LA REVOLUTION FRANCAISE ET LA CORSE
(22 mars 1789 - 21 juin 1794)
Chronologie recueillie par Antoine-Dominique MONTI
22.III.89. Règlement particulier pour lélection des députés corses aux Etats généraux de France (le règlement général du 24.I. pour le royaume nétant applicable à la Corse). Ce règlement parvient en Corse le 12 avril. Les députés seront au nombre de quatre : un pour le clergé, un la noblesse, deux pour le tiers état.
25.IV.89. Ghjiseppu Franceschi, juge civile, criminel et de police de la ville de Bastia, convoque pour le 18 mai, à Bastia, lassemblée général des trois ordres des onze juridictions pour élire les quatre représentants à envoyer à Versailles.
Fin avril. et début mai 89. les onze juridictions royales (Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta dAmpugnani, Nebbiu, Sartè et Vicu) tiennent, après les assemblées primaires (paroisses), des assemblées pour rédiger les cahiers de doléances et élire leurs représentants à lassemblée générale de lîle.
30.IV.89. A lassemblée des bourgeois de Bastia, tenue dans léglise de la Conception, vives protestations contre les officier municipaux nommés par le roi depuis 1779 et non renouvelé depuis.
I.V.89. Emeute à Bastia dirigée contre les officiers municipaux. Le « podestà » (maire) Petru Francescu Rigo et des membres de sa famille, traversant imprudemment la ville, sont bousculés. Un neveu de Rigo tue un minifestante et est tué à son tour. Il y aura des poursuites judiciaires qui nauront pas de conclusion. Quant à Rigo, il sembarquera pour lItalie.
5.V.89. Versailles. Ouverture des Etats généraux de France.
18.V.89. Bastia. Ouverture, dans léglise des Pères doctrinaires, de lassemblée générale des Etats de Corse, présidée par le juge royal. Le 20, elle décide que les quatre députés envoyés aux Etats généraux de France ne pourront solliciter ou accepter aucune faveur du gouvernement et supporteront les frais de leur voyage et de leur séjour à Versailles (le 12.VIII, lAssemblée constituante décidera de payer ses députés à raison de 18 livres par jour et de leur verser, à la fin de la législature le prix du voyage de retour).
I.VI.89.Le clergé de Corse élit son député aux Etats généraux de France : Carlu Antone Peretti della Rocca, de Livia, grand vicaire du diocèse dAleria. Suppléant labbé Ghjiseppu Maria Falcucci.
3. IV. 89. Le tiers état élit ses deux députés : Cristofanu Saliceti, du Salgetu di Rustinu, avocat au Conseil supérieur, et le comte Petru Paulu Colonna Cesari Rocca, de Quenza, capitaine au régiment provincial. Suppléants : lavocat Bartulumeu Arena, di lIsula Rossa, et Anghjulu Chiappe, de Sartè, contrôleur des actes.
5.VI.89. la noblesse de Corse élit son député : le comte Matteu Buttafocu, du Viscuvatu, maréchal des camps des armées du roi. Suppléant : Francescu Gaffori, de Corti, fils de Ghjuvan Petru Gaffori , chef de la nation corse assassiné en 1753, et beau-père de Matteu Buttafocu.
12.VI.89. Auxonne. Le lieutenant Napulione Bonaparte écrit à Pasquale Paoli la fameuse lettre qui commence ainsi : « Je naquis quand la patrie périssait. Trente mille Français, vomis sur nos côtes, noyant le trône de la liberté dans un flot de sang, tel fut le spectacle odieux qui vint le premier frapper mon regard ». Il qui fait part de son intention décrire une Histoire de la Corse et demande son approbation : « Je veux comparer votre administration avec ladministration actuelle. Je veux noircir du pinceau de linfamie ceux qui ont trahi la cause commune Si vous daignez, général, approuver un travail où il sera question de vous, si vous daignez encourager les efforts dun jeune homme que vous vîtes naître et dont les parents furent toujours attachés au bon parti, joserai augurer favorablement du succès ».
17.VI.89. Versailles. Le tiers état de France se proclame Assemblée nationale.
20.VI.89. Versailles. Serment du Jeu de Paume : le Tiers jure de ne pas se séparer avant davoir pu donner une constitution au royaume.
27.VI.89. Versailles. Le clergé et la noblesse se réunissent au tiers état. Les Etats généraux en totalités deviennent Assemblée nationale.
9.VII.89. LAssemblée nationale se proclame Assemblée nationale constituante.
VII.89. (première quinzaine). Les députés corses partent pour Versailles. Buttafocu est validé le 10.VII. Saliceti, Colonna Cesari et Peretti le 28.VII (83 jours après louverture des Etats généraux).
13.VII. 89. Paris. Les électeurs décident la constitution dune milice bourgeoise. Le commandement en est donné à La Fayette qui la baptise garde nationale. Désormais, chaque ville de province voudra avoir la sienne.
14.VII. 89. Prise de la Bastille.
28.VII.89. La Constituante crée le Comité des recherches chargé de la police. Il est constitué de 12 membres renouvelés chaque mois. Le 24.XII.89. Saliceti en fera partie.
Nuit du 4.VIII.89. Abolition des privilèges.
7.VIII.89. La cocarde tricolore fait son apparition à Bastia. Deux jours après, une délégation composée de Petru Galleazzini, Francescu Saveriu Poggi et Claude-Louis Rousseau, employé des douanes, la fait accepter par le gouverneur général vicomte de Barrin, commandant en chef de Corse depuis 1786.
14.VIII.89. Aiacciu. Les habitants prennent la cocarde tricolore dans le plus grand calme.
14.VIII.89. Bastia se donne une nouvelle municipalité : Ghjambattista Caraffa « podestà », Paulu Luigi Mattei et Ghjiseppu Maria Perfetti pères du commun. Le lendemain, Barrin écrit au ministre de la guerre : « Malgré lirrégularité de ces dispositions, je les ai confirmées dans lespérance dobtenir une meilleure police. Mais je prévois beaucoup dautres demandes ridicules qui ne dépendent pas de moi et qui seront fort injustes. Je crains surtout que cet exemple de municipalité changée ne soit suivie de bien dautres effervescences à lintérieur ».
15.VIII. 89. Aiacciu. On oblige le commandant et les militaires qui se rendaient à léglise des Pères franciscains à prendre la cocarde « bianca, turchina è culor di rosa ». Manifestation à la sorti de la grand-messe. Le « podestà » se met à sa tête et la foule se rend au domicile de lévêque. Mgr Benedettu Andria Doria pour lobliger à faire des réparations à la cathédrale fermée depuis douze ans, réparations quil refusait de faire. Laprès-midi une assemblée populaire dénonce les droits de douane, de lAmirauté et autres. Cette année-là, la procession de lAssomption sest faite le lendemain.
17.VIII.89. Aiacciu. Un comité de 36 membres est adjoint à la municipalité. Le lendemain, constitution dune milice bourgeoise.
18.VIII. 89. Corti. Une assemblée révolutionnaire décide de changer tous les officiers municipaux.
20.VIII. 89. Bastia. Nouvelles manifestations. Barrin écrit à son ministre : « Les événements qui se sont passés en France font raisonner les moindres artisans ou habitants des campagnes ; limpunité des crimes leur en fait espérer autant et ils passent bien vite à lidée de se venger de leurs ennemis en se flattant de navoir aucun châtiment à craindre de la part de la justice ».
20.VIII.89. Les habitans des communautés de Frassettu, Zevacu, Quasquara et Campu, conduits par leurs curés et leurs officiers municipaux, dévastent les concessions faites par le roi sur la rive sud du golfe dAiacciu. Dautres actions du même genre auront lieu : les montagnards de la région de Vicu contre les propriétés des Grecs, les habitants du Fiurmorbu contre le Migliacciaru, les habitants de Bonifaziu contre le domaine de Maimbourg, etc.
23.VIII.89. Sartè. La population prend la cocarde tricolore, envahit la maison du juge royal Vidau (absent) et le brûle sur la place publique. Vidau et sa famille quittent la ville le jour même.
26.VIII.89. Déclaration des droits de lhomme.
VIII. 89. Les quatre députés corses à la Constituante, assistés des Corses présents à Paris, se mettent daccord pour lincorporation de la Corse à la monarchie française et demandent létablissement dun pouvoir régional : un comité de 22 membres en relation avec 11 inspecteurs (un par juridiction ) et 65 commissaires (un par pieve) avec droit de réquisition sur les troupes de ligne et la levée dune milice bourgeoise suivant lancien usage de la Corse. Ce projet de pouvoir régional naura aucune suite.
Fin VIII. 89. Calvi. Les habitants adoptent la cocarde tricolore. La cité est calme.
4. IX. 89. Bastia. Lettre de Barrin : « Les officiers municipaux actuels, desquels jespérais quelque ressource, parce quils sont de bonne foi, commencent à perdre leur crédit La position des français et des honnêtes gens de ce pays devient insupportable le Conseil supérieur (v.25.VIII. 90) et les tribunaux de lîle sont sans considération, les lois sans force et lautorité absolument nulle Le terme de liberté de la nation dont le Roi a été proclamé le restaurateur est entendu de la manière la plus ridicule. Le peuple en conçoit quil est libre et peut faire tout ce quil veut ».
7. IX. 89. Bastia. Linspecteur général des domaines du roi sembarque sur le bateau de poste. Il faisait partie dune liste de fonctionnaires français dont on exigeait le départ.
8. IX. 89. Barrin informe son ministre que le mouvement révolutionnaire a gagné la campagne dès le mois daoût : « Les communautés de la campagne convoquaient des assemblées sans le concours des officiers municipaux qui navaient pas leur confiance, forçant les autres à sy trouver en le menaçant, élisaient des comités, chassaient des curés quelles remplaçaient par des vicaires, revenaient, tout en protestant de leur obéissance au roi, sur les anciennes contestations décidées ou non par les tribunaux, faisaient les demandes les plus extraordinaires ou les plus violentes ».
16.IX.89. Francescu Gaffori arrive en Corse chargé par Paris de seconder Barrin pour canaliser le mouvement révolutionnaire, maintenir lordre et empêcher la formation de milices bourgeoises (ou gardes provinciales, 1778) auxiliaires de la monarchie. Parcourant la Corse avec le régiment Provincial et un détachement du régiment suisse du Salis Grison, on le recevra avec indifférence et même on refusera de le recevoir.
Derniers jours de sept.89. N. Bonaparte arrive en Corse. Sa demande de congé dhiver de trois mois, déposée à Auxonne le 8.VIII, avait été acceptée par le ministre le 21. En fait, il restera en Corse jusquau mois de janvier 91 ?
X.89. Filippo Buonarotti, révolutionnaire italien qui glorifiait la révolution française, est chassé de Toscane. Il se réfugie à Bastia où il répand ses idées tout en restant secrètement en relation avec la Toscane avec lespoir de provoquer une insurrection
5.X.89. Antone Gentili, compagnon dexil de Pasquale Paoli à Londres, son secrétaire et confident, arrive pour savoir ce qui sy passe. Il participera aux tractations secrètes qui préparent le décret du 30.XI.
12.X.89. A la Constiuante, Polverel, député de la Navarre, demande, pour le roi de France, le maintien de lancien titre : Roi de France et de Navarre. Saliceti intervient pour dire quà son avis le titre de roi des Français est suffisant, mais que si lon ajoute : roi de Navarre, il demande quon dise aussi : roi de Corse. Lassemblée décrète que rien ne sera ajouté à lexpression « roi des Français ».
17.X.89. Imprimé contre le projet de statut particulier élaboré à Paris, signé par les Nobles Douze (vieille institution qui faisait le lien entre les Corses et ladministration génoise et qui avait été conservée après la conquête de ladministration française).
19.X.89. LAssemblée constituante sétablit à Paris.
31.X.89. Adresse des Ajacciens à lAssemblée nationale (rédigée par N. Bonaparte). Ils se plaignent de la commission intermédiaire des Nobles Douze et du régime militaire qui soppose à la formation de la garde nationale, craignent dêtre remis sous le joug de Gênes et demandent que la Corse soit réunie à la nation française devenue libre. « Le bruit de nos impositions est consommé par des aventuriers qui ne viennent dans notre pays que pour senrichir Vous nous délivrerez dune administration qui nous mange, nous avilit, nous discrédite ». Cette adresse sera lue le 30.XI. à la tribune de lAssemblée nationale.
2.XI.89. Décret de la Constituante qui met les biens ecclésiastiques à la disposition de la nation.
3.XI.89. Bonaparte arrive à Bastia.
5.XI.89. Bastia. La population sassemble en léglise Saint-jean pour former la garde nationale. Barrin est présent malgré ses réticences premières. M. de Rully, colonel du régiment du Maine, à la tête de la compagnie de grenadiers, et le capitaine Tisonnet, à la tête des chasseurs, décident de les en chasser et de « délivrer » le gouverneur. Coups de feu : deux tués, trois blessés parmi la troupe, deux enfants massacrés à coups de baïonnettes parmi les citoyens. La population part à lassaut de la citadelle, où elle sempare des armes et du magasin à poudres, et des forts de la ville. Le soir, les officiers municipaux écrivent aux députés du Tiers pour exposer les faits et demander lintégration de la Corse à la monarchie. Trois délégués sont désignés pour aller à Paris : Ghjambattista, Petru Paulu Murati et Ghjambattista Guasco.
6.XI.89. Une junte révolutionnaire est installée à Bastia. Elle se substitue aux fonctionnaires de lancien régime.
11.XI.89. La Constituante discute de la création de nouvelles circonscriptions territoriales. Saliceti demande que la Corse forme un département séparé (amendement ajourné).
30.XI.89. A lAssemblée nationale, le secrétaire de séance Constantin-François de Chasseboeuf, comte de Volney, représentant du tiers état de lAnjou, donne lecture de la lettre des Ajacciens du 31.XI et de celle des Bastiais du 5.XI. A la demande de Saliceti, lAssemblée vote à lunanimité le décret suivant : « LIle de Corse est déclarée partie intégrante de lempire français. Les habitants seront régis par la même constitution que les autres Français ». A la demande de Mirabeau, on ajoute : « Les Corses qui, après avoir combattu pour la défense de leur liberté, se sont expatriés par leffet et les suites de la conquête de lîle, et qui cependant ne sont pas coupables daucuns délits déterminés par la loi, ne pourront être troublés de la faculté de rentrer dans leur pays, pour y exercer tous leurs droits de citoyens français ». Le décret présenté au roi le 1.XII., est signé le 4.
5.XII.89. Antone Constantini, de Bonifaziu, marchand de grains à Paris, adresse des remerciements à lAssemblée national pour avoir déclaré lîle de Corse province française.
8.XII.89. A Londres, Pasquale Paoli, en lisant les journaux, apprend le vote du décret du
30.XI.. Il écrit à A.Gentili pour lui demander de remercier tous ceux qui ont défendu et pris cette généreuse décision. Il lui demande de faire une visite à Mirabeau et à Volney, et il ajoute : « La nation corse prouvera sa reconnaissance en envoyant une délégation à Paris Pour ce qui concerne ma personne, et la personne de ceux qui maiment, dites à lAssemblée que nous ne ferons rien qui puisse la contrarier. Lorsque la patrie a obtenu la liberté, elle na plus rien à désirer ».
11.XII.89. De Londres. Pasquale Paoli écrit au président de la Constituante : « Cest avec les transports dune joie bien vive que jai appris ce que lAssemblée nationale a fait pour ma patrie. En admettant la Corse parmi les provinces de la France, elle a trouvé le moyen le plus infaillible dattacher les habitants de cette île au gouvernement français. En faisant rentrer dans leur pays mes compatriotes expatriés, elle attache à la Constituante un nombre considérable dindividus qui la défendront jusquà la dernière goutte de leur sang ». Cette lettre sera lue à la tribune de lAssemblée le 19.XII.
14.XII.89. La Constituante vote la loi dorganisation municipale. Les anciennes communautés ou paroisses prennent le nom de communes. Le premier officier municipale (quon appelait en Corse « podestà ») prend le titre de maire. Les « citoyens actifs » élisent les officiers municipaux (en nombre variable suivant limportance de la commune) et (en nombre double) un corps de notables. Les uns et les autres ont un mandat de deux ans et sont renouvelables par moitié chaque année. Officier municipaux et notables forment le Conseil général de la commune.
22.XII.89. La Constituante divise la France en 83 département. Chacun est administré par un Conseil de 36 membres élus pour deux ans parmi les « citoyens actifs ». Huit dentre eux forment le Directoire du département « toujours en activité ». Un procureur général syndic élu a pour mission dêtre « lavocat de la légalité et de lintérêt public ».
22.XII.89. Armand-Louis de Gontaut, duc de Biron, représentant la noblesse du Quercy à lAssemblée nationale, est nommé par le roi gouverneur de la Corse. Sa nomination est acceptée le lendemain par lAssemblée (v.26.1.90). Biron, alors duc de Lauzun, avait participé à la conquête de la Corse et en avait conservé une grande admiration pour Pasquale Paoli. Cest lui qui, après la bataille de Pontenovu, avait été envoyé auprès du roi pour lui annoncer la nouvelle.
23.XII.89. Pasquale Paoli écrit à son ami Ghjiseppu Ottavianu Nobili Savelli, exilé en Italie : « Reprenez votre verve poétique et chantez, parce que en ce jour de régénération du genre humain, je puis vous donner cette nouvelle que notre pays brise ses chaînes. Lunion à la libre nation française nest pas la servitude, mais la participation de droit ».
25.XII89. Pasquale Paoli a appris que la deuxième partie du décret du 30.XI. a rencontré la plus vive opposition dans le parti « attaché à lancien régime ». Il écrit à Gentili : « Je dois renoncer à revoir ma patrie, car je crois que je ne ferai quy ajouter dinutiles jalousies Je ne servirai pas contre les Anglais, mais je ne me prêterai non plus à aucune entreprise de leur part qui voudrait troubler la paix et la liberté de notre pays. Quelle que soit la main qui donne la liberté à notre patrie, je la baise avec toute la sincérité de zèle et dempressement ».
27.XII.89. Fête solennelle à Bastia pour célébrer la réunion de la Corse à la France. Elle avait été organisée par un comité présidé par M. de Varese pour rendre « des actions de grâce à lEtre suprême ».
28.XII.89. Mgr de Guernes, évêque dAleria en résidence à Cervioni, premier évêque français nommé après la conquête, ordonne à son clergé, pour le premier dimanche de janvier (le 3), afin de remercier Dieu pour le décret du 30.XI, un Te Deum suivi du psaume « exaudiat te Dominus » avec le verset et la prière pour le roi. Les corps constitués de Cervioni sont invités en la cathédrale.
8.I.90. Pasquale Paoli annonce à Boswell son intention de rentrer en Corse (James Boswell était venu en Corse en oct. 1765, y avait passé six semaines et avait rendu visite à Paoli à Suddacarò).
I.90. Clemente Paoli, Nobili Savelli et dautres Corses exilés en Toscane retournent dans lîle. Antone Gentili y débarque venant de Paris.
11.I.90. Le colonel de Rully est à Paris. A lAssemblée nationale on évoque les troubles de Bastia.
19.I.90. Lettre de Pasquale Paoli à labbé Andrei pour lui confirmer quil accepte de venir à Paris, mais quil ne serait pas décent pour lui de prendre une part active aux affaires de Corse.
20.I.90. Volney obtient une place de surveillant et inspecteur du commerce en Corse (v.26I).
21.I.90. Lecture à la tribune de lAssemblée nationale dun mémoire du doge Pallavicini pour protester contre le décret du 30.XI. Conclusion : « Attendu le vu énoncé par les habitants de la Corse de former partie intégrante de la monarchie française, il ny a pas lieu de délibérer sur la réclamation de la République de Gênes ».
26.I.90. La Constituante déclare quaucun de ses membres ne peut accepter du gouvernement, pendant la durée de la session, aucune place, traitement, pension ou emploi, même en démissionnant. Biron et Volney ne viendront pas en Corse.
II.90. Paris. La Société des Amis de la Constitution ou club des Jacobins, adopte un règlement qui prévoit lobjet de la société est de discuter davance les questions qui doivent être décidées à lAssemblée nationale, de travailler à létablissement et à laffermissement de la Constitution, de correspondre avec les autres sociétés du même genre qui pourront se former dans le royaume (v.fin90).
13.II.90. Suppression des ordres religieux contemplatifs.
Du 22.II au 1.II.90. Sur convocation du comité de la ville de Bastia, assemblée générale des députés des pievi. Malgré labsence des députés dAiacciu et de la plupart des députés des pievi du Delà des Monts, on crée un Comité supérieur de 66 membres (six par juridiction) et six secrétaires, chargé de veiller à lexécution des décrets de lAssemblée nationale, au maintien de la tranquillité publique, au recouvrement des impôts, à la pacification de certaines parties de lîle en état insurrectionnel. Ce comité supérieur siègera du 2.III au 1.IX. par tiers, remplacés tous les quinze jours. Président permanent : Clemente Paoli. Son âge (70 ans) ne lui permettant pas dêtre suffisamment actif, un président en second est élu tous les quinze jours. Quatre députés (le conseiller Luigi Belgodere de Bagnaja, lavocat Francescu Benedettu Panattieri, de Calvi, le lieutenent-colonel Raffaellu Casabianca, et le capitaine Petru Paulu Murati) sont chargés daller à Paris présenter à lAssemblée nationale lhommage sincère du dévouement des Corses et demander à Paquale Paoli (que lon croit déjà à Paris) de rentrer dans sa patrie.
26.II.90. Un décret de lAssemblée nationale fixe le nom, létendue, les limites et les districts des 83 départements. La Corse est partagée en neuf districts (avant on disait juridictions) : Bastia, Oletta, A Porta, Cervioni, Corti, lIsula Rossa, Aiacciu, Tallà et Vicu. Le district est partagé en cantons (avant on disait pievi), le canton en communes.
4.III90. Lettres patentes du roi sur le décret du 26.II : « Lîle de Corse ne formera provisoirement quun seul département. Lassemblée des électeurs se tiendra dans la pieve dOrezza. Il y délibéreront sil est avantageux à la Corse dêtre partagée en deux départements, et dans le cas où ils croiraient que la Corse ne doit pas être divisée, ils indiqueront le lieu où lassemblée du département doit se tenir ».
7.III.90. le roi désigne quatre membres pour contrôler les opérations électorales de Corse, et décider des questions soulevées aux élections municipales, cantonales et départementales : Dumenicu Maria Santini, évêque du Nebbiu, Paulu Mattei de Centuri, Ghjacumu Maria Ponte dAiacciu (tous trois députés aux Etats de 85) et Petriconi. Les 8 et 15.IV, le Comité supérieur fera savoir au ministre de la guerre que la nomination de Mattei et Ponte est mal vue en Corse (v.20.IV).
9.III.90. Pasquale Paoli écrit au roi de Grande Bretagne: « On insiste encore à me représenter que ma présence à Paris est nécessaire et y peut être utile à la nation, quand ce ne serait que pour dissiper les soupçons quon y pouvait entretenir sur mon acquiescement à la nouvelle forme de gouvernement quon vient de lui donner. Je ne puis pas me refuser davantage à ces insistances réitérées de mes compatriotes Mon cur sent ce quil vous doit, Sire, il vous sera dévoué à jamais et, autant que les lois de lhonneur et permettront, mon attachement sera aussi manifeste, constant et inaltérable, que le respect et ladmiration quexigent vos vertus sublimes. Je ne sais si de Paris il me conviendra de passer en Corse ou de me fixer en quelque ville dItalie pour y soigner ma santé ».
9.III.90. Le Comité supérieur informe lAssemblée nationale quil a suspendu toute assemblée pour la formation de ladministration des districts et du département jusquà larrivée de Pasquale Paoli (« les lumières de notre ancien chef sont le meilleur guide que nous puissions avoir »).
III.90. Election des municipalités dAiacciu (du 7 au 10) et Bastia (le 14). Pour la première, Ghjuvan Girolamu Levie est élu maire. Pour la seconde, Ghjambattista Caraffa est confirmé dans ses fonctions. Les élections municipales se sont déroulées ailleurs en mars et avril, souvent dans le trouble et lirrégularité, parfois avec lélection de deux municipalités.
17.III.90. La Constituante décide la vente des biens du clergé par les municipalités (également décret des 13.V et 16.VII sur les biens ecclésiastiques).
22.III.90. A Londres, Boswell donne un dîner dadieu en lhonneur de Paoli.
29.III.90. Pasquale Paloli quitte Londres pour Paris.
3.IV.90. Bastia. Premier numéro de lhebdomadaire Giornale Patriottico di Corsica, fondé et entièrement rédigé par Filippo Buonarroti sous le pseudonyme de Abram Levi Salomon.
3.IV.90. Paoli arrive à Paris où il sera reçu par le roi et lAssemblée nationale. La Fayette laccompagne partout « comme un nouveau Washington ». Robespierre le reçoit au club des Amis de la Constitution : « vous avez défendu la liberté à une époque où nous nosions même pas lespérer ».
9.IV.90. Paoli, accompagné par le duc de Biron et la députation extraordinaire envoyée de Corse, est présenté au roi. Le lendemain, ils sont reçus par la reine. Par la suite, le roi adressera à Paoli une lettre écrite de sa main, lui disant quil se fie totalement à ses lumières, son crédit et ses vertus pour que paix et concorde règnent entre les anciens et les nouveaux Français.
9-11.IV.90. Assemblée, à Aiacciu, des délégués des pievi du Delà des Monts pour répondre à linvitation de se joindre au Comité supérieur créé à Bastia. Forte opposition malgré les plaidoyers favorables de Ghjiseppu Bonaparte et Carlu Andria Pozzo di Borgo. On évoque la possibilité de création dun Comité supérieur du Delà et même la division de la Corse en deux départements. Dans la soirée du dix, une réunion de notables a lieu dans la maison Bonaparte pour faire représenter la ville au Comité supérieur par Stefanu Conti, labbé Coti, Ghjacumu Pò, et Ghjiseppu Bonaparte. Seule unanimité à lassemblée des pievi : envoyer Mariu Peraldi, dAiacciu, Anghjulu Chiappe, de Sartè, le chanoine Antone Multedo, de Vicu, et labbé Peretti, de Livia, à Paris auprès de Paoli.
11.IV.90. Bastia. Serment civique place S.Nicolas en présence de la garde nationale (colonel : Cesaru Matteru Petriconi), des officiers municipaux et des notables.
12.IV.90. Des députés du Delà des Monts se présentent devant le Comité supérieur réuni au couvent dOrezza.
12.IV.90. lettre de Paoli au Padre. Leunardu Grimaldi du Muchjetu di Campulori : « Nous serons libres et heureux si nous le désirons, mais il faut abandonner lesprit partisan et intéressé ».
12-13.IV.90. Motion présentée à lAssemblée nationale par Don Gerle, député du clergé de Riom : « La religion catholique, apostolique et romaine restera toujours la religion de la nation et son culte est le seul autorisé ». Motion rejetée. Buttafocu et Peretti ont voté pour, Saliceti et Colonna Cesari contre. Le lendemain, une protestation est signée par 300 députés nobles ou ecclésiastiques, dont Buttafocu et Peretti qui lenverront aux évêques et aux chapitres de Corse en demandant de la signer (v.6.XI.90).
14.IV.90. Ghjiseppu Bonaparte, Carlu Andria Pozzo di Borgo et cinq autres délégués se présentent devant le Comité supérieur comme procureurs de la juridiction dAiacciu.
18.IV.90. Les représentants de la province de Vicu font état au Comité supérieur des incidents qui se sont produits et qui risquent de se produire au sujet de la colonie grecque de Carghjese, et demandent quune partie du territoire, trop vaste, cédé à la colonie, fasse retour aux communautés enrironantes. Le Comité charge Antone Ornano et Grimaldi du Niolu de régler les contestations à lamiable, en attendant une décision de lAssemblée nationale. Le 18.V, on complète la commission de conciliation avec Girolamu Pozzu di Borgu, dAlata et le Dr Don Ghjacumu Albertini, de Casaglione. Début juin, un accord intervient entre les colons grecs et les communautés de Vicu, Rennu, Letia, Appricciani et Balogna, pour un partage des terres.
18.IV.90. Rully est de retour à Bastia. Il est arrivé à San Fiurenzu avec des bateaux pour transporter son régiment en France. Barrin le désapprouve. On sonne le tocsin, la garde nationale rejoint ses postes, la population pénètre dans la citadelle et sempare du magasin à poudre. Le lendemain, à six heures, Rully, qui sétait réfugié dans la caserne des grenadiers, est débusqué par la population et tué.
20.IV.90. Aux quatre membres désignés le 7.III. pour contrôler les opérations électorales, le roi ajoute Matteu Limperaini, Martinu Quenza et labbé Varese, tous trois amis de Paoli et probablement sur le conseil de celui-ci. A la demande du roi, Paoli se charge personnellement décrire à Limperani et de lui envoyer sa nomination.
22.IV.90. Pasquale Paoli est reçu par lAssemblée nationale comme un chef de nation. Il est accompagné par Saliceti, Colonna Cesari et deux des quatre députés extraordinaires envoyés de Bastia. Il sagit de Raffaellu Casabianca et Francescu Panattieri (Belgodere et Murati nétant pas encore arrivés à Paris). Discours de Paoli : « Ce jour est le plus heureux de ma vie. Je lai passée à rechercher la liberté, et jen vois ici le plus noble spectacle. Javais quitté ma patrie asservie, je la retrouve libre ; je nai plus rien à souhaiter Je jure obéissance et fidélité au peuple français, au roi et aux décrets de lAssemblée nationale ».
29.IV.90. Sur proposition de Saliceti, lAssemblée nationale décrète (sans quil y ait exécution) que la nomination de Biron comme gouverneur de la Corse, étant antérieure au décret du 26.I, rien ne lempêche de prendre le commandement des troupes en Corse.
I.V.90. Dans une lettre à Morelli, Pasquale Paoli fait léloge de Biron et des nouveaux membres de la commission de contrôle : labbé Varese (qui écrit bien le français), Matteu Limperani et Martinu Quenza.
6.V.90. Pasquale Paoli au Comité supérieur : « Jai laissé une nation qui était devenue pour moi une patrie. Jai prêté serment à la Constitution et au roi de France. Les généreuses intentions du roi et de lAssemblée ont compensé le sacrifice que jai fait ».
17.V.90. De Paris, Paoli écrit à Ghjuvan Geronimu Levie, maire dAiacciu. Il sélève contre le projet de certains de vouloir diviser la Corse en deux départements (la lettre sera publiée dans le Giornale Patriottico du 12.VI).
17.V.90. Les gardes nationaux de Corse reçoivent une adresse de la garde civique de Lyon pour une grande Confédération entre toutes celles du royaume. Une grande réunion étant prévue pour le 30 du mois, on se dépêche de désigner une délégation qui embarque le 22.
18.V.90. Paoli écrit : « Le temps est trop précieux pour quil soit gaspillé en futilités. Il convient dactiver la formation des municipalités pour quon puisse organiser celles des administrations des districts et du département ». En effet, de nombreuses communautés nont pas encore élu leurs officiers municipaux, dautres ont procédés à une double élection (cest le cas de Corti où saffrontent Gafforistes et Paolistes).
13.V.90. Paris. Lettre de Saliceti à Galeazzi : « Dans peu de jours le général Paoli et le duc de Birron partiront pour la Corse. Birron est notre ami et je pense que les Corses seront satisfaits de lui ». (v.29.V).
29.V.90. En réponse à sa lettre amicale du 8.V, Paoli écrit à Ponte et lui dit combien il a été peiné dapprendre quil est à lorigine de lidée de diviser la Corse en deux départements.
30.V.90. Lyon. Fête de la Fédération. La délégation corse est présente.
31.V.90. Suite aux difficultés éprouvées pour obtenir la main-forte de la troupe réglée commandée par Barrin, le Comité supérieur décide la levée dune garde nationale soldée de 200 hommes, à ses ordres et à ceux des municipalités.
2.VI.90. Le chapitre de Mariana prend connaissance de la lettre à lui adressé par labbé Peretti.
3.VI.90. Labbé Peretti demande à lAssemblée nationale de réserver trois évêchés pour la Corse : Bastia, Aiacciu et Aleria (celui-ci avec le titre de métropolitain). Proposition ajournée (v. 7.VII). les propositions de Peretti ont été imprimées le 2.VII sous le titre : « Mémoire sur la nécessité détablir trois évêchés en Corse ».
4.VI.90. Suite aux difficultés rencontrées pour le recouvrement et limpôt, le Comité supérieur décide, en sappuyant sur le décret du 20.V de lAssemblée nationale, que les adjudicataires, trésoriers et receveurs qui ne seraient pas en état de justifier le paiement de leurs dettes ne seraient pas admis sur les listes des citoyens actifs. Cette mesure lui attira la désapprobation de Saliceti, qui lui demanda même de se dissoudre. Le décret disait que les anciens administrateurs qui nauront pas encore rendu leurs comptes, ne pourront être élus membres de ladministration du département ni de celles des districts.
6.VI.90. Aiacciu. Décision denvoyer une délégation en Provence pour accueillir Pasquale Paoli : Ghjiseppu Bonaparte et Tumasgiu Tavera, officiers municipaux, labbé Recco, procureur de la communauté, Ghjacumu Pò et Nicolò Luigi Paravisini notables.
8.VI.90. le Comité supérieur donne huit jours aux communautés pour terminer la formation des municipalités.
12.VI.90. LAssemblée nationale décrète que, dans lîle de Corse, les impôts continueront à être perçus en nature comme par le passé, jusquà ce quelle en ait décidé autrement.
14.VI.90. De Paris, Paoli écrit à Boswell : « Sous peu je partirai pour la Corse Je suis décidé à ne pas prendre part aux affaires, mais seulement à donner de bons conseils ».
17.VI.90. Colonna Cesari, décidé à accompagner Pasquale Paoli en Corse, obtient un congé de la Constituante (il annoncera son retour le 12.IV.91).
18.VI.90. Une lettre adressée de Cervioni à Buonarroti accuse Mgr de Guernes, évêque dAleria, daristocrate ennemi des décrets de lAssemblée. Désormais, le Giornale Patriottico, qui jusque là avait fait léloge du prélat pour sêtre employé à maintenir la paix dans son diocèse, va sattaquer à lévêque ; et Buonarroti lance : « puzzate di erresia sociale ».
19.VI.90. Les titres de noblesse sont supprimés.
22.VI.90. Pasquale Paoli quitte Paris pour la Corse. Trajet :Lyon, Tournon, Valence, Aix, Marseille, Toulon. Daprès le Giornale Patriottico, il a été reçu à Tournon par le neveu du maréchal de Vaux qui lui a demandé pardon « pour les injustes procédés dont mon oncle a usé contre la nation corse et contre le défenseur de la Corse ».
2.VII.90. Le chapitre cathédral de Mariana prend connaissance dun imprimé signé et envoyé par labbé Peretti, ayant pour titre : « Déclaration dune partie de lAssemblée nationale sur le décret rendu le 13 avril 1790 (la Constituante ne reconnaissant plus aucune religion dEtat) concernant la religion ».
3.VII.90. Dans une lettre à lAssemblée nationale, le Comité supérieur désavoue les députés Buttafocu et Peretti.
7.VII.90. Le Conseil municipal de Bastia, ayant appris lexistence dune lettre de labbé Peretti envoyée au chapitre cathédral de Mariana, lettre qui attaque la Constitution et tend à provoquer des tumultes, décide de se la faire donner à lamiable ou par la force. Une perquisition ne donne rien : la lettre aurait été brûlée.
7.VII.90. LAssemblée nationale décide que la Corse naura quun seul évêque comme les autre départements. Le siège est fixé à Bastia. La décision est défendue par Saliceti et combattue par Peretti qui demande trois évêchés.
12.VII.90. Constitution civile du clergé (acceptée par le roi le 24.VIII). Saliceti et Colonna Cesari votent pour : Buttafoco et Peretti votent contre. Le nombre des évêchés est ramené à 83, un par département. Archevêques, évêques et curés doivent être élus par les citoyens à raison dun curé fonctionnaire par paroisses de 600 habitants (le nombre des prêtres corses est évalué à 1667 pour une population de 150 000 habitants). Les cinq diocèses de la Corse (Aiacciu, Aleria, Bastia, Mariana et Nebbiu) sont donc ramenés à un seul.
14.VII.90. Paris. Fête de la Fédération. Messe au Champ de Mars. Les députés des gardes nationaux des districts de Bastia et lIsula Rossa, dirigés par Ghjambattista et Petru Galleazzini, sont présents.
14.VII.90. Emeute à Corti : des morts et des blessés, une maison incendiée, sans que Bartulumeu Arrighi (un des deux maires) et Francescu Gaffori (commandant du régiment Provincial) interviennent. Le 17, le Comité supérieur décide du principe dune marche générale sur Corti (v. 22.VII).
14.VII.90. Pasquale Paoli débarque à Santa Maria di a Chjappella, au nord de Macinaghju.
17.VII.90. Pasquale Paoli est reçu à Bastia dans lenthousiasme. Entré au port vers six heures du soir, il est conduit à la maison où habite son frère Clemente. Avec lui, Colonna Cesari. Le jour suivant il reçoit le Conseil supérieur, le Conseil général de la communauté, une députation du Comité supérieur, les officiers de la garde nationale, du régiment du Maine, de lartillerie et du régiment Provincial, les commis de lIntendance, lévêque, le chapitre de Bastia et Barrin.
19.VII.90. Le Comité supérieur désigne une délégation pour aller à Bastia complimenter Colonna Cesari. Une lettre de remerciements sera adressée à Paris à lautre député du Tiers : Saliceti.
20.VII.90. Bastia. Lettre circulaire de Pasquale Paoli à ses compatriotes pour leur demander duvrer pour la paix sur la base de la liberté assurée par la plus heureuse et excellente Constitution.
22.VII.90. Paris. Carlu Peretti et Matteu Buttafocu font imprimer un écrit critiquant les députés corses du Tiers et la conduite du Comité supérieur.
22.VII.90. Les quatre député envoyés à Paris (v. 22.II) et revenus avec Paoli, se présentent devant le Comité supérieur pour rendre compte de leur mission. Le Comité décide denvoyer cinq de ses membres à Corti, à la tête de 500 hommes (v. 14.VII). La décision est annulée le lendemain pour ce qui concerne lenvoi de la troupe, la population de Corti ayant envoyé une députation à Paoli lui déclarant vouloir se soumettre aux lois et à la Constitution. Les délégués sont tout de même autorisés à faire appel à la force armée en cas de besoin.
26.VII.90. Le Comité supérieur porte de graves accusations contre Francescu Gaffori, suite aux événement de Corti du 14.VII, mais aussi pour toute son activité depuis sa venue en Corse. Il lassigne à résidence dans sa maison.
27.VII.90. Pasquale Paoli demande au général Barrin de veiller à la sécurité de Gaffori qui sest soumis au jugement de la nation. Le même jour, sur les conseils de Paoli, le Comité supérieur autorise Gaffori à passer en France.
2.VIII.90. Aiacciu. On brûle Buttafocu en effigie. Sous le mannequin, on avait écrit : « pour avoir deux fois trahi la patrie ».
5-30.90. Bastia. N. Bonaparte est soigné à lhôpital militaire. Probablement, il est en cette ville depuis larrivée de Pasquale Paoli.
6.VIII.90. Le Comité supérieur décide que Vidau, qui avait été emprisonné à Bastia, soit sorti de prison et assigné à résidence. Le lendemain, mêmes mesures pour Luigi Matra et Antone Martinu Calendini.
10.VIII.90. Sur demande de Paoli, le Comité supérieur décide que Bartulumeu Arrighi soit sorti de prison et assigné à résidence à Bastia.
12.VIII.90. Les officiers municipaux dAiacciu écrivent à lAssemblée nationale : « Lindignation na cédé quaux sentiments de la plus profonde humiliation des habitants lorsque nous avons vu deux noms corses, deux députés de notre nation, parmi les ennemis de lAssemblée nationale ». Le même jour, la municipalité reçoit de Marseille le buste de Pasquale Paoli quelle avait commandé pour un monument public.
13.VII.90. Bastia. Fêtes et illuminations en lhonneur du retour de Pasquale Paoli.
14.VII.90. A la tribune de lAssemblée nationale, Saliceti sinsurge contre les bruits quon fait courir dun Pasquale Paoli voulant livrer la Corse aux Anglais.
18.VIII.90. Le Comité supérieur fait brûler publiquement la proclamation : « Osservazioni sulla condotta di Carlo Peretti e Matteo Buttafuoco Deputati allAssemblea Nazionale male rappresentata nellIsola ».
19.VIII.90. Des représentants de la garde nationale de Bastia envoyés à Lyon et de la garde du district envoyés Paris, rentrent à Bastia avec le drapeau reçu à Paris (sur une face : Confédération du 14.VII.90 : sur lautre : Liberté, Constitutions, département de la Corse). Défilé en ville pour les accompagner au palais de la municipalité.
20.VIII.90. Paris. Lettre violente de labbé Peretti à Buonarroti pour protester contre ce quil a écrit de lui dans son journal, « per fame non per fama ».
21.VIII.90. Le Comité supérieur décide que Matteu Boccheciampe et dautres dOletta soient sortis de la prison de Bastia et assignés à résidence.
21.VIII.90. La Constituante décrète que les tribunaux de district du département de la Corse seront établis à Bastia, Oletta, lIsula Rossa, A Porta dAmpugnani, Corti, Cervioni, Aiacciu, Vicu et Tallà.
25.VIII.90. Décrets de la Constituante qui suppriment tous les anciens tribunaux de France : doù, en Corse, le Conseil supérieur, créé en 1768, est supprimé.
28.VIII.90. Dans le Giornale Patriotico, Buanorroti entreprend une campagne contre le partage de la Corse ne deux départements.
30.VIII.90. Pasquale Paoli quitte Bastia pour Orezza où il doit assister à lAssemblée du département comme électeur du Rustinu. Dans sa suite, N. Bonaparte. Devant le champ de bataille de Pontenovu, Paoli lui aurait dit : « Tu nas rien de moderne ! tu appartiens tout à fait à Plutarque ! ».
31.VIII.90. Buonarroti répond à la lettre de Peretti du 20.VIII.
4.IX.90. Pasquale Paoli arrive au village natal.
9-27.IX.90. Assemblée électorale dOrezza pour décider de ladministration du département : 419 électeurs élus parmi les citoyens actifs réunis en assemblée primaires. Paoli président provisoire. Le 11, lassemblée reçoit les gardes nationaux des districts de Bastia et lIsula Rossa qui sont introduits avec le drapeau que la ville de Paris leur a donné. Le 13, Paoli président définitif, B. Arena secrétaire général. 16, la Corse ne formera quun seul département. La désignation du chef-lieu est ajournée. Du 18 au 22, élection des 36 conseillers généraux du département. Le 23, C. Saliceti est élu procureur général syndic du département (ne pouvant occuper cette fonction, étant député, ladministration du département lui donnera un suppléant : B. Arena). Vote de deux motions de remerciement et fidélité et au roi à lAssemblée nationale et au roi. Félicitations à Saliceti et Colonna Cesari ; blâmes à Buttafocu et Peretti. Le 24, lassemblée, en désaccord sur ce point, se refuse à fixer définitivement le chef-lieu du département. En attendant la prochaine assemblée électorale, Bastia est choisi provisoirement avec possibilité pour le Conseil de se réunir ailleurs suivant les besoins. Le 25, Colonna Cesari est élu commandant en second des gardes nationales (décision sans doute non valable, puisquil est député). Le 27, Antone Gentili et Carlu Andria Pozzo di Borgo sont chargés daller à Paris présenter les motions votées le 23.
30.IX.90. au 14IX.90. Première session, à Bastia du premier Conseil général chargé de ladministration du département. Pasquale Paoli est élu président à lunanimité. Comme il est malade, on élit un vice-président : Gnaziu Felce de lAlisgiani. Francescu Benedettu Panattieri, de Calvi, est élu secrétaire du département : lavocat B. Arena, de lIsula Rossa, Antone Gentili, de San Fiurenzu, Carlu Andria Pozzo di Porgo, dAiacciu, le chanoine Antone Multedo, de Vicu, Ghjambattista Taddei, lavocat Ghjiseppu Maria Pietri, de Sartè, et le docteur Petru Francescu Mattei, de Bastia.
25.X.90. Buttafocu fait distribuer, dans les couloirs de lAssemblée nationale, une lettre violente quil vient dadresser à Pasquale Paoli, le traitant de machiavel et de charlatan politique.
29.X.90. A la tribune de lAssemblée nationale, Buttafocu accuse Pasquale Paoli daccréditer des calomnies répandues contre lui-même et son collègue Peretti. Il demande lenvoi en Corse de commissaire et de troupes. Lassemblée passe à lordre du jour.
2.XI.90. Partis de Corse le 15.XI. Pozzo di Borgo et Gentili arrivent à Paris.
3.XI.90. Bartulumeu Bonaccorsi propose à Pasquale Paoli un plan de réformes pour la Corse. Dans sa réponse du 5. Paoli donne son avis sur ladministration, les domaines nationaux et communaux, les biens du clergé, lagriculture et lélevage, la population, etc. (v. BSSHNC 481-484).
6.XI.90. Séance orageuse à lAssemblée nationale qui reçoit Gentili et Pozzi di Borgo délégués par lassemblée électorale dOrezza. Mirabeau lit deux lettres de Peretti : lune au clergé corse pour linciter à refuser les décisions de lAssemblée en matière de religion, lautre, du 17 .IV.90, à un ami, sur le même sujet, lettre que Saliceti qualifie « dincendiaire » et Mirabeau « dimpudente ». On a dit (et N. Bonaparte la répété : lettre du 8.II.91 à Fesch) que Peretti a menacé Mirabeau dun coup de stylet.
18.XI.90. Assemblée nationale. Discussion sur la souveraineté temporelle des papes à Avignon. Labbé Charrier, de la sénéchaussée de Lyon, propose, soit lachat du comtat Venaissin, soit laccomodement suivant : le pape donne le comtat Venaissin à la France, le duc de Parme donne le Plaisantin au pape, la France donne, au duc de Parme, la Corse avec le titre de roi. Murmures, rires de la motion.
23.XI.90. Loi qui fait porter sur les municipalités la responsabilité de la répartition de limpôt.
27.XI.90. 32me et probablement dernier numéro du Giornale Patriotico di Corsica. Buonarroti continue à résider à Bastia avec sa famille : une épouse, trois filles et un garçon né en cette ville. Avant la fin de lannée il est employé par le Directoire du département et chargé des affaires ecclésiastiques et des biens nationaux.
27.XI.90. La Constituante vote la « loi du serment ». Labbé Peretti refuse de sy soumettre comme les deux tiers des Constituants membres du clergé. Le serment a été traduit en italien pour le clergé corse : « Io, giuro di vegliare con diligenzia sopra i fedeli della diocesi o della parocchia chè mi è stata confidata, di essere fedele alla Nazione, alla Legge ed al Rè, e di mantenere con tutte le mie forze la Costituzione decretata dall Assemblea Nazionale ed accettata dal Rè ». Encouragés par Paoli, les prêtres corses prêteront serment à 90%.
22-23.XII.90 et 3.VI.91. Décrets instituant la gendarmerie en Corse, la quelle se substituera au régiment Provincial.
24.XII.90. Mgr de Guernes, évêque dAleria, qui avait prêté serment, proclame, sans que se soit à proprement parler une rétractation, la prééminence de la discipline ecclésiastique sur le pouvoir politique.
28.XII.90. Mgr de Verclos, évêque de Mariana, sembarque pour lItalie pour se soustraire au serment exigé par la loi.
Fin 90. Aiacciu. Création du club des Amis de la Constitution, affilié à la Société parisienne des Jacobins. Président : Ghjiseppu Masseria. Le 16.I.91 (lettre de Ghjiseppu Bonaparte qui en fait partie). Ils sont 80 associés parmi lesquels les employés français qui nont pas rejoint la France et quelques officiers du génie et de lartillerie.
2.I.91. Les prêtres qui ne prêteraient pas le serment seront considérés comme démissionnaires (prêtres réfractaires).
6.I.91. Le club patriotique dAiacciu demande au lieutenant Bonaparte de stigmatiser par écrit les calomnies de Buttafocu. Napoléon sinstalle aux Milelli, propriété de la famille dans les environs dAiacciu, pour faire la rédaction.
16.I.91. Décret de lAssemblée nationale qui change le nom de maréchaussée de France en gendarmerie nationale.
23.I.91. N. Bonaparte donne lecture au club patriotique de la « Lettre de M. Bonaparte à M. Buttafocu, député de la Corse à lAssemblée nationale » « O Lameth ! O Robespierre! O Pétion ! O Mirabeau ! O Barnave ! O Bailly ! O La Fayette ! Voilà lhomme qui ose sassoire à côté de vous tout dégouttant du sang de ses frères, souillé par des crimes de toute espèce il ose se dire le représentant de la nation, lui qui la vendue, et vous le souffrez ! ». Cette lettre sera imprimée à Dôle le 15.III. Le lendemain, N. Bonaparte en expédiera des exemplaires en Corse (en particulier à Paoli).
24.I.91. N. Bonaparte quitte la Corse pour rejoindre son régiment.
26.I ?.91. Mise en application de la loi du serment.
2.II.91. (Extrait du Moniteur Universel relatif à la Corse). « Les élections des juges se sont terminées dans nos districts avec la plus grande tranquillité : les choix sont bons. MM. Leclerc, Chavanne, Bertagne, Dufaur, Serval et Duménil, Français dorigine, ont obtenu le vu du peuple M. Barrin lieutenant-général et commandant pour le roi les troupes de lîle en Corse, a quitté ce département ; il a su se concilier ici lestime et lattachement des habitants du pays, et y maintenir la paix ».
10.III.91. Brefs du pape condamnant la Constitution civile du Clergé.
10.III.91. Les officiers et notables de la ville de Bastia informent lAssemblée nationale quon veut rendre obligatoire le recrutement des gardes nationaux, que des personnes sèment la discorde et ne respectent pas la liberté des citoyens (le juge et le procureur du roi sont cités). Ils demandent lenvoi de commissaire.
13.III.91. Loi sur la contribution mobilière . Pour la Corse elle est fixée à 60 900 livres.
13.III.91. Le recensement du clergé corse fonctionnaire est terminé. Lestimation du nombre de ceux qui ont prêté serment est de 340 sur 379. Paoli écrit à Guelfucci : « Nos prêtres prêtent serment en grande partie, et il prêteront tous quand ils verront largent ». Les traitements du clergé séculier sélèveront en 1792 à 395 000 livres, et les sommes destinées aux religieux à 574 312 livres.
17.III.91. Loi sur la contributions foncière. Pour la Corse elles est fixée à 223 900 livres.
20.III.91. Loi qui abolit le régime des milices (v. 20.IX.91).
2.IV.91. Paris. Mort de Mirabeau. La nouvelle est connue à Aiacciu le 3 mai. Les Amis de la Constitution placent alors sa statue dans leur salle avec un extrait du discours prononcé le 30.IX.89 : « Javoue que ma jeunesse a été souillée par ma participation à la conquête de la Corse ; mais je ne men tiens que plus étroitement obligé à réparer envers ce peuple généreux ce que ma raison me représente comme une injustice ». Le 20.IV, service religieux en sa mémoire à la cathédrale dAiacciu.
2.IV.91. Pasquale Paoli accuse réception à N. Bonaparte de la « Lettre à Buttafoco » et lui dit que les impostures de Buttafocu ne valaient pas la peine dêtre démenties. Il écrit en outre à Ghjiseppu Bonaparte disant que la brochure de son frère « aurait fait plus grande impression si elle avait dit moins et si elle avait montré moins de partialité ».
4.IV.91. Le président du Tribunal du district de Bastia et quelques officiers municipaux font état de rumeurs selon lesquelles le Directoire du département sapprête à arrêter et déporter certaines personnes injustement accusées de troubler lordre public.
15.IV.91. Une lettre de Buonarroti est datée de Marseille où il a dû se rendre pour trouver un emploi ( ?).
5.V.91. Mgr de Verclos, de retour de Rome, arrive à Bastia pour tenter dempêcher lélection de lévêque constitutionnel.
6.V.91. Paoli à C.M. Petriconi : « Veillez à ce que ce bon évêque ne continue à faire des siennes. Quune patrouille reste au couvent des Missionnaires pour quil ne sorte à enflammer la population ».
6.-12.V.91. Bastia. Assemblée pour lélection de lévêque constitutionnel. Mgr de Verclos refuse. Le 7, constitution du bureau. Le 8, Gnaziu Francescu Guasco, 70 ans, vicaire général de Mgr Verclos, est élu. Il refuse une première fois, puis cède aux instances de sa famille. Mgr Verclos lui avait écrit : « Ce serait un schisme, une intrusion qui ne conviennent ni à votre âge ni à votre caractère ». Le 9, Guasco prête serment et sembarque pour Aix où il est consacré le 16.VI en léglise Saint-Sauveur par Mgr Charles-Benoît Roux évêque des Bouches-du-Rhône, assisté des évêque du Gard et des Basses-Alpes. Le 12, Mgr de Verclos reçoit lordre de partir dans les six heures.
27.V.91. Le département de la Corse obtient six députés pour la prochaine législature.
1.VI.91. N. Bonaparte est nommé lieutenant en premier au 4e régiment de Valence.
1.VI.91. Troisème jour des Rogations. Habituelle procession à Bastia. Foule plus nombreuse que de coutume, à lappel de Salvatori, supérieur des Frères de la Mission, et de labbé Bajetta, curé de Saint-Jean, qui demandaient de faire pénitence pour avoir accepté la Constitution civile du Clergé. On fait courir le bruit que la guerre à éclaté en France et que les émigrés, regroupés dans le nord de lItalie, sont prêts pour la contre-révolution. On déchire des affiches qui publient les décrets de lAssemblée nationale.
2.VI.91. Jour de lAscension. Les Bastiais se révoltent contre la Constitution civile du Clergé. Assemblée en léglise Saint-Jean, sous la présidence de Ghjuvan Antone Vidau, ils déclarent vouloir rester fidèle à la Constitution, mais refusent les dispositions prises en matière de religion. Ils demandent le retour de Mgr de Verclos pour reprendre ses fonctions à la fête de son diocèse, et lexpulsion de Buonarroti. Pendant ce temps, les femmes manifestent dans la rue et saccagent la maison de Mgr Guasco, celle dAntone Biadelli, son parent, et le local des francs-maçons. A la tombée de la nuit, des hommes en armes, avec à leur tête la municipalité (excepté le maire Ghjambattista Caraffa qui est malade) et Cesaru Matteu Petriconi, commandant la garde nationale de Bastia, occupent la citadelle. Le général Antone Rossi (dAiacciu), commandant la troupe de ligne, laisse faire. Dans la nuit, Bartulumeu Arena, procureur général syndic, Panatieri, secrétaire général, et Buonarroti sont conduis au port sous les quolibets et embarqués pour lItalie. Les autres administrateurs du Directoire du département réussissent à quitter la ville et se donnent rendez-vous à A Porta dAmpugnani.
4.VI.91. Buonarroti débarque à Livourne. On larrête pour le soustraire aux démonstrations de la foule, prévenue de son arrivée. Le 6, il adresse une supplique au Grand-Duc où il se rétracte quant ce quil a écrit contre son gouvernement, offre sa fidélité, et demande à être remis en liberté pour soccuper à faire venir sa famille restée à Bastia, liberté qui lui fut accordée le 9. Sa famille arrive à Livourne le 20.
5.VI.91. Réunion des officiers municipaux et des notables de Bastia. Labbé Ghjiseppu Maria Belgodere, conseiller municipale, est député auprès de lAssemblée nationale pour éviter que la ville soit pénalisée. De A Porta dAmpugnani quatre des administrateurs de département adressent, aux représentants du Tiers à Paris, une relation des faits qui se sont déroulés à Bastia. Ils demandent le secours de lAssemblée nationale en forces de mer pour semparer de la ville. La relation arrive à lAssemblée le 18.VI.
8.VI.91. Arena et Panattieri reviennent en Corse. Le 12, ils sont à Corti, reçus par Paoli.
13.VI.91. Décret de lAssemblée nationale exigeant des officiers une déclaration dobéissance et de fidélité à la Constitution. Les députés Buffafocu et Colonna Cesari, qui sont concernés prêtent serment le 22.
14.VI.91. Corti. Session extraordianire du Conseil général dadministration du département pour faire rentrer les habitants de Bastia sous la dépendance des lois (la ville perdra ses prérogatives de capitale). Le siège du Directoire du département est provisoirement transféré à Corti. Même décision pour le siège de lévêché (il sera demandé à lAssemblée nationale de le fixer à Aiacciu). Le siège du Directoire du district de Bastia est transféré à Luri. La municipalité de Bastia est suspendue ; le corps municipal, le procureur de la commune et le sieur Vidau sont invités à se présenter devant le Conseil général. Rossi, commandant des troupes, est chargé de veiller à la sûreté de la citadelle de Bastia. Les bateaux-poste abordent à San Fiurenzu. Quatre commissaires : Ghjuvan Battista Quenza, Luigi Ciavaldini, Anton Filippu Casalta et Acchile Murati, sont chargé de se transporter à Bastia avec une troupe armée et au frais de la ville ; le général Paoli est prié de se mettre à sa tête.
15.VI.91. Paris. Labbé Ghj.M. Belgodere distribue aux portes de lAssemblée nationale une adresse quil avait rédigée contre le Directoire du département de la Corse et, en particulier, contre Arena, procureur général syndic.
17.VI.91. Le Conseil général du département décide de demander à lAssemblée nationale, au ministre de lIntérieur et à celui des Affaires étrangères dintervenir auprès de gouvernement toscan pour que Buonarroti, commis de ladministration du département depuis environ six mois soit libéré.
18.VI.91. La séance de la Constituante est consacrée aux affaires de Corse, après ce qui sest passé à Bastia en début de mois. LAssemblée approuve les décisions du Conseil général du département et décrète : 1° Le Directoire du département et lévêché restent provisoirement à Corti ; 2° Lenvoi dun supplément de troupes et dune frégaté ; 3° Lenvoi en Corse de deux commissaires, Monestier et labbé Andrei, pour rétablir lordre (le rapport de cette mission, signé par le seul Monestier le 1.IV.92, est accablant pour le Directoire du département).
19.VI.91. Les officiers municipaux de Bastia, auxquels se sont joints les syndics des corporations, protestent de leur attachement à la Constitution et aux lois, demandent que le Directoire du département retourne à Bastia et désignent six députés pour aller auprès de Paoli et des quatre commissaires pour leur demander de se rendre à Bastia sans troupe armée.
23.VI.91. Les députés de la ville de Bastia rencontrent, à la Venzulasca, Paoli et les quatre commissaires qui persistent à envoyer la troupe armée mais les assurent que la cité ne subira aucun dommage et que la population sera respectée.
24.VI.91. A midi, Paoli et les commissaires, à la tête de la troupe, pénètrent dans Bastia. Ils enjoignent aux citoyens de déposer les armes. Les gardes nationaux de la ville, touchés par cette mesure, se trouvent désarmés.
25.VI.91. Le Conseil général du département remplace provisoirement le corps municipal de Bastia par des officiers municipaux sortis de charge en dernier lieu, mais laisse en place le maire Caraffa qui, malade, navait pas pris part aux évènements
25.VI.91. Corti. Lettre du Directoire du département à Buonarroti pour lui dire quil est attendu en Corse où son emploi lui est conservé. Il a demandé au consul français à Livourne de lui remettre 120 francs.
28.VI.91. Bastia. Installations des nouveaux officiers municipaux. Deux commissaires sont chargés demprunter les sommes nécessaires à lentretien des troupes doccupation.
28.VI.91. LAssemblée nationale confirme la décision du Directoire du département concernant le transfert du gouvernement de lîle à Corti et fixe, à Aiacciu, le siège provisoire de lévêché.
Fin VI.91. Suite à la condamnation de la Constitution civile du clergé par le pape, et souvent après des pétitions populaires, les rétractations augmentent.
9.VII.91. Décret de lAssemblée nationale enjoignant aux émigrés de rentrer en France.
9.VII.91. Le Conseil municipale provisoire de Bastia révoque labbé Belgodere de ses fonctions dofficier municipal et de député auprès de lAssemblée nationale.
21.VII.91. Le Conseil général du département décide quune force de 150 gardes nationaux sera établie à Bastia, aux frais de la ville, en attendant de nouvelles élections.
23.VII.91. La troupe envoyée à Bastia évacue la ville. Les trente jours doccupation ont été appelés par certains : « a cuccagna di Bastia ».
23.VII.91. Le Conseil général qui venait de faire revenir Buonarroti, lui vole une indemnité de 400F.
28.VII.91. Les commissaires qui avaient été envoyé à Bastia par le Conseil général, rendent compte de leur mission. Le Conseil décide que tous les délits relatifs à linsurrection seront poursuivis.
5.VII.91. Loi portant convocation des assemblées pour élire les députés à lassemblée législative, la moitié des administrateurs des départements et deux jurés à la Haute-Cour.
12.VIII.91. Lettre de Saliceti à Paoli : « Votre Excellence peut simaginer que jai fait observer aux ministres quelle ne prenait aucune part dans ladministration ». Et du même à Andrei : « Faites par dessus tout connaître aux ministres que le général Paoli ne prend aucune part à ladministration ».
1.IX.91. N. Bonaparte part pour la Corse où il arrive à la mi-septembre.
3.IX.91. Vote de la Constitution (acceptée par le roi de 14.IX).
5.IX.91. Sur rapport de Bertrand Barère, lAssemblée nationale révoque les concessions, inféodation et autres aliénations (domaines, îles, étang ) des domaines nationaux faites en Corse depuis 1768. Sont exceptées les terres concédées à Marbeuf et à la colonie grecque de Carghjese.
9.IX.91. Buonarroti demande au Conseil général du département une attestation de civisme en vue dobtenir dêtre naturalisé Français.
13-30.IX.91. Corti. Deuxième assemblée électorale depuis la Révolution française. Paoli est élu président mais, malade, nassiste pas aux débats. Du 17 au 22 , sont élus les députés pour représenter la Corse à lAssemblée législative : Felice Antone Leonetti de Merusaglia, Francescu Maria Pietri, de Fuzzà, Carlu Andria Pozzo di Borgo, Don Petru Ghjuvan Tumasgiu Boerio, de Corti, Bartulumeu Arena, de lIsula Rossa, et Mariu Peraldi, dAiacciu. Suppléants : F.B. Panattieri, de Calvi, et H.M. du Tillet. Les élections se sont faites lune après lautre. Arena nest élu quà la cinquième. A la première, on lui avait opposé Leonetti, neveu germain de paoli, ce qui contribuera à linimitié entre Arena et Paoli. Le 23, Ghjambattista Tartaroli et Ghjacumu Pasqualini sont élus jurés à la Haute-Cour de justice dOrléans. Le 29, en vertu du décret de la Constitution du 18.VI, lassemblée fixe le chef-lieu du département à Corti et le siège de lévêché à Aiacciu.
20.IX.91. En vertu de la loi du 20.III.91, le régiment Provincial corse (colonel titulaire : Raffaellu Casabianca ; colonel en second : Colonna dIstria de Cinarca ; lieutenant-colonel : Ghjacumu Petru Abbatucci) est licencié à parti du 31.X.
22.IX.91. Décret de lAssemblée nationale pour terminer le Terrier de la Corse.
30.IX.91. LAssemblée constituante se sépare. Aucun des Constituants ne peut faire partie de la prochaine assemblée. Saliceti et Colonna Cesari rentreront en Corse en janvier. Le premier reprendra ses fonctions de procureur syndic du département, le second sera nommé colonel de la gendarmerie de lîle. Peretti reste à Paris jusquen septembre 92 puis émigre à Gênes et en Toscane. Buttafocu émigre en Toscane. Volney viendra en Corse comme directeur général du commerce et de lagriculture de lîle.
1.X.91. Entrée en fonction de lAssemblée législative. Quatre des six députés corses seront reçus le 21.XI. Peraldi et Pozzo di Borgo arriveront à Paris vers le 7.XII.
5.X.91. Première vente des biens de la couronne (Urbinu). Les premiers acquéreurs appartiendront au parti qui se forme contre Paoli, celui-ci soutenant que la plupart des biens de la couronne provenaient dune spoliation des communautés.
14.X.91. Loi qui astreint tous les citoyens actifs et leurs enfants âgés dau moins 18 ans, à faire partie de la garde nationale.
22.X.91. Des prisonniers (pas tous) responsable des troubles de Bastia sont mis en liberté. Le 30.IX, avant de se séparer, la Constituante avait voté lamnistie pour tous les fauteurs de troubles condamnés depuis 1788.
X.91. Buonarroti demande au Conseil général du département une attestation de mérite civique pour se faire naturaliser.
11.XI.91. Ghj.B. Galleazzini est élu maire de Bastia, alors quil est encore en prison pour avoir approuvé linsurrection du début juin. Il sera libéré le 22.XI.
29.XI.91. La Législative décide que les prêtres réfractaires doivent prêter serment sous peine dêtre considérés comme suspects.
8.XII.91. Colonna Cesari est nommé colonel de la gendarmerie en Corse.
28.XII.91. Décret de la Législative sur lorganisation des volontaires (v.3.II.92).
8.I.92. Lettre de Paoli à Felice Antone Ferrandi : « Que ne suis-je mort lorsque jappris que les Français avaient rendu la liberté à notre patrie ; de bien peu de personnes on aurait pu dire quelles auraient fermé les yeux au grand sommeil dune manière plus heureuse Ah ! combien me pèse le sang de tant de martyrs répandu sous mes ordres pour donner la liberté à un peuple qui en est tant indigne ».
14.1.92. Paoli à Quenza : « Japprend avec plaisir par votre lettre que les Bastiais sont en train de se remettre sur le bon chemin. Eclairez-les par vos bons conseils ». Il ajoute que Galleazzini et ses partisans sont responsables des malheurs de la cité.
16.I.92. Lettre de Paoli à Andrei : « En droit, ma présidence est terminée ». Autre lettre : « Je ne veux pas mingérer dans les affaires courantes mais, sil faut défendre la Constitution, je prendrai le fusil et marcherai à la tête des bons patriotes ».
Fin. Janvier. ou début février.92. Voleny arrive en Corse. Il passe plusieurs jours à lIsula Rossa. A Corti, il rencontre le lieutenant Bonaparte et se rend à Aiacciu avec lui.
3.II.92. Suite au décret du 28.XII.91, loi qui précise les règles de ladministration des bataillons de volontaires. Les officiers de carrière employés dans ces bataillons doivent rejoindre leurs corps respectifs, à lexception des lieutenants-colonels en premier et en second. Ceci expliquera lacharnement de N. Bonaparte à se faire élire à lun de ces grades (v. 28-31.III.92).
9.II.92. Les biens des émigrés sont déclarés biens nationaux.
12.II.92. Le Conseil général du département remercie pour son zèle Buonarroti qui a sollicité sa naturalisation et décide de demander au pouvoir législatif quelle lui soit accordée quoiquil nait pas les cinq années de résidences prévues par la loi. Copie de la délibération est envoyée le 14 à Paris. Autre copie est envoyée par Buonarroti le 17 avec une supplique
16.II.92. Paoli arrive à Munticellu après avoir passé plus de trois mois dans le Rustinu. Il habitera chez son neveu Leonetti jusquau 7.V.
28,29.II.92. et jours suivants. Troubles à lIsula Rossa. Suite au désaccord entre le Directoire du district et le maire Francescu Arena au sujet dune arrestation, la maison des Arena est assiégée, mise à sac et incendiée. Les deux frères de Bartulumeu se réfugient à Calvi.
29.II.92. De Munticellu, Paoli conseille à Colonna Cesari de se rendre à lIsula Rossa avec ses gendarmes : « La main de Dieu protège la famille Arena. Si je nétais pas là, elle aurait été victime de la publique indignation ». Il fait état également de « miserabili aristocratici » impatient douvrir les hostilités.
5.III.92. Mgr Guasco écrit à lAssemblée nationale : « Je suis regardé comme un détestable schismatique par des prêtres fanatiques et obstinés qui ne mont jamais visité ni salué ; les séculiers et les femmes me traitent de même à lexception du menu peuple ».
9.III.92. Paoli à Colonna Cesari : « Le sieur Giubeca a trouvé le moyen de se réconcilier avec Buttafoco et Gaffori. Plus encore que ces derniers, il maccuse de traîtrise. Le proverbe dit : « casa fatta, maetri fora ».
12.III.92. Paoli à Colonna Cesari : « Notre bon Saliceti se laisse influencer Je laime, mais sil ne modère sa violence, il ne pourra guère servir la patrie ».
14.III.92. Paoli à Ghj.B. Quenza : « Etant éloigné du gouvernement, jignore ce qui sy passe ».
15.III.92. Paoli à Colonna Cesari : « Saliceti désire ma présence à Corti pour que, dit-il, le Directoire soit plus uni et efficace. Si lon désire mon avis, je peux aussi bien le faire connaître par écrit ».
23.III.92. Paoli au même : « Pozzo di Borgo fait partie du Comité diplomatique » (comme suppléant). Ce Comité de la Législative, puis de la Convention, composé de dix-huit membres et six suppléants était responsable de la politique étrangère de la France.
24.III.92. Le Directoire du département approuve la première liste des jurés (200 citoyens) établie par Saliceti. Linstitution du jury était née avec la loi des 16 et 29.IX.91.
27.III.92. Paoli à Colonna Cesari : « Le club des jacobins fera notre ruine Notre devoir est dêtre préparés à faire front à tout ce qui peut arriver de mauvais contre la liberté et la Constitution Saliceti a les meilleures intentions, et il ne connaît pas le caractère de notre peuple Je laime comme un fils et tel quil est, parce que je connais ses maximes et son cur. Il fera tout pour la patrie et je ne demande rien dautre de mes vrais amis ».
30.III.92. Paoli au même : « Jai vu des lettres dArena. Il menace certains de ses amis. Sil ne se modère, il fera leur ruine et la sienne ». Après avoir donné son avis sur la politique intérieure et extérieure de lAssemblée nationale et sur ce qui se passe en Corse, il conclut : « Ne faites voir cette lettre quà lami Saliceti et à Volney sil est là ».
28-31.III.92. Aiacciu. Election mouvementées (séquestration de commissaires chargés du contrôle, actes de violence, etc.) des officiers du deuxième bataillon de la garde nationale pour les districts dAiacciu et Tallà (la Corse avait quatre bataillons). Ghjambattista Quenza est élu lieutenant-colonel, N. Bonaparte lieutenant-colonel en second. Les autres prétendants étaient Matteu Pozzo di Borgo et Ghjuvanni Peraldi.
4.IV.92. Munticellu. Paoli à Colonna Cesari : « Hier au soir Saliceti est arrivé ici IL est reparti aussitôt prétextant dêtre pressé, suite à la grave maladie de sa mère ».
6.IV.92. Paris. Bartulumeu Arena écrit à Paoli, lui reprochant de trahir la loi et la Constitution, et surtout davoir laissé ruiner la maison de la famille alors quil était à Munticellu.
8.IV.92. Dimande de Pâques. A Aiacciu, on tire sur les gardes nationaux qui voulaient désarmer la population, suite à une rixe au cours dun jeu de quilles. Il y a des morts et des blessés. Le lendemain, les gardes font feu sur les fidèles à la sortie de la messe. La municipalité se décide à agir et fait appel à la troupe de ligne qui proclame la loi martiale. On parlemente, mais la situation reste critique encore pendant plusieurs jours. N. Bonaparte essaye en vain de débaucher les soldats de la garnison. Il alerte le Directoire du département siégeant à Corti (son frère Ghjiseppu en faisait partie) qui, prudent , se contente de désigner deux commissaires pour enquêter. De Paris, les députés Peraldi et Pozzo di Borgo protesteront violemment contre les agissements de N. Bonaparte « qui avait fait lunanimité contre lui dans sa ville natale » et se décidera à rejoindre son régiment.
9.IV.92. Paoli à Colonna Cesari : « Je ne sais quel démon a poussé Quenza à mécontenter tant de monde pour se faire élire lieutenant-colonel. Chacun semblait disposé à lui apporter son suffrage. Bonaparte, ayant entendu que le jeune Arena avait été élu lieutenant-colonel, je crois quil a été poussé par la honte de ne pas prétendre au moins à un égal emploi ».
12.IV.92. Buonarroti est en Toscane pour récupérer sa famille (était-il chargé dune mission secrète ?). La police découvre chez lui des écrits de propagandes révolutionnaires et pro-française et, le 20, le met en prison, puis le renvoie en Corse.
14.IV.92. La législative décide que la gendarmerie de Corse naura plus quun officier supérieur. Colonna Cesari est mis à la retraite. Leonetti le remplace.
V.92. un décompte « officiel » donne pour la Corse 71 émigrés : Corti 26, Aiacciu 13, A Porta 8, Oletta 8, Bastia 7, lIsula Rossa 5, Cervioni 3, Tallà 1.
1.V.92. Volney achète le domaine de la Confina (700 ha, près dAiacciu) anciennement concédé à Ghjorghju Maria Stephanopoli et sa fille (le 17.VII.78) Il a lespoir dintroduire en Corse « la culture du coton, de lindigo, du café, du sucre et douvrir la carrière dune industrie et dun commerce nouveau sur cette mer Méditerranée si mal connue si négligée et pourtant si riche quelle pourrait nous dédommager de lAmérique perdue ».
7.V.92. Pasquale Paoli abandonne sa retraite de Munticellu pour se rendre à Corti et se mettre à la tête de ladministration du département.
14.V.92. Constantini envoie à Dumouriez, ministre des Affaire étrangères, un « Mémoire contenant des moyens contre la roi de Sardaigne ». IL sagit de faire la conquête de la Sardaigne à partir de la Maddalena. Le projet est soutenu par Saliceti, qui écrit le 17.VI. au ministre de la Guerre, et par Mariu Peraldi.
27.V.92. Décret de déportation des prêtres réfractaires (v. 28.I.93).
28.V.92. N. Bonaparte, qui a quitté la Corse, arrive à Paris. Le lendemain il écrit à Ghjiseppu : « Tiens-toi fort avec le général (Paoli), il peut tout et est tout. Il sera tout dans lavenir que personne au monde ne peut prévoir ».
10.VI.92. Monsieur et Madame sont remplacés par Citoyen et Citoyenne.
18.VI.92. Lettre de N. Bonaparte à Ghjiseppu : « Il faudrait essayer si Lucien pourrait rester avec le général (Paoli), il est plus probable que jamais que tout ceci finira par notre indépendance ».
22.VI.92. N. Bonaparte écrit à Ghjiseppu : « Les Jacobins ne gardent plus de mesure contre La Fayette quils peignent comme un assassin, un gueux, un misérable. Les Jabobins sont des fous qui nont pas le sens commun » (La Fayette sera brûlé en effigie au Palais-Royal le 30.VI).
9.VII.92. Suite au déchaînement des passions des Arena et de certains administrateurs contre Paoli, Saliceti écrit à Constantini : « La conduite du général est et sera toujours celle de lhomme de la patrie La grande tranquillité dont nous jouissons en Corse, depuis quelque temps, est en grande partie louvrage de ses soins et de son crédit ; que ses ennemis disent ce quils veulent, nous les méprisons ».
11.VII.92. le roi ayant été suspendu le jour avant, lAssemblée législative crée un Conseil de six ministres chargés du pouvoir exécutif. Ce Conseil exécutif gardera ses fonctions jusquau 1.IV.94.
12.VIII.92. Loi qui convoque les assemblées électorales pour remplacer lAssemblée législative par une Convention nationale.
VIII.-IX.92. Pasquale Paoli immobilisé à Corti par une crise de sciatique et de cystite.
11.IX.92. Arrêté du Conseil général du département qui déclare que Buonarroti a bien mérité de la patrie et demande sa naturalisation. Le 3.X. le Directoire en fait autant.
11.X.92. Pasquale Paoli est nommé lieutenant général de la 23e région militaire.
12-23.IX.92. Corti. Troisième assemblée électorale Pasquale Paoli, élu président à lunanimité, est malade et ne prend aucune part aux délibérations. Saliceti, élu vice-président, le remplace. Ladministration du département est violemment attaquée (Fabianu Bertola, principal accusateur, est malmené puis jeté en prison à la fin de la cession). On élit les six députés à la Convention nationale : C. Saliceti, le chanoine Antone Multedo, Anghjulu Chiappe, Luziu Casabianca, du Viscuvatu, Ghjambattista Bozio, de Furiani, et labbé Andrei, de Moita (seuls ces deux derniers peuvent vraiment être considérés comme paolistes). Suppléants : Ghjuvanni Arrighi et A.M. Franceschetti.
19.IX.92. Le Conseil exécutif de lAssemblée nationale ordonne une expédition en Sardaigne à partir de la Corse (le 16, il avait décidé une attaque générale des possessions du roi de Sardaigne). Pasquale Paoli sera chargé de lopération et Mariu Peraldi envoyé en Corse pour la préparer (v.10.X).
20.IX.92. Victoire de Valmy et dernière séance de lAssemblée législative. Les députés corses vont rentrer dans lîle (Pozzo di Borgo quitte Paris le 12.X) sauf Bartulumeu Arena qui reste à Paris, fréquente les clubs de la capitale et, par la parole, par les lettres et les pamphlets, commence une campagne haineuses contre Paoli.
21.IX.92. Première séance publique de la Convention nationale, qui décrète que « la royauté est abolie en France ». la veille, elle sétait réunie à huis clos pour élire son bureau.
22.IX.92. Premier jour de la République française (1er Vendémiaire an I).
10X.92. Arrêté de Conseil exécutif qui annule celui du 19.IX et envisage autrement lattaque de la Sardaigne. Le commandement en est donné au général Anselme, qui venait de prendre Nice le 29.IX. et au contre-amiral Truguet, lesquels devaient opérer dun commun accord en utilisant les forces de mer et de terre, les volontaires marseillais et les troupes de Corse (signification leur en sera donnée le 26.X). A noter : au mois de décembre, Anselme, accusé de brigandage et de pillage lors de la capitulation de Nice, sera suspendu et remplacé par le général Brunet.
15.X.92. Le consul de France à Gênes écrit au ministre des Affaires étrangères : « On croit ici que lescadre française ira semparer des blés de la Sardaigne, qui ont été abondants cette année ».
18.X.92. N. Bonaprate est de retour en Corse. Il était parti le 9.IX de Paris.
25.X.92. La Convention donne ordre au vice-amiral Truguet de réunir une flotte à Toulon.
Début XI.92. Truguet écrit à Paoli pour lui demander de rassembler à Aiacciu les troupes que le Corse peut fournir pour lexpédition de Sardaigne. A aucun moment, Paoli, qui avait pourtant le commandement militaire de lîle, navait été consulté.
8.XI.92. Anselme au ministre de la Guerre : « Laccroissement des troupes autrichiennes venant du Milanais dans le Piémont me mettra dans le cas de suspendre, au moins pour quelque temps, les dispositions relatives à lattaque de la Sardaigne ». Le lendemain il précise que la Corse na « que quatre bataillons de volontaires mal armés ».
8.XI.92. Toulon. Saliceti, à la veille de partir pour Paris, écrit à Paoli mais ne dit mot de lexpéditions projetée en Sardaigne.
15.XI.92. Semonville écrit à Paoli dans les mêmes termes que la lettre de Truguet du début du mois. Semonville avait eu lambassade de Constantinople et avait sans doute reçu lordre de passer par la Corse. Y étant arrivé et ayant rencontré N. Bonaparte à Aiacciu (et aussi Lucianu qui laccompagnera en Provence comme secrétaire) il apprendra quil était lobjet dune dénonciation et rentrera à Paris pour se justifier.
16. XI. 92. Pasquale Paoli fait savoir au ministre de la Guerre quil est dans limpossibilité dapporter un secours important à lexpédition de Sardaigne.
16.XI.92. Truguet écrit à Anselme pour savoir les coudées franches dans lexpédition de Sardaigne (il faut être marin pour etc.).
18.XI.92. Corti. Pasquale Paoli envoie copie à Colonna Cesari de deux lettres que lui a envoyées Anselme sans y joindre copie de son titre de mission, ni lui dire quil en sera informé par le Pouvoir exécutif : « Sils veulent se moquer de moi, me donnant prétexte pour me démettre, ce que je ferai dailleurs, ils ont pris un mauvais chemin. Je répondrai à ce Monsieur que je nai rien reçu du ministre de la Guerre sur le sujet dont il mentretient Bien que nayant reçu aucune injonction du ministre de la Guerre ou du Pouvoir exécutif je dépends en tout ce qui concerne la défense du département, jai cru devoir répondre à M. Truguet, qui sest annoncé comme responsable de lexpédition de Sardaigne et qui ma prié de mettre à sa disposition les secours que peut fournir le pays sans mettre sa sécurité en danger, que je lui enverrai le peu de volontaires que lon peut récupérer en si peu de temps ». Et Paoli demande à Cesari de revenir aussitôt quil aura conféré avec Semonville, pour décider avec lui de ce quil doit écrire au ministre et au Pouvoir exécutif pour leur sa démission.
24.XI.92. Corti. Paoli aux députés Andrei et Bozio : « Sauf un miracle, lexpédition de Sardaigne ne peut réussir Je ferai ce que je peux faire, mais je veillerai à ce quon ne mette me léchec à dos ce que je peux supposer ».
10.XII.92. La flotte de Truguet quitte La Spezia pour Aiacciu avec 1300 volontaires provençaux. Cela faisait 42 jours que Truguet sétait attardé à Gênes et La Spezia.
14.XII.92. Ladministration du département venait dêtre renouvelée. Dans une lettre à labbé Andrei, Pozzo di Borgo (qui remplaçait Saliceti comme procureur général syndic) critique lancienne administration : « A peine je serai installé, nous vérifierons létat des choses ».
15.XII.92. Lescadre française de Truguet arrive à Aiacciu. Elle doit embarquer les gardes nationaux corses commandés par Raffaellu Casabianca (maréchal de camp depuis le 30.V) et des volontaires marseillais qui sont attendus en Corse (il sagit dune partie des 6000 volontaires qui avaient été levés pour participer à la conquête de Nice, mais navaient pas eu à intervenir : sachant quils allaient être licenciés, Anselme avait demandé de les conserver pour participer à la conquête de la Sardaigne.
17.XII.92. Corti. La Société des Amis du Peuple charge Buonarroti (qui en avait fait la demande) de se joindre à lexpédition pour « aller prêcher au bon peuple de Sardaigne la doctrine de la liberté et du bonheur ». Le même jour, Buonarroti écrit à la Convention : « Je pars pour la Sardaigne, lépée dans une main, la déclaration des Droits de lautre ». il quittera Corti pour Aiacciu en compagnie de N. Bonaparte.
18.XII.92. Aiacciu. Rixe entre les marins de Truguet, plus des soldats du 42e régiment, et la garde nationale corse dont deux hommes sont pendus.
24.XII.92. Corti. Pasquale Paoli à Acchile Murati : « Les marins de lescadre ont pendu un sergent et un soldat des volontaires corses. Y ont participé quelque soldats de la troupe de ligne. En conséquence, nos compagnies ne peuvent participer à lentreprise de Sardaigne avec la troupe de ligne. Il est très probable que nous serons employés à faire une diversion à partir de la Corse ».
29.XII.92. Corti. Paoli à Ferrandi : « Pour lexpédition de Sardaigne, jai donné plus que ce quon ma demandé. Le pouvoir exécutif ne men a pas informé. Je nai eu aucune part dans le projet de cette entreprise ».
30.XII.92. Corti. Lettre de Nobili Savelli aux députés Andrei et Chiappe : « Volney sen va Il est mécontent parce quil na pas été nommé président ou procureur général Paoli a essayé de len dissuader ».
1.I.93. Paoli qui sait que les Sardes naccueilleront pas le Français en libérateurs, et craint des complications internationales, écrit à Colonna Cesari : « Pour donner la liberté aux autres peuples, lAssemblée nationale veut trop risquer la nôtre ».
2.I.93. Truguet, qui a décidé de débarquer dans le sud de la Sardaigne, demande à Paoli que les quatre bataillons corse de la garde nationale fassent une attaque de diversion à lîl de la Maddalena, dans le haut de la Sardaigne. Colonna Cesari est chargé de préparer les troupes. Celui-ci ne retiendra que le bataillon des volontaires dAiacciu et Tallà (commandant Quenza, chargé de lartillerie N Bonaparte), un détachement de 150 hommes des troupes de ligne et des gendarmes. Paoli, qui vient de confier à Colonna Cesari lattaque de diversion, demande au ministre de la guerre quil lui soit donné le grade de maréchal de camp. Le même jour, il écrit : « Très estimé Monsieur Saliceti Nous avons accordé au contre-amiral Truguet tout le régiment du Limousin et un détachement de 300 hommes de chacun des autres régiments. Ni lui ni Semonville nont jugé à propos dembarquer sur la flotte le détachement de 800 gardes nationaux ; le désordre dAiacciu, où nos gens se sont pourtant bien montrés, a été fatal ».
6.I.93. Truguet quitte Aiacciu sans attendre les volontaires marseillais. Il arrive le 13 au sud-ouest de la Sardaigne. Depuis le 8, lîle de San Pietro avait accueilli une partie de sa flotte. Buonarroti y prêche la liberté et légalité et obtient des habitants une proclamation où ils demandent à faire partie de la République française. Le 14, lîle de SantAntioco est occupée à son tour.
8.I.93. Les volontaires marseillais quittent Villefranche pour Aiacciu.
9.I.93. Lettre de Saliceti à Bonaparte : « Jai appris le résultat de lassemblée électorale de Corse. Je regarde en général ces dernières élections comme une véritable contre-révolution, mais je nen suis pas effrayé. Les résultats en seront heureux pour la liberté de notre pays et ou je me trompe bien, ou la Corse touche au moment de voir laurore de la véritable liberté éclairer les nuages épais qui couvrent son horizon. Nous en saurons un peu plus dans trois au quatre mois ».
12.I.93. Les bateaux qui apportent les volontaires marseillais, commandés par Dhiller accompagné par Arena (et Ghj. Bonaparte ?) arrivent en vue du golfe dAiacciu mais la tempête les disperse. La plupart des bateaux réussissent à se réfugier à San Fiurenzu. De là, les volontaires passent à Bastia où ils se livrent aux pires exactions, y compris des profanations déglises et de tombeaux. Rembarqués le 18 pour Aiacciu, ils commettent dans cette ville les mêmes actions dindiscipline et de terreur.
17.I.93. La 23e division militaire est rattachée à larmée du Var, et passe ainsi sous les ordres de Biron, commandant en chef de larmée dItalie depuis décembre 92.
17.I.93. La Convention vote la mort du roi (qui sera guillotiné le 21). Elle avait commencé le 15 à le juger et devait répondre à trois questions : 1° est-il coupable ? 2° y aura-t-il ratification par le peuple ? 3° quelle sera la peine ? Comment ont voté les six députés corses ? La culpabilité a été voté à lunanimité des Conventionnels. A savoir sil y aura appel au peuple, Casabianca, Multedo et Saliceti répondent non : Andrei, Bozio et Chiappe répondent oui. A la troisième question, Bozio et Multedo votent pour lexil, Andrei, Casabianca et Chiappe votent pour la prison, Saliceti vote la mort.
20.I.93. Le député Chiappe demande à ses électeurs de payer les contributions : « Votre exactitude est dautant plus nécessaire que les Corses sont calomniés de nêtre Français que pour en tirer des millions ».
23.I.93. La flotte de Truguet jette lancre dans le golfe de Cagliari. Il envoie un canot parlementaire : on lui tire dessus. Il ordonne un bombardement de 24 heures sans succès. Cagliari, bien défendu, est disposé à résister.
24.I.93. Rupture des relations diplomatiques entre la France et lAngleterre.
25.I.93. Les 1700 volontaires marseillais, conduits par R. Casabianca, embarquent à Aiacciu pour Calgiari.
28.I.93. Lettre de Paoli au ministre de la Guerre : « Je suis informé que les ambitieux effrénés sefforcent depuis quelques jours, soit par la voie des journaux, soit par celle des informations obscures, de répandre des soupçons sur ma sincérité. Fort de mes sentiments, confiant de leur pureté, jeusse été indifférent à de si basses manuvres si je navais lieu de croire quelles ont principalement pour auteurs des citoyens honorés de la confiance publique », et il annonce son intention dabandonner les fonctions quon lui a confiées : « Je reprendrai sans remords la qualité de simple citoyen à laquelle les Corses sont habitués à attacher quelque prix ».
28.I.93. Saliceti demande à la Convention de charger les comités de la guerres, de la marine et de défense générale, de faire, sous huit jours au plus tard, un rapport sur les moyens de pourvoir à la défense de la Corse. A la même séance, Goupilleau demande quaux termes de la loi tous les prêtres réfractaires de lîle de Corse soient déportés. Propositions adoptées.
30.I.93. De Paris, ordre est donné à Truguet de porter sa flotte à Brest.
30.I.93. Sur la demande des députés corses, persuadés de la bonne foi de Paoli, le Comité de défense générale arrête que « la Convention sera invitée à envoyer sur les lieux trois commissaires ». Ce Comité avait été crée le 1.I.93 pour servir dintermédiaire entre lAssemblée et les ministres.
II.93. Volney quitte la Corse où il navait pu trouver la « paix champêtre », son domaine étant envahi par les troupeaux en transhumance.
1.II.93. La Convention déclare la guerre au roi dAngleterre et au stathouder de lHollande.
1.II.93. Corti. Paoli écrit à la Convention pour linformer des comportements des volontaires marseillais venus en Corse pour faire la conquête de la Sardaigne . A Bastia, logés dans les couvents San Carlu et SantAngelo, ils ont tout saccagé et ont profané des tombes. A Aiacciu, ils ont menacé le général R. Casabianca.
1.II.93. Faisant son rapport à la Convention Clavière, ministre des contributions et revenus publics, attaque violemment les Corse qui sont une lourde charge pour la France (« une sangsue ») et, sans le nommer, Paoli « perfide intermédiaire abusant de la considération et de la confiance attachée à son nom ». Sur proposition du Comité de défense générale, Boyer-Fonfrède demande que trois députés soient envoyés en Corse « pour y ramener lordre et pourvoir à sa défense » ; sont désignés Saliceti, Delcher et Ferry. Quatre jours après, Ferry est remplacé par Lacombe-Saint-Michel.
2.II.93. le convoi parti dAiacciu le 25.I. arrive devant Cagliari.
4.II.93. Les commissaires aux côtés de la Méditerranée écrivent à Paoli en termes flatteurs pour lui demander de venir les voir à Toulon.
5.II.93. De Paris, les trois commissaires invitent Paoli à venir les retrouver à Toulon. Une corvette sera mise à sa disposition.
5.II.93. Sur proposition de Saliceti, la Convention décrète quil sera levé, dans le département de la Corse, quatre bataillons dinfanterie légère en remplacement des quatre bataillons des garde nationaux qui sont supprimés. Saliceti propose comme lieutenant-colonels en premier : Ghjambattista Ristori, ancien capitaine au régiment Provincial, Antone Gentili, commandant de la garde nationale de San Fiurenzu, Ghjacumu Pò, commandant de la garde dAiacciu, et Ghjuvan Carlu Catoni, commandant de celle du Rustinu ; et comme lieutenants-colonels en second : Bartulumeu Arrighi, commandant de la garde nationale de Corti, Luigi Ciavaldini, commandant de celle dOrezza , Dumenicu Maria Moltedo, commandant de celle de Vicu, et Ghjuliu Roccasera, commandant de celle de Portivechju.
8.II.93. Toulon. Les commissaires aux côtes de la Méditérranée font savoir au Comité de défense générale quils ont convoqué Paoli (v.4.II) « cet ancien stipendié du Cabinet britannique » : « la grande popularité dont il jouit fait craindre quil ne livre lîle de Corse à la première escadre anglaise qui semblerait la menacer nous avons donc cru convenable de lattirer auprès de nous afin davoir, tant sur son compte personnel que sur la sûreté de lîle, des renseignement ».
8.II.93. Corti. Lettre de Paoli à Ferrandi. Il est sans nouvelles de la flotte passée en Sardaigne. Il souhaite pouvoir vivre en simple citoyen. Les attaques contre lui continuent.
9.II.93. Lettre dAndrei à Paoli : « Il serait mauvais que Votre Excellence se démette, car on ne manquerait pas de dire que vous le faites à cause de la guerre avec les Anglais Attendez au moins les commissaires qui, je nen doute pas, partageront votre manière de voir et vous rendront justice ».
11.II.93. Corti. Paoli à Andrei : « Seuls me disent despote ceux qui craignent que je sois un obstacle à leurs ambitions, à leurs projets intéressés et injustes Le courrier ne vous arrive pas ? Il est arrêté en Provence ou à Paris ».
12.II.93. Saliceti. Delcher et Lacombe-Saint-Michel Quittent Paris.
12.II.93. Le ministre des Affaires étrangères demande à Bartulumeu Arena de renoncer à lexpédition de Sardaigne si elle nest pas trop engagée.
14.II.93. Truguet débarque le corps expéditionnaire pour essayer de semparer de la ville de Cagliari. Cest un échec dû au comportement des Marseillais, à la tempête et à la valeureuse résistance des Sardes.
14.II.93. Paris. Le Comité de défense générale que lon a convaincu « que Paoli a des intentions perfides ou quil est dirigé par des hommes qui abusent de son influence populaire » approuve la décision prise par les commissaires aux côtés de la Méditerranée dessayer de lattirer à Toulon (v.8.II). En cas déchec, « il faudrait peut-être employer les moyens de force et dautorité à défaut de ceux de la douceur et de la conciliation ».
15.II.93. La Convention informe par écrit les députés corses des dénonciations faites par Bartulumeu Arena aux Clubs patriotiques de Marseille et Toulon.
18.II..93. Truguet rembarque le corps expéditionnaire et met à la voile.
19.II.93. Ladministration du département, informée des calomnies et dénonciations faites aux Sociétés populaires de Marseille et Toulon, écrit à Paoli, lui demande de ne pas tomber dans le piège, et le prie « de faire encore pour quelque temps le sacrifice de son repos personnel à la sûreté et à la tranquillité de la Corse, qui dépendent essentiellement de la continuation de son commandement ».
19.II.93. Bonifaziu. On commence à embarquer, sur les bateaux accompagnés par la corvette « Fauvette », les hommes qui vont partir à lattaque de la Maddalena. Le 22, ils débarquent sur lîle San Stefano. Le lendemain ils occupent la tour et commencent à bombarder la Maddalena.
22.II.93. Le Conseil général et les administrateurs du département écrivent aux députés de la Corse ainsi quaux administrateurs et aux Sociétés populaires des départements des Bouches-du Rhone et du Var pour dénoncer les intrigues de Bartulumeu Arena.
Nuit du 24 au 25.II.93. Les marins du bateau de commandement « Fauvette » se mutinent. Colonna Cesari se rend à bord et essaye en vain de les convaincre de continuer la lutte. Ayant échoué, il donnera lordre à la troupe de remonter sur les bateaux qui, le 27, les débarquent dans le golfe de Santa Manza (un rapport sera rédigé par Colonna pour justifier son action).
28.II.93. Le Comité de défense générale adresse à Volney un questionnaire sur la Corse : « Est-ce lintérêt de la France de conserver la Corse ? ».
1.III.93. Discussion, dans les couloirs de la Convention, entre Volney et quatre des six députés corses : Andrei, Bozio, Casabianca et Multedo.Volney déblatère contre les Corse et contre Paoli « qui navait fait que brouiller », qui agissait en « despote », qui naimait pas la République et la France, qui est « un franc égoïste qui se fout de moi, de vous, de tout le monde ». Il ajoute que le Conseil exécutif proposera de donner lindépendance à la Corse. Andrei, le lendemain, écrit à Paoli. Il linforme de lattitude de Casabianca qui, tout en convenant que sans Paoli la Corse serait à feu et à sang, confirma les dires de Volney, et de celle de Multedo, admirateur de Volney, qui évita dentrer dans le vif du sujet.
1.III.93. Truguet arrive à Golfe Juan. Il débarque Buanorroti, lequel sarrête quelque temps à Toulon, accueilli par Lucianu Bonaprte, reçu à la Société populaire ou on manuvre contre Paoli.
1.III.93. N. Bonaparte rédige une protestation au sujet de labandon de la Maddalena, le cur rempli « de confusion et de douleur ». « Nous avons fait notre devoir et les intérêts comme la gloire de la République exigent que lon recherche et que lon punisses les lâches traîtres qui nous ont fait échouer ».
2.III.93. John Trovor, envoyé extraordinaire anglais à la Cour de Turin, informe son gouvernement que la prise de possession de la Corse ne trouverait pas doppositions en Italie.
3.III.93. Aiacciu. Lettre du Conseil général de la commune à la Société de Toulon pour lui demander de se méfier de l « infâme délateur » qui a voulu ternir la gloire de Pasquale Paoli.
3.III.93. Saliceti, Delcher et Lacombe-Saint-Michel arrivent à Toulon. Ils rencontrent Arena et Buanorroti.
6.III.93. Lettre violente de Filippu Masseria à Clavière.
7..III.93. Le Conseil général du département se déclare convaincu de la justification de Colonna Cesari au sujet de léchec de laction de diversion faite sur la Maddalena.
9.III.93. Paris. Suite à la lettre du 15.II, les députés de la Corse protestent, dans une lettre à la Convention, contre les accusations des clubs de Marseille et Toulon.
9.III.93. Certificat délivré par Truguet à Buonarroti : « Nous ne pouvons que donner trop déloges au zèle, au civisme et à toutes les peines quil sest donné pour propager en Sardaigne les principes sacrés de la liberté et de lEgalité. Cest lui qui, dans lisle de Saint-Pierre a éclairé et instruit les habitants et les disposés à une organisation quils ont adoptée et qui est absolument conforme à celle de la République française ». Buonarroti se trouvait dans le canot parlementaire envoyé à terre à Cagliari et qui avait été canonné par les Piémontais.
10.III.93. Dans une relation sur lexpédition de Sardaigne, Arena en attribue léchec à Paoli.
10.III.93. John Udny, consul britannique à Livourne, fait savoir à Grenville, secréataire dEtat aux Affaires étrangères, que F. Gaffori, vivant en exil à Gênes, propose de libérer la Corse des Français avec le concours de son gendre et en collaboration avec Paoli, sous la protection de la Grande-Bretagne. Le 17.III, Gaffori confirme dans un mémoire, et prétend avoir beaucoup de partisans dans lîle. LE 26.III, Udny en informe Paoli. Le 30.III, il navait pas encore reçu de réponse.
14.III.93. Lettre de N. Bonaparte à Colonna Cesari : protestation damitié et promesse déclairer lopinion sur les événements de Sardaigne.
14.III.93. Buonarroti est encore à Toulon où la municipalité lui décerne un brevet de civisme : « Le citoyen Buonarroti, nouvellement arrivé en cette ville a donné, pendant le court séjour quil a fait, des marques distinguées de civisme et sest conduit de manière à mériter léloge de nos concitoyens ».
15.III.93. Pasquale Paoli refuse à nouveau la convocation des commissaires de les rejoindre à Toulon. IL fait imprimer un manifeste « aux Corses libres et Français » pour protester contre les calomnies qui se répandent sur son compte et les insinuations de Clavière, ministre des contributions publiques.
18.III.93. Les administrateurs du Directoire du département écrivent aux députés Andrei et Bozio pour leur demander de dénoncer le despotisme et les injustices qui sévissent en Corse, ainsi que le manquement de déférence pour Paoli.
20.III.93. Le Directoire du département envoie aux commissaires une justification de son action et une plainte en règle contre Filippu Antone Arena, payeur général provisoire du département, pour sêtre enfui dans la nuit du 17-18.III, emportant les fonds de la guerre et du clergé. Arena avait été destitué et réintégré après la proclamation du Conseil exécutif.
20 et 21.III.93. Le « Moniteur » publie, de Volney, son « Précis sur létat actuel de la Corse » qui est un réquisitoire terrible contre ses habitants. Quant au pays, il est une lourde charge pour la France et ne peut lui être daucune utilité.
22.III.93. Lettre de Paoli à Andrei : « Si ma présence en Corse déplait, les bains de Pisa et de Lucca me sont prescrit comme utiles pour rétablir ma santé ».
28.III.93. Suite à une demande du Conseil général en date du 17.III, mémoire du Directoire du département à la Convention, pour protester contre les propos du ministre Clavière (du1.II) « qui na jamais été chez nous, qui na aucune connaissance de la situation morale ou physique de notre département ».
29.III.93. Mgr Guasco, à Corti depuis le 1.X.92, se plaint auprès de ladministration du district des ecclésiastiques qui font tout pour lui enlever la confiance du peuple.
1.IV.93. Aiacciu. Fondation de la Société des Vrais et Incorruptibles Amis du Peuple, animée par le Conseil municipal pour se consacrer à la défense de paoli. Président Lazaru Moresco. Elle attire lattention de ladministration sur N. Bonaparte, labbé Fesch, Francescu Levie, Michele Anghjulu Ornano et Nicolò Paravisini, « homme séditieux et incendiaires ». Elle accuse Lucianu Bonaparte, resté en France « per caballare ». Le 8.IV. des représentants de la société sont reçus par le Directoire.
2.IV.93. Paoli à Oraziu Quenza : « Notre patriotisme de 65 ans nest pas soumis à la censure desclaves émancipés depuis trois ans ; le peuple est plein dardeur, il sera fidèle à la République, mais sous la libre et commune Constitution ». Il espère que les commissaires qui vont bientôt arriver en Corse, nauront aucune peine à voir lorigine du mal ».
2.IV.93. A la tribune de la Convention, Escudier, député du Var, présente une motion de la « Société Républicaine de Toulon, séant à Saint-Jean » dénonçant Pasquale Paoli comme tyran et traître responsable de léchec de la mission confiée à Semonville pour Constantinople et de lexpédition contre la Sardaigne: la corse gémit sous larbitraire ; Pasquale Paoli, qui cumule lautorité civile et militaire, y exerce sa tyrannie ; lautorité du jury nu est point connue ; un régiment suisse à la solde de la France est utilisée par Paoli pour exercer son despotisme ; la reconnaissance de Paoli envers lAngleterre « a dû fixer ses inclinations ». La motion (dont la rédaction est attribuée à Lucianu Bonaparte) demande que le général Paoli soit suspendu de ses fonctions militaires dans le département de la Corse et quil soit mandé à la barre, ainsi que le procureur général syndic, pour rendre compte de leurs conduites respectives. « Lorsque vous les aurez entendus, il vous restera à décider si le tribunal révolutionnaires naura pas à faire justice de leurs crimes et de leurs perfidies ». Lasource, député du Tarn, reprenant une vieille accusation, dit que Paoli sétait fait construire un trône et montait quelquefois dessus pour voir sil lui allait bien. Marat deputé de paris, prend la parole : « Qui ne connaît point Paoli, ce lâche intrigant qui prit les armes pour asservir son île et faisait lillusionné pour tromper le peuple ? Craignez quaujourdhui il ne livre la Corse au Anglais qui lui ont donné des secours. Je demande le décret daccusation contre lui, et la dissolution du régiment suisse ». Sur proposition de Cambon lAssemblée décrète « que les commissaires qui sont maintenant dans lîle de Corse, peuvent, sils le jugent convenable, sassurer de Paoli par tous les moyens possibles et le traduire devant la Convention, ainsi que le procureur général syndic ». Le décret sera envoyé par un courrier extraordinaire à ladministration du département du Var qui fera partir de suite un aviso pour le porter aux commissaire de la Convention, en prenant les mesures quaucun avis ne parvienne aux personnes qui doivent être arrêtées (le décret arrivera en Corse 15 jour après). Andrei essaye en vain de sopposer au décret, au milieu des bruyantes manifestations des députés de la Montagne : « Parmi les dernières lettres que nous avons reçues de notre département, il y en a une qui annonce que ces soupçons contre Paoli sont semés par un de ses ennemis (Arena). Cest à Paoli que la Corse doit son attachement à la République. Votre décret sera dangereux dans lîle de Corse ».
5.IV.93. Saliceti, Delcher et Lacombe-Saint-Michel débarquent à San Fiurenzu. Le lendemain ils sont à Bastia. Avec eux, Bartulumeu Arena et son frère Filippu Antone.
8.IV.93. Lettre de Paoli au ministre de la Guerre : « Je suis informé de larrivée des commissaire de la Convention nationale dans ce département je nai pas eu le bonheur de recevoir de leur part aucune communication. Le bruit sest répandu que des personnes très accréditées auprès deux menacent dexciter en Corse des troubles et des désastres ».
10.IV.93. Proclamation des trois commissaires : ils annoncent seulement quils sont venus en Corse pour informer les quatre bataillons dinfanterie légère et conserver ceux des volontaires nationaux existants dont les sentiments seraient le plus fortement prononcés pour la Révolution. Ils demandent aux Corses de faire cause commune avec le peuple français, attaqué en sa liberté par « tous les despotes couronnés de lEurope ».
11.IV.93. Les commissaires écrivent au Comité de salut public pour accuser, sur les dires de Bartulumeu Arena, ladministration du département de « dilapidations révoltantes » (Le Comité de Salut public avait remplacé le pouvoir exécutif, les ministres nayant aucun rôle de décision et se bornant à obéir à ses ordres).
12( ?).IV.93. Corti. Entrevue cordiale entre Paoli et Saliceti qui se tait sur les vrais buts de sa mission et demande à Paoli de se rendre à Bastia. Celui-ci répond quil sy rendra lorsque sa santé sera rétablie.
15.IV.93. Le Directoire du département félicite les commissaires et invite la population à se ranger sous le drapeau tricolore.
16.IV.93. Rapport de Saliceti : Paoli nest pas dangereux mais, affaibli, des hommes ont sur lui une influence néfaste. Pozzo di Borgo a des intentions « perfides ».
16.IV.93. Le Directoire du département envoie Panattieri à lIsula Rossa comme commissaire. Il justifie sa décision comme layant chargé de soutenir le courage des bons citoyens, punir les mauvais, et veiller à lapplication du décret sur les émigrés.
17.IV.93. Le décret du 2.IV. arrive en Corse. Il est notifié le 18.
18.IV.93. Le Directoire du département reçoit une députation du Conseil municipal de Cervioni qui approuve sa conduite au moment où des calomnies se répandent sur la Corse et sur Paoli.
18.IV.93. Corti. Manifestations non violentes contres le décret du 2.IV.
20.IV.93. Le Directoire du département reçoit une députation des Amis de la Liberté et de lEgalité de Bastia qui lui apporte son soutien. Le même jour, la Société envoie une protestation à la Convention, protestation mise au point par N. Bonaparte.
20.IV.93. A Calvi, les Corses sont désarmés par les troupes françaises. Le lendemain, cest le contraire qui se produit à lIsula Rossa. Lagitation gagne toute la Corse (excepté Calvi, San Fiurenzu et Bastia) mais tout se passe sans effusion de sang.
23.IV.93. Le Directoire du département, informé que des séditieux se fortifient à Belgudè, envoie Nobili Savelli comme second commissaire dans le district de lIsula Rossa, pour se joindre à Panattieri
27.IV.93. Lettre de Saliceti à ses collègues de Paris : « Sans ce décret fatal (celui du 2.IV.), le tout était arrangé et les affaires auraient été très bien, mais maintenant tout est en désordre ». Le lendemain, il écrivait : « Cest à la prière de Paoli, que le rassemblement de Corti sest dissout ; cest daprès son opposition que quelques paysans ont cessé de forcer les citoyens à quitter la cocarde nationale ».
27.IV.93. le Conseil général du département proteste contre le décret du 2.IV. et charge les citoyens Felice Antone Ferrandi, officier à larmée du Nord, et Antone Constantini déclairer la Constitution et le Conseil exécutif. La délibération parvient à Constantini le 23V.
27.IV.93. Paoli délègue à Paris deux envoyés extraordinaires, Marsilj et Berthola, avec une adresse pour la Convention (rédigée la veille) : « On vous a parlé de la reconnaissance que je dois à lAngleterre Certes je ne suis pas un ingrat, mais je ne suis pas un parjure », et il offre de se retirer de la vie publique. Les deux envoyés narriver narriveront pas à Paris (v. 13.VII et 17.VII).
28.IV.93. Prise en main de la Société populaire de Bastia par les commissaires.
28.IV.93.Lettre de Saliceti à Andrei : « Sans le décret qui commandait larrestation de Paoli, tout se serait passé. Soit que Paoli soit mal conseillé, soit que ses intentions ne soient pas pures, il me semble quil a sacrifié mille ans dhistoire à la sotte vanité de régner un jour sur le pauvre peuple de Corse ». Et Saliceti fait état de troubles à Corti, où lon a arraché la cocarde nationale, à lIsula Rossa et en Balagna, où des troupes régulières ont été molestées. Bastia, Calvi, San Fiurenzu et Aiacciu sont fidèles à la République.
29.IV.93. Buonarroti, reçu à la barre de la Convention, présente le vu des habitants de lîle San Pietro et demande pour lui la citoyenneté française.
IV.93. Bastia. Les commissaires donnent lordre à la Direction générale des Postes de conserver en dépôt toutes les lettres destinées à lintérieur de lîle et aux places de Bonifaziu et Aiacciu. Constantini ne recevra plus de nouvelles de Corse après la date du 27.IV.
2.V.93. Corti. Paoli remercie les administrateurs du département de leurs efforts pour faire ressortir son innocence. Il les prie de ne pas faire cas des détracteurs. Le même jour, il écrit au maire dAiacciu : « Jétais bien informé de la part qua prise de « briconcello » Bonaparte (Lucianu) à la dénonciation du club de Toulon » (une lettre de L. Bonaparte à ses frères, leur annonçant que, sur adresse du club de Toulon, Paoli et Pozzo di Borgo étaient décrétés darrestation, était tombée aux mains des Paolistes et publiée avec une note disant que les Bonaparte « autrefois nourris et élevés avec largent de Marbeuf, était maintenant les ressorts principaux de la conspiration contre le peuple) ».
3.VI.93. Devenu indésirable à Aiacciu, N. Bonaparte part pour Bastia. A Corti, il rebrousse chemin et le 4 est à Bucugnanu où, le 5, il est arrêté par les Paolites. Il réussit à senfuir et, le 6, à la nuit tombante, il est à Aiacciu et se réfugie chez son parent Ghjuvan Ghjilormu Levie. Le 8, la maison de Levie est visitée sans succès. Dans la nuit du 9, Napoléon quitte Aiacciu par la mer. Le 10, il arrive à Macinaghju. Le 11, il est à Bastia, loge chez Galleazzini et y reste jusquau 23.
8.V.93. Le Directoire du département rédige une réponse à un questionnaire en dix points, que lui avaient adressé les commissaires de la Convention, sur ses interventions en divers points du territoire. Le lendemain, le Conseil général examine la réponse et affirme que les mesures adoptées par le Directoire sont légales et ont évité de funestes conséquences pour le pays.
10.V.93. De Bastia, Saliceti écrit à ses collègues corses de la Convention pour les informer des rassemblements, menaces et intimidations : « La position de la Corse est telle que, sans des mesures vigoureuses et actives, soutenues par des forces imposantes, elle est à la veille de présenter le spectacle de la rébellion la plus marquée ».
13.V.93. Les commissaires de la Convention destituent le Directoire du département, Quenza, commandant de la garde nationale, et Leonetti, celui de la gendarmerie. Saliceti écrit à lAssemblée nationale : « La rébellion est ouverte, et sous le nom de Paoli le peuple corse va se plonger dans un abîme dont il ne sortira jamais Nous allons, dans quelques jours, marcher à la tête des troupes de la République qui sont ici. Nous avons écrit à Marseille et Nice pour réclamer des forces et lappui du continent ».
14.V.93. Les commissaires nomment, pour remplacer le Directoire du département, une commission provisoire de neuf membres (un par district) qui entrera en activité le 17.VI.
15.V.93. Le Conseil général du département écrit aux deux commissaires français pour les mettre en garde contre les machinations de Saliceti. Il fait imprimer la lettre. Le lendemain, il convoque une assemblée des communes à Corti le 26.V. afin daviser aux moyens nécessaires au rétablissement de la sécurité publique.
17.V.93. Les commissaires font part au ministre de la Guerre de leur intention de semparer dAiacciu.
18.V.93. Paris. Le Conseil exécutif propose denvoyer un renfort de 4000 hommes en Corse, et de choisir dautres commissaires « dont aucun ne serait corse ».
20.V.93. Les commissaires envoient 500 hommes pour occuper le Borgu et Biguglia. Le 22, les municipalités et les populations les repoussent.
23.V.93. Le général Saint-Martin, fait commandant de la 23e région militaire en remplacement de Paoli, arrive en Corse. Les commissaires avaient donné provisoirement le commandement à Raffaellu Casabianca.
23.V.93. A Bastia, Lacombe et Saliceti, accompagnés par N. Bonaparte, sembarquent avec 300 hommes pour tâcher de semparer dAiacciu. Ils repartent le 3.VI sans avoir réussi. Entre temps, on avait envoyé de Corti, des hommes pour arrêter les Bonaparte, dont la maison est saccagée. Letizia, ses enfants (sauf les deux plus jeunes) et Fesch, avertis, sétaient réfugiés aux Milelli puis sétaient rendus à la tour de Capitellu où ils étaient montés à bord des bateaux venus de Bastia, qui les ont conduits à Calvi où ils arrivent le 4.VI.
23.V.93. La Convention, après avoir entendu le rapport du Comité de salut public, décrète : 1° Trois mille hommes seront prélevés aux armées dItalie et des Alpes pour être envoyés en Corse ; - 2° Une adresse sera envoyée aux « citoyens égarés » du département ; - 3° Deux nouveaux commissaires seront envoyés dans lîle et adjoints aux trois qui y sont ; - 4° Tous les suspects de contre-révolution seront arrêtés et envoyés dans les prisons du contient. Le 30.V. les commissaires désignés sont LuisAntiboul, député du Var, et Anghjulu Chiappe (celui-ci refuse et est remplacé par Jérôme Bô, de lAveyron). Aucun des deux ne se rendra en Corse ; ils ont été arrêtés à Aix au nom de la coalition du Midi. Le Comité prévoit larrestation de Pozzo di Borgo, Panattieri, Negroni, Nobili Savelli, Giampietri et Acchille Murati (il nest plus question de Paoli). Ladresse à envoyer aux Corses, après être traduite en italien, dit que légalité entre tous « qui vous assure à jamais vos droits, exige quaucun homme ne soit au-dessus des lois ; quil ne puisse tenir, soit de la reconnaissance publique, soit de sa renommée, le privilège de se soustraire à leur empire. Vous sentez ce quexige en ce moment de vous la sévérité de ce principe, premier garant de notre liberté commune. Vous naimeriez pas un homme à qui vous pourriez croire que son innocence ne suffit pas, et vous savez quun illustre et ancien défenseur des droits de lhomme peut attendre de tout citoyen français même plus que la justice ».
24.V.93. Constantini accuse réception de la délibération du 27.IV du Conseil générale du département (qui lui est parvenue le jour précédent à midi), accepte la mission qui lui est confiée et demande des instructions et des pièces justificatives.
26-29.V.93. Corti. Consulte sous la présidence provisoire du doyen dâge Anton Francescu Grimaldi, avant que cette présidence soit donnée à Paoli. Présents : 1009 délégués, plus 2000 citoyens venus en spectateurs. On convoque Paoli et Pozzo di Borgo qui nétaient pas députés à la Consulte. Paoli exprime ses sentiments de fidélité à la République française. La Consulte vote sa confiance à Paoli, au Conseil général, au Directoire et au procureur général syndic. Les trois commissaires sont destitués de lautorité que leur a confédérée la Convention. Les militaires soldés devront se soustraire à leurs ordres et rejoindre leurs foyers dans quatre jours. Les pouvoirs donnés aux députés Saliceti, Multedo et Casabianca sont révoqués. Les Arena et les Bonaparte sont déclarés traîtres à la patrie. La résistance armée est organisée. Les 570 000 livres dassignats de la caisse publique sont confisqués. Une suscription rapporte 30 400 livres et des promesses de dons en nature. Un mémoire justificatif adressé à la Convention ne parviendra pas à Paris, le porteur étant arrête et emprisonné à Toulon.
27.V.93. Un décret de la Convention naturalise Buonarroti pour services rendus à la République française.
29.V.93. Constantini est reçu à la barre de la Convention. Il demande la suspension du décret du 2.IV. et un décret explicatif pour montrer aux Corses que les troupes envoyées dans lîle ne sont pas destinées à les combattre. Il réclame lenvoi de commissaire « qui inspirent confiance par leur impartialité et un caractère de conciliation ».
30.V.93. La Convention désigne deux commissaires pour se rendre en Corse (v.23.V). Paoli dira que cette mesure ne sera propre à assurer le bien quautant que les premiers seront totalement exclus de toute intervention dans les affaires de Corse.
2.VI.93. Marseille se révolte contre la Convention.
3.VI.93. De Bastia, Delcher écrit au Comité de salut public pour linformer des décisons de la Consulte. De Calvi, Saliceti et Lacombe en font de même : « Si le département de la Corse nétait pas un pays inaccessible, cest à Corti même, et à coups de canon, que nous aurions répondu à tant dabsurdités ; déjà depuis quelques jours, cest de cette manière que nous communiquons ensemble ».
3.VI.93. Leonetti arrive devant Calvi avec 2000 hommes et fait dire à la municipalité de chasser les Arena. Il attaque le couvent des Capucins, mais doit renoncer douze heures après.
5.VI.93. Felice Antone Ferrandi, qui avait enfin reçu congé du ministre de la Guerre, arrive à Paris. En compagnie de Constantini, il sempresse de rendre visite à Barrère, aux députés corses, ainsi quà Bô et Antiboul.
6.VI.93. Un décret de la Convention suspend provisoirement celui du 2.IV. Ce décret sera connu en Corse le 22.VI. Le 26, Paoli écrit : « Je doute fort que ces décrets puissent ramener la paix et la confiance dans le département ».
7.VI.93. Les deux nouveaux commissaires partent en poste pour Toulon, « munis dinstruction pacifiques » (v. 23.V).
9.VI.93. La Société bastiaise des Amis de la Liberté et de lEgalité, fidèle à la France, dénonce nommément : Pasquale Paoli, le Directoire et le Conseil général du département Vincente Colonna Leca, commandant de la ville dAiacciu, Leonetti, lieutenant-colonel commandant la gendarmerie, Panattieri, membre du Directoire et commissaire dans le district de lIsula Rossa, Orticoni, garde-magasin de lartillerie de lIsula Rossa, Pasquale Negroni, membre du Conseil général, Colonna Cesari, ex-député à la Constituante, Quenza, lieutenant-colonel de la garde nationale et commandant à Bonifaziu, dAntan, ci-devant capitaine au 26e et aide de camp de Paoli, Dalkeron, contre-amiral qui sest réuni aux rebelles contre la République, et les municipalités de Cervioni, Corti, A Porta et Aiacciu.
10.VI.93. Ferrandi et Constantini prennent connaissance dune lettre des trois commissaires à Bastia. Le lendemain, ils écrivent au Comité de salut public pour lui faire part de leurs craintes : « Linterception des lettres serait-elle louvrage des commissaire ? Il paraît certain quils ont cherché à mettre à exécution par la force le décret du 2.IV Les commissaires ont cherché à tout détruire Leur acharnement contre la Corse ne laissera peut-être bientôt plus le choix des moyens à ses habitants. La résistance à loppression, qui émane de la déclaration des Droits, deviendra peut-être indispensable. Nous vous demandons de sauver la Corse, partie intégrante de la République française ».
11.VI.93. Napoléon et la famille Bonaparte partent de Calvi pour Toulon, où ils débarquent le 13. Letizia sétablit à La Valette en attendant un passeport qui lui permettra de se rendre à Marseille (passant par Méounes et Brignoles) où elle sinstallera avec ses enfants rue pavillon lorsque la ville sera libérée par les troupes de la Convention (v.25.VIII)
11.VI.93. Ghj. Bonaparte est nommé commissaire pour lesprit public en Corse et Buanarroti commissaire observateur, chargés dune réorganisation administrative de lîle suivant un découpage en deux départements (aucun des deux narrivera en Corse). v.5.II.94.
14.VI.93. Paris. Ferrandi et Constantini écrivent à Garrat, ministre de lIntérieur, pour le mettre en garde contre lenvoi de Buonarroti en Corse : « Il ne peut quaigrir les esprits qui ne sont que trop agités dans létat actuel des choses Il serait impolitique et dangereux de lui donner aucune mission pour la Corse ». Même mise en garde, le 16, envoyée à la Société des Amis de la Liberté et de lEglise, séante aux Jacobins.
15.VI.93. Bastia. Le général Saint-Martin au ministre de la Guerre : « Mon opinion est que si lon préférait prendre des mesures de conciliations, elle auraient un entier succès ».
18.VI.93. Le ministre de la Guerre à Lacombe : « Il est de toute justice que la troupe, en Corse, soit payée sur le pied de guerre ».
21.VI.93. Saliceti et Delcher partent pour Paris (où ils arrivent le 16.VII). Lacombe reste en Corse.
22.VI.93. Le Comité de salut public reçoit les cinq députés de la Corse présents à Paris, plus Constantini. Son intention est de 1° ne plus envoyer de fonds en Corse pour payer les employés civils ; 2° Casser comme illégales et attentatoires à la souveraineté du peuple les décisions de la Consulte ; 3° confirmer tout ce quont fait les trois commissaires ; 4° envoyer quelque bataillons dans lîle pour garder les villes maritimes ; 5° accorder des secours aux Corses expatriés ; 6° envoyer des instructions en Corse pour éclairer le peuple sur ses droits et sur sa liberté.
24.VI.93. La Convention adopte la Constituante (dite de lan I), constitution qui reconnaît le droit à linsurrection « quand le gouvernement viole les droits du peuple ». Ratifiée le 4.VIII et promulguée le 10, elle ne sera jamais appliquée.
25.VI.93. Paris. Andrei annonce à Gentili ladoption de la nouvelle Constitution et lui demande dintervenir pour quelle soit acceptée en Corse et que la guerre civile soit évitée. Il envoie le pamphlet de Buonarroti qui a voulu faire la « scimia » du Père Duchesne, pamphlet intitulé « La Conjuration de la Corse entièrement dévoilée ». En ce mois de juin, Buonarroti est en train de rédiger un projet de division de la Corse eu deux départements, projet ayant pour but « 1°de détruire lautorité monstrueuse de Paoli ; 2° de hâter les progrès de lesprit public dans lîle ». (v. 28.VIII.90).
27.VI.93. Delcher rend compte au Comité de salut public de la Consulte de Corti : « Tout est consommé, la contre-révolution est complète. Paoli est nommé généralissime, cest à dire souverain ; le clergé à été réintégré ; les émigrés sont rentrés ».
1.VII.93. Décret de la Convention : 1° Les arrêtés rendus par les commissaires sont approuvés ; 2° Les actes de la « Consulta » du 26.V. sont déclarés nuls et de nul effet 5° Les bulletins de la Convention, les adresses, les lois et actes constitutionnels seront traduits et imprimés en italien au nombre de 600 exemplaires pour être envoyés dans le département de Corse 8° Lîle de Corse sera divisée en deux départements, lun en deçà et lautre en delà des monts ; le Comité de division fera sans délai son rapport sur lemplacement des chefs-lieux et sur la division en districts et en cantons.
5.VII.93. Arrestation de Ferrandi, consigné à un gendarme qui le garde à vue et à qui il doit verser 110 sols par jour. Cela durera quinze mois.
7.VII.93. Buonarroti ayant été chargé de partir pour la Corse comme envoyé extraordinaire, le ministre de lIntérieur en donne linformation « aux autorités constituées, aux Sociétés populaires et aux sans-culottes de lîle de Corse ». Buonarroti est chargé de sentendre avec les républicains corses « pour resserrer de plus en plus les liens qui les unissent à la République, éclairer les faibles, surveiller et dénoncer les malveillants et inspirer aux aristocrates la sainte terreur des lois » (v.11.VI). Le départ de Buonarroti fut ajourné grâce à lintervention dAndrei.
9.VII.93. Constantini fait placer sur les murs de Paris une affiche pour informer la population sur le sort fait à la Corse.
12. VII.93. Toulon se révolte contre la Convention.
13.VII. 93. Constantini, apprend indirectement que Marsilj, porteur de dépêches du Conseil général du département de la Corse, a été arrête à Hyères et conduit dans les prison de Toulon.
16.VII.93. Saliceti et Delcher arrivent à Paris. Saliceti retournera en Corse en qualité de commissaire représentent du peuple.
17.VII.93. Sur proposition de Barrère, la Convention décrète : 1° Pasquale Paoli est déclaré traître à la République ; 2° Il y a lieu à accusation contre Pozzo di Borgo, procureur général syndic, et une vingtaine dautres personnes nommément désignées ; 3° Les nommés Marsilj et Berthola, détenus par ordre des représentants du peuple à Toulon et Bastia, continueront dêtre en état darrestation jusquà ce que les pièces qui constatent leur délit soient parvenues au Comité de salut public, qui demeure chargé den rendre compte ; 4° La Convention charge le Conseil exécutif de déployer les forces de terre et de mer nécessaires pour mettre le département de la Corse à labri de linvasion des puissances coalisées et pour y faire exécuter les lois de la République.
20.VII.93. Anghjulu Chiappe proteste contre le décret du 17.VII et propose un amendement demandant lexile pour les citoyens désignés dans les articles premiers, second et troisième.
23.VII.93. Arrête du Comité de salut public prescrivant denvoyer en Corse des milliers de soldats prélevés à larmée dItalie.
24.VII.93. Lacombe maintient provisoirement dans ses fonctions de commandants à Calvi sous les ordres du général Saint-Martin, le général de brigade Raffaellu Casabianca (le ministre de la Guerre lui avait écrit le 1.VI quil nétait plus compris dans le nombre des officiers généraux de la République).
30.VII.93. Calvi. Lacombe au ministre de la Guerre : « Les sept huitièmes de la Corse sont en révolte ouverte ».
4.VIII.93. La lettre du Conseil général du 15.V. à Lacombe et Delcher pravient indirectement à Constantini qui la fait réimprimer à 2000 exemplaires et la distribue à la Convention, à la Société des Jacobins, et aux commissaires députés des assemblées primaires réunies à Paris pour statuer sur lacte constitutionnel.
9.VIII.93. Paris. Constantini écrit à la Société séante aux jacobins pour lui demander de ne pas porter de jugement hâtif sur la Corse et sur Paoli avant dêtre correctement informée.
10.VIII.93. La fête de lunité est célébrée solennellement sur lemplacement de la Bastille et lacte constitutionnel accepté unanimement, à lexeption de quelques dé partements qui nont pas envoyé de commissaires : Corse, Bouches-du Rhône Bvarère a fait accepter Verese et Meuron, du Comité de salut public de Bastia, comme sils avaient été délégués par les assemblées primaires de Corse.
10.VIII.93. Paoli à Quenza : « La justice et la politique me dictent de rompre les relations, non pas avec la France, elle-même victime, mais avec une faction dangereuse qui dévore la France ».
11.VIII.93. La Convention décide que les départements de lîle de Corse sappelleront GOLO (chef-lieu :Bastia, districts : Bastia, Calvi et Corti) et LIAMONE (chef-lieu : Aiacciu, districts : Aiacciu, Vicu et Sartè).
12.VIII.93. Paris. Costantini écrit aux députés des assemblées primaires, séance tenante dans la salle des Jacobins, pour leur dire de ne pas sétonner de labsence des commissaires corses quil faut attribuer au grand éloignement « et surtout à la malveillance et à lesprit de parti qui, depuis le mois davril, ont fait intercepter toute communication avec le continent. Il est même à craindre que lacte constitutionnel ne soit pas encore parvenu dans lintérieur de lîle ».
20.VIII.93. Une lettre du capitaine de vaisseau Horatio Nelson indique que létat-major britannique a décidé denvoyer une flotte au large de la Corse.
23.VIII.93. La Convention vote le décret de levée en masse du peuple français. Sont réquisitionnés tous les hommes de 18 à 25 ans non mariés ou veufs sans enfants.
24.VIII.93. Paris. Constantini demande au Conseil général de la Corse daccepter la Constitution et denvoyer des commissaires à Paris (un par canton soit une soixantaines) même si lacte constitutionnel à déjà été accepté. Ce jour là, il arrête sa correspondance avec la Corse parce que, dira-t-il le 20.X. « Je navais rien de consolant à vous apprendre », mais surtout, depuis trop longtemps, aucune réponse à ses lettres narrivait de Corse.
25.VIII.93. Les troupes de la Convention occupent Marseille.
25.VIII.93. Corti. Paoli écrit au vice-amiral lord Samuel Hood, commadant de la flotte britannique en Méditerranée : la Convention nationale « a rejeté les remontrances des Corses avec toute lobstination de la haine et a menacé de déployer les forces de terre et de mer pour nous subjuguer : elle a blessé tous les principes et nous a autorisés à rompre toute correspondance avec elle ; nous nous regardons donc aujourdhui comme peuple libre et indépendant qui a le droit de prendre par lui-même toutes les résolutions convenables à son honneur et à ses intérêts ». Il demande la protection de S.M. britannique pour assurer « lexistence politique » des Corses et donc lintervention de la flotte. Il ajoute naïvement ( ?) quune division suffit « et jose même dire lapparition du pavillon anglais ».
27.VIII.93. Les habitants de Toulon livrent la ville à la flotte anglaise. Lorsquil lapprend, Paoli déclare « Cet événement ôte tout espoir de pouvoir nous opprimer ».
1.IX.93. Corti. Lettre de Paoli à S.M. Georges III : « Délivré de tout engagement étranger, je retourne, Sire, sans tâche et sans remords aux sentiments qui me sont personnels et que Votre Majesté connaît déjà depuis longtemps. Jimplore, au nom de mes compatriotes, lappui de vos armes et votre protection pour assurer leur liberté quils aiment à combiner avec tout ce qui peut contribuer aux avantages et Votre Majesté et de la nation anglaise. Vos ministres, Sire, sont informés de ma position et des démarches que jai faites envers Milord Hood, commandant votre flotte dans la Méditerranée ».
1.IX.93. Corti. Paoli au Premier ministre William Pitt : « Je suis autorisé par mes compatriotes à prendre toutes les mesures que les circonstances pourraient exiger pour la défense et la sûreté de lîle Cest en conséquence dune autorisation pareille quil mest donné enfin, après avoir épuisé tout ce que la délicatesse et la loyauté exigeaient de ma nation et de moi envers la France, de pouvoir sans tâche et sans remords renouveler à S.M. britannique les projets et les vux que javais eu lhonneur de lui soumettre autrefois durant mon séjour en Angleterre ». le même jour, Paoli écrit à Hood que son seul souci est dassurer la liberté de sa patrie, « ce qui a toujours été lobjet de mes travaux et la règle de ma conduite publique ». Il écrit également à Drake, ministre plénipotentiaire du roi dAngleterre à Gênes et à Lord Grenville, secrétaire dEtat au Foreingn Office.
Début IX.93. Saliceti informe le Comité de salut public que le général Dumerbion, commandant en chef de larmée dItalie, a intercepté des lettres de Paoli à lamiral anglais.
3.IX.93. Paris. Publication de « Correspondance du citoyen Constantini, député extraordinaire du Conseil général du département de la Corse, avec ses commettant, suivie des différentes adresses et pétions présentées à la Convention nationale ».
3.IX.93. Horatio Neslon arrive avec lAgamemnon devant Bastia et en informe Corses.
IX.93. De Toulon, le vice-amiral Hood dirige vers la Corse, pour reduire les garnisons, trois navires de ligne : lAlcide (Robert Linzee commandore, John Woodley capitaine), le Courageux (John Mattehws, capitaine) lArdent, et deux frégates : le Lowestoft (capitaine William Wolseley) et la Nemesis (capitaine Lord Amelius Beauclerk).
15.IX.93. Une frégate anglaise, avec pavillon parlementaire, se présente à Bastia avec une lettre de Hood informant les militaires français en Corse de la décision des habitants de Toulon de prêter serment de fidélité à Louis XVII, et demandant den faire de même. Les militaires servant en Corse bénéficieront dune amnistie et seront transportés en France. Le même jour, un parlementaire se présente à Calvi où on refuse de le recevoir.
15.IX.93. Paoli à Paoli Baretti, consul du roi de Sardaigne à Livourne : « La présence de la flotte anglaise purgera lîle de ses ennemis et alors nous prendrons les mesures nécessaires pour létablissement dun gouvernement durable et bien réglé ».
18.IX-1.X.93. La flotte anglaise et les troupes corses essayent en vain dinvestir San Fiurenzu ;
Nuit du 10 au 20.IX.93. Paris. Sur ordre du Comité de sûreté générale, Constantini est arrêté et conduit à la maison darrêt de Sainte-Pélagie.
28.IX.93. Le Comité de surveillance de la section de la Halle aux blés, dont Constantini faisait partie depuis deux ans, écrit au Comité de sûreté générale pour attester son civisme et demander quil soit remis en liberté.
X.93. Paoli à Burnaby : « Ils on voulu me croire dintelligence secrète avec votre Cour votre Cour sait que je ne mérite pas pareille infamie ».
1.X.93. Calvi. Laccombe annonce à la Convention lattaque de San Fiurenzu par les Anglais : « lattaque était concertée avec Paoli qui était descendu de Corti à Muratu où, prudemment et à son ordinaire, il sétait tenu loin du feu ».
3.X.93. Les Corse, aidés par lartillerie du navire anglais le Courageux, désarment et font prisonnière la garnison française de Macinaghju.
7.X.93. Muratu. Simone Colonna di i Leca (de Vicu, envoyé de Paoli à Gênes et Toulon, est de retour avec une réponse de Hood qui demande plus de détails sur les secours militaires nécessaires pour chasser les Français et ses intentions sur les « relations et les réciprocités » entre la Grande Bretagne et la Corse, une fois les Français partis. Paoli donne sa réponse dans une lettre à Drake : pour ce qui concerne les relations futures avec la Grande Bretagne, sa préférence est la suivante : « Les Corses désirent un gouvernement stable, propre à fixer enfin un terme aux révolutions perpétuelles qui les ont agités, et une liberté qui les met à couvert des coups du despotisme et des ravages de lanarchie. Si S.M. Britannique veut accepter la Corse sous sa domination directe, alors la forme du gouvernement pourra être réglée, autant quil sera possible, dune manière analogue à celle de la Grande Bretagne, dont les lois garantissent aux citoyens la liberté la plus assurée et la plus tranquille. Le gouvernement de lIrlande, ou de quelques possessions anglaises les plus libres et les plus heureuses, modifié à la circonstance et à la situation des Corses, pourrait aussi entrer en considération ».
Première quinzaine doctobre 93. le général Saint-Martin, malade, quitte la Corse laissant le commandement provisoire de la 23e division à R. Casabianca. Il est remplacé, le 17.XI, par le général Laborde.
20.X.93. De sa prison, Constantini prend connaissance de la lettre de Lacombe du 1.X. Convaincu, cette fois, de la collusion des Corses avec les Anglais, il rédige et fait imprimer, le 28.X. une lettre au « ci-devant Conseil général du département de la Corse » pour lui remettre ses pouvoirs « dont je ne peux ni ne dois plus faire usage, puisque vous vous êtes séparés dun peuple généreux et brave qui vous avait associé à sa gloire et à son bonheur ». Constantini informe la Convention quil désapprouve ses commettants et Paoli « de qui je nai reçu de nouvelles directement ou indirectement depuis 20 mois.
23.XI.93. Les Corses chassent les Français de Biguglia.
28.X.93. Anton Filippu Casalta, sous les ordres de colonel Catelan commandant la garnison de Bastia, attaque Biguglia. Echec. Casalta reçoit dix blessures par balles.
29.X.93. Quatre vaisseaux de guerre français apparaissent devant Biguglia. Une frégate entre dans le port de Bastia, puis les navires vont jeter lancre à San Fiurenzu. La flotte anglaise est absente.
Fin X.93. Buanarroti est de retour à Paris. Il avait été envoyé le 7.VII. dans Lyon insurgée, sétait rendu à Nice, et avait rencontré Saliceti qui participait au siège de Toulon.
11.IX. 93. Pétition présentée à la Convention et signée Buonarroti, Santelli et Stephanopoli, demandant de mettre à prix la tête de Paoli, dinstaller en Corse un tribunal révolutionnaire à linstar de celui de Paris, de former en Corse une armée révolutionnaire composée de sans-culottes dun civisme irréprochable, etc.
15.XI. 93. La flotte anglaise part de Cagliari soit-disant pour la Corse. En fait, elles est occupée ailleurs jusquà la fin de lannée.
15-22.XI 93. Lacombe se met à la tête des troupes pour soumettre le Capicorsu. Le 15 il incendie Ferringule, le 19 il est à Nonza, le 20 à Centuri, le 22 à Ruglianu.
17.XI.93. Lacombe-Saint-Michel (capitaine en 89) est fait général de brigade.
21.XI.93. Paoli demande aux « principali » de faire don de leur argenterie.
29.XI.93. Le tribunal du 2me arrondissement de Paris déclare faux et calomnieux des passages sur Buonarroti dans le livre de Constantini publié le 3.IX. sous le titre « Correspondance », fait défense à lauteur den publier de pareils et le condamne aux dépens. Constantini, étant en prison, sétait fait représentetr. Il sétait dailleurs rétracté deux jours avant, alléguant que, absent de Corse depuis dix ans, il avait été induit en erreur.
Fin nov. Ou début déc. 93. Edition de « La Conjuration de Corse entièrement dévoilée par Pihilippe Buonarroti, citoyen français, contenant la réfutation complète du livre publié par Constantini sous le titre de sa correspondance, et divers mémoires sur la trahison de Paoli, sur létat de cette isle, et sur quelques moyens de la ramener à lunité de la République ».
5.XII.93. Paris. Les députés Casabianca et Multedo écrivent au Comité de salut public pour demander que Buonarroti, ayant été nommé par le ministre de lIntérieur, daprès un arrêté du Conseil exécutif, commissaire en Corse pour « purifier dans cette île les principes dEgalité, surveiller les malveillants et imprimer de lénergie aux patriotes », il soit muni dune commission expresse, quil soit fourni « aux frais dimpression des écrits italiens et révolutionnaire quil sera chargé de répandre dans lîle avec lautorisation du représentant du peuple » et quil soit autorisé à employer temporairement un écrivain. Buonarroti ne pourra se rendre en Corse ; il restera à Toulon auprès de Saliceti et Ghj. Bonaparte.
17.XII.93. Paoli donne ordre de na pas laisser accoster les bateaux du Capicorsu, Bastia, Capraja, et même Bonifaziu, qui viennent chercher du ravitaillement pour les présides.
19.XII.93. Les Anglais abandonnent Toulon. Du 20 au 23.XII, 800 personnes sont fusillées sans jugement. N. Bonaparte qui, étant de passage, avait été chargé de remplacer le commandant de lartillerie blessé, venait de faire la preuve de sa théorie ; « Cest lartillerie qui fait la conquête des places militaires, linfanterie, elle, les occupe ».
22.XII.93. Toulon. Saliceti écrit à Bartulumeu Arena : « Toulon, linfâme Toulon, est à la République Je travaille à faire armer quelques vaisseaux pour escorter les convois destinés à la Corse Que Paoli et ses aveugles partisans tremblent. Il ne peut, ce lâche scélérat, trouver plus de secours que dans une honteuse fuite, ou dans la guillotine ». Il informe Arena que les Corses se sont bien conduits et que N. Bonaparte a été général de brigade (nomination qui sera ratifiée par le comité militaire de la Convention le 6.II.94).
1.94. Trois officiers corses sont condamnés à mort par le tribunal révolutionnaire de Paris : Francescu Maria Ornano, de Santa Maria Sichè, maréchal de camp ; le général de division Camellu Rossi, de Zigliara ; et son cousin le colonel Ghjacintu Rossi.
2.I.94. au soir. Le Capitaine Wolseley, de la frégate Lowestoft, fait débarquer à lIsula Rossa le capitaine de vaisseau Edward Cook et Thomas Nepeain, capitaine des Royae Engineers, qui passent la nuit chez Felice Antone Leonetti, à Munticellu, repartent le lendemain et arrivent le 4 à Muratu où est Paoli. Il sont porteurs de lettres de Samuel Hood et de Drake. LAngleterre est décidée à chasser les Français de la Corse.
3.I.94. Corti. Proclamation du Conseil général pour demander au peuple corse, au nom de ses ancêtres, de défendre sa liberté et sa religion contre un pouvoir sanguinaire et tyrannique.
4.I.94. Muratu. Lettre de Paoli à Hood pour lui dire que lui et son peuple sont décidés à se mettre sous la protection de S.M. britannique sans aucune réserve, persuadés que leur liberté sera totalement préservée.
7.I.94. à board du « Victory » dans la baie dHyères. Gilbert Elliot, commissaire plénipotentiaire du gouvernement anglais, informe Henry Dundas, secrétaire dEtat au Home Office, de la mission de Cook et Nepean revenus avec une lettre de Paoli qui peut être considérée comme une acceptation définitive de livrer la Corse à lAngleterre Hood écrit à Paoli pour accuser réception de sa lettre du 4.I. Il informe quil na reçu aucune instruction particulière de son gouvernement, mais une « convention » peut être signée entre Paoli et les principales personnes formant le gouvernement de lîle avec Sir Eliot. Cette convention doit préciser que lorsque les Français auront été chassés, lîle se soumettra à tout arrangement que décidera Sa Majesté.
7.I.94. Corti. Obsèques de Clemente Paoli.
10.I.94. Elliot part pour la Corse afin de négocier avec Paoli la cession de la Corse à la Grande Bretagne. Il est accompagné du commandant dartillerie George Frederick Koehler et du colonel John Moore, chargés de reconnaître le terrain en vue dune éventuelle attaque (Koehler et Leonetti avaient servi ensemble à Gibarltar).
14.I.94. au matin. Le Lowestoft arrive en rade de lIsula Rossa, Elliot, Koehler et Moore débarquent à midi, logent chez Leonetti et repartent le lendemain pour Muratu. Le 16, ils sont reçu par Paoli.
17.I.94. Alors quElliot reste à Muratu, Moore et Koelher, accompagné par C.A.Pozzo di Borgo, partent en reconnaissance dans la région de San Fiurenzu et rentrent à Muratu le 18. le 19, avec Paoli, ils préparent un plan dattaque. Elliot quitte la Corse le 21 et Moore le 25.
25.I.94. une escadre anglaise, en tout 40 bâtiments de guerre et de transport, est en vue de lIsula Rossa. Un violent « libecciu » loblige à se retirer en catastrophe vers Portoferrajo.
5.II.94. Buonarroti et Ghj. Bonaparte, chargés de mission pour la Corse (v.11.II.93), sont à Toulon.
5-6.II.94. La flotte anglaise se présente à lentrée de golfe de San Fiurenzu et opère un débarquement près de la tour de la Mortella qui se rend deux jours après.
9.II.94. Près de Bologna. M. Buttafoco, au nom des royalistes corses émigrés, écrit à Drake quils sont prêts à collaborer avec Paoli et les Anglais pour réaliser lunion anglo-corse.
14.II.94. Lacombe écrit à Saliceti pour le presser darriver avec lescadre et un renfort en homme : « Le Cap-Corse sest encore révolté une fois ; ils ont envoyé plusieurs députés à Paoli pour rester sous sa domination Ton pays nest pas encore mûr pour la liberté ».
19.II.94. Lacombe fait évacuer San Fiurenzu en direction du camp de San Bernardinu et le lendemain sur Teghjime. Ce jour-là, Nelson débarque à Lavasina et sempare de la tour de Miomu.
21.II.94. Paoli est à San Fiurenzu où on sorganise pour faire le siège de Bastia., Galeazzi se dirige vers le Capicorsu. Acchile Murati est du côté de Barbaghju et Vincetellu Colonna du côté du Borgu et Lucciana.
23.II.94. Moore et David Dundas se dirigent vers Bastia. Le lendemain, ils sont face aux avant-postes français, Paoli se rend à Furiani.
25.II.94. D. Dundas donne ordre à Moore de se retirer (Désaccord entre Hood et Dundas ; Dundas partira pour lAngleterre le 11.III ; il sera remplacé provisoirement par le brigadier général Abraham dAubant ; en mai, Sir Charles Stuart, général de division, sera nommé au commandement de Corse) v.23.V.
6.III.94. Le reste de la flotte anglaise de la Méditerranée arrive dans le golfe de San Fiurenzu.
7.III.94. Henry Dundas autorise Elliot à dire aux Corses que la Grande Bretagne accordera un degré raisonnable de liberté dans le gouvernement civile de lîle et assurera la sécurité personnelle de ses habitants.
11.III.94. Whitehall. Renouvellement des pouvoirs des commissaires anglais pour les affaires de Corse.
18.III.94. Au large de Bastia sur lAgamemnon, Nelson écrit « Après avoir examiné Bastia de bien plus près que ne la fait notre général D. Dundas, je pense que cette place pourraît être attaquée avec grand avantage dun endroit trouvé par moi Le général Dundas a résilié son commandement, étant en divergence avec Lord Hood ». Nelson est désaprouvé par le successeur de Dundas quant à lattaque de Bastia.
31.III.94. Whitehall. Henru Dundas écrit à Elliot : S.M. est daccord avec Sir Gilbert en ce qui concerne la Constitution et les lois ; les affaires étrangères et le commerce extérieur de lîle doivent être réglés par le parlement britannique ; laccord conclu avec Paoli doit être confirmé aussitôt par lassemblée législative de lîle.
5.IV.94. Elliot écrit à Henry Dundas pour demander le rappel du général dAubant qui refuse toute collaboration avec Hood et élève, à San Fiurenzu, des fortifications inutiles.
11.IV.94. Lord Hood est nommé amiral. Ce jour-là, il envoie un parlementaire à Bastia pour demander la reddition de la ville. Refus de Lacombe.
14.IV.94. La flotte anglaise débarque, à la tour de Miomu, 1183 soldats et 250 marins avec Nelson, sous les ordres du colonel Villettes. Ils installent leur camp à 2500 yards au nord de Bastia. Pendant 40 jours et 40 nuits, la ville, qui refuse de se rendre, est bombardée par la flotte anglaise. Lacombe essaye dorganiser la résistance, espérant des secours venus de France ou dItalie.
16IV.94. Paoli sest installé à Furiani. Hood descend à terre pour se concerter avec lui.
18.IV.94. A bord du Victory, Elliot et Hood écrivent à dAubant pour lui reprocher de ne pas participer au siège de Bastia, ni même davoir fait « la promenade » de quatre heures à partir de San Fiurenzu pour sinformer de la situation. Ils font appel solennellement à sa collaboration.
20.IV.94. Petru Galeazzini, parti de Bastia, arrive à Garessio (Piémont, province de Coni) où se trouvent Saliceti et Robespierre le Jeune, représentants du peuple auprès de larmée dItalie, lesquels écrivent à Multedo, représentant du peuple à Port-la Montagne (Toulon), pour lui demander que lescadre française se trouve, entre le 6 et le 10. V, sur les parages de Nice et Villefrance. Saliceti est décidé à embarquer avec des renforts pour la Corse.
22.IV.94. Elliot et Hood écrivent à Paoli pour lui faire savoir que S.M. britannique désire une assemblée du peuple corse pour entériner lunion avec la Grande Bretagne, laquelle assurera lindépendance de la Corse et le maintien de sa constitution propre, de ses lois, de sa religion.
23.IV.94. San Fiurenzu. DAutant écrit à Elliot et Hood. Il critique leur stratégie : ils manquent de compétences pour mener un siège. Il refuse de participer à une entreprise quil estime vouée à léchec.
25.IV.94. Witehall. H. Dundas à Elliot : le roi désapprouve les disputes et critique les prétentions au commandement de Lord Hood.
25.IV.94. Malgré le blocus anglais, Lacombe-Saint-Michel et Rochon, commandant en chef des troupes, réussissent à quitter Bastia sur une felouque, laissant le commandement au général Antone Gentili, quils nomment divisionnaire. Le 27 ils sont à Capraja et le 30 à Gênes. Le commandement anglais ne se décide pas à attaquer la ville de plus en plus ruinée par les bombardements. Saliceti aura ce jugement sévère sur Lacombe : « Il nous avait promis quil naurait pas capitulé ; il a tenu parole ».
29.IV.94. Livourne. Elliot à H. Dundans : accuse réception de sa dépêche du 31.III. quil a communiqué à paoli. Une « général consulta » sera réunie le 1.VI.
29.IV.94. Saliceti, parti dOrmea, arrive à Toulon. Une escadre de six vaisseaux, quatre frégates et six corvettes sapprête à partir pour la Corse lorsque arrive un ordre du Comité de salut public, du 21, défendant au contre-amiral Martin de sortir jusquà nouvel ordre pour ne pas compromettre les forces navales de la Méditerranée.
1.I.94. Circulaire de Pasquale Paoli au peuple corse. La protection de la Grande Bretagne et lunion politique avec la nation anglaise lui semblent convenir pour assurer le bonheur et la sécurité de la Corse. Il convoque une Consulte général à Corti pour le 8 juin : « Prenant pour modèle la Constitution anglaise, basée sur les principes les plus sûrs que la philosophie et lexpérience aient jamais su associer pour le bonheur dun grand peuple, vous avez la faculté de ladapter à votre situation particulière, à vos coutumes, à votre religion ».
Début mai 94. Nelson à son épouse : « Bastia est une belle ville et ses environs sont ravissants avec les vues les plus romantiques que jaie jamais contemplées. Cette île doit appartenir à lAngleterre pour être régie par ses propres lois comme lIrlande avec un vice-roi placé ici et des ports libres. LItalie et lEspagne sont jalouses que nous en prenions possession ; elle commandera la Méditerranée ».
8.V.94. Hood envoie encore un parlementaire à Bastia. Il est renvoyé par le maire.
8.V.94. Le Comité de salut public autorise Saliceti à faire partir pour la Corse les vaisseaux armés qui sont à Toulon.
12.V.94. Milan. Elliot à Henry Dundas ; les Corses désapprouvent le titre de gouverneur qui implique une idée de conquête. Il suggère le titre de lord lieutenant ou de vice-roi. Il ambitionne ce poste.
16.V.94. Lescadre anglaise fête la nomination du vice-amiral Hood au grade damiral en faisant feu de toutes ses batteries sur Bastia.
17.V.94. Antone Gentili réunit un comité dofficiers de la garnison pour essayer de donner du pain à la population, ordonner des visites domiciliaires et prendre toutes autres mesures.
19.VI.94. Bastia. Les autorités de la ville demandent à Hood denvoyer un parlementaire. Ayant reçu de Hood une offre de traiter en vue dune capitulation, Gentili assemble un conseil de guerre composé des représentants des militaires et des corps administratifs civils, lequel décide à lunanimité dentamer des négociations. A cinq heures du soir, les troupes anglaises, commandées par dAutant, apparaissent sur les hauteurs de Bastia.
21.V.94. Bastia, Le Conseil assemblé par Gentili accepte le texte dun projet de capitulation, Hood laccepte le lendemain à quelques modifications près. Il est prévu que les militaires et les civils qui le désirent pourront rejoindre la France.
22.V.94. Bastia capitule. Les Français ne conservent plus que Calvi qui se rendra le 20.VIII.
23.V.94. Elliots qui a regagné la Corse en compagnie du général Stuart, écrit à Henry Dundas pour linformer de la capitulation de Bastia : les Corses sont peinés de se voir refuser une participation spectaculaires à la capitulation, mais leurs troupes sont si indisciplinées quon aurait couru le risque de désordres en leur permettant de prendre possession de la ville.
31.V.94. Elliot à Henry Dundas : la garnison française sembarque pour Toulon ; les troupes corses sont entrées dans la ville le jour précédent ; on leur a également attribué deux forts à lextérieur ; des élections municipales se sont déroulées dans le calme ; tous les élus avaient été recommandés par Paoli. Elliot insiste pour sa nomination. Le 21.VI. il écrira : « Si Paoli était vice-roi pour un seul jour, chaque gentilhomme corse songerait à lui succéder ». Il semble que la nomination dElliot soit déjà acquise, mais elle ne sera signée que le 1.XI.
10-21.VI.94. Corti . Consulte générale du peuple corse. Du 10 au 14, vérification des mandats. Le 14. Paoli est élu président. Il désigne comme secrétaire Carlu Andria Pozzo di Borgo et Ghjuvan Andria Muselli. Discours de Paoli : il dit avoir utilisé tous les moyens que la modération et lamour de la paix lui suggéraient pour empêcher les Français dallumer dans lîle une guerre dextermination sous des prétextes dictés par la calomnie et lexagération ; il demande de se prononcer sur une rupture possible avec la France, déjà confirmée par les faits, et, dans ce cas, de passer sous la protection de la Grande Bretagne avec une constitution qui assurera la liberté au peuple. Le 15, lassemblée approuve laction de Paoli depuis la consulte de mai 93 et vote le décret qui sépare la Corse de la France. Le 19, lassemblée vote une Constitution qui fait de la Corse une nation indépendante sous la protection de lAngleterre : le pouvoir législatif appartient à un Parlement élu ; le pouvoir exécutif appartient à un vice-roi dun Conseil dEtat et dun secrétaire dEtat ; le parlement peut révoquer le vice-roi ; toutes les causes civiles, criminelles, commerciales, sont jugées en Corse ; la presse est libre ; la religion catholique est religion dEtat mais les autres sont autorisées ; chaque Corse est libre dentrer et de sortir de lîle ; le roi dAngleterre protège la navigation et le commerce, et assure la défense nationale. On introduit Sir Elliot qui accepte la Constitution au nom du roi et jure, au nom du roi, de maintenir la liberté du peuple corse selon la Constitution et les lois. Le 21, on désigne quatre députés pour aller présenter la Constitution au roi de Grande Bretagne : Ghjuvan Francescu Galeazzi, Petru Paulu Colonna Cesari, Ghjiseppu Ottavianu Nobili Savelli et Francescu Maria Pietri
§§§§§
Ce que Pasquale Paoli avait espéré pour son pays en 1789, sous la protection du roi de France, se réalisait sous la protection du roi dAngleterre. La Corse devenait ce que lon a appelé plus tard un « dominion », cest à dire un état autonome avec allégeance à la Couronne. Mais pouvait-on prévoir la brillante campagne dItalie de 1796 conduite par Napoléon Bonaparte, la déclaration de guerre de lEspagne à lAngleterre et lordre donné à Elliot dévacuer la Corse.
« Lettere di Pasquale Paoli de « Paoli » con note e proemio di N. Tammaseo, Firenze G.P. Vieusseux, 1846.
« Pièces et documents divers pour servir à lhistoire de la Corse pendant la Révolution française » recueillis et publiées par M. labbé Letteron, in BSSHNC fasc. 121-125, 1891.
« Documents sur les troubles de Bastia » publiés par M. A. Cagnani, in BSSHNC fasc. 158, 1884.
« Lettre de Pascal Paoli » publiée par M. de Dr. Perelli, in BSSHNC fasc. 165-166, 1895.
« Correspondance du Comité supérieur siégeant à Bastia » (du 2 mars au 1er septembre 1790), publiée par M. labbé Letteron, in BSSHNC fasc. 163-164 (1894) et 199-201 (1898).
« Correspondance de Lord Nelson pendant sa croisière en Méditerranée, déc. 1793-févr.1797 », traduite de langlais et publiée par Sébastien de Caraffa, in BSSHNC fasc.308-312, 1910.
« La Corse et la Révolution (Extraits du Moniteur) » par M. labbé Letteron, in BSSHNC fasc. 325-327 et 328-330, 1911.
« Giornale Patriottico di Corsica » in BSSHNC fasc. 389-392 et 421-424 (1919 et 1921), et Feltrinelli reprint, Lit. Leschiera, Milano s.d.
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ABBATUCCI Ghjacumu Petru
ALBERTINI Don Ghjacumu
ANDREI abbé
ANSELME
ANTAN
ANTIBOUL
ARENA Bartulumeu
ARENA Filippu Antone
ARENA Francescu
ARRIGHI Bartulumeu
ARRIGHI Ghjuvanni
AUBANT (D- Abraham)
BAJETTA
BARERE Bartrand
BARETTI Paolo
BARRIN
BEAUCLERK Amelius
BELGODERE Ghjiseppu Maria
BELGODERE DE BAGNAJA Luigi
BRETAGNE
BERTOLA Fabianu
BIADELLI Antone
BIRON (Armand de Gontaut, du de Lauzun puis de-)
BO Jean-Baptite Jérôme
BOCCHECIAMPE Matteu
BOERIO Don Petru Ghjantumasgiu
BONACCORSI Buartulumeu
BONAPARTE Ghjiseppu
BONAPARTE Letizia
BONAPARTE Lucianu
BONAPARTE Napulione
BOSWELL James
BOYER-FONFREDE Jean-Baptiste
BOZIO Ghjambattista
BRUNET
BUONARROTI Filippo
BURNABY
BUTTAFOCO Matteu
CALENDINI Anton Martinu
CAMBON Pierre-Joseph
CARAFFA Ghjambattista
CASABIANCA Luziu
CASABIANCA Raffaellu
CASALTA Anton Filippu
CATELAN
CATONI Ghjuvan Carlu
CHARRIER
CHAVANNE
CHIAPPE Anghjulu
CIAVALDINI Luigi
CLAVIERE Etienne
COLONNA CESARI ROCCA Petru- Paulu
COLONNA DISTRIA DE CINARCA
COLONNA LECA Simone
COLONNA LECA Vincente
CONSTANTINI Antone
CONTI Stefanu
COOK Edward
COTI abbé
DALKERON
CELCHER
DHILLER
DORIA Benedettu Andria
DRAKE
DUFAUR
DUMENIL
DUMERBION
DUMOURIEZ
DUNDAS David
DUNDAS Henry
ELLIOT Gilbert
ESCUDIER
FALCUCCI Ghjiseppu Maria
FELCE Gnaziu
FERRANDI
FERRANDI Felice Antone
FERRY
FESCH Ghjiseppu
FRANCESCHETTI A.M.
FRANCESCHETTI Ghjiseppu
GAFFORI Francescu Antone
GAFFORI Ghjuvan Petru
GALEAZZI
GALEAZZI Ghjuvan Francescu
GALLEAZZINI Ghjambattista
GALLEAZZINI Petru
GARAT Dominique Joseph
GENTILI Antone
GEORGES III
GERLE Christophe Antoine
GIAMPIETRI
GIUBECA
GOUPILLEAU
GRENVILLE William Wyndham
GRIMALDI Anton Francescu
GRIMALDI Leunardu
GRIMALDI du Niolu
GUASCO Ghjambattista
GUASCO Gnaziu Francescu
GUELFUCCI
GUERNES (Mgr Jean Joseph Marie-)
HOOD Samuel
KOEHLER Georges Frederik
LABORDE
LACOME-SAINT-MICHEL Jean-Pierre
LA FAYETTE
LA SOURCE
LECLERC
LEONETTI Felice Antone
LEVIE Francescu
LEVIE Ghjuvan Girolamu
LIMPERANI Matteu
LINZEE Robert
LOUIS XVII
MAINBOURG Charles-François
MARAT Jean-Paul
MARBEUF
MARSILI
MARTIN
MASSERIA Filippu
MASSERIA Ghjiseppu
MATRA Luigi
MATTEI Paulu
MATTEI Paulu Luigi
MATTEI Petru Francescu
MATTEWS John
MEURON
MIRABEAU
MOLTEDO Dumenicu Maria
MONESTIER
MOORE John
MORELLI
MORESCO Lazaru
MULTEDO Antone
MURATI Acchile
MURATI Petru Paulu
MUSELLI Ghjuvan Andria
NEGRONI Pasquale
NELSON Horatio
NEPEAN Thomas
NOBILI SAVELLI Ghjiseppu Ottavianu
ORNANO Antone
ORNANO Francescu Maria
ORNANO Michele Anghjulu
ORTICONI
PALLAVICINI doge de Gênes
PANATTIERI Francescu Benedettu
PAOLI Clemente
PAOLI Pasquale, passim
PARAVISINI
PASQUALINI Ghjacumu
PERALDI Ghjuvanni
PERALDI Mariu
PERETTI
PERETTI DELLA ROCCA Carlu Antone
PERFETTI Ghjiseppu Maria
PETRICONI
PETRICONI Cesaru Matteu
PIETRI Francescu Maria
PETRI Ghjiseppu Maria
PITT William
PO Ghjacumu
POGGI Francescu Saveriu
POLVEREL
POMPEI Paulu
PONTE Ghjacumu Maria
POZZO DI BORGO Carlu Andria
POZZO DI BORGO Girolamu
POZZO DI BORGO Matteu
QUENZA Ghjambattista
QUENZA Martinu
QUENZA Oraziu
RECCO abbé
RIGO Petru Francescu
RISTORI Ghjambattista
ROBESPIERRE Angustin Bon Joseph
ROBESPIERRE Maximilien
ROCCASERA Ghjuliu
ROCHON Maurice
ROSSI Antone Francescu
ROSSI Camellu
ROSSI Ghjacintu
ROUSSEAU Claude Louis
ROUX Charles Benoît (Mgr)
RULLY
SAINT-MARTIN
SALICETI Antone Cristofanu
SALVATORI
SANTELLI Ghj.M.
SANTINI Dumenicu Maria
SEMONVILLE Charles louis Huguet
SERVAL
STEPHANOPOLI
STEPHANOPOLI Ghjorghju Maria
STUART Charles
TADDEI Ghjambattista
TARTAROLI Ghjambattista
TAVERA Tumasgiu
TILLET (H.M. du-)
TISONNET
TREVOR John
TRUGUET Laurent Jean François
UDNY
VARESE
VAUX
VERCLOS (Mgr de-)
VIDAU (Ghjuvan Antone FREDIANI-)
VILLETTES William Anne
VOLNEY (Constantin François de CHASSEBOEUF)
WOLSELEY William
WOODLEY John
AIACCIU, passim
AIX
ALATA
ALERIA
ALISGIANI
APPRICIANI
AUXONNE
AVIGNON
BALAGNA
BARBAGHJU
BASTIA, passim
BELGUDE
BIGUGLIA
BOLOGNA
BONIFAZIU
BORGU
BREST
BRIGNOLES
BUCUGNANU
CAGLIARI
CALVI
CAMPU
CAPICORSU
CAPITELLU
CAPRAJA
CARGHJESE
CASAGLIONE
CENTURI
CERVIONI
CONFINA (domaine de la-)
CONSTANTINOPLE
CORTI, passim
DOLE
FERRINGULE
FIUMORBU
FRASSETTU
FURIANI
FUZZA
GARESSIO
GENES
GIBRALTAR
GOLFE JUAN
HYERES
ISULA ROSSA
LETIA
LIVIA
LIVOURNE
LONDRES
LUCCA
LUCCIANA
LURI
LYON
MACINAGHJU
MADDALENA
MARSEILLE
MEOUNES
MERUSAGLIA
MIGLIACCIARU
MILELLI
MIOMU
MOITA
MORTELLA
MUCHJETU DI CAMPULORI
MUNTICELLU
MURATU
NAVARRE
NEBBIU
NICE
NIOLU (U)
NONZA
OLETTA
OREZZA
ORLEANS
ORMEA
PARIS, passim
PARME
PISA
PONTENOVU
PORTA (A- dAMPUGNANI)
PORTIVECHJU
PORTOFERRAJO
QUASQUARA
QUENZA
RENNU
ROME
RUGLIANU
RUSTINU
SALGETU (U di RUSTINU°
SAN BERNARDINU
SAN FIURENZU
SAN PIETRO
SAN STEFANU
SANTANTIOCO
SANTA MANZA
SANTA MARIA DELLA CHJAPPELLA
SANTA MARIA SICHE
SARDAIGNE
SARTE
SPEZIA (LA-)
SUDDACARO
TALLA
TAVAGNA
TOSCANE
TOULON
TOURNON
TURIN
URBINU
VALENCE
VALETTE
VALMY
VENZULASCA
VERSAILLES
VICU
VILLEFRANCHE
VISCUVATU
ZEVACU
ZIGLIARA