Lettres de Fresnes

UN TÉMOIGNAGE POSTHUME DE MARCEL LORENZONI

Éditions Albiana, 104 p, 2001

"Lettres de Fresnes" est un recueil posthume de la correspondance de Marcel Lorenzoni durant son incarcération dans le cadre de l'instruction du préfet Claude Erignac. Par la personnalité de son auteur - qui a été de tous les combats nationalistes de ces 25 dernières années, cette publication détient valeur de document pour les nationalistes et plus largement tous ceux que la politique corse intéresse. C'est après dix-huit mois de détention que Marcel Lorenzoni sera libéré lorsque la "piste agricole" sera abandonnée par les enquêteurs de la DNAT Durant cette période, Marcel Lorenzoni s'adressera par lettres aux autorités judiciaires ou politiques, aux journalistes, aux chercheurs ou simplement à ses proches, pour dénoncer le traitement réservé aux siens et à lui même, tout en précisant ses positions politiques sur la question corse. Ces écrits témoignent d'une action politique à un moment d'incertitude et de forte tension et de la force de conviction d'un militant qui fut une grande figure du nationalisme.

Ce recueil s'inscrit dans un ensemble de documents récents publiés par les éditions Albiana, qui visent à la compréhension des événements politiques survenus en Corse des dernières années.

"Lettre à Messieurs Chirac et Jospin" Voici à titre d'exemple la lettre de Marcel Lorenzoni adressée le 16 juillet 1999 depuis Fresnes

 

"Lettre à Messieurs Chirac et Jospin".

Nationaliste corse, je suis incarcéré à Fresnes depuis dix-sept mois pour des raisons qui sont à l'évidence plus politiques que judiciaires. Malgré les démonstrations de l'illégalité de ma détention et de nullité des procédures, la Cour d'Appel de Paris a confirmé 54 fois depuis le 1er mars 1999 les ordonnances du juge Bruguière qui ne sait plus qu'inventer pour justifier ses théories de l'affaire Erignac. II est vrai que j'ai été à deux reprises condamné par la Cour de Sûreté de l'État en 1976 et 1981. Pour avoir démontré une fois déjà l'existence de polices parallèles en Corse, entre autres.

J'ai par deux fois en 1989 expliqué avec d'autres à Edgar Pisani, conseiller de la Présidence nous recevant à l'Élysée, pourquoi la politique de l'Etat en Corse était vouée à l'échec, et comment il était possible de faire autrement.

Nous n'avons pas été entendus. Au contraire, on s'est contenté d'appliquer à la Corse tous les stratagèmes de la guerre psychologique. Les aventures du préfet Bonnet en sont l'illustration la plus récente. Les origines de tous les drames sanglants que la Corse a connus sont à mettre au compte de cette politique dont rien ne dit qu'elle soit abandonnée.

La libération des incendiaires d'Etat, après une courte détention, alors qu'ils relèvent d'une procédure criminelle démontre que le concept d'égalité demeure au mieux un voeu, au pire un mensonge.

La France donne une bien piètre image du pays qui se veut celui des droits de l'Homme. II n'est que temps de mettre en harmonie idéaux et réalité en reconnaissant, après les torts esclavagistes et le génocide arménien perpétré par les Turcs, les droits du peuple corse anéanti par les armes françaises, à deux reprises au XVlllesiècle.

En attendant, recevez l'expression de ma considération la plus distinguée. "