SITUATION ET AVENIR DU THERMALISME EN CORSE

Une conférence faite à CERVIONI le 17 août 1973 par
Le Dr ALAIN GUERMONPREZ

 

Ce travail a pour objet de rappeler l’existence en Corse de source thermales aux caractères physiques et chimiques très variés, aux propriétés thérapeutiques puissantes et connues de longue date.
La présence romaine a en effet laissé de nombreux vestiges à l’emplacement de ces sources ou à leur proximité.
Les vestiges plus récents montrent que ces eaux ont été utilisées à différentes époques et leurs vertus reconnues.
Actuellement, malgré l’intérêt incontestable de ces sources tant au plan médical que socio-économique et touristique, nous ne pouvons que déplorer leur très faible utilisation, et parfois même leur abandon.
Nous espérons par ce travail sensibiliser les autorités concernées par le thermalisme.

Après un bref aperçu de l’aspect géologique que présente la Corse, expliquant cette abondance thermale, nous passerons en revue les principales stations actuellement répertoriées et que nous classerons par caractères chimiques identiques donc à effets physiologiques semblables.
Pour cela, nous verrons les eaux sulfureuses, sulfurées sodiques, dont les principales sources sont :

D’autres de moindre importance telles :

Puis nous verrons les eaux sulfurées calciques avec la source de :

Ensuite les eaux ferrugineuses d’

Qui furent les plus connues jadis et qui actuellement sont peu utilisées à la station thermale mais sont les seuls à être conditionnées.
Nous ne ferons que citer les eaux bicarbonatées calcique di

Car ces eaux, très rares, émergent en un lieu difficile d’accès actuellement, et en quantité peu utilisable.
Enfin, dans le cadre des eaux faiblement minéralisées, notre étude nous mènera à la source de

Dans la commune de Zilia, qui nous semble, par sa pureté et sa haute radio-activité, promise à un avenir certain.
Nous achèverons cette étude en citant un certain nombre de sources peu connues ou ignorées mais ayant un caractère thermal.

 

CHAPITRE I

ASPECTS GEOLOGIQUES.

D’après M. MORATI, agrégé de l’Université, Professeur au lycée FESCH. Extrait du rapport de M. le professeur PIERI au conseil général de la Corse.

La Corse est la plus accidentée des îles de la Méditerranée. La présence de roches remarquables et parfois uniques l’ont signalée depuis longtemps à l’attention des géologues du monde entier. Du point de vue physique, une division en trois territoires s’impose, centrée sur trois villes.

1. A l’ouest, au centre et au sud, le massif granitique d’AJACCIO considéré classiquement comme type hercynien que ses caractères pétrographiques particuliers obligeront peut-être à restituer à l’antécambrien. C’est la que se trouvent les plus hauts sommets.

Fait non seulement de granit, mais d’une association complexe de roches filoniennes microgranitiques, quartziques, parfois métallifères, orientées en gros de l’ouest vers le N.E., ce territoire fut recouvert d’un abondant matériel sédimentaire graduellement métamorphosé ; avant même que ne débute l’ère secondaire, il fut pénéplainisé, ses lignes directrices actuelles ne devant reparaître que plus tard, lors de l’orogenèse alpine.
Ce même massif est enfin marqué sur sa bordure orientale par une bande de roches écrasées, constituant la " Protogine ".

2. Du CAP CORSE au FIUMORBO, les " schistes lustrés ", ensemble cristallophylien, comportent des schistes sériciteux, des calschistes, parfois de vrais calcaires ou des cipolins.
On attribue à cette imposante formation cristallophylienne une origine sédimentaire, et un charriage venu de l’Est, avec trois ou quatre poussées plus marquées à hauteur :

Ce " déferlement " sur le môle d’AJACCIO aurait produit la protogine.

3. La zone de CORTE, déprimée, est essentiellement formée de terrains tertiaires, dans lesquels sont enclavées des écailles de calcaires et de schistes.
Depuis l’antécambrien jusqu’au quaternaire, la tectonique a joué un grand rôle. Si, dans la partie orientale de la Corse elle se manifeste par l’amplitude des effets, par une dynamique très marquée, les traces de son action ne sont point moindres en Corses orientale ; le vieux socle ajaccien porte la trace d’une multitude de cassures comblées ou non, de failles souvent longues, profondes, nettes ou masquées d’écrasements, voire de laminations, cela sans compter les venues volcaniques anciennes.
 
Il n’est pas étonnant, ajoute M. MORATI, dès lors, que la Corse bénéficie d’une étonnante multitude de venues d’eaux normales ou juvéniles, plus ou moins minéralisées, douées de propriétés thérapeutiques, d’eaux froides ou thermales connues depuis longtemps.
En région granitique, plusieurs failles réelles, grossièrement parallèles, de direction O.SO.-E.NE., partent de l’embouchure du ruisseau de BUBIA (entre SAGONE et CARGESE) traversant en biais la rivière de SAGONE, passant par VICO, puis un peu au nord de MURZO, pour se continuer suivant la vallée de FIUME GROSSO ; l’une d’entre elles, déviant quelque peu vers le nord, passe en aval immédiat de BALOGNA. En contrebas et à quelques trois kilomètres de ce village, à vol d’oiseau, sur cette dernière faille, se place l’ancienne station, actuellement en ruines de CALDANELLE, mais c’est en bordure gauche du FIUME GROSSO, à peu de distance de la rivière, que se trouvent les venues d’eaux thermales de GUAGNO-LES-BAINS.
Le golfe de Valinco présente suivant son axe, une digitation avancée en terrain granitique ; cette pénétration sur la rive sud de laquelle est installée la ville de PROPRIANO, est marquée par une faille réelle, partant de cette agglomération, longeant le rivage à faible distance, suivant à peu près exactement la limite méridionale de la plaine de BARACCI, pour se perdre à l’ouest de FOZZANO. C’est exactement au niveau de cette faille, affectant un socle granitique, que se situent les BAINS DE BARACCI.

De SANTA MARIA SICHE, en empruntant la N. 850, on arrive à la station thermale de GUITERA-LES BAINS, en bordure droite de la rivière du TARAVO. En cet endroit, le TARAVO coule dans une faille réelle, profonde, partant des environs d’OLIVESE, pour se continuer en s’incurvant et se perdre à l’ouest de COZANO. Cette faille oppose des granits à l’ouest à des schistes cristallins à l’est, eux-mêmes limités par une autre faille grossièrement parallèle à la précédente, passant non loin de ZICAVO.

A l’est-sud-est de ZICAVO, prend naissance le TRAVO, rivière de la côte orientale ; au nord du TRAVO coule L’ABBATESCO ; une faille, de direction sensiblement analogue à celle de ZICAVO, coupe les deux cours d’eau ; vers son extrémité septentrionale elle se ramifie brièvement, laissant sur sa gauche la petite localité de PIETRAPOLA ; la station thermale homonyme se place sur cette faille.
Dans la zone sédimentaire ou cristallophylienne de la Corse, de nombreuses émergences groupées pour les plus importantes au voisinage d’une région également faillées, empruntées par le FIUMALTO, se signalent par un nom qui rappelle le goût vaguement acidulé de leurs eaux : ACQUACETOSA, ACITAGHIA.

La plus connue et la plus importante est la source d’OREZZA (commune de RAPAGGIO), en bordure droite immédiate de la rivière (une émergence se fait dans le lit même du FIUMALTO à quelques mètres à peine d’une source d’eau absolument normale).
Ici, la zone tectoniquement affectées par des accidents de direction plutôt N.S. qu’à composante ouest comme pour la Corse occidentale, est faite de " schistes lustrées ", séricitoschistes, souvent altérés en surface, avec par endroits des accumulations meubles argileuses ou argilo-calcaires, de teinte rouille, riche en oxyde de fer.

 

CHAPITRE II

LES EAUX SULFUREUSES.

Eaux sulfurées sodiques :

Les indications principales sont les suivantes :
En RHUMATOLOGIE : manifestations arthritiques et arthrosiques pluri ou mono-articulaires – la goutte.
En TRAUMATOLOGIE : séquelles de traumatisme osseux, articulaires et des parties molles.
En DERMATOLOGIE : dermatoses torpidas : acné, infection cutanées ulcère variqueux, eczéma psoriasis.
En O. R. L. : affections des voies respiratoires supérieures.
Accessoirement ces eaux sont indiquées en GYNECOLOGIE dans les métrites : en UROLOGIE, les cystites ; en OPHALMOLOGIE et dans les troubles de la circulation veineuse.

En rhumatologie : les rhumatismes chroniques sont des syndromes de réaction ostéo-articulaire de causes très diverses ayant pour caractère commun leur marche lente et leur ténacité.
Le thermalisme en est le plus ancien et toujours vivace traitement. Toutes les formes de rhumatisme peuvent bénéficier de la crénofangothérapie à un moment de leur évolution. Les orientations sont différentes selon les formes anatomoclinique.

Les rhumatismes chroniques inflammatoire.
 
Toutes les formes de polyarthrite chronique évolutive avant l’installation de déformation fixées et irréductibles, ou d’une atteinte profonde de l’état général en dehors des poussées, s’adressent aux eaux sulfureuses et aux boues.
La spondylarthrite ankylosante le plus près possible du début de son évolution, bénéficiera des mêmes stations.

Les rhumatismes chroniques dégénératifs.

La coxarthrose.
Dans ce cas, l’indication des eaux sulfureuses est au stade où l’altération de la tête fémorale et du cotyle sont minimes.

La goutte est une indication notoire des eaux sulfurées Corses.
La goutte chronique est très améliorée par ces eaux.
Il convient cependant de ne jamais exercer la cure au moment des crises aiguës, mais au contraire de choisir les périodes atones, avec si possible une période de latence prolongée.
Pour cette indication, P. ZUCCARELLI conseille plutôt la cure de boissons avec peu ou pas de bains. " l’effet diurétique de l’eau ne tarde pas à amener des décharges d’urates ".

En traumatologie.
Les eaux sulfurées sodiques sont également très indiquées dans :
Les fractures ordinaires, les fractures mal consolidées, les cals volumineux ou douloureux pour lesquels P. ZUCCARELLI préconisait la douche avec massage méthodique.
Les arthrites consécutives aux fractures, les périarthrites, les raideurs articulaires, dues à l’immobilisation d’un membre, les arthrites chroniques postraumatiques
Les traumatisme des parties molles, contusions profondes, les contractures musculaires, tendineuses consécutives à ces plaies.
Les plaies par armes à feu.
Grâce aux progrès de la thérapeutique chirurgicale et physique, la crénofangothérapie est une arme des plus actives pour la lutte contre les suites des traumatiques.

En dermatologie.
Les eaux sulfureuses ont une place importante dans les dermatoses torpides.
Elles sont plutôt indiquées pour les sujets à peau grasse.
Pour cette indication, il convient de procéder en pulvérisation locales à jets filiformes, bains, douches générales, étuves.

Les eaux Corses sulfureuses, par leur onctuosité, calment les prurits et assèchent les suintements.
Sont indiquées :

Les dermatoses irritatives : prurit, dermites artificielles, erythrodermies et rosacées, les eczémas aigus et subaigus, rouges et suintants, soit papulovésiculeux à lésions groupées et disséminées, soit vernissées et à larges placards des grands plis ; les eczémas irritable de la face, ceux très prurigineux de l’anus et de la vulve. Une autre importante catégorie est constituée par les prurits aigus ou chroniques, généralisés ou partiels (péri orificiels en particuliers), les névrodermites, et par tous les prurigos à papules, qu’il s’agisse des formes de Besnier, de prurigos nodulaires ou d’urticaires chroniques.
On y soigne aussi avec succès des parakératoses psocriasiformes, eczémas fixes lichenifiés, se localisant aux coudes, nuques, tronc et région pubienne.

Entre le sixième et le dixième jour, apparaît dans 70% des cas, la " crise thermale " d’intensité variable, mais habituellement de pronostic favorable.
Après une courte période d’exacerbation des phénomènes locaux, apparaissent les signes d’amélioration. Mais l’amélioration la plus intéressante est celle qui commence deux ou trois mois après le traitement hydrominéral. Dans les cas favorables, deux ou trois séjours successifs à la station suffisent pour amener un effacement de la dermatose.

Les dermatoses torpides : acné, séborrhée, folliculite et dermatoses microbiennes relèvent des eaux sulfurées.

Les dermatoses squameuses. Les eaux sulfurées en Corse ont une réputation en ce domaine. C’est ainsi que la source de Caldanella de Mosi est réputée avoir " blanchi " nombre de psoriasis.
 
En Oto-rhino-laryngologie. Les eaux sulfurées sodiques ont une très nette action sur les rhinites spasmodiques périodiques et apériodiques isolées ou associées à l’asthme, sur les rhinites atrophiques, le coryza chronique.
 
Cette action est aussi marquée pour le traitement des sinusites, des otopathies rhinogènes tubotympaniques et les laryngites.

En gynécologie. Les eaux sulfureuses sodiques chaudes sont principalement utilisées dans les phénomènes inflammatoires torpides.

En urologie. La cystite chronique sans poussée inflammatoire, la blennorragie aiguë ou chronique, sont de même des indications de ces eaux sulfurées sodiques.

En ophtalmologie. P. ZUCCARELLI a également constaté que ces eaux avaient l’effet de collyres désinfectants et apaisants dans les conjonctivites chroniques, blépharites ciliaires.

 

CONTRE-INDICATIONS DES EAUX SULFUREUSES, SULFUREES SODIQUES.

Les cures en eaux sulfurées sont contre-indiquées :

  1. Dans toute affection aiguë,
  2. Chez les cardiaques,
  3. Chez les sujets à prédisposition aux congestions et hémorragies,
  4. Chez les nerveux en période de crise ou d’excitation,
  5. Chez les tuberculeux en poussées fiévreuse ou hémopthysique,
  6. Chez les goutteux en poussée aiguë,
  7. Chez les artérioscléreux,
  8. Chez les diabétiques,
  9. Pendant la grossesse,
  10. Chez les sujets très affaiblis.

 

PIETRAPOLA

SITUATION.
PIETRAPOLA, petit village dépendant de la commune d’ISOLACCIO di FIUMORBO (canton de PRUNELLI) est situé à 115m d’altitude sur un plateau granitique.

PROPRIETES PHYSIQUES.
La station comprend un ensemble de dix sources dont les températures d’émergence sont de 45° à 55°.
Source RASTELLO qui sourd à 55°
Source SPIRITATO qui sourd à 54°
Source LA DOCCIA qui sourd à 53°
LA LECCIA non mesuré
LA VASQUE

Vues en masse ces eaux sont bleutées, d’odeur faiblement sulfurées mais assez agréable à boire. La silice, les silicates la rendent onctueuses au toucher. On remarque une quantité abondante de glairine à l’émergence des sources et dans les réservoirs qui la contiennent, ainsi que dans les conduite qui la drainent, colorant ceux-ci du noir au rouge vif.
Le débit de ces eaux est supérieurs à 200 000 litres par jour.

EQUIPEMENT.
L’équipement thermal est composé de 14 baignoires situées dans de vastes cabines, et deux grandes piscines (en cours de restauration).
Les eaux sont altérables. Il n’est pas envisageable de les embouteiller ; leurs vertus thérapeutiques ne s’exercent vraiment qu’à la source même.

 

GUAGNO

SITUATION.
Sur la rive gauche du FIUME GROSSO, dominé par les escarpements de la pointe de FORCINELLE (1371m), on trouve le village de GUAGNO-les-BAINS.
A VIVO, en emprunte la N. 849 qui nous mène à GUAGNO, hameau de PIOGGIOLO.

PROPRIETES PHYSIQUES.
La station comprend deux sources dont les propriété sont distinctes. L’une, dite source principale, est la source VENTURINI, grande source, son débit est voisin de 70 000 litres par jour.
L’autre est la source COGGIA, elle sourd à environ 800m de l’établissement thermal dans un petit bâtiment assez délabré, au bord de la route.
L’eau de GUAGNO serait de 52°. Au point de déversement dans le réservoir elle est de 49°.
La température d’émergence de la source supérieure est de 37°.

EQUIPEMENT.
L’établissement thermal est en complète rénovation.
Ce superbe édifice en pierres à arcades est formé de deux ailes imposantes qui flanquent le bâtiment central construit sur trois niveaux.
L’établissement thermal comprendra 40 baignoires, 20 saunas individuels, 5 salles de massage ; les saunas pourront être utilisés à une température que le sauna Finlandais habituel ? C’est vers 38°, 40° que ces saunas fonctionneront permettant de recueillir le maximum des propriétés du sauna sans en comporter les inconvénients (fatigue, contre-indications chez les cardiaques).

AVENIR.
L’avenir de cette station est des plus prometteurs. Ceci démontre qu’avec initiative et, bien sûr, des capitaux, il est tout à fait possible de réaliser en Corse cinq ou six stations importantes, non pas concurrentes mais se complétant, afin de réaliser une puissance thermale avec une capacité d’accueil suffisante.

 

GUITERA

SITUATION.
Lorsqu’on se rend d’AJACCIO à PROPRIANO par la N. 196, à SANTA MARIA SICHE on se dirige vers ZICAVO.
Quand la route aborde la vallée du TARAVO (rive droite) on trouve les bains de GUITERA. Autour de l’établissement thermal sont groupées quelques maisons, un hôtel.

La station est située à 431m d’altitude. Le village est distant des bains de 3km.

Par le nord, on peut se rendre à GUITERA par le défilé de l’INZECCA, puis le défilé des STRETTE et le col de VERDE.

PROPRIETE PHYSIQUES.
Les eaux de GUITERA sont captées en un vaste bassin circulaire couvert. Elles ont un aspect bleuté limpide. Elles sont onctueuses au toucher.

Certains auteurs notaient un débit de 380 000 litres par jour, ce qui serait le débit le plus abondant de la Corse.

P. ZUCCARELLI parle de 125 1/m, soit 180 000 litres par jour. En fait, le débit est parmi les plus abondants des sources Corses. La température de l’eaux dans le bassin de captage est de 45°.

Il existe aussi à GUITERA une source sulfureuse froide (19°) distante de la source principale d’à peine 150m. Celle-ci n’est ni analysée ni utilisée.

EQUIPEMENT.
Autour d’une petite place ombragée, au milieu du hameau, on trouve l’établissement thermal, imposant édifice de pierre qui s’élève sur deux étages.

Au rez-de-chaussée sont les cabines de bain au nombre de 18. Quatre d’entre elles sont doubles. Les baignoires sont vernissées façon grès.

Aux étages il y avait naguère un bel hôtel qui actuellement est inutilisé car en mauvais état. D’autres hôtels dans le village suffisent aux rares curistes.

 

BARACCI

SITUATION.
Le golfe de VALINCO est un des plus beaux et des plus réputés de Corse. PROPRIANO, charmante localité estivale, port de plaisance et de commerce, s’y trouve sur le versant sud. Les bains de BARACCI sont au fondu du golfe majestueux, à moins de 1km de la plage

PROPRIETES PHYSIQUES.
Les eaux de BARACCI sont captées au milieu de l’établissement thermal. Le débit actuel est de 80 1/m ; soit 115 000 1/jour. Ce chiffre est un minimum ; d’autres informations que celles de P. ZUCCARELLI parlent de 360 000 litres par jour ce qui semble possibile.
Les installations de l’hôtel sont approvisionnées par une sérieuse installation centrale qui met en pression de l’eau.
Les eaux de BARACCI sont plus légères et plus assimilables que les eaux comparable de PIETRAPOLA ou GUAGNO.
Ces eaux sont apéritives et stimulent les fonctions digestives.

EQUIPEMENT.
Les bains de BARACCI sont situés dans un établissement proche de l’hôtel, dit " Grand hôtel BARACCI ". Cette hôtel est luxueux, comporte 30 chambres. Il est pourvu de tout le conforte moderne : électricité, téléphone (14 à PROPRIANO), chauffage central, eau courante chaude et froide, salles de bains à tous les étages, bar américains, grandes terrasses fleuries avec vue sur la mer et la montagne.
Sur le plan thermal, cet établissement est le plus complet de la Corse. Il date de 1928.
L’établissement individuel est équipé d’un luxueux sauna finlandais individuel avec salle de repos, et d’une installation de douche dont les jets filiformes et puissants issus des parois de la cabine permettent un micro-massage percutant de toute la surface du corps.

 

ARBALACONE

SITUATION.
La station d’URBALACONE (ancien nom BUDERANGO) est située sur la N. 196 qui joint SARTENE à AJACCIO, à peu près à mi-chemin entre ces deux ville, soit à une quarantaine de km d’AJACCIO.
L’établissement thermal est située en contrebas de la route, au bord du SALICE, affluent du TARAVO.
L’hôtel par contre, en cours de finition est de l’autre côté de la route au dessus de celle-ci.

PROPIETES PHYSIQUES.
Le captage à URBALACONE est double.
C’est ainsi que, d’une part, dans les piscines les eaux émergent dans la paroi des bassins, et d’autre part un captage particulier est réalisé pour les boissons.
La température d’émergence avoisine 35°. Le débit global des sources serait de 36 000 litres par jour. Il était autrefois de 120 000 1 selon PIETRI.

EQUIPEMENT.
L’équipement hôtelier d’URBALACONE est constitué par un hôtel en cours de finition. Cet hôtel est la propriété de M. CASANOVA. Il est composé de 16 chambre au rez-de-chaussée. 11 à l’étage. Il est construit en pierres de la région et son emplacement est admirable, à flanc de coteau, proche de la route nationale qu’il domine. De l’autre côté de cette N. 196 se trouvent les installations anciennes, remises à neuf en 1973.

 

CALDANICCIA

SITUATION.
Les eaux de CALDANICCIA jaillissent en un lieu des plus privilégiés, à 8km seulement de la préfecture de la Corse, AJACCIO, sur la rive droite de la GRAVONA, à une altitude proche de celle de la ville : 15 mètres.

PROPRIETE PHYSIQUES.
Le débit n’est pas très important : 20 000 litres par jour. La température d’émergence est de 34°4.
Le captage est très insuffisant et en mauvais état.

EQUIPEMENT.
La source de CALDANICCIA comprenait un petit établissement où se trouvaient 20 cabines avec baignoires en zinc, dont 4 cabines à 2 baignoires.
Actuellement ces installations sont délabrées et inutilisables.

 

CASTAGNETO D’ALESANI

Source thermale sulfureuse située non loin de la source ferrugineuse de
PARDINA, dans la moyenne vallée de l’ALESANI, sur la route de CERVIONE à PIEDICROCE, à 18 km environ de CERVIONE.

 

SOLLACARO

Source sulfatée sodique, près du village du même nom, dans le canton de PETRETTO-BICCHISANO, en contrebas du col de CELACCIA, sur la R. N. 196 qui relie SARTENE à AJACCIO.
A notre connaissance, cette source n’a pas été analysée.

 

TRAVO

Source sulfurée sodique située dans la canton de PRUNELLI DI FIUMORBO.

 

FONTANELLO

Source sulfurée ferrugineuse dans la région de SOLENZARA, commune de SARI DI PORTO-VECCHIO.

 

Eaux sulfurées calciques, ou sulfhydriques.

PUZZICHELLO

SITUATION.
Les bains de PUZZICHELLO sont situés sur la commune d’AGHIONE. La station comprend quatre sources.

Les sources exploitées ont un débit de 15 000 litres par jour. Leur captage est très simple, quasi naturel. Elles distantes d’un mètres. Leur composition chimique est différente.

Source gauche : elle jaillit de la roche par une gargouille simple de pierre. Au toucher, l’eau est très onctueuse. Son aspect est légèrement trouble, louche, de couleur opaline. Elle charrie d’abondants flocons gris de nature bitumineuse et de la glairine. En aval, après un contact avec l’air elle devient nettement trouble et laiteuse.

Source de droite : de débit à peu près identique à la précédente. Son eau est limpide et claire.

Dans ce vallon encaissé, l’odeur d’hydrogène sulfuré, émanation des sources, est très prononcée. Elle est perçue de loin. Au goût, les eaux sont aigrelettes et amères mais non désagréables. Leur température d’émergence est de 17°.

PROPRIETE THERAPEUTIQUE.
INDICATION :
Les eaux de PUZZICHELLO sont comparables aux eaux d’ENGHIEN et ALLEVARD quoique plus riche en H2S.

Leur composition chimique présume de leurs vertus thérapeutiques qui sont très puissantes.

ACTION GENERALE :
Leur rôle dans la nature paraît de première importance. Il y a d’abord une action ANAPHYLACTIQUE démontrée expérimentalement, mais ses trois effets primordiaux sont :

  1. une action plastique ou anabolique. Le soufre qui fait partie intégrante de chaque molécule organique, et en particulier de l’hémoglobine, agit sur la trophicité générale de l’organisme.
  2. Une action énergique ou catabolique. Le soufre ne pénètre dans l’organisme que sous forme d’hydrogène sulfuré par le tube digestif, la peau, très oxydé.
  3. Une action sur le système nerveux végétatif.

ACTION LOCALE :
Quelque soit son mode d’adsorption, le soufre s’élimine au niveau de la muqueuse respiratoire sous forme d’hydrogène sulfuré.

  1. Sur les sécrétions qui après exacerbation au cours de la crise thermale se tarissent.
  2. Sur la circulation par vasodilatation de la muqueuse.
  3. L’hydrogène sulfuré agirait sur les terminaisons nerveuses en les anesthésiant, en calmant la douleur et l’irritabilité de la muqueuse.
  4. Enfin, expérimentalement, les eaux sulfurées agiraient en décontractant la bronche isolée.
  5. Nous rattacherons à cette action modificatrice le rôle fibrolytique que joue le soufre sur l’élément soléreux si important dans les maladies respiratoires.

En O. R. L.
Coryza chroniques coryza aigus, à répétition, ozène et rhinite atrophique simple, rhinites congestives et hyperesthésies pituitaires.
Rhino-pharyngites chroniques, pharyngites chronique granuleuse ou hypertrophique, amygdalite lacunaire caséeuse, hypertrophie des amygdales de l’adulte et de l’enfant, hypertrophie localisée ou diffuse des végétations.
Surdités rhinogènes.
Laryngites chroniques, catarrhale, granuleuse ou hypertrophie, dans les laryngites chroniques où le traitement hydrominéral est le seul efficace.

En PNEUMOLOGIE.
Bronchite chroniques catarrhales essentielles ou séquelles d’une maladie infectieuse déterminée.
Dilatation des bronches avec broncorrhées importantes.
Emphysème pulmonaire, asthme bronchique.

En RHUMATOLOGIE.
En DERMATOLOGIE.
L’eczéma chronique (forme sèche et squameuse) est l’affection qui en bénéficie le plus.
Le psoriasis pour sa part doit demeurer une indication de choix car l’association soufre-soleil est excellente dans cette affection.
Citons encore parmi les affections dermatologique

EQUIPEMENT.
L’établissement thermal de PUZZICHELLO était pittoresque et typiquement corse. Il était composé de lauzes (plaques de micaschistes qui recouvrent les toits en architecture traditionnelle corse).

 

CALDANELLE D’APRICIANI

Dans le bas-fonds d’un ravin silencieux, entre le village pittoresque de BALOGNA (à 3km), le col de SANT’ANTONIO (à 5km) et la grotte de l’ARATO (2km) sourdent les eaux de MOSI, vulgairement appelées CALDANELLE (petits bains) d’APPRICIANI.

Ces eaux sourdent à une température de 33° pour la source qui a un débit de 15 1/mn.

 

VADINA

Source sulfurée calcique au nord-ouest de l’étang d’URBINO, sur la R.N. 198, dans le lit du ruisseau de FONTANA VECCHIA.

 

VETTA DI MURO et CALDANE

Les eaux de la haute vallée de l’ASCO renferment deux sources :

 

CHAPITRE III

LES EAUX FERRUGINEUSES.

OREZZA

SITUATION.
Dans le canton d’Orezza, sur la rive droite du FIUM’ALTO, à une altitude de 360m, jaillissent de DANE, PORTA, PARDINA, ANGELI, PASTEUR, CILOMBA, PERRETTI, etc… et la principale, SORGENTE SOTTANA, dite " Source départementale d’Orezza ", seule actuellement exploitée. Pour y parvenir, on quitte la N.198 à FOLELLI pour la N.847 qui s’engage entre les monts de la CASINCA du nord, et de la CASTAGNICCIA au sud, pour remonter la vallée du FIUM’ALTO.
La source a été captée à l’endroit même où elle s’échappe du granit. Des canalisations de verre, la protégeant des infiltrations et des eaux de pluie, la conduisent à un pavillon. On peut y boire l’eau qui s’échappe en bouillonnant dans une large vasque.

PROPRIETES PHYSIQUES.
A l’émergence, dans cette massive vasque de granit couverte d’une cloche de verre, l’eau pétille, mousse et laisse dégager de grosse bulles d’acide carbonique. La température de cette eau est stable
13°C (plus ou moins 2°).

Le débit de la source est de 100 1/mn, soit 144 000 litres par jour. Sa saveur est aigrelette, piquante. Ce goût ferrugineux en fait une boisson agréable. A la source l’eau est limpide et transparente. Exposée à l’air, l’acide carbonique qu’elle contient se libère, trouble l’eau ; émergent de nombreuses perles de gaz carbonique, puis repens toute sa limpidité. Elle a ainsi été nommée " l’eau de SELTZ ferrugineuse ".

Toutes les sources de ce type, dans ce canton, présentent, en aval, des dépôts rouge de carbonate de fer.

PROPRIETE THERAPEUTIQUES.

INDICATIONS :

1. Appareil respiratoire

Nous ne faisons que citer ces indications qui ont perdu beaucoup de leur acuité grâce aux thérapeutiques nouvelles.

2. Appareil circulatoire et sanguin

La chlorose
" C’est par milliers que nous avons observé des chlorotiques à la station thermale, et dans le nombre. C’est à peine s’il s’est présenté quelques rares d’intolérance ". (P. ZUCCARELLI 1931).

L’eau ferrugineuse détermine assez fréquemment quelques phénomène congestifs avec sensation d’ivresse, d’insomnies. Ces phénomènes s’accompagnent parfois de régurgitations.

Les anémies hypochromes symptomatiques

Anémies globulaires

Système nerveux
" Dans les névralgies des chlorotiques, des paludéens, le succès est incontestable ".

Appareil digestif

Appareil génito-urinaire

CONTRE-INDICATIONS

  1. aux sujets forts, pléthoriques, congestifs,
  2. chez les cancéreux,
  3. dans les affections aiguës,
  4. chez les tuberculeux,
  5. chez les ulcéreux,
  6. dans les affections hépatiques sévères,
  7. chez les épileptiques,
  8. chez les sujets excitables,
  9. chez les sujets qui ont tendance aux hémorragies de tous ordres.

EQUIPEMENT
A la fin du siècle dernier, l’administration fit bâtir un coquet établissement qui comprenait des salles de bains, de douches, de massage.

 

CALDANE D’AMPUGNANI

Cette source est située sur la route qui mène à OREZZA quand on vient de BASTIA, c’est à dire après FOLELLI, proche du petit village de CHAMPLAN.
La température à la fontaine est de 11°. Elles a un débit assez conséquent qui peut s’évaluer selon nous à 25 000 litres par jour. Elle est ferrugineuse ; des dépôts ferreux sont visibles en aval de la source. Une analyse de 1963 donne 1,079 mg/1 de bicarbonates ainsi que des chlorures, des sulfates.

 

PARDINA

Les eaux de PARDINA sont situées dans la vallée de l’ALESANI, à 9Oom au-dessous de QUERCETO, hameau de la commune de VALLE.

 

MOITA

C’est une source ferrugineuse bicarbonatée calcique, à proximité de MATRA, sur le site de la BRAVONA, sur la départementale 17 qui part d’ALISTRO.

 

CHAPITRE IV

EAUX BICARBONATES CALCIQUES

ORNASO

SITUATION
Pour se rendre à ORNASO, on emprunte la même route que pour PIETRAPOLA. A 2500m après MIGLIACCIARO un embranchement de chemins ; on tourne à gauche et en suit un chemin de terre ; puis un pont métallique sur l’ABATESCO ? La source d’ORNASO est située derrière une maison entourée de bosquets.

PROPRIETES.
Le captage est des plus rudimentaires ; il se résume à un orifice ménagé dans une énorme pierre. Il est imparfait, car nous avons remarqué que, tout près, de l’eau jaillissait à travers la roche. Le débit est faible : 5000 litres par jour.

Cette eau est très fraîche : 15°2, et limpide. Elle a un goût très piquant et acidulé, d’où son appellation : " acqua acetosa ".

L’eau d’ORNASO est très agréable à boire, elle est laxative, digestive, diurétique et reconstituante à cause du fer qu’elle contient, fer qui est bien digéré, squasmodique et facilement assimilé sous l’influence de l’acide carbonique.

Son emploi est recommandé dans les dyspepsies gastro-intestinales, colite spasmodiques, diarrhées, entéralgies et dyskinésies biliaires, chez les névropathes, les spasmodiques et les nerveux dans les infections de l’arbre urinaire, cystites, pyélites, dans les prostatites et chez les lithiasiques.

 

CHAPITRE V

EAUX FAIBLEMENT MINERALISEES RADIO-ACTIVES

DIRZA

SITUATION
L’eau de DIRZA, ou encore URAGIO, jaillit dans le canton de CALENZANA, sur la commune de ZILIA, à 320m d’altitude. A quelque centaines de mètres plus haut que le village, par un petit chemin, on arrive à une grande maison proche de la source.

PROPRIETES PHYSIQUES
D’une limpidité parfaite, l’eau de ZILIA n’a ni odeur ni saveur particulière. Elle est très agréable à boire.

L’eau de ZILIA a pour propriété essentielle, outre sa faible minéralisation, d’être radioactive " au même titre que les eaux médicinale françaises fortement radioactive ".

Les analyses effectuées montrent que les eaux de ZILIA ont une minéralisation de l’ordre de 11O à 120mg/l. A titre de comparaison, les eaux d’EVIAN en possèdent de l’ordre de 275 à 285mg/l.

PROPRIETES THERAPEUTIQUES
Le contraste entre la faible minéralisation des eaux de ZILIA et leur haute vertu thérapeutiques, s’explique par la radioactivité des eaux.

Ce sont des eaux " physiothérapiques " par opposition aux eaux " chimiothérapiques " dont les vertus thérapeutiques sont issues de leur minéralisation.

INDICATIONS

  1. Dans l’anorexie, dans l’atonie gastro-intestinale.
  2. Dans les gastralgies (elle calme les douleurs et permet l’alimentation),
  3. Dans les vomissement incoercibles (P. ZUCCARELLI cite des femmes enceintes qui présentaient de tels vomissements, avoir été guéries par ces eaux),
  4. Chez les dyspeptiques avec digestions difficiles, avec vertiges, nausées,
  5. Dans les convalescences, asthénies, névrasthénies
  6. Pour les cures de diurèse,
  7. Dans les affections de l’arbre urinaire qui nécessitent un lavage de l’appareil rénal et vésico-uréthral).

 

CONCLUSION

Cet exposé démontre l’existence de possibilités très importantes en matière de thermalisme en Corse.

Ces possibilités sont mal exploitées. Les raisons en sont multiples : isolement insulaire, défauts d’initiative, défauts financiers.

La faute n’en revient pas aux organismes sociaux de remboursement, car ceux-ci ne PEUVENT pas, en l’état de la plupart de nos installations, assurer le remboursement d’un forfait thermal. Les conditions d’agrément ne sont pas remplies par la plupart de nos stations. Cependant le potentiel d’accueil est valable :

parmi les stations aux eaux sulfurées sodiques, cinq peuvent dans un avenir proche remplir un rôle thermal appréciable. Ce sont, Baracci, Pietrapola, Guagno, Urbalacone et Guitera. Pour les trois premières, l’essentiel est fait ou en cours (Guagno), pour les deux suivantes nous avons vu à propos de chacune où il nous semble que devrait porter l’effort. Ce qui amènerait à un potentiel d’accueil de près de 150 cures simultanées.

les eaux sulfurées calciques ont la station de Puzzichello avec son hôtel de 4à chambres.

Les eaux ferrugineuses, dont la station d’Orezza fut mondialement connue, peuvent reconquérir leur titre de noblesse dûment mérité. Pour cela, un établissement thermal s’impose à Orezza qui, dans un premier temps, pourrait avoir un capacité d’accueil de 50 curistes.

Nous apprécions, dans l’ensemble de ces stations à 2500 par an le nombre de cures que la Corse pourrait offrir à court terme et sans investissements extraordinaires ou extravagants.

Il n’est pas dans notre propos de démontrer la rentabilité du thermalisme, elles est prouvée (cf : la puissance des sociétés thermales continentales).

Il apparaît du devoir des propriétaires, des élus (maires, conseillers généraux, députés et sénateurs de la Corse), ainsi que des services administratifs concernés par le thermalisme (services préfectoraux des Mines, de la Santé publique, de l’Agriculture, du Tourisme), de favoriser, en priorité, une activité thermale en Corse.