincu ; à droite, 2000 hommes commandés par
M. d'Arcambal occupent la région comprise entre Oletta et San
Fiurenzu. De son côté, Paoli a établi son Q.G. à
Muratu et a fait occuper par ses milices les hauteurs de Tenda qui contrôlent
les vallées de l'Alisu, l'Ostriconi et le Golu.
3 MAI. De Vaux commande des tirs d'artillerie sur Olmeta.
4 MAI. M. de Narbonne et le marquis de Luker accentuent leur pression,
l'un dans le Delà-des-Monts, l'autre en Balagna. Marbeuf fait
avancer la cavalerie jusqu'au Golu.
5 MAI. A l'aube, M. De Vaux et son adjoint le lieutenant-général
de Bourcet commandent l'offensive générale des troupes
françaises : le maréchal de camp d'Arcambal s'avance sur
Pieve ; le lieutenant-général marquis de Boufflers bouscule
les Nationaux entre Rapale et Vallecalle ; le chevalier de Viomesnil
enlève Bigornu ; Marbeuf s'empare du Borgu que défendait
Carlu Raffaelli ; le marquis Descoulombre appuie ces mouvements avec
16 bataillons et toute l'artillerie. Paoli quitte Muratu et ordonne
la retraite. Clemente Paoli, le comte Gentili, Acchille Murati et Dante
Grimaldi abandonnent leurs positons aux Français. A 10h., les
premiers éléments de l'armée du Roi atteignent
l'objectif assigné par De Vaux ; le soir, toute l'armée
campe sur le plateau de Santu Niculaiu.
7 MAI. Nouvelle marche en avant des Français : M. D Vaux occupe
Lentu et M. d'Ogny le col de San Ghjacumu qui domine Petralba et la
vallée de l'Osrticoni, c'est à dire la communication avec
la Balagna ; sur les arrières, d'Arcambal, de Viomesnil et M.
d'Ampus occupent Soriu, San Gavinu et Santu Petru, tandis que de Boufflers
continue à fortifier le camp de Santu Niculaiu. Les Corses tentent
de reprendre la Bocca San Ghjacumu mais sont repoussés.
8 MAI. Les Corses se lancent à l'assaut de Lentu et de la Rocca
San Ghjacumu ; ils bousculent les Français et sentent que la
victoire est à leur portée, mais Paoli, qui surveille
les opérations d'une hauteur de l'autre côté du
Golu, a négligé de protéger les flancs. Deux colonnes
françaises sortent de Bigornu et Canavaghja ; les Corses, pris
à revers, sont forcés à une retraite désordonnée
vers le pont du Golu sous le feu plongeant des armes françaises.
De l'autre côté du Golu, Gentili, obéissant aux
ordres reçus, refuse le passage du pont jusqu'à ce que
Paoli lui commande de se retirer. La nuit met fin au combat qui se termine
dans la plus grande confusion.
9 MAI. Narbonne occupe Apiettu et le couvent de la Mezana. Marbeuf s'empare
de Vignale et l'incendie.
10 MAI. De Boufflers et d'Arcambal prennent Petralba et Nuvella.
16 MAI. Les Français passent le Golu et campent au-dessus de
Valle di Rustinu.
17 MAI. De Vaux occupe le Rustinu tout en respectant Merusaglia que
Clemente Paoli quitte pour Corti où était réfugié
son frère après y avoir envoyé Francescu Gaffori
et Ghjuvan Lorenzu Petriconi.
18 et 19 MAI. Jonction de la colonne Marbeuf avec le gros de l'armée.
20 MAI. Les Français occupent Omessa. Paoli se retire à
Vivariu.
22 MAI. De Vaux pénètre dans Corti.
23 MAI. La Balagna dépose les armes.
24 MAI. Acchille Murati, Petru Colle, du Rustinu, et les responsables
de la Balagna, soit près de 180 hommes, s'embarquent à
l'Isula Rossa sur un bateau anglais qui les emporte à Oneglia.
24 MAI. L'intendant Chardon quitte Bastia pour Corti.
25 MAI. D'Arcambal prend possession de l'Isula Rossa.
25 MAI. Dernier numéro des Ragguagli.
2 JUN. Paoli quitte Vivariu pour Bucugnanu, puis Bastelica, la Rocca
et Porti Vechju.
6 JUIN. Après quatre jours de combats, l'armée française
occupe Vivariu.
8 JUIN. Les troupes de M. De Vaux font leur jonction avec celles de
M. de Narbonne.
13 JUIN. Pasquale Paoli, son frère Clemente et 340 patriotes
s'embarquent à Porti Vechju pour Livourne. Le 19 SEPT. Le Général
est à Londres qu'il a choisi pour son exil.
Le départ du Père de la Patrie met un terme à quarante années de révolte armée contre la République de Gênes. Jusqu'en 1755, et si l'on excepte la courte période pendant laquelle régna Théodore, cette révolte avait revêtu un caractère négatif : les Corses avaient décidé de rejeter la tutelle génoise sans statuer sur l'avenir de la nation ; une nouvelle dépendance semblait plus probable que la souveraineté et les Corses avaient pris l'habitude de dire qu'ils acceptaient de se donner au diable, celui-ci pouvant être turc ou gaulois. Et puis le grand Pasquale Paoli était venu avec son génie politique qui fit l'admiration des penseurs de l'époque et il avait fait de l'indépendance nationale le moteur de la révolte.
Aussi, après les événements de 1769, les Corses éprouvent un sentiment de frustration et, comme ils ne s'attendaient pas à une telle attitude du roi de France, ils en sont abasourdis.
Certes, il y avait ceux qui avaient opté pour la France dès 1768 ; il y aura, comme partout et toujours, ceux qui se mettent dans le sillage du vainqueur ; il y aura ceux qui résisteront les armes à la main ; mais la grande majorité demeure accablée, sans réaction, sans même une dernière imprécation contre la République de Gênes. Vingt ans plus tard, un officier des troupes d'occupation constate encore " ce chagrin d'avoir été soumis ", et il précise : " ils ne peuvent s'habituer à l'idée de ne pas redevenir une nation indépendante ".
La perte de la souveraineté n'est pas suffisante à expliquer une déception qui durera des décennies. Il y a aussi, et surtout, l'affront infligé aux Corses en décidant de leur sort par un arrangement direct avec la République. Le responsable de cette atteinte grave au tempérament des insulaires c'est M. de Choiseul ou, plus exactement, la Diplomatie.
En 1767, Choiseul refuse la donation proposée par la République, car il sait qu'en matière internationale toute rupture d'équilibre est source de conflits. Il préfère négocier le traité du 15 MAI 1768 qui comporte un transfert de souveraineté mais aussi un article par lequel " le Roi s'engage à conserver sous son autorité et administration toutes les parties de la Corse qui seront occupées par les troupes françaises jusqu'à ce que la République en demande à la France la restitution ". Ces termes ouvrent la porte à une reculade au cas où d'autres puissances européennes, et l'Angleterre en particulier, manifesteraient une opposition formelle. Mais le même article donne la possibilité, à la France, de conserver la Corse indéfiniment car la République, en demandant la restitution, doit être " en état de solder la dépense que l'expédition actuelle de troupes et les frais de leur entretien en Corse pourront occasionner ".
Si habile soit-elle, la machination de M. de Choiseul ne devient efficace que si les dépenses occasionnées par l'expédition sont importantes et hors de proportions avec les possibilités de la République, même avec une aide cachée. Aussi le traité de Versailles n'est pas publié immédiatement et les Corses, tenus dans l'ignorance, se battent avec courage et succombent désenchantés.
Cette façon d'entrer dans la pensée des Corses de 1769 est certes simpliste et mériterait une analyse approfondie, mais ce que l'on ignore c'est la réaction des Génois, celle du peuple de Gênes qui, sans doute, ne comprenaient pas que les Serenissimi Doge, Governatori e Procuratori puissent apporter une si pauvre conclusion à des siècles de leur histoire.
ABBATUCCI (les)
ABBATUCCI D.GHJ.
ABBATUCCI GHJ.P
AGOSTINI
AITELLI
ALBORA
ALESSANDRINI (abbé)
ALESSANDRINI C.F.
ALESSANDRINI GHJ.A.
ALESSANDRINI L.O.
AMBROSI GHJ.GHJ.
AMBROSI M.M.
AMELOT
AMPUS
ANGELIS C.C.
ANGELIS M
ANGELO A.F.
ANGELO G.
ANGERVILLIERS
Anghjulucciu
Anton Bastianu
ANTONELLI
ANTONI
APROSIO
ARCAMBAL
ARENA
ARGENSON
ARRIGHI
ARRIGHI D.
ARRIGHI GHJ.A.
ARRIGHI GN.
ASCAMIO
ASCIONE
ASTIMA
ASTOLFI
AVARRY
BACCICALUPO
BACCIOCCHI
Baghjolu, v. ORNASIO GHJ.B.
BALBI C.
BALBI F.M.
BALDASSARI
BALESE
BALISONE GHJ.M.
BALISONI
BARBAGGI
BARNABO
Bartolò v. SETA B.
BATH
BATINI S.
BATTAGLINI
BATTINI F.
BATTISTI A.N.
BATTISTI D.A.
BEAUJEU
BELLE-ISLE
BELLOT
Benoît XIV
BERNARDI C.
BERNARDI GHJ.F.
Bernardinu (Padre)
BERNIS
BERTELLET
BERWICK
BIANCHERI
BISAY
BALSI
BOCCHECIAMPE
BOERIO
BOGINO
BOISSIEUX
BONAPARTE
Boniface VIII
BONIS
BORGHETTI
BOSCAWEM
BOSWELL
BOTTA
BOUFFLERS (duc de)
BOUFFLERS (marquis de)
BOURBONS
BOURCET
BOYER DE FONSCOLOMBE
Brandone
BREITWITZ
BREQUIGNY
BRETEUIL
BRIGNOLE
BRIGNOLE G.F.M.
BRIGNOLE SALE F.
BRIGNOLE SALE R.E.
BROCCA
BROWN
BUSTORO
BUTTAFOCO (les)
BUTTAFOCO A.
BUTTAFOCO GHJ.B.
BUTTAFOCO GHJ.C.
BUTTAFOCO M.
BUTTAFOCO O, v. GINESTRA.
CACCHIONE
CACCIALEPRI
CALVELLI un des Noble-Douze
CALVELLI L.
CALVESE
CAMPOFIORITO
CAMPREDON
CANELLI
CANEVARO
CANEVARO D.M.
CAPONE
CARAFFA
CARBUCCIA cap. Au Royal-Corse
CARBUCCIA D.
CARDI
CARLI
CARROS
CARTERET
CASABIANCA, prêtre
CASABIANCA GHJ.B.
CASABIANCA GHJ.C.
CASABIANCA O.P.
CASALE O.S.
CASALE P.
CASALI
CASALTA
CASTINETA, v. AMBROSI GHJ.GHJ.
CASTRIES
CASTRO
CATTANEO C.G.
CATTANEO C.
CATTANEO N.
CECCALDI A.
CECCALDI (B. COLONNA)
CENTURIONE B.
CENTURIONE G.
CENTURIONE G.M.
CERVONI F.
CERVONI GHJ.B.
CHAMPGRAND
CHARDON
Charles III
Charles VI
Charles-Albert
Charles-Emmanuel III
CHATEL
CHAUVELIN CL.F.
CHAUVELIN G.L.
CHAVANNE
CHIARELLI
CHOISEUL
CHOISEUL-BEAUPRE
CIAVALDINI
CIAVALDINI cardinal
CIALVALDINI C.
CIAVALDINI L.
CICCERETTI
CLEMENT XII
CLEMENT XIII
CLERI CO.
CLETER
COIGNY
COINCY
COLLE
COLMENERO
COLONNA A.
COLONNA A.F.
COLONNA S.
COLONNA DA BOZZI A.
COLONNA DA BOZZI B. ép. ROSSI
COLONNA DA BOZZI F.M.
COLONNA D'ISTRIA
COMEIRAS
CONSALVI
CONTADES
CONTRI
CORAZZINI
CORTANZE
COSTA A.
COSTA B.
COSTA F.M.
COSTA GHJ.
COSTA GHJ.P.
COTTONI (les)
COTTONI GHJ.C.
COTTONI GHJ.D.
COTTONI M.E.
COURCY
COUTLET
CRAON
CUMBERLAND
CUMIANA
CUNEO
CURLI
CURLI G.
CURLI G.B.
CURLI G.G.
CURSAY
CUTTOLI F.M.
CUTTOLI GN.F.
DAUN
DESCOULOMBRE
Deziu, de Palleca
DONATI
DONNINI
Don Philippe
DORIA
DORIA B.A.
DORIA C.
DORIA D.
DORIA F.M.
DORIA G.M.
DREVITZ
DROST, oncle de Théodore
DROST M.
DUFOUR
DUMOURIEZ
DUPONT
DURAND D'OGNY
DURAZZO C.D.
DURAZZO C.E.
DURA ZZO GHJ.P.
DURAZZO M.
DURAZZO M. dit Michele Fozzano
DURAZZO ST;
Elizabeth de Russie
Eugène de Savoie
FABIANI GHJ.A.
FABIANI GHJ.M.
FABIANI S.
FARINOLE
DEDELI
FELCE
FENELON
FERDINANDI
FERRI
FERRONI
FIECHI
FILINGHIERI
FLEURY
FOLACCI
FONSECA
FONTETE
FORCIOLI
FORNARI
FOZZANI M. v. DURAZZO Michele
FRANCESCHETTI
FRANCESCHETTI, major génois
FRANCESCHETTI
Francescu Antone di Natale
FRANCHI
François de Lorraine
FRANZINI
FRANZONI G.F.
FRANZONI M.
Frédéric II
FREDIANI N.
FREDIANI S.P.
FROULAY
Gaetano (P.)
GAFFORI (abbé)
GAFFORI Noble-Douze
GAFFORI A.F.
GAFFORI FAUSTINA née MATRA
GAFFORI F.
GAFFORI GHJ.F.
GAFFORI GHJ.PAULU
GAFFORI GHJ.Petru
GAGLIARDI
GALEAZZI
GALISSONNIERE
GALLI
GALLONI A.
GALLONI S.
GASTALDI
GAVI consul
GAVI prêtre
GAVINI
GENOVESI
GENTILE
GENTILI comte
GENTILI A
GENTILI V.
Georges II
Georges III
Ghjuvan Felice, de Ficaghja
GIABICONI D.A.
GIABICONI M.A.
GIAFFERI A
GIAFFERI L.
GINESTRA P.S.
GINESTRA S.
Giocante da Leca
GIOCANTI
GIOVANNONI P.F, di SALICETU
GIRENTON
GIUDICELLI
GIULIANI
GIUSEPPI
GIUSTINIANI D.
GIUSTINIANI P.M. évêque
GIUSTINIANI P.M. comm.
GIUSTINIANI (P. T. M.)
GOLDONI
GOLDWORTHY
GORANI
GORZEGNO
GRANDMAISON
GRAZIANI
GRAZIETTI
GRECH
Grégoire VII
GRIMALDI cap. Au Royal-Corse
GRIMALDI C.
GRIMALDI D.
GRIMALDI D.F.
GRIMALDI F.
GRIMALDI G.
GRIMALDI G.B.
GRIMALDI G.G.
GRIMALDI(P. Isaià)
GRIMALDI (P. Leunardu)
GRIMALDI L.
GRIMALDI O.
GRITTA
GROPALLO
GUAGNO
GUARINI
GUASCO
GUELFUCCI
GUERIN
GUICCIARDI
GUISARD
GUYMONT
HAMILTON
HARRINGTON
Ilaro (chanoine, dit chanoine)
Guagnu
IMPERIALE, cardinal
IMPARIALI L.
IMBERT
Innocent II
ISLAY
IVREA
JADART
JAUSSIN
Jean d'Aragon
JOANNEZ
JONVILLE
JUIGNE
KULMBA
LACOMBE
LARNAGE
LAROCHE
LA TOUR DU PIN
Léonard (P.)
LAVALLIERE
LIMPERANI
LEZZE
LICHTENSTEIN
LIMAROLA
LIMPERANI d'Orezza
LIMPERANI, podestà de Bastia
LOMELLINI A.
LOMELLINI A di Bartolomeo
LOMELLINI C.M.
LOMELLINI G.M.
LEMELLINI ST.
LORENZI
Louis XV
LUC VINTIMILLE
LUCCIONI
LUDRE
LIKER
LURI
LUSINCHI GHJ.F.
LUSINCHI M.A.
LUSSAN
MAGGIOLO
MAILLEBOIS
MALGRANI
MAMBILLA
MANN
MARBEUF
MARCHELLI
MARENGO
MARI B.
MARI C.
MARI F.
MARI G.B.
MARI G.B. comm.
MARI L.
MARI ST.
MARIANI de Corti
MARIANI D.M.
MARIANI Don c.
MARIANI F.A.
Marie-Thérèse d'Autriche
MARIOTTI
MARTINETTI (les)
MARTINETTI GHJ.
MASSEI (les)
MASSEI R.
MASSERIA
MASSESSI GHJ.M.
MASSESSI M.
MASSONI
MATRA AL F.
MATRA A.
MATRA M.E.
MATRA S.
MATTEI M.
MATTEI P.
MATTHEWS
MAUREPAS
MEDICI G.G.
MEDICI O.
MEDLEY
MIREPOIX
MONGIARDINO
MONTALLEGRO
MORACCHINI
MORATI (les)
MORATI F.M.
MORATI P.P.
MORAZZANI (P.)
MORAZZANI A.
MORETTI
MURATI cap. au Royal-Corse
MURATI A.
MURATI S.
MURATI T.
NARBONNE PELET
NATALI F.
NATALI F.M.
NATALI GHJ.N.
NATALI GHJ.M.
NEGRETTI
NEGRO
NEIL BROWN
NEUHOFF Frederic
NEUHOFF Theodore
NEUILLY
NEWCASTLE
NOAILLES
ORECCHIONE
ORMEA
ORNANO F.M.
ORNANO GHJ.B. dit Bachjolu
ORNANO L.
ORNANO P.F.
ORSATTONI
Orsuvechju
ORTALI
ORTICONI cap. au Royal-Corse
ORTICONI E.
ORTO
ORTOLI
OSSONVILLE
OSSORIO
OTTAVI
OTTAVIANI
OTTONE
OZERO
PAGANELLI (les)
PAGANELLI colonel à Venise
PAGANELLI F.
PAGET
PALLAVICINI C.
PALLAVICINI D.
PALLAVICINI G.F.
PALLAVICINI G.L.
PALLAVICINI P.G.
PANZANI (les)
PANZANI C.F.
PAOLI CL.
PAOLI GHJ.
PAOLI P.
PAOLI P.M.
PATRIMONIO
Paulu Francescu di l'Ornanu
PEDEMONT
PELOUX
PEMBROXE
PENSA
PERALDI
PERETTI (les)
PERETTI A.P.
PERETTI GHJ.D.
PERETTI L.
PERETTI S.
PEREZ
PETRASANTA
PETRICONI A.L.
PETRICONI C.
PETRICONI GHJ.S.
PETRICONI GHJ.L.
Petru Maria d'Apiettu
Philippe V.
PIANELLI A.M.
PIANELLI GHJ.B.
Pichjolu de Ficaghja
Pierre III
PIETRANSANTA GHJ.M.
PIETRI GHJ.F.
PIETRI P.S.
PIGNON
PINELLI A.
PINELLI C.
PINELLI F.
PIPPO
PIZZINI
POGGI GHJ.L.
POGGI S.
POLETTI
POLETTI N.
POLETTI servite
POLI
POLIGNAC
POMPILIANI
POGGI DE'CITERINI
POULARIES
PRASLIN
PUJOL
PUYOL
PUYSIEULX
QUENZA
RAFFAELLI C.
RAFFAELLI M.A.
RAFFAELLI S.
RAFFALLI C.F.
RAKOCZY
RAVENNA
RENUCCI
REZZONICO
RICHECOURT
RICHELIEU
RICHELMI
RISTORI C.
RISTORI GHJ.B.
RISTORI S.
RIVAROLA vice-roi de Sardaigne
RIVAROLA A.
RIVAROLA D.
RIVAROLA F.
RIVAROLA N.
ROBERT
ROCCA
ROMEI (les)
ROMEI GHJ.B.
ROSSI Bianca, v. COLONNA.
ROSSI A.F.
ROSSI F.S.
ROSTINI
ROUILLE
ROUSSEAU
ROUSSET
ROVERE
ROWLEY
SAINT-AIGNAN
SAINT-GIL
SAINT-LAURENT
SALICETI cap au Royal-Corse.
SALICETI F.A.
SALICETI GHJ.C.
Saliceti v. GIOVANNONI
SALIS
SALUZZI évêque
SALUZZO Gouverneur
SALVINI
SANTUCCI
SAPORITI archevêque de Gênes
SAPORITO D.M.
SARI
SARTORIO
SASSELANGE
SAULI
SAURIN
Schizzettu, v. CERVONI GHJ.B.
SCHMERLING
SCHMETTAU
SCHULENBURG
SERRAVALLE
SETA
SAXE
SABASTIANI
SICURANI
SILVA
Simon Ghjuvanni du Campulori
SINGLANDE
SINIBALDI
SOLARI (BALI)
SOPRANI
SOPRANIS G.B.
SORBA A.
SORBA GHJ.B.
SPERONI A.
SPERONI G.B.
SPINOLA (cardinal)
SPINELLI
SPINOLA C.
SPINOLA D.M.
SPINOLA F.M.
SPINOLA G.A.
SPINOLA G.B.
SPINOLA G.
SPINOLA N.
SPINOLA T.
STARHEMBERG
STEFANI piuvanu
STEFANI A.
STEFANINI
STEFANOPOLI
STEPNEY
STRAFORELLI
STRUZZIERI
STUART
SUSINI GHJ.A.
SUSINI V.
SUZZONI
TADDEI A.F.
TADDEI M.
Tagliarinu, de Venacu
TAVERA
TENCIN
Theodore, v. NEUHOFF
TOMMASINI
TORRIGIANI
TOWNSHEND
VALCROISSANT
VALEMBERG
VALENCE
VALENTINI
VARENNE
VARIGNON
VAUX
VELA
VELLA
VENCE
VENEROSO G.G.
VENEROSO G.
VENEROSO ST.
VENTURINI
VERNIZZI
VERRIER
VESCOVALI
VIALE
VIALIS
VIERSAY
VILLAPS
VILLEMUR
VILLETTES
VINCENTI
VINCENTI V.
VINCIGUERRA F.
VINCIGUERRA L.
VINCIGUERRA T.
VINS
VINUFS
VIOMESNIL
VIRY
VITERBI
VITERBI O.P.
VITTINI Noble-douze
VITTINI A.
WACHTENDONCK
WALDEGRAVE
WALDSTEIN
WALPOLE
WASNER
WURTEMBERG
ZANOBI
ZERBI
ZICAVO chanoine
ZICAVO F.M.
ZIZEMDORF
ZUCCARELLI